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Commission européenne Recueil Bonnes pratiques dans le domaine du transport de marchandises Commission européenne Recueil Bonnes pratiques dans le domaine du transport de marchandises Bruxelles • Luxembourg, 2000 De nombreuses autres informations sur l’Union européenne sont disponibles sur Internet via le serveur Europa (http://europa.eu.int). Une fiche bibliographique figure à la fin de l’ouvrage. Conception graphique: Concerto, Belgique Luxembourg: Office des publications officielles des Communautés européennes, 2000 ISBN 92-828-4148-0 © Communautés européennes, 2000 Reproduction autorisée, moyennant mention de la source Printed in Belgium Avant-propos Le transport et l'environnement sont de plus en plus considérés comme un couple mal assorti. Pourtant, les occasions d'améliorer en même temps l'efficacité du transport et l'environnement existent. Le trafic a des coûts environnementaux, tels que la pollution atmosphérique ou la pollution sonore. Il détériore la qualité de la vie dans nos villes et contribue également au réchauffement global. Dans le même temps, nous apprécions la mobilité accrue que le transport permet ainsi que la livraison commerciale des biens et des services jusqu'à nos magasins et foyers. Comme souvent dans la vie, nous devons trouver un équilibre entre les coûts, y compris ceux causés à notre environnement, et les bénéfices que nous en retirons. Margot WALLSTRÖM Commissaire chargée de l’Environnement La législation européenne a apporté des progrès substantiels dans la réduction des incidences sur l'environnement des véhicules et des combustibles. Des efforts importants sont également consacrés à l'amélioration de la complémentarité des différents modes de transport, de sorte que pour tout transport nous soyons en mesure de combiner les modes d’acheminement, et ce afin de minimiser les effets sur l'environnement tout en maximisant l'efficacité économique. Nous continuerons à nous efforcer de réduire les coûts du transport subis par la société de cette façon. En parallèle, les opérateurs de transport et leurs clients peuvent prendre leurs propres initiatives là où l'action politique atteint ses limites. Ce manuel présente des idées et des exemples mis en œuvre par des entreprises très différentes en Europe, où des solutions innovatrices qui profitent à l'environnement ont été trouvées. De manière significative, ces solutions sont non seulement favorables à l'environnement, mais profitent souvent également aux sociétés impliquées, en réduisant les coûts ou en améliorant leur image d'entreprise de pointe respectueuse de l'environnement: un actif qui est important dans un marché de plus en plus exigeant dans le domaine écologique. Les initiatives volontaires et créatives peuvent s'avérer payantes tant en termes économiques qu’en termes environnementaux. J'espère que ce manuel stimulera l'adoption généralisée d'innovations ayant porté leurs fruits de même que le développement de nouvelles idées afin de réduire les incidences sur l'environnement du transport de fret en Europe. 3 Àcequi document s’adresse-t-il ? 4 ■ Aux entreprises transformatrices de toute la gamme des produits et de toute taille, depuis les petites entreprises (de moins de cinquante salariés) jusqu’aux grandes compagnies nationales et multinationales. ■ Aux entreprises de logistique et à celles intervenant dans la gestion de la distribution physique des marchandises et dans leur entreposage, sous tous leurs aspects. ■ Aux entreprises de transport routier et aux entreprises de transport de marchandises par chemin de fer. ■ Aux chargeurs, aux compagnies maritimes, aux transitaires, aux entreprises de transport fluvial et aux entreprises de transport multimodal ou combiné. ■ Aux gros détaillants, aux chaînes de supermarchés, aux sociétés de vente par correspondance. ■ Aux sociétés ayant un parc important de véhicules, comme les exploitants de réseaux de gaz, d’électricité, d’eau et de télécommunication. Qui seront les bénéficiaires en cas d’adoption des suggestions présentées dans le présent rapport? ■ Les entreprises elles-mêmes, qui réduiront leurs coûts et amélioreront leur compétitivité et leur méthode de gestion. Elles renforceront également leur réputation de sociétés responsables et considérées comme fiables et matures par des institutions financières qui envisagent de nouveaux investissements. ■ Les villes qui sont les plus concernées par les opérations de transport effectuées par ces entreprises. Elles tireront profit d’une diminution du nombre de véhicules en circulation, d’une baisse de la pollution, d’une réduction des risques liés au trafic, d’une diminution du nombre des accidents et d’une amélioration de la qualité de la vie. La santé des citadins et les relations entre les entreprises et leur voisinage en seront améliorées. ■ L’environnement, au sens le plus général du terme, étant donné que les émissions de gaz à effet de serre diminueront et que les conséquences les plus néfastes (et les plus coûteuses) du réchauffement de la planète seront évitées. 5 Introduction De bonnes infrastructures de transport sont vitales pour une bonne marche des affaires. Un système de transport efficace offrant des liaisons rapides et sûres à tous les stades du processus de production contribue grandement à la rentabilité et à la compétitivité d’une entreprise. La mise au point de services logistiques de grande qualité et de services spécialisés de transport pour compte d’autrui a permis aux entreprises d’améliorer leur productivité et leur compétitivité. Les demandes des consommateurs pour des livraisons en flux tendus sont désormais courantes, et la nécessité de contrôler les coûts va de soi. Dans le même temps, la gestion des opérations de transport offre, à la fin des années 90, de nombreuses possibilités de gagner encore en efficacité. La définition et l’intégration réussies de nouvelles stratégies de transport dans les plans de production et de commercialisation seront des facteurs essentiels de succès. Toutefois, partout en Europe, on se préoccupe de plus en plus des effets secondaires des transports sur l’environnement. Le transport est associé aux taux considérables et croissants de pollution de l’air, de nuisance sonore, d’occupation de l’espace et de contribution au réchauffement de la planète. Les poids lourds sont associés aux accidents de la route et à la pollution visuelle, et leur circulation dans les agglomérations figure au premier rang des motifs d’inquiétude cités. Les opérateurs de transport routier partagent cette préoccupation. Une opinion publique négative nuit au développement économique du secteur. Il est généralement admis que le caractère professionnel de l’activité de transport implique de trouver des solutions aux problèmes environnementaux qu’elle génère. Parallèlement, l’innovation dans les transports, dont profitent les entreprises, peut aller de pair avec des améliorations dans le domaine environnemental. En Europe, de nombreuses entreprises ont admis qu’avoir une longueur d’avance en matière de performances environnementales présente des avantages concurrentiels et commerciaux. Ces entreprises ont décidé de recourir à des modes de transport autres que le transport routier parce que cela était rentable. Elles ont mis en place des programmes innovants visant à économiser du carburant parce que cela leur permettait de réduire leurs coûts et elles ont commencé à travailler avec d’autres entreprises et à coopérer avec les autorités locales afin de diminuer le nombre de poids lourds circulant en ville, tout en répondant aux demandes de leurs clients et aux exigences d’efficacité économique. Les performances environnementales sont maintenant considérées, de plus en plus, comme des atouts commerciaux. Le présent rapport a pour objet de déterminer les possibilités d’améliorer les politiques de transport ainsi que de renforcer un processus de changement dans le secteur du transport de marchandises et de mettre en évidence des domaines clés dans lesquels de tels changements sont envisageables. Il permettra aux entreprises de tirer profit d’un avantage à la fois environnemental et concurrentiel. Tout le monde gagne à adopter des normes environnementales élevées dans le domaine du transport de marchandises. 6 Bonnes pratiques dans le domaine du transport de marchandises Il existe cinq manières fondamentales d’intégrer les préoccupations environnementales dans l’activité de transport de marchandises. Il s’agit dans tous les cas d’exemples de méthodes gagnantes sur tous les tableaux, où les avantages pour l’environnement égalent ou dépassent les profits récoltés par l’entreprise elle-même. Toutes ces méthodes peuvent être mises en œuvre aussi bien par des petites et moyennes entreprises (PME) que par des sociétés nationales ou multinationales. Différentes entreprises tirent déjà un enseignement de ces expériences et comptent les affiner lors de la prochaine vague d’innovation. N’importe laquelle de ces méthodes est d’autant plus susceptible de porter ses fruits qu’elle est applicable dans le cadre général d’une norme de gestion de l’environnement telle que la norme européenne de gestion environnementale et d’audit ou norme ISO EN 14001. Les cinq approches sont celles énumérées ci-dessous. P. 9 ■ Réduction de l’incidence de chaque mode par l’utilisation de moteurs moins polluants, de carburants moins polluants, de nouveaux carburants et, dans le cas du transport par route des marchandises, de poids lourds à haut rendement énergétique. P. 11 ■ Formation des conducteurs, notamment quant à leur comportement. P. 13 ■ Transfert vers des modes de transport écologiques, comme le rail, le cabotage maritime, la navigation fluviale et combinaison de l’un quelconque de ces modes avec le transport routier. P. 17 ■ Diminution du nombre réel des véhicules en circulation, des véhicules-kilomètres et des tonnes-kilomètres par une augmentation de la charge transportée (en évitant les voyages à vide ou en charge partielle des camions), une meilleure définition des itinéraires, un recours aux nouvelles technologies de l’information de façon à optimiser le chargement au retour, à regrouper les livraisons, à partager les chargements et la collecte ou la livraison des marchandises avec d’autres entreprises. P. 21 ■ Logistique urbaine. 7 Diminuer l’incidence de chaque mode grâce à des progrès technologiques Un grand nombre de technologies permet de réduire la consommation de carburant des véhicules, les émissions dans l’atmosphère, les émissions sonores et les coûts. Ces technologies permettent de modifier les moteurs, de mettre au point des systèmes de contrôle électroniques, des systèmes d’échappement des gaz et de nouveaux carburants. L ’utilisation de carburants ordinaires moins polluants (par exemple à faible teneur en soufre ou en benzène) et de carburants de substitution (par exemple du gaz de pétrole liquéfié ou du gaz naturel sous pression) peut être un moyen particulièrement efficace de diminuer la pollution atmosphérique urbaine. Il est possible de se procurer des informations sur ces technologies auprès des constructeurs automobiles et des organisations professionnelles telles que l’association regroupant les transporteurs de marchandises du Royaume-Uni (UK Freight Transport Association). Le recours à de nouvelles technologies peut avoir un effet considérable dans plusieurs domaines connexes. Une baisse de la consommation de carburant ira souvent de pair avec une baisse des frais de réparation, car le fait de surveiller sa consommation de carburant impose de prêter beaucoup plus d’attention à la conduite du véhicule, ce qui a aussi pour effet de diminuer les risques d’accident, et donc le montant des primes d’assurance. L ’investissement initial nécessaire pour produire ces bénéfices est rapidement amorti. En fait, le délai de retour sur investissement peut même être très court, comme le montre l’exemple de TNT cité ci-dessous. Au Royaume-Uni, TNT (Thomas Nationwide Transport) a apporté plusieurs modifications à des moteurs et à des véhicules, pour un coût de 3 000 GBP par véhicule. Les économies de carburant s’élèvent à 3 500 GBP par véhicule et par an pour une distance parcourue supérieure à 100 000 km (l’année de référence pour le prix du carburant est 1991). TNT exploite 370 véhicules de ce type sur un total de 2 669 véhicules commerciaux. L ’expérience menée par TNT montre comment il est possible d’améliorer la rentabilité et l’efficacité d’une entreprise. Les entreprises ayant mis en place une politique environnementale complète utilisent déjà des carburants moins polluants. The Body Shop et les entreprises de logistique spécialisées qu’elle sous-traite (The Lane Group) utilisent un carburant diesel à basse teneur en soufre. Sainsbury’s fait de même pour ses livraisons dans Londres. British Telecom a testé plusieurs carburants de substitution, dont le gaz de pétrole liquéfié (GPL) et le gaz naturel sous pression. La société de logistique allemande DKS (Deutsche Kleiderspedition) a fait l’acquisition de deux camions Mercedes Benz 1117 pouvant fonctionner au diesel ou à l’électricité. Ils sont adaptés à la livraison de marchandises dans des zones piétonnes situées en ville, car ils sont peu bruyants et peu polluants. Ces «Un grand nombre de technologies permet de réduire la consommation de carburant des véhicules, les émissions dans l’atmosphère, les émissions sonores et les coûts.» véhicules ont une capacité de chargement de 11 tonnes, une vitesse maximale de 30 km/h et une autonomie de 50 km en mode électrique. Le groupe français de vente par correspondance 3 SUISSES expédie les marchandises vers des entrepôts de distribution regroupés en zone urbaine au moyen de véhicules diesels ordinaires. Il a commencé à expérimenter l’utilisation de véhicules électriques pour l’acheminement des marchandises de ces entrepôts jusqu’au destinataire final, en collaboration avec l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) et EDF (Électricité de France). Le progrès technologique s’exerce également dans le domaine de la gestion du carburant. Ce sujet est bien traité dans l’ouvrage intitulé Fuel management guide (guide pour la gestion du carburant), publié par l’association des transporteurs de marchandises du Royaume-Uni (UK Freight Transport Association). Une gestion efficace de la consommation de carburant des véhicules de transport de marchandises peut permettre de réduire celle-ci jusqu’à 20 %. ACTIONS 1 S’assurer que les véhicules en circulation sont bien entretenus et, en particulier, surveiller la consommation de carburant. 2 Lors de l’achat de nouveaux véhicules, tenter l’expérience de nouvelles technologies, comme celles permettant d’utiliser des carburants de substitution ou des véhicules dont l’aérodynamisme a été modifié de manière à économiser un maximum de carburant ou qui ont été équipés de pneus innovants. 3 Lier l’achat de nouveaux véhicules ou l’adoption de nouvelles technologies à la formation des conducteurs, notamment en ce qui concerne leur comportement, en vue de récompenser les meilleurs (dont la conduite est la plus économe en carburant) au volant, par exemple, des meilleurs véhicules (les plus novateurs). 9 Formation des conducteurs en vue d’améliorer leur comportement Les conducteurs sont un maillon essentiel entre l’entreprise et ses clients et même, plus généralement, le public dans son ensemble. Il est vital que les conducteurs et leur façon de conduire répondent à des normes aussi strictes que celles qui régissent tous les autres aspects de l’activité et de la gestion d’une entreprise. Les chances de parvenir à un tel résultat sont d’autant plus grandes que tous les intéressés connaissent bien et apprécient les avantages que l’entreprise et chaque conducteur peuvent en retirer. Il ne fait pas de doute que la formation des conducteurs est liée aux progrès technologiques et à la mise au point de systèmes de gestion de la consommation de carburant, étant donné que les économies les plus substantielles dans ce domaine découleront probablement de l’adoption d’une approche intégrée combinant tous ces éléments. La formation des conducteurs, cependant, va plus loin que la technologie. Aux Pays-Bas, par exemple, EVO, l’organisation patronale du transport et de la logistique, organise des cours et des programmes de formation ayant pour objet d’enseigner aux chauffeurs une conduite plus économique. Des constructeurs de poids lourds, tels que Mercedes Benz, proposent également des cours. Ceux qui les ont suivis arrivent à réduire leur consommation de carburant de 5 à 10 %. Le comportement du conducteur est lié également à l’utilisation des technologies de l’information. Les systèmes de positionnement par satellites, la collecte de données en temps réel et les communications directes avec les conducteurs permettent de s’assurer que la consommation de carburant et les horaires de travail des chauffeurs sont conformes à la politique de l’entreprise et aux contraintes légales concernant le temps de conduite et les périodes de repos. Ces systèmes de collecte d’informations sont aussi un moyen d’améliorer l’état de santé et de soulager le stress des conducteurs, car ils suppriment la pression du rattrapage des heures de travail et favorisent la culture du travail bien fait dans le respect du droit. L’entreprise tire profit de ces améliorations, sous la forme d’une compression des budgets consacrés à la formation des conducteurs et d’une optimisation de l’emploi des chauffeurs les plus qualifiés et les plus fiables. La société britannique Blagden Packaging Ltd a réduit sa consommation de carburant de 18 % grâce à la mise en œuvre de mesures combinées, consistant notamment à octroyer des primes pour conduite économique des véhicules et à inciter les conducteurs à utiliser correctement les vitesses, à éteindre le moteur à l’arrêt et à éviter les accélérations brutales. Ces gains d’efficacité sont aussi susceptibles d’avoir des effets d’entraînement aboutissant à une baisse du nombre des accidents, à un ralentissement de l’usure des véhicules et à un allégement des frais de réparation et des primes d’assurance. La firme hollandaise Ahold Grootverbruik exploite un parc de soixante camions. Elle favorise une conduite économique en tenant un registre de la consommation de carburant de «La société britannique Blagden Packaging Ltd a réduit sa consommation de 18 %.» chacun de ses chauffeurs, consultable par toute personne interne à l’entreprise. Cette politique a eu pour résultat une baisse de 5% de la consommation de carburant. Tous les chauffeurs travaillant pour la société Lane Group, installée au Royaume-Uni, suivent un cours de formation aux «meilleures pratiques» en matière de conduite automobile. Cette société avait imposé une limitation de vitesse à 56 miles/h avant même qu’une loi ne la rende obligatoire, dans l’objectif d’économiser 10 % sur les dépenses en carburant. L ’entreprise espère ainsi montrer comment une conduite responsable évite les accidents et permet donc de gagner sur le temps d’immobilisation pour réparation des poids lourds. Une conduite sûre peut entraîner une baisse du nombre des accidents et des demandes d’indemnisation des dommages et donc contribuer grandement à réduire les coûts de consommation de carburant et d’assurance, entre autres. ACTIONS 1 Surveiller et consigner la consommation de carburant pour chaque voyage et pour chaque conducteur (envisager l’achat d’un logiciel adéquat) et afficher ces informations sur des panneaux disposés bien en vue dans les entrepôts ou les magasins/ateliers. 2 Récompenser, par des prix ou des louanges approprié(e)s, les conducteurs les plus performants sur le plan de la consommation de carburant. 3 Offrir une formation approfondie sur tous les aspects du comportement au volant, notamment la courtoisie vis-à-vis des autres usagers de la route et des habitants de zones résidentielles. Mettre l’accent sur le respect des limitations de vitesse, l’anticipation, l’utilisation judicieuse des vitesses, les accélérations, etc. 4 Envisager de recourir aux systèmes de communication par satellites pour surveiller le comportement des conducteurs. Exploiter les avantages que ces systèmes apportent tant au chauffeur qu’à l’entreprise. L’application de normes élevées concernant le comportement des conducteurs atténue leur stress et améliore leur santé ainsi que le fonctionnement de l’entreprise. Un chauffeur qui respecte toutes les limitations légales de vitesse et toutes les dispositions relatives au temps de conduite et aux périodes de repos est un chauffeur plus sûr et mieux portant. 11 Redéploiement de l’activité vers des modes plus écologiques On dispose depuis plusieurs années d’informations montrant que le transport de marchandises par chemin de fer, voie fluviale et cabotage maritime génère moins de bruit et d’émissions que le transport routier. Cependant, pour de nombreuses entreprises, le transport routier de marchandises constitue la seule solution pratique qui satisfasse aux normes strictes de contrôle, de ponctualité, de flexibilité, de sécurité et de coût. La situation commence à changer par suite de l’apparition d’un ensemble d’innovations techniques, de la déréglementation d’activités de transport auparavant contrôlées par l’État et de la privatisation d’entreprises de transport. Les opérateurs de transport, notamment à longue distance, n’ont jamais disposé d’autant de solutions de remplacement, et bon nombre d’entreprises découvrent des perspectives de changement après un examen minutieux des pratiques actuelles. Le simple fait de diffuser de nouvelles informations sur l’existence de solutions de remplacement suffit à déclencher une réorientation de la politique des transports et à faire apparaître des possibilités de création de partenariats commerciaux rentables avec d’autres maillons de la chaîne des prestataires de services de transport. Une étape importante de ce processus consiste à déterminer précisément les performances environnementales des différents modes. Dans la majorité des cas, un abandon du mode routier aura des résultats positifs immédiats. Toutefois, il importe également de reconnaître que le transport de marchandises par route peut être une bonne solution à condition de recourir à des technologies qui augmentent les performances des véhicules et de mettre au point des stratégies visant à limiter le nombre de véhicules-kilomètres. Pour ce faire, il est essentiel d’effectuer un audit environnemental approfondi de la fonction de transport dans le cadre du système communautaire de gestion et d’audit environnementaux (EMAS), ou ISO EN 14001. «Dans la majorité des cas, un abandon du mode routier aura des résultats positifs immédiats.» BASF, société allemande du secteur chimique, utilise la navigation fluviale pour plus de 70 % de ses approvisionnements et pour une part comparable des transports internes à l’entreprise. Elle a recours à ce mode dans une proportion moindre (27 %) pour la distribution de ses produits. La politique de la société allemande d’appareils électriques Bosch Siemens Hausgeräte vise à augmenter d’année en année la part des moyens de production et des produits finis transportés par chemin de fer. Pour ce faire, elle a construit, en collaboration avec Deutsche Bahn AG, un nouveau centre de chargement à Giengen pour atteindre une capacité de chargement de 3 500 wagons par an. Elle utilise aussi la navigation fluviale et maritime. Les produits fabriqués en Bavière sont expédiés par train à Mannheim, puis sont acheminés sur des barges jusqu’à Rotterdam, où ils sont chargés à bord de navires marchands à destination du Royaume-Uni. Les produits fabriqués à Berlin sont transportés par train jusqu’à Duisbourg, puis poursuivent leur route sur le Rhin à bord de barges. La société alimentaire allemande Kraft Jacobs Suchard Deutschland utilise le transport ferroviaire pour acheminer des matières premières de Brême jusqu’à ses usines installées en Allemagne, et notamment des grains de café jusqu’à Berlin. Le transport par train des grains de café équivaut à 4 300 voyages à longue distance et à 7 200 livraisons locales effectués auparavant par camion et représente une économie d’énergie de 40 %. Le café emballé est transporté lors du voyage retour. On estime à 46 % la part des matières premières utilisées par la société qui sont acheminées par chemin de fer. 13 Ikea, fabricant suédois de meubles et d’ustensiles, a pour politique d’utiliser le mode ferroviaire aussi souvent que possible. Pour les trajets supérieurs à 200 km, la combinaison des transports routier et ferroviaire est considérée comme une solution plus avantageuse que le transport par route uniquement. La politique d’Ikea est novatrice en ce que cette société établit des partenariats avec d’autres sociétés qui ont également besoin d’utiliser le chemin de fer. Elle partage, par exemple, des trains complets avec une autre société suédoise, Electrolux, et obtient ainsi de meilleurs prix et de plus grandes capacités de transport. Lorsqu’Ikea a voulu organiser des opérations de transport d’Italie jusqu’en Espagne, elle a fait paraître des annonces dans la presse italienne pour trouver des partenaires sur ces trajets. «Le transport combiné peut se substituer de manière rentable et efficace au ‘tout-route’.» 14 Le transport combiné (ce terme désigne habituellement une certaine combinaison du rail et de la route) ou, plus généralement, le transport intermodal (combinaison de tous modes) offre de fantastiques possibilités d’élargir l’éventail des méthodes de transport de marchandises et de limiter l’encombrement des routes. Le transport combiné rail/route représente déjà une part relativement importante du trafic alpin en direction de la Suisse et de l’Autriche, et l’on peut s’attendre à ce que sa part augmente à l’avenir. Le transport combiné peut se substituer de manière rentable et efficace au «tout-route». Les avis diffèrent en ce qui concerne la longueur de trajet sur laquelle le transport par chemin de fer convient le mieux, mais quelle que soit la distance optimale, une méthode souple présente sans conteste des avantages. Aux Pays-Bas, l’entreprise ETC BV exploite une plate-forme de transbordement des marchandises entre les modes ferroviaire et routier à Coevorden. De ce point, la société de transport Van der Graaf assure des liaisons ferroviaires hebdomadaires avec l’Europe de l’Est. Le volume de marchandises traité dépasse 20 000 tonnes par an. À destination, le client organise la livraison finale par des entreprises locales. Sur de telles distances, le prix et la durée du voyage en chemin de fer en font un mode très compétitif. En Suède, le détaillant ICA achemine ses produits par transport combiné dans le nord du pays. Les poids lourds sont placés à bord de wagons spécialement conçus. Le chemin de fer est préféré pour les trajets supérieurs à 400 km. Henkel, une entreprise allemande de l’industrie chimique, a réorganisé son système de production de façon à profiter des avantages du rail. Elle fait désormais transiter ses chargements de poudres de lavage et de détergents par neuf centres régionaux répartis sur le territoire allemand et situés près des entreprises clientes. Des wagons chargés directement en bout de chaîne de production approvisionnent ces centres. Au total, 12 % de la production est encore livrée directement par camion à partir des ateliers. Cette nouvelle organisation de la distribution a permis de supprimer 22 000 trajets routiers par an, remplacés par 13 500 voyages en chemin de fer, et de porter la distance parcourue par chaque véhicule à 300 km en moyenne (non compris les retours à vide). La société de logistique allemande Fiege propose de regrouper les marchandises de plusieurs chargeurs différents pour les acheminer par chemin de fer, de manière à rentabiliser les opérations de transport. ACTIONS 1 Discuter avec les clients, les fournisseurs, les autres sociétés de logistiques, les sociétés de chemin de fer et les entreprises spécialisées dans le transport intermodal, afin de savoir s’il existe des offres de transport susceptibles de répondre à vos propres besoins et quels en sont les coûts par rapport à vos coûts actuels de transport. 2 Envisager d’expérimenter le transport de marchandises par chemin de fer lorsque cela est possible, sur des trajets supérieurs à 200 km, pour lesquels le mode ferroviaire peut être un moyen d’éviter les autoroutes encombrées ou les points noirs à la périphérie des villes. Réfléchir à l’établissement de partenariats avec d’autres entreprises effectuant des opérations de transport entre des points de départ et d’arrivée proches, afin de pouvoir réserver des trains complets. 3 Avant d’implanter de nouveaux sites et de mettre en place de nouveaux systèmes d’organisation, s’assurer que les premiers sont proches d’infrastructures ferroviaires et routières et que les seconds intègrent ces modes. Une bonne stratégie commerciale doit permettre une certaine souplesse dans le choix futur du mode de transport. 15 Réduire le nombre de véhicules en circulation, de vehicules-kilomètres, de tonnes-kilomètres Toute entreprise de transport et de logistique a grandement intérêt, autant que faire se peut, à utiliser le moins de véhicules possible et à restreindre au maximum le nombre total de véhicules-kilomètres. Ainsi, de nombreuses sociétés ont déjà fixé des normes strictes dans ce domaine. Les études de cas exposées ci-après montrent que même dans des entreprises bien gérées subsiste une certaine marge de manœuvre permettant d’accroître l’efficacité, de faire davantage d’économies et de découvrir de nouvelles perspectives professionnelles. Aux Pays-Bas, les ministères des transports, de l’environnement et de l’économie, l’organisation de chargeurs EVO et l’organisation de transport routier Transactie ont élaboré en commun un outil de gestion, applicable dans une large mesure aux entreprises de production et de logistique, qui leur permet de réduire de 10 à 15 % la circulation de véhicules, la pollution et les coûts. BASF Nederland et deux entreprises de logistique, Wegtransport et Deni, ont mis en œuvre le programme Transactie. Dans le cas où de nombreuses livraisons se font au départ de points très éloignés et à destination de points très distants également, il est possible de limiter le trafic en établissant des dessertes en étoile («hub and spoke»). Ce système de desserte est quelque peu semblable à celui mis en place par les compagnies aériennes dans les grands aéroports internationaux. Les envois sont regroupés de façon à accroître le taux d’utilisation de la capacité. Deux sociétés allemandes ont adopté un tel système: une entreprise de transport, Schenker Eurocargo, à Friedewald, en Allemagne, et une société de vente par correspondance, Otto Versand. Les supermarchés anglais ont pris une part active dans ce processus d’innovation en matière de transport. La chaîne ASDA a réduit le nombre de livraisons quotidiennes à ses magasins de soixante à trois, en regroupant de petites quantités de marchandises de façon à former de gros volumes. De même, le détaillant suédois KF et la société BTL regroupent leurs chargements de manière à réduire le nombre de véhicules-kilomètres. Ils ont ouvert un centre de chargement mixte à Malmö, où les marchandises expédiées par vingt-cinq fournisseurs sont rassemblées puis acheminées vers onze entrepôts régionaux. Il est possible, par ce moyen, de réduire de 75 % le nombre de livraisons quotidiennes aux supermarchés. «Même dans des entreprises bien gérées subsiste une certaine marge de manœuvre permettant d’accroître l’efficacité, de faire davantage d’économies et de découvrir de nouvelles perspectives professionnelles.» biens de production en encourageant les fournisseurs à s’implanter près des lieux de production importants. À Wakefield (Royaume Uni), Coca Cola et Schweppes Beverages Ltd ont favorisé l’installation d’une usine d’embouteillage et d’une usine de fabrication de canettes. Cela a permis de supprimer 9 000 voyages en poids lourds par an. Pour réduire la circulation des camions, la coopération entre entreprises donne de meilleurs résultats que la rationalisation des opérations de transport d’une seule d’entre elles à l’aide de programmes de regroupement des marchandises. À Düsseldorf, trois grands magasins, Horten, Kaufhof et Karstadt, coopèrent pour la distribution des marchandises à leurs clients. Une seule compagnie de transport se charge de toutes les expéditions, ce qui en diminue le nombre. Karstadt (en association avec Fiege) a complètement réorganisé son système de distribution de manière à utiliser plus fréquemment le chemin de fer: le nombre de trajets effectués par des poids lourds est ainsi passé de 240 000 à 10 000. Il est également envisageable d’adopter des politiques d’approvisionnement visant à réduire le nombre de véhicules-kilomètres nécessaires à l’acheminement des 17 La société norvégienne Tollpost-Global participe à un projet international appelé «Greentrip» (Global reactive efficient and environmentally friendly transport logistics), qui a pour objet de concevoir un nouveau système informatique de logistique et de communication et d’abaisser le nombre total de véhicules-kilomètres et les coûts de 25 et de 10 % respectivement. Ce système déterminera les itinéraires les plus courts et les plus rapides en combinant les données de cartes routières électroniques et des informations sur les clients, la marchandise, le type de camion, le lieu et l’horaire de livraison. Royal Mail, au Royaume-Uni, utilise beaucoup le transport routier. Cette société traite plus de 60 millions de lettres et de paquets par jour en s’appuyant sur un réseau de 80 centres de tri principaux et de plus de 3 400 bureaux de poste locaux qui livrent du courrier à plus de 24 millions d’adresses. Elle possède 30 000 véhicules, qui parcourent 713 millions de kilomètres et consomment 120 millions de litres de carburant par an pour un coût de 44 millions de GBP environ. Pour contrôler les coûts et optimiser l’acheminement et la distribution, Royal Mail a adopté, en 1989, un système Trandos de détermination d’itinéraire et de prévision mis au point par P-E International. Royal Mail a la certitude de pouvoir récupérer complètement les 5 millions de GBP qu’a coûté ce système d’ici à la fin de la troisième année d’utilisation. En 1993, le système Trandos avait permis de réduire de 18 % les distances parcourues ainsi que le nombre de véhicules utilisés et de 24 % la consommation de carburant. Il est important de mentionner qu’il avait également permis d’améliorer la qualité du service offert aux clients, de diminuer les coûts et de réduire la pollution. 18 De nouvelles manières de concevoir les emballages offrent d’importantes possibilités de réduire la circulation des poids lourds. À l’époque actuelle, l’emballage impose des contraintes considérables aux personnes chargées de sa manutention et de son élimination. Repenser sa conception sous l’angle d’une meilleure efficacité des opérations de transport peut apporter de multiples avantages à tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement. Cela peut aboutir à une compression du volume physique des emballages à manutentionner et des coûts d’achat des matériaux d’emballage et à une utilisation plus rationnelle des véhicules, qui serviront à transporter les marchandises elles-mêmes plutôt que de gros volumes d’emballages. Il est possible de diminuer les coûts en concevant différemment les emballages et de contribuer ainsi à la bonne santé financière globale de l’entreprise; il est possible également de rendre un produit plus compact par concentration, d’utiliser d’autres matières premières pour la fabrication des emballages et de comprimer ainsi leur poids et leur volume tout en préservant l’intégrité physique et les fonctions mécaniques du produit. L’ emballage peut aussi être normalisé et réutilisé. Ces méthodes peuvent également être appliquées tout au long du processus de conception des produits en vue d’améliorer celle-ci afin de diminuer la demande de transport. Depuis 1994, BSN Emballage et Saint Gobain ont mis sur le marché de nouvelles bouteilles en verre légères: 300 g au lieu de 380 g pour les bouteilles de vin de 75 cl. Par suite de cette évolution, BSN a constaté une augmentation du nombre de bouteilles que peut contenir un camion et une économie de 2 à 3 FRF par bouteille. British Sugar, Exel Logistics/Tankfreight et Nestlé ont développé en commun le «JID-95», une citerne révolutionnaire servant à transporter du sucre en vrac aussi bien que des marchandises emballées. Cette citerne sert au transport de sucre du comté d’York jusqu’en Écosse puis de morceaux de chocolat emballés dans l’autre sens, ce qui évite les retours à vide. Ainsi, 45 tonnes de matières sont maintenant transportées à chaque voyage aller-retour, au lieu de 24 lorsque l’on utilise une citerne conventionnelle pour le transport du sucre. Vico, fabricant français de purée de pommes de terre, a modifié la taille de ses boîtes d’emballage de manière à accroître le taux de chargement des camions qu’il loue pour livrer ses produits. L’ utilisation combinée du nouvel emballage et d’un logiciel d’optimisation des voyages (VRS, mis au point par Diagma en France) a entraîné une augmentation de 60 % du taux de chargement. Désormais, l’entreprise ne loue plus que 8 000 camions par an, contre 10 000 avant l’introduction du logiciel, pour le même volume de produits livrés. Les distances de livraisons ont diminué de 960 000 km et la consommation de carburant de 300 000 litres. Le logiciel a coûté environ 60 000 écus et cet investissement a été amorti en moins d’un mois. Même pour un chargeur qui ne remplirait que quinze camions par jour (contre cinquante à soixante pour Vico), le délai de retour sur investissement serait inférieur à six mois. En 1993, DHL International Ltd (Royaume-Uni) a livré 80 millions de paquets en 70 000 points de 218 pays. Cette société a mis en place un plan d’action visant à augmenter le rendement énergétique de ses véhicules de 15 % pour réaliser une économie de 358 000 GBP en trois ans. La réalisation de cet objectif passe par la formation des conducteurs et par la mise en œuvre d’initiatives telles que «Team Buses», du nom des véhicules que DHL a commencé à substituer aux camionnettes des coursiers sur les trajets d’Heathrow au centre de Londres. Les coursiers trient les envois dans le bus, pendant le trajet, et les livrent à pied. La zone couverte par ces «livraisons à pied» est calquée sur la zone normale de livraison des services postaux. Ce système a permis de baisser de 18 à 2 le nombre de camionnettes allant à Londres ou en revenant chaque jour, de raccourcir les délais de livraison et donc de donner plus rapidement satisfaction aux clients, ce qui est un point positif pour le commerce. Les entreprises désireuses d’augmenter leur productivité et leur rentabilité disposent d’un instrument efficace sous la forme d’une combinaison des nouvelles méthodes de conception des emballages, des systèmes de prévision et d’optimisation des itinéraires et de la télématique, dont les bienfaits pour l’environnement profiteront à tous. Par ailleurs, la société qui adoptera cet instrument verra sa réputation d’entreprise responsable et bien gérée renforcée. ACTIONS 1 Contrôler la performance des véhicules que vous utilisez. Le nombre de véhicules ou de véhicules-kilomètres a-t-il augmenté plus rapidement que la quantité de marchandises livrées ou que le bénéfice généré par les ventes? Si tel est le cas, trouver une explication et un moyen de réduire le nombre de véhicules et de véhicules-kilomètres. 2 Envisager d’utiliser un logiciel qui propose différentes manières d’organiser les livraisons quotidiennes de façon rationnelle. Inviter les chauffeurs et les clients à faire des suggestions. L’utilisation d’un logiciel donne de meilleurs résultats si elle va de pair avec la consultation des parties intéressées à l’activité journalière de l’entreprise. 3 Étudier les possibilités d’utiliser un véhicule de votre entreprise ou bien d’une autre entreprise pour effectuer d’autres opérations de transport (par exemple pour vous débarrasser d’emballages usagés) sur un segment à vide d’un trajet. 4 Penser à tester des emballages innovants, d’un volume ou d’un poids réduit, pour accroître le nombre d’unités qui peuvent être chargées à bord d’un véhicule normal. 5 Mettre en place, à titre expérimental dans un premier temps, des liaisons télématiques avec les véhicules de transport, pour transmettre aux conducteurs des informations sur le choix de l’itinéraire et sur les chargements qu’ils peuvent prendre en chemin. 6 Envisager d’adopter un système d’organisation des transports reposant sur des dessertes en étoile pour limiter le nombre de voyages effectués par des poids lourds et maximiser leur chargement. 19 Logistique urbaine La logistique urbaine implique d’établir de nouveaux partenariats et de nouveaux types de coopération entre tous les maillons de la chaîne logistique et dans les activités de livraison et de réception des marchandises dans les centres urbains. Ces partenariats, qui existent en Allemagne et en Suisse, offrent des possibilités considérables de réduire le nombre de véhiculeskilomètres et de camions en circulation. La logistique urbaine illustre très bien l’importance d’avoir une gestion («software») de grande qualité qui soit à la hauteur des équipements («hardware»), par exemple les véhicules et les entrepôts, dont les entreprises de transport maîtrisent bien le fonctionnement et l’utilisation. La gestion consiste, entre autres, à établir des liaisons ayant rapport à l’organisation et à la coopération et à réfléchir à des stratégies commerciales, à des politiques de conditionnement et à des manières de faire différentes. La logistique urbaine a fait entrer l’activité de transport dans une phase d’évolution, avec l’établissement de liaisons et le renforcement de la coopération entre tous les acteurs et les groupes d’intérêt. En Allemagne, des entreprises de logistique ont créé des partenariats qui permettent de restreindre le nombre de poids lourds en circulation et d’améliorer ainsi l’environnement urbain. De tels partenariats, appelés City Logistik, existent à Berlin, Brême, Ulm, Kassel et Fribourg. Celui instauré à Fribourg donne une idée de la forme que revêtira à l’avenir l’activité de transport de marchandises en zone urbaine. Il rassemble actuellement douze entreprises. Trois d’entre elles déposent leurs marchandises à livrer dans le centre de la ville, dans les locaux d’une quatrième qui se charge de toutes les livraisons dans cette zone. Un deuxième groupe de cinq partenaires achemine toutes ses marchandises jusqu’à un entrepôt situé à proximité du centre de la ville. City Logistik les livre aux clients domiciliés dans le centre de la ville. Un troisième groupe, composé de deux fournisseurs de services uniquement, est spécialisé dans les produits frais réfrigérés. Ensemble, ils forment une chaîne de relais ininterrompue, l’un collectant les envois des autres en vue de leur acheminement à destination. Grâce à ce système d’organisation, le temps de voyage total est passé de 566 heures à 168 heures par mois, le nombre de trajets effectués chaque mois par des poids lourds a chuté de 440 à 295 (soit une baisse de 33%) et leur temps de présence en ville est passé de 612 à 317 heures par mois. Le nombre des envois et des clients approvisionnés n’a pas changé. Le système mis en place à Kassel a conduit à une baisse de 70 % du nombre de véhicules-kilomètres et de 11 % du nombre de camions de livraison. Toutes les entreprises participantes ont ainsi réduit leurs coûts et accru le volume de travail pouvant être effectué par chaque couple véhicule/conducteur. «Des partenariats entre des entreprises de logistique ont permi de restreindre le nombre de poids lourds en circulation et d’améliorer l’environnement urbain.» ACTIONS 1 Consulter vos clients et d’autres acteurs de la chaîne logistique pour savoir s’il serait possible de coopérer de façon à réduire le nombre de camions circulant en ville. Ne serait-il pas envisageable de décharger les marchandises dans un entrepôt situé à la lisière de la ville et de les acheminer ensuite dans des véhicules plus petits et à des moments où la circulation est moins dense? Ces véhicules de plus petite taille ne pourraient-ils pas fonctionner avec des carburants autres que le gazole ou l’essence? 2 Étudier les modalités de livraison dans la zone centrale d’une ville, dans une zone de bureaux ou dans un parc industriel. Si un ou plusieurs clients installés dans un petit secteur géographique sont approvisionnés par plus d’une entreprise, n’y a-t-il pas moyen de grouper les livraisons de manière à réduire le nombre de véhicules-kilomètres? 3 Envisager une association avec des entreprises qui effectuent déjà des livraisons dans le centre d’une ville (par exemple un marchand de légumes en gros, un bureau de poste) de façon qu’elles intègrent vos livraisons dans leurs tournées. 21 L’avenir À l’avenir, l’activité de transport de marchandises en Europe sera bien plus diversifiée et offrira de plus grandes perspectives que par le passé. Les entreprises relèvent déjà des défis environnementaux et commerciaux qui renforcent leur position et leur succès sur les marchés. Dans un environnement déréglementé et privatisé, les occasions de fonder des partenariats, de partager des responsabilités et de s’associer sont plus nombreuses qu’auparavant. La coopération entre entreprises en vue d’améliorer le système de livraison dans le centre des villes existe déjà, et l’utilisation en commun de véhicules et d’installations est devenue chose courante. Les partenariats de ce type sont un élément au moins aussi important que la technologie des véhicules, des moteurs et de l’échange électronique de données. Une collaboration étroite, des infrastructures de grande qualité qui feront du transport combiné et du transport intermodal une solution attrayante et des incitations fiscales appropriées ouvrent la voie vers une plus grande productivité de l’activité de transport de marchandises, qui deviendrait également moins néfaste pour l’environnement. Les partenariats sont aussi un mode d’organisation adapté à la collecte des approvisionnements à courte ou moyenne distance. Ces dernières années, l’activité de transport de marchandises a crû en grande partie en raison de la diversification des sources d’approvisionnement, qui peuvent être très éloignées des lieux de production ou de distribution. Alors que, par le passé, de solides motifs économiques justifiaient l’éloignement des fournisseurs, on sait aujourd’hui qu’il peut être intéressant de rapprocher les sources d’approvisionnement. C’est un mouvement analogue à celui opéré par une stratégie privilégiant une production à haute intensité énergétique vers une stratégie axée sur les économies d’énergie. Rapprocher les sources d’approvisionnement permet d’éviter les retards dus aux encombrements, de réduire les coûts et d’établir des relations commerciales fructueuses à l’échelle régionale ou sous-régionale. Cela offre également la possibilité de rassembler un nombre d’entreprises très novatrices suffisant pour créer une dynamique (ce que l’on appelle «l’effet Silicon Valley»). Dans certains cas, les possibilités de choisir des fournisseurs plus proches seront restreintes. Pour les transports à longue distance, les modes ferroviaire et fluvial peuvent encore gagner des parts de marché, les dessertes locales continuant à être effectuées par la route. Les sociétés de logistique et leurs clients peuvent retirer de nombreux avantages d’un abandon du transport routier sur les trajets à longue distance au profit d’autres modes plus fiables. Les entreprises de transport, quant à elles, bénéficieront d’un choix plus large de solutions lorsqu’il s’agira d’exploiter des créneaux commerciaux. «Les entreprises contribuant à la diminution des incidences des opérations de transport sur l’environnement sont doublement gagnantes: elles réduisent leurs coûts et accroissent leur compétitivité. Elles sont plus attrayantes pour les clients désireux d’acheter des produits et des services «écologiques». Aujourd’hui, les critères environnementaux arrivent au premier plan lors de la prise de décisions commerciales.» Chaque entreprise industrielle et chaque société de logistique peut trouver un moyen de réduire ses coûts et d’agir en faveur de l’environnement d’une façon qui contente tout le monde. Certaines pourront faire plus que d’autres et, notamment, trouveront dans ce recueil un plus grand nombre de solutions susceptibles de leur convenir. Les gains les plus importants, du point de vue de la réduction des coûts et du renforcement de la compétitivité, découleront probablement de la mise en œuvre de plusieurs mesures combinées. Les entreprises qui contribuent à la diminution des incidences des opérations de transport sur l’environnement sont doublement gagnantes: elles réduisent leurs coûts et accroissent leur compétitivité. Elles sont plus attrayantes pour les clients désireux d’acheter des produits et des services «écologiques». Aujourd’hui, les critères environnementaux arrivent au premier plan lors de la prise de décisions commerciales. 23 Contacts Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) 27 rue Louis-Vicat F-75737 Paris Cedex 15 Tél. +33 1 47 65 20 00 Fax +33 1 46 45 52 36 www.ademe.fr BSN Emballage Siège social 64, boulevard du 11-Novembre-1918 F-69611 Villeurbanne Cedex Tél. +33 4 72825171 Fax +33 4 72827082 www.bsn.fr ASDA Stores Ltd ASDA House-Southbank Great Wilson Street UK-Leeds LS11 5AD Tel. +44 1132 43 54 35 Fax +44 1132 41 86 66 www.asda.co.uk BTL/Schenker-BTL AB Head Office S-412 97 Göteborg Tfn. +46 31 703 80 00 Fax +46 31 40 75 22 BASF AG Carl-Boschstraße 38 D-67056 Ludwigshafen Tel. +49 621 600 Fax +49 621 6042525 www.basf.de BASFCOM Nederland BV Postbus 1019 NL-6801 MC Arnhem Tel. +31 26 371 71 71 Fax +31 26 371 72 46 www.basf.nl Blagden Packaging Ltd Westinghouse Road Trafford Park Manchester M17 1DS UK-Lancashire Tel. +44 161 869 62 00 Fax +44 161 848 72 85 British Sugar plc Head Office Oundle Road Peterborough UK-Cambridgeshire PE2 9QU Tel. +44 1733 563171 Fax +44 1733 563068 www.britishsugar.co.uk British Telecommunications plc Head Office 81 Newgate Street UK-London EC1A 7AJ Tel. +44 20 73 56 50 00 Fax +44 20 73 56 55 20 www.bt.com BSH Bosch-Siemens Hausgeräte GmbH Gartenfelderstraße 28 D-13599 Berlin (Gartenfeld) Tel. +49 30 386 25 957 Fax +49 30 386 26 799 www.siemens.com/regionen 24 Coca-Cola and Schweppes Beverages Ltd 1 Queen Caroline Street UK-London W6 9HQ Tel. +44 20 8 237 3000 Fax +44 20 8 237 3700 www.thecoca-colacompany.com Deutsche Bahn AG Stephenson Straße 1 D-60326 Frankfurt/Main Tel. +49 69 2657475 Fax +49 69 2657500 / 2657555 Deutsche Kleiderspedition GmbH & Co KG Weichertstraße 5 D-63741 Aschaffenburg Tel. +49 6021 344-5 Fax +49 6021 34 49 99 www.dks.de DFDS Tollpost-Globe AS Hovedkontor: Alfaset 3. Industivei 25 Postboks 6441-Etterstad N-0605 Oslo Tel. +47 2232 9000 Fax +47 2232 9001 www.tollpost.no DHL International UK Ltd Orbital Park 178–188 Great South West Road UK-Hounslow TW4 6JS Tel. +44 20 8 818 8000 Fax +44 20 8 818 8141 www.dhl.com Diagma International 75, rue de Courcelles F-75008 Paris Tél. +33 1 44 01 00 20 Fax +33 1 42 67 86 87 www.diagma.com Électricité de France (EDF) 32, rue de Monceau F-75384 Paris Cedex 08 Tél. +33 1 42 89 94 10 www.edf.fr Electrolux Group S:t Göransgatan 143 S-105 45 Stockholm Tfn. +46 8 738 60 00 Fax +46 8 738 74 61 www.electrolux.com Euro Terminal Coevorden BV (ETC) (vid. Transportgroep Van der Graaf) EVO (Ondernemersorganisatie voor Logistiek en Transport) Postbus 350 NL-2700 AJ Zoetermeer Tel. +31 79 346 73 46 Fax +31 79 346 78 00 www.evo.nl Exel Logistics Solstice House 251 Midsummer Boulevard UK-Central Milton Keynes MK9 1EQ Tel. +44 1908 24 4000 Fax +44 1908 24 4107 www.exel.com Fiege Systemzentrale Joan-Joseph-Fiegestraße 1 D-48268 Greven Tel. +49 2571 9990 Fax +49 2571 999888 www.fiege.de Henkel KGaA Henkelstraße 67 D-40191 Düsseldorf Tel. +49 211 7970 Fax +49 211 7984008 www.henkel.com Horten Kaufhaus Mönckebergstraße 1 D-20095 Hamburg Tel. +49 40 328120 ICA Supermarket Minuthandlarvägen 2 PO Box 9020 S-120 04 Årsta Tfn. +46 8 722 10 00 Fax +46 8 585 509 91 www.ica.se IKEA International a/s Nystrandveg 21 DK-3050 Humlepaek Tlf. +45 49 155000 Fax + 45 49 155001 www.ikea.com Karstadt Warenhaus AG Hauptverwaltung Theodor-Althoff-Straße 2 D-45133 Essen Tel. +49 201 7271 Fax +49 201 727 5216 www.karstadt.de Kaufhof Kaufhof Warenhaus AG Leonhard-Tietz-Straße 1 D-50676 Köln Tel. +49 221 2230 Fax +49 221 223 28 00 www.kaufhof.de KF Konsument Förbundet PO Box 15200 S-104 65 Stockholm Tfn. +46 8 743 10 00 www.kf.se Koninklijke Ahold PO Box 3050 NL-500 HB Zaandam Tel. +31 75 670 15 02 Fax +31 75 659 83 60 www.ahold.com Kraft Jacobs Suchard Erzeugnisse GmbH & Co KG Langemarckstraße 4–20 D-28199 Bremen Tel. +49 421 59901 Fax +49 421 5993675 www.kjs.de Lane Group plc Garonor Way Royal Portbury Dock UK-North Somerset BS20 7XX Tel. +44 1275 37 44 01 Fax +44 1275 37 32 71 www.lanegroup.co.uk Mercedes Benz AG Türlenstraße 2 D-70191 Stuttgart Tel. +49 711 25900 Fax +49 711 2590162 www.mercedes-benz.com Ministerie van Economische Zaken Directoraat-Generaal Energie Postbus 20101 NL-2500 EX Den Haag Tel. +31 70 379 89 11 Fax +31 70 379 63 68 www.minez.nl Ministerie van Verkeer en Waterstaat DGV (Directoraat Generaal Verkeer) Transactie Milieu en Energy-Efficiency Project PO Box 20901 NL-2500 EX Den Haag Tel. +31 70 351 70 48 Fax + 31 70 351 69 39 www.dgv.minvenw.nl Ministerie van Volksgezondheid, Ruimtelijke Ordening en Milieubeheer (VROM) DGM (Directoraat Generaal Milieu) Directie Geluid en Verkeer Rijnstraat 8 NL-2515 SP Den Haag Tel. +31 70 339 39 39 Fax +31 70 339 12 80 Nestlé UK Ltd Head Office St. George's House, Park Lane Croydon UK-Surrey CR9 1NR Tel. +44 20 8 686 3333 Fax +44 20 8 686 6072 www.nestle.co.uk Otto Versand GmbH & Co Wandsbekerstraße 3 D-22172 Hamburg Tel. +49 401 6461 401 Fax +49 401 6461 449 www.otto.de Royal Mail Head Office: 148 Old Street UK-London EC1V 9HQ Tel. +44 20 72 502888 Fax +44 20 71 2502632 J. Sainsbury’s Stamford House Stamford Street UK-London SE1 9LL Tel. +44 20 7 695 60 00 Fax +44 20 7 695 76 10 www.sainsburys.co.uk Saint Gobain Siège Social Les Miroirs F-92096 Paris-La Défense Cedex Tél. +33 1 47 62 38 00 Fax +33 1 47 62 50 80 www.saint-gobain-emballage.fr Schenker AG Zentrale — Alfredstraße 81 D-45130 Essen Tel. +49 201 87810 Fax +49 201 8781 8334 www.schenker.com 3 Suisses 12 rue de la Centenaire F-59963 Croix Cedex Tél. +33 3 20 20 21 25 Fax +33 3 20 20 34 68 www.3suisses.fr The Body Shop International Plc Watersmead Littlehampton UK-West Sussex BN17 6LS Tel. +44 1903 731 500 Fax +44 1903 726 250 www.the-body-shop.com TNT UK Unit 6, Spitfire Way Spitfire Trading Est. Hounslow UK-Middlesex TW59 NW Tel. +44 20 8 5612345 Fax +44 20 8 8483285 www.tnt.com Transactie Modal Shift Postbus 20904 NL-2500 EX Den Haag Tel. +31 70 351 16 61 Fax +31 70 351 16 95 www.transactie.org Transportgroep Van der Graaf De Mars 1 Postbus 290 NL-7740 AG Coevorden Tel. +31 524 59 44 33 Fax + 31 524 59 44 93 UK Freight Transport Association Ltd 157 St. Johns Road Turnbridge Wells UK-Kent TN4 9UZ Tel. +44 1892 52 61 71 Fax +44 1892 78 48 37 www.fta.co.uk VICO SA 165, rue de la Belle-Étoile F-95947 Roissy CDG Cedex Tél. +33 1 49 90 11 77 Fax +33 1 49 90 11 88 25 Sources Commission européenne (1997) Good Practice in Improving Environmental and Business Performance of Transport in European Companies. Analytical Framework and Guidelines; Nodal Consultants, Intakta, Chalmers IndustriTeknik. Fédération européenne pour le transport et l’environnement (1996) The Greening of Freight Transport in Europe. What can hauliers do, what can freight customers demand? Bruxelles. McKinnon, A. 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