Camila OliVEiRa FaiRClOUGH - VOG, centre d`art contemporain de
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Camila OliVEiRa FaiRClOUGH - VOG, centre d`art contemporain de
Camila OLIVEIRA FAIRCLOUGH Marble memo Page précédente : Brasão, 2004, acrylique sur toile, 110 x 110 cm Ci-dessus : «Chhuttt...Le Merveilleux dans l’art contemporain», Crac Alsace, 2009 Rok, 2005, acrylique sur toile, 110 x 115 cm Au sol, Robert Breer : Loaf, 2007, résine peinte et moteur, 80 x 50 x 40 cm . L’art de Camila Oliveira Fairclough, artiste brésilienne qui vit et travaille à Paris, associe minimalisme de ses éléments, subtilité des couleurs et emprunts à des éléments du réel. Mais si sa peinture se limite à un jeu de formes élémentaires et épurées, à l’instar du minimalisme américain, elle se caractérise par l’extrême économie des moyens mis en œuvre. Cette simplification place le spectateur dans des ambiguïtés constitutives de son travail où la toile vierge trouve toute son importance. En effet, le blanc de la toile, très présent, est juste animé par quelques aplats de couleurs. Cependant, sa peinture reste à cette lisière où la figure géométrique est écho de notre environnement. Camila Oliveira Fairclough crée des motifs graphiques réduits à l’essentiel, simples découpes élémentaires qui se dessinent alternativement, soit en plein, soit en creux, selon que la surface peinte détermine la figure ou qu’elle en délimite les contours dans un total renversement de valeurs. La matérialité qui s’en dégage intéresse d’autant plus l’artiste qu’elle crée l’ambivalence. Ainsi le tableau devient tableau et peinture, fond et forme. Évocations abstraites, plus que représentations concrètes, ses motifs graphiques apparaissent comme des symboles manifestes d’une nouvelle signalétique à déchiffrer, quand il ne s’agit pas directement de signes conventionnels, arithmétiques ou typographiques, tels ces guillemets ouvrant sur la vacuité du blanc de la toile, ou au contraire, sur une narration imaginaire. En ce sens, l’art de Camila Oliveira Fairclough se rapproche aussi du Pop Art à travers l’utilisation de codes visuels communs au plus grand nombre. Cependant, c’est avec un haut degré de formalisme que le jeu de formes et de couleurs prime sur la figuration, jusque dans le choix du format. Son œuvre, d’une grande rigueur donc, garde néanmoins un caractère ludique, nous offrant des énigmes visuelles à partir d’éléments qui, tout en nous paraissant proches, mettent à l’épreuve la sagacité du spectateur. A l’occasion de la carte blanche donnée à Philippe Cyroulnik, le VOG de Fontaine est très heureux de s’associer au 19 pour l’édition de ce premier catalogue monographique consacrée à cette jeune artiste. En participant au développement de la diffusion de l’œuvre de Camila Oliveira Fairclough, Fontaine concourt ainsi à mettre en valeur cette artiste qui s’affirme comme une des figures fortes et prometteuses de la scène artistique émergente en France. Yannick Boulard, Maire de Fontaine Marielle Bouchard, Responsable du VOG . Archive, 2010, acrylique sur toile, 30 x 30 cm . Nocturne, 2010, acrylique sur toile, 130 x 97 cm . Service, 2010, acrylique sur toile, 40 x 80 cm . Hublot, 2010, acrylique sur toile, ø 100 cm . Twist, 2009, acrylique sur toile, 130 x 161 cm . Fragments pour L Un portrait Philippe Cyroulnik Camper sur les marges et jouer le centre Choisir les intersections plus que les lignes droites User d’une image comme une forme Mais entrouvrir la porte de la forme à l’image Prendre le mot au pied de la lettre Donner à l’italique la touche qui fait trembler la toile Disloquer le mot dans la typographie A la lisière de l’apparition Au bord de l’enfouissement Donner sa chance au fragment Faire de l’hommage un motif Géométriser le sensible Conceptualiser le trait Flouter le sens Peindre l’entre-deux Jouer en demi-ton Produire en majeur Jubiler dans le pastel Rabattre son caquet au positivisme de la couleur Faire de la police un ornement De l’ornement un motif Et du motif une expérience sensible Se rappeler de l’ornement de la lettre Gambader de la peinture en lettre au mot peint Faire des mots un tableau et des lettres un dessin Faire de l’hommage un motif et de la copie une invention En faire beaucoup avec peu . Iconoclaste avec légèreté Subversive en douceur Radicale sans en avoir l’air Ironique indolente En retrait sans excès Jubilatoire en sourdine Pour les questions de filiations Échapper pour son bonheur à la famille nucléaire Et s’épanouir dans la famille recomposée Faire entrer dans la ronde Oiticica et Palermo Mondrian et Warhol Joseph Kosuth et Ed Ruscha Marcel Duchamp et Roy Lichtenstein Saisir l’opportunité des rencontres mais savoir garder son chemin Se promener dans les références comme dans une carte du tendre Pratiquer la dérive des genres et la rencontre des continents Nous faire perdre pied des yeux en douceur dans les glissements progressifs Du trait et du pinceau Pour Camila Oliveira Fairclough, à suivre... L, 2008, acrylique sur toile, 50 x 50 cm 10. Apéritif, 2010, acrylique sur toile, 80 x 150 cm 11. «Chhuttt...Le Merveilleux dans l’art contemporain», Crac Alsace, 2009 Au sol, Robert Breer : Loaf, 2007, résine peinte et moteur, 80 x 50 x 40 cm, Float, 1972-2004, résine, peinture, bois, moteur, 50 x 100 cm 12. 13. Promesse, 2010, acrylique sur toile, 116 x 81 cm 14. R.D, 2007, acrylique sur toile, 60 x 80 cm (vue d’atelier) 15. Orchestra, 2010, acrylique sur toile, 63 x 73 cm 16. Big bang, 2009, acrylique sur toile, 80 x 84 cm 17. «Composite visions», Centre d’art de Neuchâtel (CAN), 2010 18. Sandwich, 2009, acrylique sur toile, 40 x 145 cm 19. 20. Alwaysontime, 2008, acrylique sur toile, 240 x 300 cm 21. Paradis, 2008, acrylique sur toile, 130 x 40 cm 22. Plaizier, 2008, acrylique sur toile, 70 x 130 cm 23. Invitation de Virginie Yassef dans le cadre de son exposition «Le seconde est partie la première», Galerie nationale du Jeu de Paume, 2008 Minimum, 2008, acrylique sur toile, 100 x 80 cm Photo : Arno Gisinger 24. 25. Autochtone, 2010, acrylique sur toile, 50 x 100 cm Baci, 2010, acrylique sur toile, 30 x 60 cm 26. I, 2008, acrylique sur toile, 65 x 50 cm 27. AR, 2005, acrylique sur toile, 130 x 130 cm 28. Horizon, 2009, acrylique sur toile, 40 x 40 cm Flamboyant, 2010, acrylique sur toile, 30 x 30 cm 29. Trevo, 2008, acrylique sur toile, ø 100 cm 30. Pull, 2007, acrylique sur toile, 130 x 162 cm 31. «Wheeeeel une jeune scène française», Printemps de septembre, Toulouse, 2007 Rob, 2007, acrylique sur toile, 150 x 40 cm Ball, 207, acrylique sur toile, ø 100 cm Speech, 2007, acrylique sur toile, 195 x 170 cm 32. 33. RVB, 2007, acrylique sur toile, 180 x 170 cm 34. 35. ‘, 2009, acrylique sur toile, 115 x 115 cm 36. Bain, 2004, acrylique sur toile, 100 x 81 cm 37. {}, 2007, acrylique sur toile, 89 x 130 cm 38. Réseau, 2009, acrylique sur toile, ø 100 cm 39. Images extraites du Rayon Vert d’Eric Rohmer avec Marie Rivière , 1986 40. Portrait de l’artiste en peintre en lettres Les mots dans la peinture de Camila Oliveira Fairclough Emmanuel Van der Meulen C’est dans un texte simplement et justement intitulé Les mots dans la peinture, paru en 1969 aux éditions Skira, que Michel Butor dresse un inventaire subjectif et érudit de la présence des mots dans la peinture occidentale. Ce texte, comportant aussi quelques remarques sur le Code du roi Hammurabi, débute ainsi : « Toute notre expérience de la peinture comporte en fait une considérable partie verbale. Nous ne voyons jamais les tableaux seuls, notre vision n’est jamais pure vision » . Des œuvres de Picabia, Bruegel, Magritte mais aussi Hans Holbein, van Eyck et Miro sont passées en revue et viennent illustrer par l’exemple les divers aspects de la question selon l’auteur. Le titre de ce texte pose une relation de contenu à contenant qui n’est pas sans conséquence et simplifie un peu le problème. En effet, il ne s’agit pas de la peinture et des mots, mais bien des mots dans la peinture, et, dans une large mesure, des mots peints à même le tableau. C’est ce livre, qui est malheureusement difficile à trouver aujourd’hui, qui va nous servir de guide et nous aider à mettre en lumière l’usage que fait Camila Oliveira Fairclough du langage dans son travail. Cette petite étude est d’autant plus nécessaire que cette artiste s’inscrit délibérément au croisement de deux traditions, souvent considérées comme antagoniques : la tradition visuelle, quelle soit pop ou abstraite, et la tradition conceptuelle. Son expérience personnelle, l’ayant amené à vivre sur trois continents différents, est sans doute pour quelque chose dans l’attention qu’elle porte au langage et aux signes typographiques. Le nom de la peinture Une des remarques liminaires de Michel Butor porte sur l’étonnante attraction exercée par le cartel qui mentionne le titre de l’œuvre à côté de laquelle il est placé. On remarquera avec Camila Oliveira Fairclough que celle-ci ne donne pas des titres à proprement parler à ses tableaux mais plutôt des noms. Un titre en tant que tel a toujours quelque chose de descriptif : La chute d’Icare, Les époux Arnolfini, Portrait d’un inconnu lisant un journal, etc. Rien de plus distancié que de tels énoncés qui instaurent d’un seul coup la séparation de la représentation et du monde réel. L’image est l’image d’un ailleurs et nous restons étranger au sujet, lecteur d’un cartel, puis spectateur de l’image correspondante, dans un mouvement de reconnaissance, qui, d’ailleurs, n’est pas toujours aussi simple. Bruegel, par exemple, a placé sa Chute d’Icare, dans un immense paysage côtier qui comporte au premier plan un laboureur, un berger, un troupeau de moutons, un pêcheur, des arbres, des montagnes au loin, une falaise, quelques bateaux au large, etc. Icare, quant à lui, est déjà à demi immergé, et seules ses deux 41. jambes apparaissent, se débattant à la surface de la mer, dans un recoin du tableau et n’en occupant qu’une infime partie de la surface. Ces deux jambes s’enfonçant dans l’écume justifient pourtant à elles seules le titre du tableau. Picabia est cité également pour cette machine intitulé Voilà la femme. Différence notable chez Picabia, le titre est inscrit sur l’œuvre elle-même, une aquarelle. Qu’il soit donc plus ou moins énigmatique, voire tout à fait extérieur, le titre descriptif apparaît comme un double de l’image. Tel n’est pas le cas ici puisque le titre d’un tableau de Camila Oliveira Fairclough est souvent le tableau lui-même. Les meilleurs exemples en sont les mots qu’elle peint régulièrement selon des typographies sur lesquelles nous aurons l’occasion de revenir. C’est ce rapport entre signe et sens que ces typographies établissent et révèlent qui nous fait penser qu’elle est un peintre en lettre d’un genre particulier. Michel Butor fait la description suivante du Retable de l’agneau mystique de Jan et Hubert van Eyck : « Voici les noms des prophètes et des sibylles sur le cadre, sous leurs figures, leurs paroles se déployant sur phylactères. Voici les noms objectivés, gravés sur les socles des statues imitées en peinture des deux saint Jean, le Baptiste et l’Évangéliste, chacun avec son emblème. Voici au centre le dialogue de l’Annonciation. » Nous retiendrons la formule : voici les noms objectivés. La question est donc la suivante : dans quelle mesure la typographie choisie représente-t-elle le mot en question et fait-elle image de ce mot ? La tautologie s’arrête donc là. Ce qui est à l’œuvre est plutôt de l’ordre d’une unité entre le sens, la graphie et les sonorités du mot que la peinture tenterait d’établir avec les moyens rudimentaires qui sont les siens, toile, formes, couleur. Dans le même mouvement, c’est la précarité même de cette unité qui est montrée, lorsque la vision du tableau vient suspendre la simple lecture et la subvertit. Chacun a fait cette expérience de douter peu à peu du sens d’un mot à force de le répéter, de l’énoncer, et de sentir ce qu’il contient de réalité lui échapper morceau par morceau, syllabe par syllabe. C’est à une expérience de ce genre que ces tableaux nous invitent. Le mot, objectivé par la peinture, devient une entité concrète, réelle. La fragilité des liens entre signifiant et signifié est ainsi mise à nu. Ceci n’est pas un tableau abstrait A contrario, il arrive que le tableau soit « baptisé » après avoir été peint. Il arrive aussi que le tableau donne à voir autre chose qu’un mot. Motif, signe, forme, le nom attribué va donc servir ici à identifier l’œuvre en proposant une lecture du tableau, qui ira du plus simple, banal, comme les Asperges de Manet, au plus compliqué. C’est l’écart entre le nom et l’œuvre qui importe ici, écart plus ou moins grand, et qui est le verso de l’usage des mots dans le travail de Camila Oliveira Fairclough. Comme on pouvait s’y attendre, Michel Butor de son côté s’arrête longuement sur Magritte. Ce n’est pas tant la pipe qui n’en est pas une de La trahison des images qui retient l’auteur que La clef des songes, tableau-fenêtre (Michel Butor dit « retable moderne » ) comportant six compartiments dans lesquelles on peut voir : un œuf, une chaussure, un chapeau melon, une bougie, un verre et un marteau, auxquels Magritte a attribué respectivement 42. et dans l’ordre les légendes suivantes : l’Acacia, la Lune, la Neige, le Plafond, l’Orage, le Désert. Certaines toiles de Camila Oliveira Fairclough opèrent le même genre de glissements et d’associations, le nom du tableau venant contredire ou pour le moins orienter notre première impression visuelle, autant d’ailleurs dans l’ordre de la ressemblance, comme chez Magritte, que du style. En effet, entretenant un rapport très libre avec les avant gardes picturales les plus dogmatiques, elle leur reste fidèle quant à l’essentiel : poser et résoudre des problèmes de peinture. Un motif en zig-zag deviendra Pull, quelques formes géométriques Boots, Tetris, ou Step, quelques couleurs sombres entre le rouge et le violet Cola. Ces dénominations ne sont davantage descriptives qu’en apparence (d’ailleurs, elles ne comportent jamais d’article. Ce n’est pas « un » objet représenté à la surface du tableau, « une » forme qui aurait son modèle ailleurs : c’est « ce » tableau) : elles nomment sans décrire tout à fait, déclare l’évidence de ce qui est (re)présenté, souvent sur un mode assez désinvolte, elliptique. Nous pouvons chercher dans une autre direction les sources modernes de ce travail, en reprenant le fil de notre lecture de l’ouvrage de Michel Butor. Celui-ci consacre un long développement à ce qu’il appelle l’imprimé, puis au collage. Il en vient logiquement à Schwitters : « Schwitters nous a donné d’admirables exemples de ces compositions de textes trouvés, nouvelles versions de la « nature morte » dans lesquelles c’est toute une période qui est résumée par ces déchets : billets de chemin de fer ou de théâtre, en-têtes, enveloppes, fragments de correspondances, de journaux ou de prospectus, menus objets. Le rattachement de chacun de ces textes à son utilisation première, périmée, à sa signification immédiate, est contrôlée par la façon dont il est découpé, déchiré, renversé, ou non, maculé, barbouillé, raturé. » Cet extrait nous fait voir plusieurs choses concernant la peinture de Camila Oliveira Fairclough. Un tableau comme Praizier, dont l’origine est à trouver dans un papier ramassé par terre lors d’un voyage en Belgique, Twist, tiré d’une pochette de disque ou Sandwich, emballage repris tel quel et agrandi, la place délibérément dans cette tradition moderne de la collecte, du collage et de la reprise. Néanmoins, il faut noter ici le silence qui entoure ces emprunts. Pour reprendre les mots de Michel Butor, le rattachement de ces textes (ou des ces motifs) à leur signification première est extrêmement ténu quoique évident. Il semble que la peinture prenne toujours le dessus. Le récit et l’anecdote, « l’utilisation première » sont relégués assez loin dans la perception que nous avons de ses tableaux, ou, plus récemment, de ses dessins. La raison en est sans doute que ceux-ci ne procèdent du collage qu’indirectement. Tous ces motifs, ces mots, sont isolés, hors de tout contexte, et surtout peints assez simplement, mais visiblement peints, sur de la toile vierge, de manière qu’on pourrait qualifier d’anonyme. Le contrôle que Michel Butor attribue à Schwitters par la déchirure et la rature s’exerce ici grâce à cette façon d’isoler les mots et les formes dans un grand silence écru donné par la toile vierge, et cette faculté d’en faire avant tout de la peinture. Les dessins, initiés en 2009, sont quant à eux le résultat de diverses opérations de décalques et de frottages, sorte de ratures positives qui font apparaître les mots comme 43. vus dans un miroir. Ce mode d’apparition suggère une approche plus sentimentale et irrationnelle du langage, à l’image de Superstition, qui vient se répéter sur la feuille à la manière d’une incantation ou d’un mot d’ordre (et qui sera également repris sur toile). Par ailleurs, certains emballages ou papiers divers se trouvent parfois encadrés tels quels, sans autre forme de procès, comme autant de peintures de mot ready-made. Parole parole parole Pour autant toutes ces remarques ne nous ont pas permis d’aborder tous les usages du langage qui traverse l’œuvre de Camila Oliveira Fairclough et dont seul un inventaire en bonne et due forme viendrait à bout… Ainsi de Speech, guillemet ouverte sur un tableau vide ; RDV, grand tableau réunissant des cœurs rouges et bleus ; Big bang, étoile blanche sur fond bleu, Archive, série de lettres superposées, Up, Trevo (trèfle), etc. Par extension, certains signes typographiques ou de ponctuations se sont trouvés convoqués, amenant le principe à son point de crise, où le titre-nom de l’œuvre devient difficile à déterminer et/ou prononcer, par exemple : (), ,`,, / , etc. De même, l’usage récent de l’alphabet phonétique introduit l’illisibilité en tant que sujet du tableau et nous projette dans une zone du langage où, la lecture du signe devenant problématique, sa prononciation et son sens en subissent comme une sorte de mise à distante énigmatique. Le cartel, notre point de départ, vient donner ici non pas une description mais une véritable traduction du tableau, ainsi d’Autochtone ou de Promesse. L’étrangeté provoquée par ces tableaux est sans doute celle que peut éprouver n’importe quel voyageur, exilé, environné par des indications plus mystérieuses les unes que les autres, qui lui apparaissent en définitive pour ce qu’elles sont, en deça et au-delà de leur signification : des formes et des couleurs sur lesquelles le regard s’est posé par hasard au détour d’une rue. Il existe peut-être une compréhension intuitive des choses et des signes qui nous permettrait de faire l’économie d’une certaine rationalité qui n’a de cesse de substituer sa logique propre à celle du monde. Cette rationalité est celle qui veut que la réalité doit être non pas vécue et éprouvée mais expliquée, traduite. Camila Oliveira Fairclough n’a de cesse de nous faire voir par la peinture, sur un mode sensible, à quel point, une fois que l’on a rendu compte avec soin d’une graphie possible et de certaines difficultés de lecture - où de leur relation assez distendue avec ce qu’ils désignent - les mots sont irréels. * C’est par une carte à jouer que Michel Butor conclut son tour d’horizon minutieux qui l’aura amené à scruter initiales, blasons, drapeaux, livres, inscriptions, signatures, journaux, lettres manuscrites, citations bibliques en latin, papiers collés, qui peuplent la peinture et en complexifie le sens et la surface. Cette carte à jouer à moitié masquée est non pas collée mais dessinée au crayon. Elle appartient à une composition de Juan Gris orné d’un poème où il est question de cendre, de matin pluvieux, d’ennui et d’avenir. 44. Cola, 2005, acrylique sur toile, 172 x 130 cm 45. Boots, 2007, acrylique sur toile, 130 x 86 cm 46. Superstition, 2010, acrylique sur toile, 125 x 100 cm 47. Comme, 2005, acrylique sur toile, ø 100 cm 48. ◊, 2010, acrylique sur toile, 96 x 130 cm 49. 50. Galerie Pitch, Carte blanche à Philippe Cyroulnik, 2006 Z, 2006, acrylique sur toile, 170 x 125 cm Maillot, 2006, acrylique sur toile 185 x 154 cm 51. 52. Pli, 2006, acrylique sur toile, 97 x 162 cm 53. Tunnel, acrylique sur toile, 2006, 160 x 80 cm Exit, 2006, acrylique sur toile, 35 x 150 cm 54. Square, 2006, acrylique sur toile, 80 x 160 cm 55. Usine, 2006, acrylique sur toile, 195 x 172 cm 56. Black baci, 2010, acrylique sur toile, 24 x 81 cm 57. Dessins, 2010, encre sur papier, 21 x 29,5 cm 58. 59. Paroleparoleparole, 2010, impression sur papier, 21 x 29,5 cm 60. 61. CAMILA OLIVEIRA FAIRCLOUGH Née en 1979 à Rio de Janeiro Vit et travaille en France à Paris depuis 1999 FORMATION 2005 DNSAP - École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris 1996-99 EAV - École des Arts Visuels du Parque Lage / Rio de Janeiro EXPOSITIONS PERSONNELLES 2010 Marble Memo, Vog, Espace Municipal d’art contemporain, Fontaine, carte blanche à Philippe Cyroulnik 2008 Galerie Municipale, Vitry-sur-Seine Rendez-vous, Galerie Philippe Samuel, carte blanche à Stéphanie Cottin, Paris 2007 Musée d’art et d’histoire, Beurnier Rossel, Montbéliard (org. Le 19, crac) Galerie du Haut-Pavé, Paris EXPOSITIONS COLLECTIVES 2010 Project 30/30 IAP - Image Archive Project, Minusspace, New York My eyes keep me in trouble, La Station, Nice (org. ccnoa) Composite Visions, CAN Centre d’art Neuchâtel (org. ccnoa) 2009 Derives Urbaines, Videoclub.paris, proposition de S. Cottin et B. Guégan UND #5 (Voila)`Maison Abandonnée, Villa Caméline, Nice (org. ccnoa) Chhuttt...Le Merveilleux dans l’art contemporain, Crac Alsace, Altkirch 2008 Yo, Mo’ Modernisme, CCNOA, Bruxelles Virginie Yassef «La seconde est partie la première», Galerie nationale du Jeu de Paume, Paris Fade out, Galerie Philippe Samuel, organisé par Stéphanie Cottin, Paris 2007 Wheeeeel, une jeune scène française, Le Printemps de Septembre, Les Abattoirs, Toulouse Prix Novembre à Vitry, Vitry-sur-Seine Orthodoxes-Hétérodoxes : choisir sa ligne, Le 19, Crac, Montbéliard «De l’image à la forme», Ecole d’art de Belfort, 2006, Natif, 2004, acrylique sur toile 62. 2006 2005 2004 2003 De l’image à la forme, École d’art de Belfort (org. Le 19 Crac) Kaléidoscope, Exposition des félicités 2005, ENSB-A, Paris Deux peintres, Galerie Pitch, carte blanche à P. Cyroulnik, Paris Galerie Les Bains Douches, Marseille La Fabrique du Dessin / ENSB-A / Paris Plein-Pots, La Générale, Paris Prix de peinture de la Fondation Albéric Rocheron, Paris Première Vue, Passage de Retz, Paris Carte blanche à David Rosenberg, Heartgalerie, Paris Valse, Musée Zadkine, Paris Stade de France, Fondation Italie-Suède, Venise PUBLICATIONS Chhuttt...Le Merveilleux dans l’art contemporain, Crac Alsace, 2009 Exposition des lauréats de Novembre à Vitry 2007, Vitry-sur-Seine, 2007 Wheeeeel, Le Printemps de Septembre, Toulouse, 2007 Kaléidoscope, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, 2006 La fabrique du dessin, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, 2006 «Rendez-vous», Galerie Philippe Samuel, Carte blanche à Stéphanie Cottin, 2008 Up, 2007, acrylique sur toile, 170 x 80 cm L, 2008, acrylique sur toile, 50 x 50 cm 63. Camila Oliveira Fairclough Marble memo est coédité par l’Espace municipal d’art contemporain Vog à Fontaine et le 19, Centre régional d’art contemporain de Montbéliard. Vog, espace municipal d’art contemporain est soutenu par : Ville de Fontaine, Direction régionale des affaires culturelles de Rhône-Alpes, Conseil régional de Rhône-Alpes, Conseil général de Rhône-Alpes, Emmanuel Peterle de CGI. espace-vog.over-blog.com Le 19, Centre régional d’art contemporain est soutenu par : Ministère de la culture, Direction régionale des affaires culturelles de Franche-Comté, Conseil régional de Franche-Comté et la ville de Montbéliard. www.dix.neuf.asso.fr Camila Oliveira Fairclough remercie le 19, Philippe Cyroulnik, Aurélie Goëtz, Vog, Marielle Bouchard, Virginie Yassef, Emmanuel Van der Meulen, Antoine Delage de Luget, Aurélie Godard, Emmanuel Peterle, Sophie Kaplan, Stéphanie Cottin et le CCNOA. Textes Yannick Boulard, Marielle Bouchard, Philippe Cyroulnik, Emmanuel Van der Meulen Conception Philippe Cyroulnik, Camila Oliveira Fairclough Graphisme Aurélie Goëtz Photographie Antoine Delage de Luget Impression Simon, Ornans Diffusion Rhinocéros, Strasbourg Achevé d’imprimer4ème trimestre 2010 © Le 19 Crac ISBN : 978-2-35075-066-8 | 15 euros