Financement - CCI Nantes St

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Financement - CCI Nantes St
Dossier
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financement
Financement :
6 solutions pour doper
votre croissance
Le recours à des outils de financements
complémentaires ou alternatifs
aux crédits bancaires va s’avérer de
plus en plus nécessaire pour soutenir
la croissance des entreprises. Le point
sur les enjeux inhérents à cette
nouvelle donne.
Par Nelly Lambert
« On assiste à un changement de
modèle, une mutation », constate
Gérard Estival, président de Nantes Atlantique
Place Financière (NAPF). De fait, le modèle
du banquier interlocuteur unique de l’entreprise pour répondre à ses besoins de
financement a vécu. Conséquence directe
de la crise financière de 2008, les contraintes
réglementaires qui pèsent désormais sur les
banques (Bâle III), vont réduire de manière
pérenne le volume de crédits accordés
aux entreprises. Nicolas Dumont, directeur
Entreprises au Crédit Agricole Atlantique
Vendée avertit : « nous sommes en train
de mettre notre croissance économique
dans une bulle : la réglementation conduira
à mettre sous pression la croissance et lors
de la reprise, les banques ne parviendront
plus à accompagner l'ensemble des besoins
Suite en page 20
N° 164 – juin/août 2014 Plein Ouest 19
Dossier
financement
de financement ». Dans une économie
où près de 80 % du financement des
sociétés, voire 90 % pour les PME, est
de source bancaire, c’est un véritable
bouleversement qui se profile.
Pour les entreprises, cette révolution implique de trouver de nouvelles
solutions, si ce n’est déjà fait. Le
mouvement de désintermédiation est
désormais amorcé et, de l’avis de tous,
il ne fera pas marche arrière : une part
importante des financements obtenus
se fera directement sur les marchés
financiers, sans passer par un intermédiaire bancaire.
Vers un financement
désintermédié
Manque ponctuel de trésorerie ?
Volonté de développer un nouveau
produit ? Désir de croissance externe ?
Selon le besoin de l’entreprise, la
réponse ne sera pas la même (voir
l’encadré p. 21). Certains acteurs du
financement désintermédié existent
depuis des années. C’est le cas des
business angels et du capital investissement, par exemple (lire p. 22
et 28). D’autres, en revanche, sont peu
connus, comme le financement obligataire ou l’introduction en bourse (voir
p. 30 et p. 31) qui s’ouvrent désormais
aux PME et ETI ou les redécouvrent.
Quant au crowdfunding, aujourd’hui
très médiatisé mais encore limité (lire
p. 26), il devrait, selon les experts,
prendre de plus en plus de place dans
les années à venir.
Les solutions au désengagement des
banques ne manquent donc pas.
Mais les entreprises y trouveront-elles
leur compte ? Pas certain. « Tous ces
financements resteront plus chers
que le financement bancaire, même
avec une hausse du coût du crédit »,
assure Nicolas Dumont. Un point de
vue partagé par Stanislas de Gastines,
associé EY (ex-Ernst & Young). Selon
lui « plus on est dans le financement
du haut de bilan, plus on est proche
d’un financement de type actionnarial,
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23/01/2014
20
Plein Ouest
N° 164 – juin/août 2014
plus le risque est élevé et donc plus les
partenaires attendent une rémunération importante. »
Un manque de lisibilité
Faut-il en conclure que les entreprises
vont forcément être les grandes perdantes de cette nouvelle donne ? Du
côté des banques, on reconnaît qu'« il
faudra que la rentabilité de leurs projets soit plus élevée pour permettre
d’amortir une partie du surcoût de
la dette », annonce Nicolas Dumont.
Avec, à la clé, le risque d’un accès au
crédit raréfié pour les clients avec lesquels les banques ont peu de relations
ou qui ne leur apportent pas assez de
liquidités.
Ce qui est certain, en revanche, c’est
qu’à partir du moment où l’entreprise
passe d’un interlocuteur unique – son
banquier – à plusieurs, elle va être
confrontée à la problématique de la
visibilité, mais surtout de la lisibilité,
de ces dispositifs, qu’ils soient publics
(lire p. 25) ou privés. « On parle souvent
à leur sujet d’un maquis », convient
Jean-Marc Huilizen, vice-président de
la CCI Nantes St-Nazaire en charge
de ces questions. D’autant que l’on
assiste à la montée en puissance d’une
autre tendance : le co-financement.
Les business angels travaillent avec
les acteurs du capital investissement,
les fonds publics avec les banques…
c'est dans ce contexte, que les CCI
des Pays de la Loire travaillent avec
la Région et la place financière sur la
publication, à l’automne, d’un portail d’information et d’orientation qui
concernera l’ensemble des dispositifs
régionaux. « Cet outil doit également
permettre la mise en relation de l’entreprise avec les financeurs ou un réseau
d’accompagnement ».
Un besoin
d’accompagnement
renforcé
Car, le second corolaire de cette
nouvelle donne, c’est que, plus que
jamais, il appartient aux entreprises
de s’approprier les codes nécessaires
pour s’adresser à des acteurs méconnus. Pour ne pas perdre de temps en
démarchage inutile, déjà. Donc en
visant directement les bons interlocuteurs. Pour Stanislas de Gastines,
« il faut se poser deux questions pré-
alables à toute démarche : qu’est-ce
que l’on veut financer ? Et à quel
moment de la vie de l’entreprise se
situe-t-on ? En fonction des réponses,
le chef d’entreprise n’aura pas les
mêmes partenaires, donc pas à faire
face aux mêmes attentes, notamment
en termes de rendement ou de délai de
mise à disposition des financements. »
Autre avantage de cette démarche :
identifier les acteurs compétents pour
répondre à ses besoins permet aussi
de les mettre en concurrence, quand
c’est possible.
Pour tous ceux qui ne voudront ou
ne pourront prendre le temps d’effectuer ce laborieux travail préalable, il va
devenir impératif de se faire conseiller
(lire l’encadré ci-dessous). D’ailleurs,
nombre d’acteurs du financement
désintermédié ont déjà intégré ce
besoin d’accompagnement des entreprises. Jean-Marc Huilizen constate sur
ce volet « une tendance de fond ». Avec,
à la clé, un avantage cette fois : « on
voit bien que le taux de défaillance est
plus faible quand les entreprises sont
soutenues.» Un plus qui ne sera pas de
trop dans la course au financement… Les acteurs du financement désintermédié en fonction
des besoins de l’entreprise en développement
Typologie
du besoin
financier
Besoin en
trésorerie
Financement
du développement
Projet innovant
MOMENT DE LA VIE DE L'ENTREPRISE
Entreprise de moins de 3 ans
en primo-développement
Financements publics
(BpiFrance)
Business angels
Financements publics
(aides + BpiFrance)
Crowdfunding
Capital investissement
Business angels
Financements publics
(aides+BpiFrance)
Crowdfunding
Capital investissement
Jeune entreprise innovante
Entreprise mature
Financements publics
(BpiFrance)
Business angels
Financements publics
(aides + BpiFrance)
Crowdfunding
Capital investissement
Bourse*
Business angels
Financements publics
(BpiFrance)
Financements publics
(aides+BpiFrance)
Crowdfunding
Capital investissement
Bourse*
Capital investissement
Bourse*
Croissance
externe
Capital investissement
Développement
à l'international
Financements publics
(aides régionales +
BpiFrance + Coface)
Capital investissement
Financements publics
(aides régionales +
BpiFrance + Coface)
Capital investissement
Transmission
de l'entreprise
Capital investissement
Capital investissement
Financements publics
(aides + BpiFrance)
Capital investissement
Bourse*
Financements publics
(aides + BpiFrance)
Capital investissement
Bourse*
Capital investissement
Financement obligataire
Bourse*
Financements publics
(aides régionales +
BpiFrance + Coface)
Capital investissement
Financement obligataire
Capital investissement
Financement obligataire
*pour les entreprises à fort potentiel
Zoom
Un nouveau
pôle dédié au
financement
des entreprises
Consciente du besoin des entreprises
en matière de financement, et du
problème de lisibilité des dispositifs
existants, la CCI Nantes St-Nazaire
cherche à informer, orienter et
à faciliter la mise en relation avec
les financeurs publics et privés,
via des opérations collectives,
du type Start West (évènement
annuel destiné à faire se rencontrer
porteurs de projets innovants et
financeurs), mais aussi individuelles.
Un pôle Financement Entreprises
a ainsi été mis en place au printemps
dans les locaux nantais de la CCI.
Il réunit, sur un même plateau, 4
acteurs régionaux : Nantes atlantique
place financière (NAPF), la place
de marché Enternext, Atlantique
business angels booster
(Abab) et la CCI 44.
N° 164 – juin/août 2014 Plein Ouest 21
Dossier
FINANCEMENT
Business Angels : des ailes
données à l'innovation
En apportant moyens financiers, mais aussi conseils et réseaux, les business angels
permettent aux entreprises innovantes d'enclencher la vitesse supérieure.
Lumière sur l'action de ces « anges » de l'économie.
Par Magali Le Clanche
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Ils connaissent mieux que
quiconque les rouages de
l'entrepreneuriat. Eux-mêmes chefs
d'entreprise, en activité ou ayant
longtemps tenu les rênes d'affaires
prospères, les business angels sont
bien placés pour aider leurs jeunes
homologues sur ce terrain. Et ils ne
s'en privent pas. Ils investissent ainsi
une part de leurs deniers personnels
dans le capital d'entreprises innovantes, à fort potentiel de croissance.
Avec, en échange, une participation
Les business angels apportent aussi
leur réseau et leur expérience.
minoritaire, limitée à 25 % du capital.
Pour ces investisseurs, il s’agit d’intervenir en phase de « décollage »,
moment où les jeunes pousses sont le
plus vulnérables. « Au stade de l'amorçage, nous faisons le lien entre la love
money, c’est-à-dire les fonds de départ
apportés par des proches, amis,
etc., et les financements des capitalrisqueurs, qui arriveront plus tard,
explique Didier Allain-Dupré, président
d’Atlantic Business Angels Booster
(Abab), réseau associatif régional de
70 membres. Toute la subtilité de notre
mission consiste à assurer ce relais
financier, tout en accompagnant l’entrepreneur pour qu’il tienne bon durant
cette phase difficile. »
22
Plein Ouest
N° 164 – juin/août 2014
Un volet accompagnement auquel
tiennent ces investisseurs. « Un business angel aspire à transmettre son
savoir au service de quelqu'un qui
va également agir. » Selon le dirigeant
d'Abab, la force des business angels
réside aussi dans leur capacité à
mobiliser les contacts et les aides
de toute une communauté d’acteurs
économiques.
Un filtre très sélectif
Une dynamique collective à laquelle
l'association Ouest Angels, regroupant
40 adhérents, est tout aussi attachée.
Pour Charlotte Levenne, sa coordinatrice, il est crucial de rassembler
le maximum d'expertises. « Avec une
cotisation faible et pas d'obligation
d'investir, Ouest Angels constitue un
réseau ouvert à tous ceux que l'entrepreneuriat intéresse, précise-t-elle.
Plus nous sommes nombreux, plus
nous pouvons apporter de compétences à l'entreprise et trouver des
sources de financement parmi notre
relationnel. » Une mobilisation forte, qui
a sa caisse de résonance au niveau
national. France Angels fédère ainsi
86 réseaux de ce type en France soit
4 200 business angels. En 2012, 40 M€
ont été investis dans 352 entreprises.
Pour les entrepreneurs, les business
angels constituent donc un précieux
recours. Mais, pour y accéder, il faut
savoir montrer patte blanche. Car le
filtre est des plus sélectifs, comme
l'atteste la « poignée » de candidats
retenus. Chaque année, le réseau
Abab soutient 3 à 4 dossiers sur les 70
reçus. En 2013, Ouest Angels n'a, de
son côté, financé que 4 des 130 projets
déposés. Par deal, chaque business
angel investit entre 10 et 20 K€ en
moyenne.
Les postulants doivent donc identifier
au mieux les arguments propres à
séduire ces investisseurs potentiels.
Le premier tient à la personnalité de
l'entrepreneur. Celui-ci doit convaincre
qu'il est l'homme de la situation.
Aptitude à manager des collaborateurs, dynamisme, persévérance,
capacité à anticiper... figurent parmi
les nombreuses qualités attendues.
« Aussi excellent soit-il, un projet mal
mené échouera inéluctablement »,
commente Charlotte Levenne.
Avant d'embarquer à bord de l'entreprise, les investisseurs s'assurent aussi
de la qualité de sa feuille de route. Car
l'idée seule ne suffit pas. « Nous ne
sommes pas des financiers et le regard
que nous portons est avant tout celui
de chefs d'entreprise, précise le président d'Abab. Nous examinons avec
attention la qualité du business model
et ses composantes, même les plus
évidentes. Le porteur de projet doit
avoir vérifié, par exemple, que son produit ou service répond à des besoins
précis sur le marché. » La capacité à
porter le projet, en sachant communiquer autour, frapper aux bonnes
portes, etc., est elle aussi évaluée.
Un coup de pouce
pour avancer plus vite
Le processus de sélection suit un parcours très balisé. « Sur les 130 dossiers
déposés l'an passé, nous en avions
présélectionnés 60 pour une première
présentation de 30 minutes devant un
comité de sélection. A l'issue de ce
comité, 14 entrepreneurs ont pu argumenter leur projet, cette fois en réunion
plénière », décrit Charlotte Levenne.
Un « tri » qui est devenu, crise oblige,
plus exigeant ces dernières années.
« Jusqu'en 2012, 75 % de notre investissement pouvaient être déduits de
l'ISF contre 50 % aujourd'hui. Ce
qui ne couvre plus le risque pris à
l'amorçage, précise la coordinatrice
d'Ouest Angels. C'est pourquoi nos
choix s'orientent davantage vers des
entreprises qui ont déjà un début de
© DR
Charlotte Levenne, coordinatrice
du réseau Ouest Angels.
chiffre d'affaires, un volant de clientèle,
etc. » Car, en dépit de leur nom, les
business angels restent des investisseurs, qui attendent un ROI.
Pour les entrepreneurs ayant franchi
toutes les étapes, ce type de financement s'accompagne également de
quelques contraintes. Outre le partage
du capital, ils s'engagent à effectuer un
reporting rigoureux de leur activité en
fournissant aux investisseurs un certain
nombre de ratios, chaque mois ou par
trimestre, en fonction de l’activité.
Mais ce sont d’abord des gains, que
les « pépites » recueillent. En bonne
position pour aller chercher des fonds
- l'entrée dans le capital des très sélectifs business angels rassure les autres
financeurs -, ces sociétés talentueuses
avancent plus vite. C’est le cas de
Productys Solutions, à Saint-Nazaire,
qui édite des logiciels de gestion
des données industrielles et qui a pu
étendre son activité grâce à ces coups
de pouce. « Afin de coller aux attentes
de nos clients en temps de crise, nous
souhaitions développer de nouveaux
logiciels, ce qui impliquait, bien sûr,
un investissement financier, mais aussi
des embauches et la création d’une
société en Tunisie. D’où l’importance
d’accroître nos fonds propres pour
pouvoir, notamment, obtenir des financements à l’innovation », explique son
dirigeant, Stéphane Crepet. Un vœu
entendu avec l’entrée récente au capital, parmi d’autres investisseurs, des
business angels de Bamboo. « Depuis
janvier, j’apprécie le suivi de ces investisseurs régionaux, qui sont un vrai
soutien face aux différentes problématiques auxquelles sont confrontés
les entrepreneurs. »
Zoom
Quelques
bénéficiaires des
business angels
dans l’Ouest
•KelBillet : revente de billets de
train d'occasion (Ouest Angels)
•Atlanta : thérapie osseuse
(Ouest Angels)
•Qivivo : éco-innovation (Abab)
•Biomedical Tissues : santé (Abab)
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traitement des surfaces
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N° 164 – juin/août 2014 Plein Ouest
23
Dossier
FINANCEMENT
Le soutien des acteurs publics
au développement des entreprises
Les outils publics foisonnent, surtout ceux destinés à soutenir l’innovation.
Mais ils manquent souvent de visibilité, voire de lisibilité. Une problématique
dont les acteurs commencent heureusement à se saisir.
Par Magali Le Clanche
Prêt à taux zéro, avance remboursable… En termes de
financement aux entreprises, la boîte à
outils des acteurs publics est régulièrement enrichie de nouveaux dispositifs.
Aujourd'hui, la base de données nationale recense 1 600 aides publiques
aux entreprises, qu'elles soient financières ou techniques ! Alors que les
banques octroient prudemment les
crédits, l'Etat et les collectivités locales
comptent ainsi entretenir les capacités
d'innovation et de croissance.
Mais ce foisonnement d'aides est
parfois pointé du doigt. Outre la crainte
de voir les deniers publics soutenir
certains dispositifs peu efficaces – les
financements publics aux entreprises,
en France, représentent 110 Md€ par
an –, cette multitude d'outils est souvent perçue par le chef d'entreprise
comme un épais maquis. D'autant
que les intervenants dans ce domaine
(collectivités, chambres consulaires,
services de l’Etat, etc.) sont, eux aussi,
nombreux. Plus d'un dirigeant renonce
ainsi à se saisir d'aides, qui lui sont
pourtant destinées.
plateforme web permettra notamment au chef d'entreprise, selon sa
problématique (développer un produit ou service innovant, trouver des
marchés à l'international, renforcer sa
trésorerie...), d'obtenir les premières
informations sur les financements possibles et surtout d'être orienté vers
l'interlocuteur pertinent. Un outil utile
aux TPE et PME réalisant un CA inférieur à 50 M€. Car nombre d'aides
publiques les concernent, notamment
si elles cherchent à se développer via
un projet créateur d'emplois, une idée
innovante, ou l’export.
TÉMOIGNAGE
« Accepter de perdre
un peu de temps »
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Plein Ouest
N° 164 – juin/août 2014
© DR
Vers plus de clarté
Une difficulté, dont les pouvoirs publics
et leurs partenaires ont pris la mesure.
S’appuyant sur une dynamique nationale, les CCI des Pays de la Loire, qui
accompagnent et orientent déjà les
entreprises via leurs conseillers, renforcent leur implication pour améliorer
la visibilité et la lisibilité de ces aides
à travers un portail d'information sur
les financements publics et privés
annoncé pour l'automne. Porté par
divers acteurs tels que le Conseil régional, la Fédération française bancaire,
la place financière régionale et avec
le soutien de fonds européens, cette
Pour Patrick Baudry, cette quête de
clarté est une marque de fabrique
locale. « Notre région dispose d’un
bon maillage, souligne le délégué
Innovation de Bpifrance Pays de la
Loire. Dès qu'une entreprise entre en
contact avec une structure membre du
Réseau de développement de l'innovation, qu'il s'agisse de la Chambre
de métiers, de la CCI, de Bpifrance,
etc., elle est guidée vers ce qui est le
plus profitable pour elle en termes de
conseils et de financements. »
Sur ce volet innovation, le choix a en
effet été fait d'unir les forces. Depuis
Grégory Flipo
Gérant de l’entreprise TMC
Innovation et président
du Réseau de Développement
de l'Innovation (RDI), il a bénéficié
de diverses aides publiques.
« En 2006, après avoir créé mon
entreprise, je souhaitais recruter un
jeune ingénieur qualité. Avec le Fonds
régional pour l’innovation, qui prenait
en charge 50 % de son salaire pendant
un an, nous avons pu l’embaucher et
mieux structurer nos démarches. Parmi
d’autres soutiens, après une démarche
Déclic, nous avons obtenu d’Oseo
(devenu Bpifrance, NDLR), en 2008, une
avance de 60 000 € afin de développer
un mât autonome solaire à led pour
l’éclairage public. Techniquement
abouti, ce produit a pourtant subi un
échec commercial. Grâce à cette aide,
remboursable uniquement en cas de
succès, j’ai pu prendre des risques.
Quand on met le doigt dans le réseau
RDI, on se rend compte qu’il existe un
réel accompagnement technique et
financier à l'innovation. Il faut accepter
de faire du tri entre les dispositifs,
de perdre un peu de temps... Mais, à
l’échelle d’une petite boîte, ces aides
et conseils sont très intéressants. »
2012, Bpifrance et le Conseil régional
soutiennent les porteurs de projet via
un dispositif unique : le Fonds Pays de
la Loire Territoires d'Innovation. Outre
des aides au lancement, une entreprise
de moins de 2 000 personnes peut
bénéficier d'une subvention (30 000 €
en moyenne), lors de l’étude de faisabilité de son projet. Au stade du
développement de l’innovation, cet
accompagnement prend la forme
d’une avance à taux zéro d’environ
200 000 €, remboursable en cas de
succès ou de prêt à taux zéro pour
l’innovation. « Chaque année, 300
entreprises de la région bénéficient
de ces dispositifs », précise Patrick
Baudry.
Recruter, une condition…
A ces outils s’en ajoute un autre, tout
nouveau : le prêt CCI Innovation. Porté
par la CCI Pays de la Loire, en partenariat avec Bpifrance, ce fonds de
2,5 M€ permet d’accorder des prêts
participatifs de 70 000 à 150 000 € aux
PME régionales de plus de trois ans.
Son objectif ? Aider à mettre sur le
marché un produit ou service innovant.
Plus largement, les acteurs publics
mettent volontiers la main à la poche,
avec d’autres, quand l’entrepreneur
fait rimer développement de l’entreprise avec emploi. En témoigne, le
dispositif AID (Atlantique initiative
développement).
Abondé par des financeurs publics
et privés (CDC, Carene, EADS, STX,
CIC, etc.), il aide les PMI locales de
plus de deux ans à franchir un cap de
croissance via un saut technologique,
une innovation ou un développement
à l’international, grâce à une avance
remboursable sur deux à quatre ans
(15 000 à 40 000€ à taux zéro) et la
mise à disposition de compétences
d’experts. Et ce, à condition d’effectuer au moins un recrutement. En
2013, une trentaine d’entreprises
(Delta Meca, Coliwest, CEMI…) ont
bénéficié d’AID. Une avance intéressante qui déclenche un effet de
levier pour obtenir des financements
bancaires.
Parmi les dispositifs existants, enfin, on
peut citer le prêt d’honneur croissance.
Porté depuis 2012 par les plateformes
d’initiatives locales, ce fonds à 90 %
public soutient les projets de développement des entreprises de plus de
deux ans. Avec, là encore, l’obligation
de recruter. L’ouverture d’un second
établissement pour un restaurant,
l’embauche de forces commerciales
par une agence de communication
et le recrutement de magasiniers par
un vendeur de lunettes en ligne font
partie des 11 projets aidés en 2013.
« Nous ne finançons que les entreprises en réelle croissance. Car plus
les emprunteurs remboursent, plus
nous sommes en capacité de prêter à
d'autres, précise Pascal Jolly, directeur
d'Initiative Nantes. Nous tenons aussi
à ce que le porteur de projet bénéficie d’un accompagnement par un
parrain. » En 2014, la plateforme vise
25 projets financés.
Plus qu’une tendance, cette intervention publique accrue auprès des
entreprises, et aux côtés des banques,
devrait s’inscrire dans le temps. Avec
cette volonté des acteurs publics
et privés de continuer à financer les
projets de développement, tout en
mutualisant les risques. • Industrie • Btp • Tertiaire • Public • Santé
Les travaux de rénovation sur lesquels travaille
Domestis anticipent le vieillissement.
© Domestis
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L’ÉVÉNEMENT ANNUEL DE RÉFÉRENCE EN FRANCE
N° 164 – juin/août 2014 Plein Ouest 25
Dossier
FINANCEMENT
Crowdfunding : des gouttes
d’eau qui font de grandes rivières
De plus en plus d’entrepreneurs font appel au financement
participatif pour se lancer ou développer leur activité.
Zoom sur un phénomène qui prend de l’ampleur et
qui est aujourd’hui clairement encouragé par l’État.
Par Véronique Couzinou
« Le crowdfunding ? Je le conseille
à tous les porteurs de projets »,
lance Dominic Quirke, qui a ouvert son
restaurant à Nantes, Pickles, début
2014. « J’ai cru que ce serait une perte
de temps, mais ça m’a permis d’affiner
mon projet pour le présenter ensuite
aux banques. Ça collait aussi avec ma
vision : je voulais travailler avec des
éleveurs et producteurs locaux, j’avais
besoin d’eux pour me lancer, et recevoir
6 500 € de 65 donateurs via la plateforme KissKiss BankBank a été un
énorme encouragement ». Dominic a
même dépassé son objectif de 5 000 €.
Même bonne surprise pour la librairie
L’Embarcadère, à Saint-Nazaire, qui a
pu commencer à acheter son stock
grâce aux 5 000 € collectés sur Ulule
alors qu’elle n’espérait que 3 000 €.
Des projets comme ceux-là, il en
existe des dizaines en Loire-Atlantique,
visibles sur des plateformes généralistes ou spécialistes comme My Major
Company, pionnier en la matière, qui
a aussi lancé avec le réseau d’appui
aux entrepreneurs BGE une plateforme
spécialement dédiée aux entrepreneurs : Notrepetiteentreprise.com.
Le don est sans doute la forme la plus
connue du financement participatif,
parmi les trois existantes (lire l’encadré). Les levées vont de quelques
milliers à quelques centaines de milliers
d’euros. Avec un principe simple : le
porteur de projet détermine la somme
dont il a besoin et doit récolter les
contributions dans un temps déterminé. Si l’objectif n’est pas atteint,
les contributeurs sont remboursés.
Sinon, le projet est lancé. À son aboutissement, chaque donateur reçoit
une contrepartie en rapport avec le
projet, un produit ou une invitation,
par exemple. La plateforme prélève
quant à elle entre 4 % et 10 % de frais
26
Plein Ouest
N° 164 – juin/août 2014
en moyenne. La commission peut
aussi varier en fonction de la somme
collectée.
Passer par-dessus la crise
Lorsqu’il évoque le crowdfunding,
Thomas Derosne, créateur de la plateforme My New Startup à Nantes,
fait d’emblée parler les chiffres : « En
France, jusqu’en 2011, cela représentait environ 7 M€ levés. En 2013,
on était à près de 80 M€ et le secteur
table pour 2014 entre 150 et 200 M€
levés, assure-t-il. C’est une vraie mouvance, pas une mode ». En 2013,
selon le Baromètre du crowdfunding
en France*, 44 % des fonds levés ont
servi au financement d’entreprises, et
21 % à des projets associatifs.
Il faut dire que le financement participatif séduit par la diversité des projets
et sa « philosophie » qui va au-delà du
pur aspect comptable et économique.
« Dans le contexte actuel, on a envie
que notre argent soit utile et participer
au financement d’un projet que l’on
a choisi de défendre, cela donne du
sens à l’épargne », poursuit Thomas
Derosne.
My New Startup est un bon exemple
de financement participatif dédié à
l’entrepreneuriat, avec une spécificité
supplémentaire : la plateforme propose
aussi bien des projets en don contre
récompense (ou achat par anticipation)
qu’une entrée au capital de sociétés
non cotées.
Dans le premier cas, on peut donner de 1 à 1 000 €, dans le second,
c’est 1 000 € minimum, avec un ticket moyen à 10 000 €. Qui sont les
financeurs? « Des particuliers ou des
investisseurs, business angels, fonds
régionaux ou nationaux », explique
Thomas Derosne, qui ne sélectionne
Que dit la loi ?
Depuis le 14 février, le crowdfunding
bénéficie d’un nouveau cadre
juridique. Il concerne les trois formes
de financement participatif : le don
(ou achat par anticipation), le prêt
et la participation. Pour le don, le
gouvernement n’a pas fixé de limite
pour les montants de collecte et le
nombre de donateurs reste également
illimité. En revanche, le plafond
des prêts rémunérés a été relevé
à 1M€ pour un maximum de 1000
prêteurs, et surtout, ceux-ci sont
désormais ouverts aux particuliers
pour investir dans un projet
d’entreprise ou d’autres particuliers.
Enfin, pour la participation (entrée
au capital), il n’y a pas de formalité
particulière jusqu’à 1M€. Au-delà, il
faut remplir un document simplifié
destiné à l’Autorité des marchés
financiers (AMF). Par ailleurs, les
SAS peuvent désormais présenter
un projet d’investissement dans
leur capital comme les SA. Le
message gouvernemental est clair :
que la France devienne un leader
en matière de crowdfunding.
Prêter,
est-ce risqué ?
Avec la nouvelle réglementation, les
prêteurs sont dans un cadre plus
sécurisé avec une limite à 1000 €
par projet. La loi prévoit que les
plateformes de crowdfunding jouent
la transparence sur les frais, les
projets n’aboutissant pas et qu’elles
proposent un outil pour aider le
prêteur à faire son choix, selon ses
moyens. Les plateformes seront
à terme labellisées par l'AMF et
l’Autorité de contrôle prudentiel
sur le respect de la réglementation.
Quelles limites ?
Il ne faut pas compter financer
un projet dans sa totalité via
le crowdfunding, c’est surtout
un pied à l’étrier.
public (200 voix minimum) pour
renforcer leurs chances de voir
les souscriptions aboutir.
La qualité plutôt
que la quantité
© Fotolia
Les dossiers sont reçus en
direct, via des incubateurs ou
encore des cabinets d’avocats.
Ils sont épluchés pour « s’assurer que les personnes ont
les compétences liées à leur
activité et ne cherchent pas
juste un carnet de chèques. On
croit beaucoup au réseau et
au lien créé entre porteurs de
projets et investisseurs, d’où
la notion de communauté que
nous défendons », martèle le
patron de la plateforme créée
en 2013.
Une fois approuvé, le projet a trois mois
pour atteindre son objectif de levée de
fonds. La plateforme s’occupe de la
communication et, dans le cas d’une
entrée au capital, les projets sont suivis
pas de profil particulier d’entrepreneur,
si ce n’est des personnes « capables
de fédérer une communauté pour
trouver leur financement ». Car tous
les projets validés par la plateforme
ont d’abord fait l’objet d’un vote du
par un collège d’investisseurs. « On a
fait le choix de la qualité plutôt que la
quantité de dossiers. L’intérêt est de
voir les entreprises grandir et devenir
pérennes ».
Parmi les projets importants, il y a En
Direct des Éleveurs, lancé par trois
Gaec laitiers de Montbert qui veulent
créer un circuit de vente court en rupture avec les modèles actuels. Leur
ambition ? Que les consommateurs
puissent acheter un lait local très
qualitatif et pas plus cher, avec une
traçabilité sans faille, mais aussi que
les producteurs puissent gagner au
moins 40 cts/l et que le packaging
soit écologique : le lait sera proposé en
poche, avec un système d’ouverture
et fermeture et une poignée rigide.
Les éleveurs ont besoin de lever entre
500 000 et 1M€ sur un projet global
de 8M€.
Une entrée au capital, des lots de lait
en précommande ou des visites de la
ferme à venir, ça vous dit ?
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financer 100 000 nouveaux projets, la Banque Populaire lance Innov&Plus pour permettre à nos entreprises
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N° 164 – juin/août 2014 Plein29/01/2014
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Dossier
FINANCEMENT
Le capital investissement :
une option gagnant-gagnant
Faire appel à des partenaires extérieurs pour financer un projet d’envergure peut
présenter de multiples intérêts. Les entrepreneurs de Loire-Atlantique ont, de plus,
la chance d’avoir l’embarras du choix en matière d’investisseurs.
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Plein Ouest
N° 164 – juin/août 2014
Chaque mois, les associés de Bamboo se réunissent pour suivre
le développement des entreprises dans lesquelles ils ont investi.
TÉMOIGNAGE
d’euros) concernaient tant la partie
immobilière que mobilière, ainsi que toutes
les phases de lancement. L’augmentation
de capital a été de 5,5 M€.
© Fabienne Proux
En matière de capital investissement, l’Ouest est plutôt bien doté.
Aux principaux acteurs du secteur, pour
la plupart filiales de grandes banques
(lire l’encadré p. 29), s’ajoutent des
initiatives privées telles que Bamboo et
Fair, mais aussi publiques, à l’instar du
fonds régional de co-investissement
Idee (19 entreprises soutenues pour
3,3 millions d’euros investis).
Ce contexte concurrentiel, survenant
alors que la demande reste atone, est
à l’avantage des chefs d’entreprise :
ils peuvent négocier les conditions
financières (concernant la valorisation de l'entreprise surtout) et choisir
les partenaires avec lesquels s’associer, ce qui est loin d’être anodin. De
fait, « trouver un financement est une
chose, accepter d’ouvrir son capital en
est une autre, prévient Henri Guillermit,
président de Ouest Croissance qui
s’adresse aux PME-PMI en développement. C’est une démarche qui ne
coule pas de source ».
Le suivi du dirigeant le temps de la
durée de leur présence au capital
(6 à 7 ans en moyenne) est notamment
à prendre en compte. « Il faut accepter l’accompagnement personnel de
l’un des associés de notre structure »,
prévient Alain Mustière, président de
Bamboo. Chaque mois, le dirigeant
communique les résultats de son
entreprise à son « tuteur » et fait l’objet
d’un suivi régulier lors des comités
mensuels du fond (15 participations
de 50 000 à 200 000 euros dans des
entreprises locales en dix ans).
Si les investisseurs cherchent bien
entendu à faire une plus-value à la
sortie et, dans certains cas, à bénéficier de dispositifs de défiscalisation,
il ne s’agit pas non plus seulement
d’un deal financier. « Le fondement de
notre métier est de soutenir l’économie
Jean-Pascal Phélippeau
Président du groupe Phélippeau
« Un partenaire
financier était
indispensable »
Pourquoi avez-vous fait appel à
un capital investisseur pour réaliser
votre projet de thalasso du Château
des Tourelles à Pornichet ?
Ce projet étant extrêmement capitalistique,
nous avions besoin de partenaires pour le
réaliser. Les investissements (27 millions
Quelle est la part de capital détenu
par Ouest Croissance et pourquoi
avoir choisi cet investisseur ?
Ouest Croissance détient 24 % du capital.
Nous le connaissions depuis sa participation
lors d’un premier investissement réalisé à
Bénodet en 1998. Finalement, le choix d’un
capital investisseur est surtout une question
de personne.
Quelles sont, selon vous, les avantages
et les inconvénients de cette solution
de financement ?
En intervenant au niveau du capital,
le capital investisseur allège la dette
de l’entreprise, renforce la partie fonds
propres, ce qui donne plus de crédibilité
pour lever de la dette auprès des banques
classiques. Cela exige plus de rigueur dans
l’information financière. Enfin, le capital
investisseur permet d’avoir un regard
extérieur et peut aider le dirigeant dans
ses décisions stratégiques. L’inconvénient
principal porte sur la dilution du capital.
Au début, on le vit comme une contrainte,
mais, au final, cela devient un avantage.
© Fabienne Proux
Par Fabienne Proux
locale et d’accompagner le développement des PME », assure Henri
Guillermit. « Permettre, par exemple, à
des entreprises de se transmettre au
management en soutenant financièrement les cadres, contribue à conserver
les centres de décision en région »,
ajoute Jean-Philippe Dupont, membre
du directoire de Sodero Gestion.
« Nous investissons sur des hommes »,
confirme Laurent Benveniste, fondateur
du réseau Fair qui a créé deux fonds
dans l’Ouest : Fair Pays de la Loire (8
participations, 800 000 euros levés) et
Fair West (6 participations, 1 M€).
S’adosser à un capital investisseur
peut en outre servir d’effet de levier,
et ce, à plusieurs titres. « C’est une
formule gagnant-gagnant, résume
Alexandre Tremblin, directeur mid
market de Siparex, à Nantes. D’un
côté, nos objectifs de performance
impliquent une forte sélectivité. De
l’autre, les fonds apportés permettent
aux entreprises d’exprimer leur potentiel de développement et de création
de valeur ». Les prises de participation de Siparex peuvent atteindre de
500 K€ à 15 M€ par opération, seul ou
avec d’autres acteurs.
La démarche est aussi un moyen de se
différencier de ses concurrents. Pour
Henri Guillermit, « l’intervention d’un
investisseur tiers au capital conforte
la crédibilité de l’entreprise et de son
projet, ce qui renforce ses capacités
de négociation avec ses fournisseurs
et ses banques ».
Enfin, l’accompagnement des sociétés
de capital investissement a aussi des
effets bénéfiques en termes de conseil
et de réseau. Les dirigeants accompagnés par Siparex, par exemple,
bénéficient de structures interrégionales tels que le club Siparex qui offre
des opportunités d’affaires et le réseau
Erail qui suit le développement des
entreprises à l’étranger.
Le capital investissement ne s’adresset-il qu’aux riches ? « Non, tient à rassurer
Anne Jacquinet-Sulger, DG de Ouest
Croissance. Il suffit d’avoir un vrai projet de développement, quel que soit
le secteur d’activité, et nous séduire ».
Bamboo, qui n’a accepté que 3 dossiers sur les 25 examinés en 2013,
Zoom
Les principaux
acteurs locaux
•Sodero Gestion (Caisse d’Épargne
Bretagne Pays de la Loire)
•Ouest Croissance (Banques
Populaires du Grand Ouest)
•Synergie Finance
(Crédit mutuel Arkea)
•CM-CIC capital finance (CIC)
•Fonds privés : Bamboo et Fair
•Fonds public : Idee
indique « privilégier la diversité des
interventions et le type d’entreprises
pour répartir les risques ». Fair West, de
son côté, cible des jeunes entreprises
innovantes de moins de 5 ans ayant
déjà réussi un premier tour de table.
« Un bon dossier (avec un potentiel de
rendement intéressant, NDLR) trouvera toujours un financement », conclut
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N° 164 – juin/août 2014 Plein Ouest 29
FINANCEMENT
Dossier
Le financement obligataire,
une nouvelle voie ?
L’émission d’obligations pour les PME-ETI cotées ou non cotées est récente, mais devrait
se développer pour offrir aux entreprises une source de financement alternative.
Témoignage du groupe immobilier Réalités, aujourd’hui précurseur.
Par Véronique Couzinou
Quel est l’intérêt ?
« L’obligation est un produit financier
non dilutif, sans ouverture de capital pour l’entreprise, souligne Gérard
Estival, président de Nantes Atlantique
Place Financière pour le Grand Ouest.
Sa maturité est beaucoup plus longue
qu’un crédit bancaire classique qui est
remboursable dès la première année. »
« L’obligation est une dette mais elle
permet de voir venir quand les banques
ne prêtent pas, ou pas assez, explique
Yoann Joubert, dirigeant du groupe
de promotion immobilière Réalités. Le
groupe nantais est la première PME
non cotée à avoir bouclé un emprunt
obligataire IBO (offre au public) sur
Alternext, plateforme de transactions
du marché NYSE Euronext dédié aux
PME. Pendant six ans, on ne rembourse que les intérêts et avec cet
emprunt, on peut financer le besoin
en fonds de roulement et investir, faire
croître l’entreprise et accumuler des
fonds propres pour rembourser sereinement la dette. »
Quels inconvénients ?
« Mieux vaut avoir une certaine culture
financière – mais ça s’apprend – et
être bien entouré car il faut consacrer
du temps à préparer son dossier, prévient Yoann Joubert. Les contraintes
sont surtout organisationnelles et
comptables parce qu’il faut une transparence absolue. Les coûts de gestion
et les intérêts sont plus élevés que
pour un prêt bancaire, mais ça ne me
choque pas de payer 8 ou 9 % d’intérêts, c’est le prix du risque. »
Quel bilan ?
« Contracter un emprunt obligataire a
été un accélérateur de consolidation et
de savoir-faire de l’entreprise, analyse
30
Plein Ouest
N° 164 – juin/août 2014
Yoann Joubert, dirigeant du groupe Réalités, première PME non
cotée à bénéficier d’un financement obligataire IBO sur Alternext.
© DSM
Quels avantages ?
Zoom
Les différentes formules
du financement obligataire
•L’IBO (Initial bond offer) est une émission obligataire par offre au public
permettant à une entreprise de solliciter investisseurs institutionnels
comme particuliers. Elle a été introduite en 2012 par NYSE Euronext.
•L’émission par placement privé, elle, ne s’adresse qu’aux investisseurs
institutionnels et qualifiés et existe depuis plus longtemps. Son cadre juridique
est plus souple et les taux d’intérêts moins élevés ; elle s’adresse plutôt aux
entreprises qui souhaitent lever un capital plus conséquent (90 M€ en moyenne).
•Les fonds communs de placement, comme Micado, lancé par la société
d’investissement nantaise Portzamparc Gestion, pour les PME-ETI cotées de
taille moyenne. 14 entreprises (Manitou, VM Matériaux, Lafuma SA.…) ont
pu en bénéficier et lever entre 3 et 7 M€ entre juillet 2012 et janvier 2013.
•Nantes Atlantique Place Financière, avec la Région Pays de la Loire, travaille
à mettre en place un nouveau fonds privé inter-régions destinés aux ETI
non cotées.
le dirigeant de Réalités. En deux ans,
on a fait 87 % de croissance solide, et
derrière les chiffres, ce sont des postes
créés et des emplois pérennisés. »
Quels conseils ?
« Oser !, encourage Yoann Joubert,
et assumer, car il faut montrer que
ça marche si l'on veut que ce type
de financement ouvre la voie à un
vrai modèle de financement alternatif.
L’intérêt, c’est que l’on peut s’adresser
aussi bien à des fonds institutionnels,
de type banques ou assurances, qu’à
des investisseurs particuliers avertis ou
des entreprises qui ont de la trésorerie
et peuvent ainsi contribuer à financer
la croissance d’autres entreprises. On
n’est pas dans la finance abstraite mais
bien dans l’économie réelle ! »
INTRODUCTION EN BOURSE
Dossier
Entreprises à forte croissance :
l’option bourse
Pour les PME-ETI en forte croissance qui acceptent de jouer le jeu de la transparence,
l’introduction en bourse constitue une alternative intéressante au capital investissement.
Éclairage.
© Portzamparc
Par Nelly Lambert
Dans l’Ouest, les entreprises sont peu nombreuses à se lancer dans l’aventure boursière.
Exception récente : le promoteur nantais Réalités sur Alternext Paris.
« Toute entreprise n’a pas vocation à être cotée », prévient
d’emblée Eric Forest, PDG d’Enternext, filiale du groupe Euronext dédiée
à la promotion et au développement
des marchés boursiers propres aux
PME-ETI. « Une entreprise très rentable
mais qui connaît une faible croissance
ne sera pas très attrayante, précise
Damien Rahier, DG de la société de
bourse nantaise Portzamparc. Le marché n’exige pas forcément un gros
chiffre d’affaires, mais plus on est petit,
plus on doit prouver qu’on peut le
doubler rapidement. » Sur ce créneau,
les entreprises technologiques ont un
avantage certain, à condition de ne pas
être trop précurseurs.
Solution alternative au capital investissement pour renforcer ses fonds
propres, retrouver un levier sur sa dette
et financer sa croissance, l’introduction
en bourse a d’autres attraits : « Pour
une entreprise familiale qui travaille sur
sa transmission, elle permet de gérer
une problématique de liquidités, sur la
base d’une valorisation incontestable »,
ajoute Stéphane Laskart, responsable
du développement commercial PMEETI chez Enternext.
Quel que soit leur secteur d’activité,
les sociétés qui se lancent ont au
moins quatre à cinq ans au compteur
et sont souvent passées par plusieurs
tours de table : business angels, fonds
d’investissement, Bpifrance. Dans
tous les cas, « il faut avoir une histoire
à raconter aux investisseurs, s’inscrire
dans une dynamique de croissance »,
précise Eric Forest.
Dépasser certains freins
Et, généralement, avoir dépassé certains freins, réels ou non : « Certains
dirigeants craignent la pression sur le
résultat à court terme. Ce qui est sans
doute vrai pour les grands groupes
l’est beaucoup moins pour des PMEETI : l’actionnariat reste en général
majoritairement familial », souligne
Damien Rahier.
Les experts sont en tout cas unanimes
sur les retombées en termes de notoriété et de crédibilité, vis-à-vis de ses
clients, de ses fournisseurs, de ses
(futurs) salariés, mais également de ses
banques. « Une telle démarche oblige
aussi à se structurer : souvent, c’est
l’étape où l’on recrute un directeur
financier, observe Damien Rahier. La
bourse implique des contraintes, mais
pour le pilotage de l’entreprise, c’est
un avantage ».
La dimension financière est en effet
une donnée non négligeable, l’opération exigeant une transparence totale
qui peut, à juste titre, faire peur. « Le
processus n’est pas neutre sur la vie
de l’entreprise et demande un renforcement assez lourd de l’organisation
interne sur le plan financier et juridique », résume Stanislas de Gastines,
associé du cabinet EY (ex- Ernst &
Young). Avec, à la clé, un coût : « entre
5 et 8 % des fonds levés, en fonction
du montant. Il dépend aussi de la
communication financière (bandeaux
publicitaires, spots radio…) », détaille
Damien Rahier.
Autre donnée à considérer : le coût
homme. Dans les six mois qui précèdent l’obtention du visa de l’AMF,
le directeur financier est certes en première ligne, mais le chef d’entreprise
se voit lui aussi mobilisé : « Le dernier
mois, il va y consacrer 80 % de son
temps, prévient le DG de Portzamparc.
On ne prévoit donc pas une introduction à n’importe quel moment ! »
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