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VILLES EN SCENE
CITIES ON STAGE
Bruxelles Göteborg Madrid Napoli Paris Sibiu
DIRE CE QU’ON NE PENSE
PAS DANS DES LANGUES
QU’ON NE PARLE PAS
Texte de Bernardo Carvalho | Mise en scène d’Antônio Araùjo
Au Théâtre National : 27.05 > 7.06.14 – Festival d’Avignon : 7 > 17.07.14
Une production du Festival d’Avignon, du Théâtre National/Bruxelles | Avec la participation de la compagnie Teatro da Vertigem.
Avec le soutien du Programme Culture de l’Union européenne dans le cadre du projet Villes en scène/Cities on stage.
Avec l’aide Petrobras et du Consulat de France à Sao Paulo. photo de répétition © Fred Vaillant
Avec le soutien du programme
Culture de l’Union Européenne.
–2–
© Véronique Vercheval
A force d’entendre ressasser son nom, à force d’en faire un concept quasiment éthéré, on finirait presque par oublier la
perversité et la profondeur de son action sur nos sociétés. La crise.
La pression économique toujours plus forte sur les travailleurs, la perte des valeurs et des repères, l’individualisme forcené, la
question identitaire qui s’évacue via le repli sur soi...
Une société en crise produit des crises intimes chez ceux qui la peuplent, perdus au milieu des fourmilières humaines que sont
devenues nos villes.
C’est autour de cette (large) thématique qu’est construite la future création, au Festival d’Avignon 2014 et au Théâtre National,
d’Antônio Araùjo et son Teatro da Vertigem (Théâtre du Vertige). Un véritable événement car Antônio Araùjo est un monument
au Brésil et un des créateurs les plus atypiques et fascinants de notre époque. Et l’événement est double car pour créer ce
nouveau spectacle, Araùjo en a confié l’écriture à Bernardo Carvalho, figure majeure de la littérature brésilienne.
Obsédé par la dimension d’un théâtre directement connecté aux gens, le Vertigem a pour habitude de sortir des théâtres pour
investir des lieux chargés de force poétique. Araùjo a ainsi créé des spectacles dans une église, une prison désaffectée, un
hôpital ou sur le fleuve Tietê qui traverse Sao Paulo.
Ce sera à nouveau le cas à Bruxelles, une ville qui est réellement au coeur du processus dramaturgique de ce nouveau
spectacle. Araùjo, Carvalho et leurs comédiens sont venus s’en imprégner, l’ont filmée, écoutée, ont cherché sa vibration
profonde.
C’est à Bruxelles qu’errent, perdus, les deux personnages principaux du spectacle. Le père y a vécu lorsqu’il dû fuir la dictature
dans son pays. Il y revient pour accompagner sa fille, économiste, qui doit donner une conférence à Bruxelles. Elle espère ainsi
provoquer un choc qui fera sortir son père du mutisme complet dans lequel il est plongé depuis la mort de son épouse. Mais tous deux
vont se perdre dans cette ville qu’ils ne reconnaissent plus. Pas seulement physiquement : ses habitants aussi sont méconnaissables.
Comment la politique a-t-elle été peu à peu gagnée par les discours sécuritaires et identitaires ? Comment les repères et
valeurs se sont-ils aussi rapidement effondrés ?
Viscéralement ancré dans le réel, le théâtre d’Araujo est cependant toujours traversé d’une intense charge poétique, d’une
douce étrangeté dans le traitement.
Et en abordant la question de la perte des repères à travers le voyage physique et mental de ce duo d’exilés, Araùjo provoque
une puissante mise en abîme tout en touchant de très près aux interrogations qui, tous, nous taraudent.
Cette création est la sixième réalisée dans le cadre du projet européen Villes en scène/Cities on stage.
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© Flavio Morbach Portella
Antônio Araújo est le Directeur Artistique du Teatro da Vertigem, dont la première production, Paraíso Perdido,
de John Milton (1992), présentée dans une église, est récompensée du «Prix Spécial de l’Association des Critiques
d’Art de São Paulo». Le spectacle qui apporte au Teatro da Vertigem une reconnaissance aussi bien nationale qu’internationale est O Livro de Jó (1995), basé sur l’histoire homonyme de l’Ancien Testament et monté dans un hôpital.
Cette production reçoit de nombreuses récompenses du théâtre brésilien et Antônio Araújo est lui-même récompensé
de quatre prix nationaux dans la catégorie « meilleur metteur en scène » pour ce spectacle. En 2000, il dirige
Apocalypse 1,11, dans une prison désaffectée, qui reçoit entre autres récompenses le Prix Spécial Shell 2001 pour le
Théâtre.
En 2006, il présente BR-3, spectacle monté sur le fleuve Tietê, qui rapporte trois récompenses au Teatro da Vertigem,
dont le Prix «Shell 2006 de meilleur metteur en scène». BR-3 a également reçu la médaille d’or pour la meilleure
réalisation d’une production à la quadriennale de Prague 2011. La plupart de ses œuvres ont fait le tour à l’étranger,
en particulier en Amérique latine et en Europe.
En 2008, il a dirigé l’opéra Didon et Énée, une production in-situ commandée par le Théâtre Municipal de São Paulo.
En dehors de l’opéra et de théâtre, il a créé des performances et des interventions urbaines dans les espaces publics,
avec le Théâtre Vertigem et des collaborateurs d’autres domaines, tels que architectes, urbanistes, philosophes, etc.
Parmi les autres productions d’Antônio Araújo, on peut citer Clytemnestre de Marguerite Yourcenar, Oberösterreich de
Franz-Xaver Kroetz, Aoi de Yukio Mishima.
En 1996-1997, il a obtenu une bourse de la Communauté des Amériques du Kennedy Center à Washington DC.
En juillet et août 1998, il a été en résidence au Royal Court Theatre à Londres.
Actuellement, il enseigne la mise scène à l’Université de São Paulo et travaille comme artiste et professeur invité à
l’Université de Giessen, l’Université d’Amsterdam, l’École Rits Arts et l’Université de Paris 8.
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Roberto Audio
Il se forme au Centre de
Recherche Théâtrale et au
Macunaíma. Il a également suivi
une formation d’Arts Plastiques à
la FAAP.
Il travaille au Teatro da Vertigem
depuis 1998. Il a écrit et mis
en scène Cartas de Despejo.
Au cinéma, il a joué dans
Carandiru, Nina e O Cheiro
do Ralo, O Magnata, Linha de
Passe, Insolação, Boca do Lixo, Bruna Surfistinha, Xingu e
Rio Corrente.
Jean-Pierre Baudson
Diplômé de l’IAD (Institut d’Art
Dramatique) en 1979, Jean-Pierre
Baudson est un comédien belge
au très large répertoire. On a
pu le voir ces dernières années
dans Heroes (Just for one day)
et Parasites sous la direction de
Vincent Hennebicq, Les Jumeaux
Vénitiens de Goldoni sous la
direction de Mathias Simons,
Jacques le Fataliste de Diderot
sous la direction de Jean Lambert, A la mémoire d’Anna
Politovskaïa sous la direction de Lars Norén…
Claire Bodson
Claire Bodson est sortie du
Conservatoire de Bruxelles en
1994.
Elle a travaillé avec Christophe
Sermet, Joachim Lafosse,
Frédéric Dussenne, Michel
Kacenelenbogen,…
Elle a obtenu le Prix de la critique
en 2012 pour son interprétation
de Médée dans Mamma Medea
de Tom Lanoye au Rideau de
Bruxelles. La saison prochaine, elle travaillera sous la
direction de Guy Cassiers (Toneelhuis).
Didier De Neck
Didier de Neck est co-fondateur
avec Marianne Hansé, Jean
Debefve et Jaco Van Dormael du
Théâtre de Galafronie. Acteur,
metteur en scène et auteur
aussi bien du côté flamand que
francophone. Au cinéma et au
théâtre, il a joué sous la direction
de Johan de Hollander, Jaco
Van Dormael, Arne Sierens,
Xavier Lukomski, David Strosberg,
Dominique Roothoofd, Franz Xaver Kroetz, Philippe
Blasband, Frédéric Fonteyn, Jos Verbist...
Vanja Godée
Née en Suède à Göteborg en
1980, Vanja Maria Godée est
diplômée de l’ESACT, l’Ecole
Supérieure d’Acteurs de Liège,
depuis 2008. Elle a joué sous
la direction d’Armel Roussel (La
Peur et Nothing Hurts de Falk
Richter – 2013 /2011), de
Sylvie Landuyt (Godelieve and
Clique de Paul Pourveur - 2011),
de Bo Tarenskeen (1000 zalen),
de Françoise Bloch (Grow or go, d’après Marc Bauder –
2009)…
Nicolas Gonzales
Après l’école du Théâtre National
de Chaillot et l’ENSATT, il rejoint
le Centre dramatique de Tours
puis les équipes de Christophe
Maltot, Philippe Lanton, Fabrice
Dauby et finalement la troupe
permanente du TNP dirigé
par Christian Schiaretti pour
trois saisons et six spectacles.
Il enregistre régulièrement des
fictions radiophoniques pour
France Culture et des voix commentaires pour Arte. Il a
tourné à la télévision et au cinéma sous les directions de
Nicolas Boukhrief, Pierre Sisser, Didier Le Pêcheur et Bourlem
Guerdjou. Il a également publié un recueil de poésie préfacé
par Jean-Pierre Siméon, Voleur de sable.
Vincent Hennebicq
Après une formation à l’ESACT
(Ecole Supérieure d’Acteurs de
Liège) d’où il sort en 2006,
Vincent Hennebicq travaille
comme acteur (notamment
pour Fabrice Murgia, Coline
Struyf, Raven Ruëll, Jos Verbist,
Mathias Simons...) et metteur en
scène (il monte Parasites de Von
Mayenburg en 2011 puis crée
ses propres spectacles comme
Heroes (Just For One Day) en 2012 et Going Home qui sera
créé en 2014. Il donne également cours à l’ESACT.
Luciana Schwinden
Luciana Schwinden a été formée
au Teatro Tablado, au Teatre
Ecole Celia Helena et à l’école
d’art dramatique de l’université
de Sao Paulo. Elle a également
suivi des cours de chant à l’école
de chant lyrique de l’orchestre
symphonique de Porto Alegre.
Comédienne au Teatro da
Vertigem depuis 1998. Elle a
joué dans tous les spectacles de
la compagnie. Elle a également été coordinatrice de projets
de formation artistique et culturelle pour le département
Culture de la ville de Sao Paulo. Actuellement, elle dirige le
Centre Culturel de Penha à Sao Paulo.
© Véronique Vercheval
Distribution
Texte de Bernardo Carvalho
Mise en scène : Antônio Araújo
Avec : Roberto Audio, Jean-Pierre Baudson, Claire Bodson, Didier De Neck, Vanja Godée,
Nicolas Gonzales, Vincent Hennebicq, Luciana Schwinden
Chœur : Laetitia Augustin-Viguier, Katia Bissoli, François Ebouele, Laetitia Evens,
Daniel Farias, Fabien Magry, Nabil Missoumi
Dramaturgie : Silvia Fernandes, Antonio Duran
Scénographie : Thiago Bartolozzo
Création lumière : Guilherme Bonfanti
Musique Originale et création sonore : Thomas Turine
Trompette : Ludovic Bouteligier
Création vidéo : Fred Vaillant
Création costumes : Frédéric Denis, Laurence Hermant
Assistantes mise en scène : Eliana Monteiro, Maria Clara Ferrer
Traduction : Pauline Alphen
Coordination/production de la cie Teatro da Vertigem : Roberta Val
Réalisation décor et costumes : Ateliers du Théâtre National/Bruxelles
Construction : Pierre Jardon, Yves Philippaerts, Dominique Pierre | Décoration : Jean-Marc Hamblenne |
Costumes : Isabelle Airaud, Nicole Moris, Sabrina Nicolucci et Nathalie Willems, Camille Cosnier (stagiaires) |
Régie générale : Fred Op De Beeck | Régie lumière : Jody De Neef | Stagiaire lumière : Ondine Delaunois |
Dessins techniques lumière : César Bento | Régie son : Cédric Otte | Régie Vidéo : Matthieu Bourdon |
Machinistes : Christophe Blacha et Stéphanie Denoiseux | Habilleuse : Eugénie Poste |
Entretien costumes : Gwendoline Rose | Chargée des ateliers spectateurs : Maria Lúcia Pupo.
Une production du Festival d’Avignon, du Théâtre National/Bruxelles.
Avec la participation de la compagnie Teatro da Vertigem.
Avec le soutien du Programme Culture de l’Union européenne
dans le cadre du projet Villes en scène/Cities on stage.
Avec l’aide de Petrobras et du Consulat de France à Sao Paulo.
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Distribution des rôles
Roberto Audio : le Pasteur, un homme musulman, Richard (l’assistant du commissaire), un client du bar, un manifestant,
touriste 1.
Jean-Pierre Baudson : Fonctionnaire de l’immigration 2, le Syndicaliste, Commissaire, un clochard, un client du bar, un
économiste, Homme (joggeur).
Claire Bodson : Fille
Didier
de
Neck : Père, Père de la gamine, un client du bar.
Vanja Godée : Femme enceinte du fonctionnaire, une autre économiste 2, chœur des langues, la Gamine, la Propriétaire
de l’appartement, Leader fasciste, Femme (joggeuse), la Guide touristique.
Nicolas Gonzales : Fonctionnaire de l’immigration, l’escroc, un manifestant.
Vincent Hennebicq : Homme d’affaires, Robert, Médecin, Choeur SDF, un homme à la mallette rouge, le Consul,
Médiateur.
Luciana Schwinden : Bourgeoise parvenue, une économiste 1, une femme voilée, la secrétaire de l’ambassade, touriste 2.
Laetitia Augustin : Choeur SDF, Choeur d’économistes, Choeur des langues, Choeur du bar, Choeur des manifestants,
Choeur des joggeurs, Choeur de Touristes.
Katia Bissoli : Choeur SDF, Choeur d’économistes, Choeur des langues, Choeur du bar, une évangéliste, Choeur des
manifestants, Choeur des joggeurs, Choeur des touristes.
François Ebouele : Choeur SDF, Choeur d’économistes, Choeur des langues, Choeur du bar, Choeur des manifestants,
Choeur des joggeurs, un traducteur.
Laetitia Evens : Choeur SDF, Passager, Choeur d’économistes, Choeur des langues, Choeur du bar, Choeur de
manifestants, Choeur des joggeurs.
Daniel Farias : Choeur SDF, Passager, Choeur d’économistes, Choeur des langues, Barman, Choeur des manifestants,
Choeur des joggeurs.
Fabien Magry : Choeur SDF, Agent de sécurité de l’aéroport, Choeur des économistes, Choeur des langues, Choeur du
bar, Choeur des manifestants, Choeur des joggeurs, Choeur des Touristes.
Nabil Missoumi : Choeur SDF, un agent de sécurité de l’aéroport, Choeur d’économistes, Choeur des langues, Choeur du
bar, Choeur des manifestants, Choeur des joggeurs, Choeur des Touristes.
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Dessinée par l’architecte Léon Suys, la Bourse est érigée en 1874 sur l’ancien couvent des Récollets, dont les origines
remontent au 13ème siècle. Un lieu chargé d’histoire qui convient parfaitement à la dynamique culturelle.
Le bâtiment n’étant plus que très partiellement occupé par Euronext, la Ville de Bruxelles a décidé, fin 2011, d’en récupérer
la pleine propriété. L’objectif : rendre à la Bourse son caractère public en lui donnant une affectation culturelle.
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30 mai 2014
Mai 2014
Dire ce qu’on ne pense pas dans des langues qu’on ne parle pas
à la Bourse de Bruxelles
Hôpital, prison, bateau sur le fleuve, c’est loin des lieux consacrés et institutionnalisés par le théâtre qu’Antonio Araùjo
a pris l’habitude de mettre en scène ses pièces. Refusant la convention du quatrième mur héritée du naturalisme, privilégiant les espaces de la vie courante, c’est à la Bourse de Bruxelles que le directeur artistique du Teatro da Vertigem (le
Théâtre du Vertige) nous propose cette fois-ci de découvrir sa nouvelle création.
Poursuivant dans la lignée d’un théâtre « ancré dans la vie », c’est sans transition que la pièce débute sur les marches
de ce bâtiment emblématique bruxellois où, patientant avant le début du spectacle, le spectateur ne peut que percevoir
la charge de théâtralité dont recèle notre quotidien urbain. Un ouvrier qui martèle le sol de son marteau piqueur, des
étudiants qui se saluent après une longue absence, la conversation d’un homme au téléphone… sont autant de courtes
scénettes derrière lesquelles on devine ces drames individuels tels qu’on pourra les retrouver, cernés et interprétés avec
justesse, dans la pièce elle-même. La ville comme un théâtre dans un théâtre évoquant la ville, voilà qui déjà donne le
vertige…
Mais Antonio Araujo et sa troupe de comédiens ne s’arrêtent pas là dans la confusion entre la réalité et le théâtre. Le
public lui-même est pris dans l’engrenage. Passagers lambdas perdus dans la foule d’un aéroport, pêcheurs repentant
aux mains d’un prédicateur ou manifestants enragés, les spectateurs deviennent à part entière personnages de ce spectacle qui, parce qu’il ne se définit pas qu’en tant que tel, ne peut que nous secouer profondément.
De même, les réflexions sur une ville peuplées de sans-abris, d’âmes perdues vivant la crise économique et identitaire de
manière personnelle, rendue à peine vivable par le vacarme incessant des sirènes de police et des vols d’avions (rappelons que Dire ce qu’on ne pense pas… s’inscrit dans le projet Villes en scène destiné à provoquer des discussions sur
le cadre urbain) ne vous laisseront pas indifférents. On s’étonne d’ailleurs d’une description si négative des métropoles
européennes qui visait tout d’abord Paris, où cette pièce devait originairement être jouée. A la faveur de quelques modifications ainsi que, selon Bernardo Carvalho, de quelques faits d’actualité récents et fortuits, certains détails et situations
correspondent étrangement à notre capitale belge…
Au fil des errances du personnage féminin central, économiste en voyage à Bruxelles pour une conférence sur la crise et
accompagnée de son père aphasique, les spectateurs, sans cesse en mouvement, découvrent les facettes d’une ville multiple dont on n’oublierait presque que l’écrin en est la Bourse. C’est que chaque recoin de ce bâtiment on ne peut mieux
choisi pour cette pièce puisque lié à l’argent et, partant, à la crise est ingénieusement investi. Les lieux défilent, surgissent
d’un recoin précédemment plongé dans l’obscurité, emportant le public dans leur mouvement…
Au-delà d’une réflexion sur la ville et comme l’indique le titre scandé tout au long de la pièce, Dire ce qu’on ne pense
pas… propose également de s’interroger sur la communication, l’incompréhension et la manipulation par les mots dont
la politique et la religion ne sont pas les moins coutumiers des usagers. Les dialogues schizophréniques s’enchaînent, les
relations entre la langue, la culture, l’identité, le sol et la nation se déclinent sur un fond de crise communautaire que l’on
connait bien tandis que le rapport à la langue devient quasiment physique…
Avec cette réalisation multiculturelle impliquant dès la création un dialogue entre l’auteur, le réalisateur, des comédiens
brésiliens et des acteurs européens (cinq Belges et un Français), cette pièce riche de complexité, soutenue par des
interventions multimédias s’intégrant parfaitement au spectacle, dresse un tableau de nos villes et de nos vies criant de
vérité, loin de tout jugement de valeurs. Plus qu’un spectacle, une expérience dont il est à parier que vous ne sortirez pas
indemne. A vivre, absolument.
Mai 2014
Valeurs en baisse
Rendez-vous à la Bourse, temple réaffecté pour un soir au constat des dérives d’un système dont il est l’emblème. Acteurs
ou anonymes, la foule colorée massée devant le majestueux bâtiment attend. Faut-il secourir le SDF couché sur le trottoir
? Une femme enceinte escalade la porte d’entrée, surplombant les badauds patients. Cette scène incongrue, qui devrait
déranger, rassure : il s’agit d’une mise en scène, cela ne peut pas être (entièrement) la réalité. En effet, il s’agit seulement
de la théâtralisation des crises qui malmènent la société, une overdose de malaises qui débouche sur une nausée, qui
toute poétique qu’elle soit, ne laissera personne indifférent.
La mise en scène du texte de Bernado Carvalho par Antonio Araùjo est exemplaire. Spécialisée dans la reconversion
temporaire de lieux improbables (prisons, églises, hôpitaux, fleuve Tietê à Sao Paulo…), Araùjo maîtrise parfaitement
l’utilisation des espaces et les techniques connexes.
Comme trame de fond, l’histoire d’une économiste (Claire Bodson) qui vient donner une conférence à Bruxelles, accompagnée par son père (Didier De Neck) qui n’a plus prononcé un mot depuis la mort de son épouse. Fuyant la dictature
de son pays, l’homme avait trouvé refuge à Bruxelles des années plus tôt et sa fille espère que ce retour au passé pourra
le guérir de l’aphasie dont il est victime. Comme fil conducteur, la langue, les langages, le mutisme et l’incompréhension.
Avec l’idée du théâtre comme « méga-église » pour témoigner et conscientiser. Et finalement comme constat, la perte de
repères, Bruxelles (et toutes les villes qu’elle symbolise) n’est plus la même et, surtout, ses habitants ont changé.
La succession des saynètes est fluide et maîtrisée. Certaines sont incontournables. Un soir, le père disparaît. Sa fille erre à
sa recherche et finit dans un bar sordide, au milieu de la nuit. Ouverture des baies vitrées du bâtiment, mélodie lancinante, ivrognes, drogués, dialogue absurde avec un transporteur d’ordures, l’atmosphère rendue par le metteur en scène
transpire de vérité, le spectateur voudrait consommer ou … s’en aller ! Quelques minutes plus tard, forcée de dégager
par une horde de SDF mécontents, la foule de spectateurs se retrouve amassée devant l’ambassade d’un pays lointain,
manifestant malgré elle. Du balcon, l’ambassadrice propose une récompense pour toute main de politicien coupée et
rapportée. La représentation doit cesser ! Y compris ses propres mains, qui la représentent ?
Le texte multiplie les allusions à la Belgique, à son passé (mains coupées sous Léopold II), à son présent (problèmes de
langues), au Brésil (FIFA go home), mais aussi au monde entier (mouvement Femen, spectre de la déflation, apologie de
l’individualisme, chômage, montée du fascisme, faillite de banques,…). Alors faut-il analyser chacune de ces références
ou plutôt s’imprégner du message global qu’elles sous-tendent ? Cette création fait partie du projet « Villes en scène »,
qui lie désormais Avignon avec d’autres hauts lieux du théâtre. La pièce parle de Bruxelles, de Berlin (ville dans laquelle
le groupe était en résidence au moment de l’invitation à rejoindre le projet), de Paris ou de toute autre mégapole. Pourtant les références sont si claires qu’elles suscitent l’interrogation. Quand une équipe brésilienne dénonce l’interdiction
d’utiliser le néerlandais dans les tranchées, cela surprend. Mais la mixité culturelle est l’un des objectifs du projet.
Théâtre témoin ou accusateur ? L’accumulation de faits ne nuit-elle pas au propos ? Chacun se fera son idée mais ne
sortira pas indemne de la représentation : le but est atteint et l’exploitation du lieu mérite sans conteste cinq étoiles. Ce
spectacle, qui sera présenté au festival d’Avignon dans l’Hôtel des Monnaies, mérite indéniablement le détour.
Catherine Sokolowski
ENTRETIEN AVEC ANTÔNIO ARAÚJO
Vous avez été acteur puis metteur en scène. Comment s’est déroulé ce cheminement et la création
de la compagnie Teatro da Vertigem ?
Antônio Araújo : J’ai toujours aimé le théâtre, j’ai donc commencé en tant qu’acteur. Mais très vite j’ai travaillé sur
des projets de dramaturgie. À l’université, en études théâtrales, j’ai choisi d’étudier la théorie puis la mise en scène
et c’est alors que j’ai décidé que je serai vraiment metteur en scène. J’ai commencé à faire des mises en scène
assez institutionnelles mais la carrière de metteur en scène répondant à des commandes m’est apparue rapidement
inintéressante. Cette pratique individuelle était prédominante dans les années 1980 au Brésil. La dictature militaire
avait détruit le tissu des collectifs théâtraux indépendants qui étaient alors considérés comme des fauteurs de troubles
communistes. C’est pourquoi, avec des amis de l’université, nous avons eu envie de créer, non pas une compagnie,
mais un groupe d’études théoriques et pratiques pour faire des expériences théâtrales. Au bout d’un an, nous avons
pensé qu’il y avait matière à des propositions artistiques ouvertes au public et à partir d’improvisations, de choix
de textes, d’images, nous avons construit un premier spectacle intitulé Paradis perdu. La question du nom de notre
groupe s’est alors posée. Nous nous appelions « groupe d’études sur la physique classique appliquée au jeu de
l’acteur », mais cela n’était pas utilisable dans un cadre professionnel. En partant d’une scène de Paradis perdu où un
homme est pris de vertige, nous avons voté et choisi « vertigem ». Depuis, il y a un noyau permanent de six personnes
et des invités sur chacun des spectacles.
Il se passe souvent trois ou quatre ans entre chacune de vos productions. Est-ce un choix ou une nécessité
imposée ?
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C’est un choix quant aux conditions du processus de création. Nous répétons en effet très longtemps nos spectacles.
Notre façon de travailler nos projets nécessite entre un an et un an et demi de répétitions, à raison de cinq jours par
semaine et de six à sept heures par jour. De plus, nous voulons jouer le plus longtemps possible. Le Livre de Job,
nous l’avons présenté pendant deux ans à São Paulo à raison de six représentations par semaine.
Vous jouez le plus souvent hors des théâtres. Pourquoi ?
Nous avons joué dans une église, dans un hôpital, dans une prison, sur un bateau au milieu du fleuve qui traverse
São Paulo, etc. Dès notre premier spectacle, il était très clair que nos créations, de par leur nature, ne pourraient pas
prendre sens dans des scènes et dans des cadres conventionnels. Par exemple, pour Paradis perdu, nous voulions
parler de la séparation entre le divin et l’humain, mais nous voulions inverser le rapport au public et le rapprocher
d’un lieu en lien avec le sacré. Nous avons cherché des lieux de représentation : temples bouddhistes, mosquées,
églises… Personne ne voulait de nous, jusqu’à ce que l’évêque de São Paulo, lié à la théologie de la libération, donc
à une certaine aile gauche de l’Église catholique, qui avait fait des études en France et avait vu un spectacle dans
une église à Paris, nous donne son accord. Nous avons donc investi, le soir, un espace consacré qui fonctionnait
normalement comme lieu du culte dans la journée. Il y a eu des manifestations de catholiques intégristes, des
menaces contre les acteurs et contre les spectateurs. Au final, cela a généré des discussions, une grande curiosité
pour notre travail et affermi le souhait d’occuper d’autres espaces, de sortir des boîtes noires des théâtres et de
convoquer les spectateurs dans des lieux inaccoutumés. Quand nous avons joué BR-3 en 2006, nous avons choisi
de le faire sur un bateau au milieu du fleuve Tietê qui traverse São Paulo. Ce fleuve, à la différence de la Seine
et de la Tamise, n’est pas la fierté des habitants. Il est plutôt considéré comme un égout à ciel ouvert. Faire venir les
spectateurs sur un bateau au milieu de leur « égout » sur un parcours de huit kilomètres obligeait à un autre regard
sur leur ville. Nous avons aussi joué dans des hôpitaux et des prisons. Par exemple, en Pologne, nous avons travaillé
avec des prisonniers et nous nous sommes battus pour que les détenus puissent venir saluer avec nous à la fin du
spectacle, alors que la dernière scène se passait à l’extérieur des murs de la prison. Là encore, nous avons eu de la
chance ; le directeur de la prison aimait le théâtre et, après de nombreuses discussions, il nous a offert un très beau
cadeau : un livre sur Tadeusz Kantor.
Les prisonniers étaient donc des comédiens amateurs. Associez-vous souvent des comédiens amateurs
à vos spectacles professionnels ?
Nous l’avons fait pour BR-3 car nous avons travaillé dans une favela où nous avons organisé des ateliers, des cours
de théâtre et des rencontres avec les habitants pendant plusieurs mois. À la fin, nous avons demandé à certaines
personnes de nous rejoindre sur le projet final, soit comme acteur soit comme technicien. Mais ce n’est pas
systématique.
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Pour Dire ce qu’on ne pense pas dans des langues qu’on ne parle pas, vous avez fait appel à un auteur.
Est-ce la première fois ?
Non, et d’habitude l’auteur est présent pendant les répétitions et construit une dramaturgie textuelle en rapport avec
les improvisations des acteurs. Mais il est vrai que pour Dire ce qu’on ne pense pas dans des langues qu’on ne parle
pas, l’approche est nouvelle. Nous n’avions que deux mois de répétitions et il était nécessaire de changer notre
façon de travailler. Nous nous sommes alors associés à Bernardo Carvalho qui est un des plus grands romanciers
contemporains du Brésil. Nous avions déjà travaillé ensemble par le passé pour la création de BR-3 et lui aussi
avait envie de réinterroger notre collaboration. Cette fois-ci, il a eu envie d’écrire le texte de la pièce en amont des
répétitions, tout en sachant qu’il pourrait être modifié au fur et à mesure du processus de création.
Le projet de cette prochaine création est-il né à Bruxelles ?
À l’origine, c’était une création pour le projet européen Villes en Scène/Cities on Stage, qui avait été pensée avec
Olivier Py et Agnès Troly, alors à la direction de l’Odéon-Théâtre de l’Europe. Puis, en 2012, nous avons été invités par
un bureau d’architecture, VRAC/L’Escaut à Bruxelles qui connaissait notre rapport très fort aux structures urbaines.
Il s’agissait d’une résidence d’artistes, dans le cadre du Festival Europalia et nous y sommes venus avec Bernardo
Carvalho. Enfin, nous avons décidé de créer le spectacle à Bruxelles avec le Théâtre National, qui fait partie du projet
européen Villes en Scène/Cities on Stage, à partir de l’expérience de cette résidence que nous avions faite.
Bernardo Carvalho a-t-il construit une vraie pièce de théâtre ou un roman théâtral ?
C’est une pièce de théâtre avec une narration puissante, elle comporte également des éléments en lien avec le
langage cinématographique. À partir de la première version du texte, nous avons effectué avec l’auteur des coupes
et des modifications. Cela nous a permis de trouver une concision dramaturgique. Au final, nous sommes passés
de cinq à deux heures de représentation.
Son œuvre de romancier est souvent considérée comme une « fiction documentée ».
En est-il de même dans la pièce que vous lui avez commandée ?
Au cœur de ce texte, il y a un personnage d’homme âgé qui revient en Europe aujourd’hui après y avoir été
résident forcé, exilé par la dictature militaire brésilienne de 1964 à 1985. Ce thème de l’exil est-il présent dans
la pièce ?
C’est un thème certes déclencheur pour l’histoire mais il n’est pas central, nous ne nous sommes pas imposés l’exil
politique comme thématique de la pièce. On trouvera ce thème au moment où la fille de cet homme âgé erre dans
la ville à la recherche de son père disparu. En revanche, le père est perdu. Il est confronté à la confusion idéologique
qui règne entre les valeurs de droite et celles de gauche, à la montée des extrémismes fascistes, à l’état fantomatique
dans lequel se trouvent certaines personnes qui semblent déconnectées du monde dans lequel elles vivent.
Tous ces décalages le troublent et le questionnent.
L’Europe connaît en ce moment un repli identitaire très fort. Est-ce le cas au Brésil ?
Non, mais nous avons d’autres problèmes, surtout sur le plan économique et social. À l’origine de notre projet, nous
avions le désir de parler de la crise, de la crise économique mais aussi de la crise éthique que nous traversons. En
choisissant un lieu emblématique de la crise économique, nous élargissons notre propos car les rapports humains
aujourd’hui passent très souvent par des rapports économiques. Pendant notre résidence à Bruxelles, nous avons
appris que le bâtiment de la Bourse de Bruxelles était désaffecté. C’était le lieu rêvé. À Avignon, nous allons jouer à
l’Hôtel des Monnaies.
Allez-vous créer votre spectacle avec des comédiens brésiliens et des comédiens belges ?
Oui, il y aura deux comédiens brésiliens, cinq comédiens belges et un français, qui parleront tous français. Lors des
séances de travail à Bruxelles j’ai choisi des comédiens d’âges différents pour pouvoir distribuer les rôles sans tenir
compte de la nationalité et de la langue. C’est une expérience toute nouvelle pour nous que ce mélange, un beau défi.
Propos recueillis par Jean-François Perrier.« Propos recueillis par Jean-François Perrier pour le Festival d’Avignon, 2014 »
– 13 –
37
Elle s’inscrit dans une réalité qui est celle des villes européennes. Pas seulement Bruxelles, car Bernardo Carvalho
a aussi vécu à Paris, à Berlin et il connaît bien l’Europe. Mais cela pourrait paraître arrogant de parler de villes où
nous ne vivons pas. Il y aura donc plusieurs regards : notre regard sur Bruxelles et les villes européennes, le regard
des comédiens belges sur leur propre ville, le regard de Bernardo Carvalho sur ses séjours en Europe, notre regard
sur São Paulo qui est notre ville.
6 mai 2014
mai 2014
l’actu
É V É N E M E N T
© FRED VAILLANT
© VÉRONIQUE VERCHEVAL
© VÉRONIQUE VERCHEVAL
La Bourse en jeu
Un spectacle atypique démarre au pied de la Bourse de Bruxelles et déambulera dans ce bâtiment symbolique pour y dessiner une fresque épique
sur une trame intimiste: l’errance tourmentée d’une fille en quête et de
son père, tous deux étrangers à Bruxelles. La pièce, intitulée Dire ce qu’on
ne pense pas dans des langues qu’on ne parle pas, est signée par les Brésiliens Bernardo Carvalho (auteur) et Antônio Araujo (metteur en scène).
But du jeu: porter un regard sur l’Europe (et ses malaises) dans le cadre
du projet Villes en Scènes/Cities on Stage. Une aventure portée ici par
le Théâtre national dont l’objectif est d’impulser -en un réseau de théâtres
hors frontières- un nouveau répertoire européen. Avec une ambition de
taille: créer des troupes mixtes. Ici jouent ensemble des acteurs brésiliens,
français et belges (dont Claire Bodson, Vincent Hennebicq, François
Ebouele, Nabil Missoumi, Jean-Pierre Baudson, Didier de Neck,...). Un
beau casting et un metteur en scène réputé, à découvrir. Antônio Araujo
passe pour un créateur de spectacles “hors du commun”. Comparé au
Théâtre de la cruauté d’Artaud, son Teatro Vertigem/Vertige tente des
spectacles “directement connectés aux gens” et investit des lieux inhabituels avec une charge poétique d’étrangeté. Les voyages proposés sont
dits“physiques et mentaux”. Exemple: Paradis perdu se passait dans une
église, Le Livre de Job dans un hôpital, Apocalypse 1,11 dans une prison
8
– 15 –
désaffectée, BR-3 dans un bateau sur le
fleuve qui traverse Sao Paulo. Son théâtre
est donc bien armé pour explorer la Bourse
de Bruxelles. Au cœur de son histoire: la
crise, l’argent, l’époque et ses rapports humains. Un duo d’exilés, une quinzaine d’interprètes dont un Chœur et une question
affichée: “Comment la politique a-t-elle été
peu à peu gagnée par les discours sécuritaires
et identitaires?” Le spectacle part ensuite au
Festival In d’Avignon. Dire ce qu’on ne pense
pas dans des langues qu’on ne parle pas est
un parcours déambulatoire sur deux niveaux, pour près de 200 spectateurs par représentation. A nous donc la primeur de cet
évènement singulier... ●
N U R T E N
A K A
■ DIRE CE QU’ON NE PENSE PAS DANS DES LANGUES QU’ON NE
PARLE PAS, DU 27/05 AU 07/06.
■ WWW.THEATRENATIONAL.BE
scènes
21 mai 2014
le spectacle
DE LA
SEMAINE
O
n connaissait « Occupy
Wall Street ». Plus près de
chez nous, le Théâtre National se la joue « Occupy la Bourse » avec une pièce de théâtre qui
transforme la protestation sociale en manifestation artistique et
poétique. Mêlant des comédiens
belges, français et brésiliens, Dire ce qu’on ne pense pas dans des
langues qu’on ne parle pas est un
texte de Bernardo Carvalho, figure majeure de la littérature brésilienne, qui sera mis en scène par
un autre Brésilien, Antônio Araújo, comme un parcours déambulatoire dans tous les espaces de la
Bourse à Bruxelles, symbole évidemment de la place de l’argent
dans nos sociétés en crise.
Antônio Araújo a l’habitude de
sortir le théâtre de son petit confort institutionnel, lui qui a déjà
mis en scène des spectacles dans
des églises, des hôpitaux, des prisons. Il est allé jusqu’à monter un
spectacle dans le lit d’une rivière
à São Paulo, « une rivière si pol-
Le Théâtre National
occupe la Bourse
luée qu’elle en est presque solide », précise-t-il. La seule fois où
il a mis en scène une pièce dans
un espace théâtral, ce fut pour inverser le rapport scène-public et
placer les spectateurs sur le plateau. Avant de s’installer à l’Hôtel des Monnaies à Avignon cet
été, Antônio Araújo a choisi de
squatter la Bourse à Bruxelles :
« Il y a le symbole évident de notre rapport à l’argent, mais j’ai
aussi choisi cet endroit parce que
les gens s’y réunissent régulièrement pour manifester, protester.
En cela, c’est symbolique d’un
théâtre comme art public en dialogue avec la ville. »
Ce projet, programmé dans le
cadre de Villes en scène au Théâtre national, s’est ancré dans un
véritable processus de rencontre
du metteur en scène brésilien
avec Bruxelles. « A l’occasion
d’Europalia Brésil, j’ai rencontré
Olivier Bastin, du bureau d’architecte Vrac l’Escaut. Il est venu à
São Paulo puis il a proposé une
résidence à notre compagnie.
Nous avons passé trois semaines
à Bruxelles, ce qui fut l’une de
mes plus belles expériences d’artiste. Tous les jours, on rencon-
Le projet d’Antônio Araújo investira tous les espaces de la Bourse. © D.R.
Page 24 Mercredi 21 mai 2014 Mad
trait des architectes, on faisait
des parcours dans la ville, des rencontres pour échanger nos visions de la ville, des activités que
nous leur proposions. Ça a été
une immersion intensive dans la
ville. »
UN TEXTE
DE BERNARDO CARVALHO
Sur cette rencontre pratique
avec notre capitale est venu se
greffer le texte de Bernardo Carvalho, basé sur l’histoire d’un
homme qui fut torturé pendant
la dictature du Brésil avant de
s’exiler à Bruxelles. Après quelques années en Belgique, il retourne au Brésil avec sa famille et
devient, plus tard, aphasique.
« L’histoire commence quand sa
fille, devenue économiste, est invitée à donner une conférence à
Bruxelles. Elle décide d’y emmener son père mais au bout de quelques jours, il disparaît dans la
ville. Elle va errer dans Bruxelles
à sa recherche et va découvrir une
ville bien différente de son souvenir. Dans leur périple, ils croiseront un vieil ami syndicaliste,
un agent de l’immigration, un escroc, un homme d’affaires, un at-
Mis en scène par
le Brésilien Antônio
Araújo, « Dire ce
qu’on ne pense pas
dans les langues
qu’on ne parle pas »
investit la Bourse
sur les traces d’une
famille, et d’une société, en crise
tentat. » A l’image de ce vagabondage, le spectateur flânera
d’abord dans la rue, face à la
Bourse, avant de franchir un
seuil intermédiaire, le hall extérieur cerné de grilles, et de pénétrer dans la Bourse. Tantôt debout, tantôt assis, le public sera
sollicité dans tous les espaces du
bâtiment, jusque sur les balcons.
Porté notamment par Didier De
Neck dans le rôle du père et Claire Bodson dans le rôle de sa fille,
la pièce interrogera la ville, les politiques sécuritaires et identitaires et, surtout, la perte des repères.
CATHERINE MAKEREEL
Du 27 mai au 7 juin à La Bouse, Bruxelles. www.theatrenational.be
6 mai 2014
Ça bout à la bourse
Le 27 mai prochain, la Bourse de Bruxelles deviendra théâtre. Un événement attendu que l’ouverture des portes
de cet imposant centre d’échanges trop souvent inoccupé, pour accueillir une création brésilienne : « Dire ce
qu’on ne pense pas dans des langues qu’on ne parle pas », production du théâtre National et du festival d’Avignon. Les répétitions commençaient ce matin, tandis qu’étaient présentées les autres productions « Villes en
scène » qui seront présentées dans le IN d’Avignon 2014. Beau programme !
Avignon accueillie un des plus grands festivals de théâtre au monde. Mais en-dehors de ce mois de juillet foisonnant, c’est une petite ville qui n’a pas encore réussi à se positionner comme métropole culturelle dans l’axe
européen Nord-Sud. Suivant la trajectoire du TGV, les liens se nouent avec Bruxelles, par l’intermédiaire du
projet européen « Villes en scène/cities en stage », qui voulait faire dialoguer les artistes européens avec leur
ville mais aussi entre les différentes mégapoles.
Le IN d’Avignon accueillera donc « le Sorelle Macaluso » de l’italienne Emma Dante (on se rappelle très bien
du merveilleux « le pulle » au National), « Solitaritate » de la roumaine Gianina Carbunariu, « Notre peur de
n’être » de Fabrice Murgia (qui avait ouvert les créations « Ville en scène » en 2011 avec « Exils »), et « Dire
ce qu’on ne pense pas dans des langues qu’on ne parle pas », du brésilien Antonio Araujo.
Ça bout à la bourse
Bruxelles sera mise en scène, et son centre névralgique accueillera les représentations de ce dernier spectacle. Écrite par Bernardo Carvalho après une résidence de trois semaines dans notre capitale, l’histoire trace
l’errance d’une conférencière brésilienne à la recherche de son père aphasique, disparu à leur arrivée dans la
capitale belge.
Le haut des marches de la Bourse sera l’aéroport ; la déambulation du public dans l’énorme nef sera celle de
la fille à travers Bruxelles. La Bourse sera le théâtre d’une société en crise, avec les rapports d’argent en toile
de fond. Le spectacle sera ensuite repensé pour être accueilli à l’hôtel des Monnaies d’Avignon, avec une plus
petite jauge (dépêchons-nous de réserver nos places).
Fabrice Murgia foulera à nouveau les pavés de la cité des Papes. Après « le chagrin des ogres », il continue
d’explorer les nouvelles formes de solitude, avec une volonté de poser un regard optimiste et de changer de
langage pour observer le monde. Ayant voyagé dans des villes surpeuplées où les gens sont de plus en plus
proches, mais aussi de plus en plus seuls, il est en train de créer avec six acteurs six formes de solitude qui vont
s’enchevêtrer. Le résultat sera à voir à partir du 21 juillet.
Quatre artistes : deux femmes, deux hommes, trois européens, un brésilien. Quatre spectacles produits ou coproduits par le théâtre National de Bruxelles, présents à Avignon. Une chance que les liens entre nord et sud se
créent autrement que via le train !
Julie LEMAIRE
– 17 –
mai 2014
© Véronique Vercheval
S. Landuyt. 20.00
rue Graystr. 154 Etterbeek
02-737.16.00 / www.rideaudebruxelles.be
ThéâTre de la Place des MarTyrs
La Compagnie des hommes. D’E.
Bond, mise en scène F. Dussenne. 20.15
Le Roi se meuRt. D’E. Ionesco. 20.15
Martelaarspl. 22 pl. des Martyrs
Brussel/Bruxelles
02-223.32.08 / www.theatredesmartyrs.be
ThéâTre de la Toison d’or
déLivRe-nous du maL. 20.30
Gulden Vliesgalerij 396 galerie de la Toison
d’Or Elsene/Ixelles
02-510.05.10 / www.ttotheatre.be
ThéâTre de la Vie
d’oRdinaiRe Remué. De P. Verplancken.
20.00
Dwarsstr. 45 rue Traversière
St.-Joost-ten-Node/St-Josse-ten-Noode
02-219.60.06 / www.theatredelavie.be
ThéâTre le Public
Lapin Lapin. De C. Serreau, mise en
scène M. Pinglaut. 20.30
Qui a peuR de viRginia WooLf ?
D’E. Albee, mise en scène
M. Kacenelenbogen. 20.30
Les hommages CoLLatéRaux. Mise
en scène V. Thirion. 20.30
rue Braemtstr. 64-70
St.-Joost-ten-Node/St-Josse-ten-Noode
0800-944.44 / www.theatrelepublic.be
ThéâTre naTional
KunstenfestivaLdesaRts:
02 fiCçoes. Par L. Moreira/Cia. Hiato (en
portugais, surtitré en FR). 20.15
bd E. Jacqmainln. 111 Brussel/Bruxelles
02-203.53.03
www.kunstenfestivaldesarts.be
ThéâTre royal de Toone
CyRano. Marionnettes. 20.30
St.-Petronillagang/impasse Ste-Pétronille/
Grasmarkt 66 rue du Marché aux Herbes
Brussel/Bruxelles
02-511.71.37 / www.toone.be
ThéâTre royal du Parc
made in China. De T. Debroux, mise en
scène P. Thomas. 15.00
Wetstr. 3 rue de la Loi Brussel/Bruxelles
02-505.30. 30 / www.theatreduparc.be
ThéâTre Varia
KunstenfestivaLdesaRts:
intéRieuR. De C. Régy (en japonais,
surtitré en FR). 15.00 & 20.30
Skepterstr. 78 rue du Sceptre
Elsene/Ixelles / 02-640.82.58
www.kunstenfestivaldesarts.be
theatRe
cineMa MariVaux
KunstenfestivaLdesaRts: some
use foR youR bRoKen CLay pots.
Performance by C. Meierhans. 19.00
av. A. Maxln. 98 Brussel/Bruxelles
www.kunstenfestivaldesarts.be
la TricoTerie
RosenCRantz and guiLdensteRn
aRe dead. By T. Stoppard. 20.00
rue T. Verhaegenstr. 158 St.-Gillis/St-Gilles
www.asbl-hebe.eu / www.tricoterie.be
RondLeidingen
KerKhof Van elsene
ErrancEs à la boursE
Dire ce qu’on ne pense pas… Dans Des langues qu’on ne parle pas 27/5 > 7/6, 20.15, €11/16/20,
bEurs/boursE, beursplein 1 place de la bourse, brussel/bruxelles, 02-203.53.03, www.theatrenational.be
FR ❙ « Non, je ne serai pas chez moi pendant la Coupe du
monde de football et j’en suis très content. Ça devient de
la pure folie ! », déclare le metteur en scène originaire de
São Paulo Antônio Araújo à la fin de notre conversation.
Araújo, une des personnalités de premier plan du théâtre
brésilien, est momentanément à Bruxelles où il est en
pleine création, à l’invitation du Théâtre National, de son
nouveau spectacle, Dire ce qu’on ne pense pas… dans
des langues qu’on ne parle pas (qui sera également présenté cet été au Festival d’Avignon). Ces dernières années,
Araújo a fait de plus en plus souvent le voyage entre
São Paulo et Bruxelles. « La première fois, c’était dans le
cadre d’Europalia en 2011. Déjà à ce moment-là, j’ai pu
faire amplement connaissance avec cet endroit intrigant,
grâce au bouwmeester bruxellois Olivier Bastin. Le hasard
a voulu que peu après ça on me demande de participer
au projet théâtral international Villes en scène/Cities on
stage, et que j’ai grâce à cela pu me mettre au travail
dans mais aussi avec Bruxelles ». Mais Araújo nuance
tout de suite ses propos : « Ce serait un peu bizarre, et
même arrogant, de venir, en tant que personne extérieure,
raconter des choses sur cette ville complexe. Donc il nous a
vite semblé clair que nous devions plutôt aborder le projet
comme un dialogue. Dans notre spectacle, il s’agit non
seulement de Bruxelles, mais aussi de la vie dans une ville
comme São Paulo. Il y a aussi des influences qui se sont
glissées de Paris et de Berlin, deux villes où a longtemps
vécu l’auteur du texte, Bernardo Carvalho ».
Carvalho, écrivain brésilien renommé, a écrit un texte
original sur base des improvisations de l’équipe mixte
belgo-brésilienne. Les figures centrales sont un père et
sa fille qui arrivent ensemble à Bruxelles. « Le père a vécu
avant à Bruxelles, comme réfugié politique au temps de la
dictature au Brésil », poursuit Araújo. « Sa fille, une économiste, est invitée ici pour une conférence. Elle veut en
profiter pour emmener son père voir un docteur qui pourra
peut-être le débarrasser de son aphasie. Entre-temps,
dans l’agitation, ils sont séparés et se perdent. Une grande
partie du spectacle montre le désarroi et la quête de la fille
dans cette grande ville qu’elle ne connaît pas. En même
temps, elle effectue une sorte de voyage intérieur... »
Lieu mythique
Cette errance sera aussi partagée par le public. « Cela
devient une promenade théâtrale à travers les imposantes
salles du bâtiment inoccupé de la Bourse », explique
Araújo, qui s’est fait une réputation internationale grâce
à son remarquable théâtre hors des théâtres. « La pièce
commence d’ailleurs sur les marches de la Bourse, là où
sont organisés de nombreuses manifestations et rassemblements du même genre. Un lieu qui est le symbole par
excellence de la ‘rencontre’ dans cette ville ». Le choix de
la Bourse comme « lieu de représentation » - une première
pour Bruxelles d’ailleurs - a été suggéré par la thématique
sous-jacente de la pièce, à savoir la crise économique
et ses répercussions. « Mais il ne faut pas interpréter le
concept de ‘crise’ au sens strict », explique le metteur en
scène, « nous nous posons des questions sur ce qui se
passe pour le moment au niveau de la société, comme
l’estompage entre les idéologies de gauche et de droite,
la montée du nationalisme et du conservatisme... Nous
n’avons pas de réponse, je suis un homme de théâtre, pas
un sociologue. Mais je me fais beaucoup de souci à ce
sujet ». Patrick Jordens
AGENDAmagazine.be
– 18 –
25
24 mai 2014
© belga
Triple actualité d’un jeune
septuagénaire: un livre, la 2e symphonie
d’Elgar et un nouveau label «tout
numérique» pour réconcilier la
génération internet avec le classique.
STéPhane renard
I
l y a deux facettes en lui. L’homme,
qui se bat pour des idées, et le musicien, tout au service de son art. À
moins qu’il ne faille d’abord parler
du musicien et puis de l’homme.
Difficile, avec Daniel Barenboim, de
savoir qui l’emporte sur qui. Il ne le sait sans
doute pas lui-même, lui dont 60 ans de carrière au service du grand répertoire – comme
pianiste et comme chef d’orchestre – ont
toujours privilégié le lien qui unit le discours
musical et la société qui le reçoit. Né en Argentine, exilé à 10 ans en Israël avec ses parents d’origine russe, titulaire de plusieurs
passeports, dont un palestinien et un espagnol, devenu citoyen du monde par conviction, directeur musical de la Scala de Milan,
plaidoyer éthique. Si ce livre, qui n‘est pas fait
que d’inédits, paraîtra fourre-tout, il est à
l‘image d’un homme pressé, obnubilé par
l’urgence de dire pourquoi la vie serait impossible sans musique. Et pourquoi celle-ci
est plus que jamais essentielle «dans une société qui souffre tous les jours davantage des effets aliénants de la spécialisation.»
La comparaison s’impose, selon Barenboim, avec notre monde complètement déstructuré par un foisonnement d’informations, ce qui n’a plus rien à voir avec le savoir.
L’art musical, au contraire, remet en perspective et rassemble. Confinée dans «le royaume
isolé du plaisir et de l’évasion» sous prétexte
qu’elle n’aurait «rien à dire aux aires cérébrales
chargées de la pensée et de la vie quotidienne»,
la musique a la capacité, pour Barenboim,
«de mettre en relation les êtres humains sans
distinction de sexe, de race ou de nationalité. Il
faut dès lors la sortir de sa tour d’ivoire.»
iTunes
au secours du classique
Des mots? Non, des actes, une fois encore. Il
y a quelques jours, Daniel Barenboim annonçait la création de son nouveau label –
Peral Music –, uniquement disponible via
iTunes. Exit les CD. La justification du chef?
«Le manque d’éducation musicale, même dans
des pays qui, comme l’Allemagne et l’Autriche,
sont le berceau de la musique, a créé une génération qui a grandi sans elle. Je ne peux pas accepter un constat aussi dramatique», martèlet-il. D’où ce label «pure digital», créé en collaboration avec Universal. La cible? Les
D’ELGAR DÉCOIFFE
nettement moins populaire que son
concerto pour violon, ses Variations
enigma ou sa «Pomp and circunstance» n°1 (le syndrome «orange Mécanique»!), la symphonie n°2 qu’edward elgar composa entre 1909 et
1911 conserve de chauds partisans
parmi les amoureux de grandes œuvres orchestrales à la sauce anglaise.
ce qu’ils lui trouvent? une puissance
riche de couleurs et d’atmosphères
qui, sans égaler le souffle de la première symphonie, traduit néanmoins
avec verve l’admiration de Sir edward,
d’origine modeste, pour la monarchie
victorienne. avec ses accents romantiques et ses envolées au canon, ses
moments de mélancolie et ses ressorts que l’on appellerait aujourd’hui
hollywoodiens, l’œuvre requiert de
l’orchestre et du chef une précision
diabolique pour donner tout leur relief
aux grandes explosions sonores. un
défi relevé par daniel barenboim et sa
Staatskapelle
berlin, formation dont il
est chef à
vie, avec un
plaisir évident.
(1 cd decca)
Théâtre
Après le silence des traders, la Bourse de Bruxelles va résonner des répliques des acteurs
Les jeunes diraient «c’est un truc de
ouf!», la rengaine médiatique donnerait dans le «spectacle événement». Comme on n’a plus 16 ans
mais qu’on n’en est pas à radoter
non plus, on va parler d’un spectacle phénoménal. Soyons clairs, on
ne l’a pas vu, il commence mardi.
Mais il retient l’attention par la
qualité de ses artisans et la forte
dose de témérité.
«Dire ce qu’on ne pense pas
dans les langues qu’on ne parle
pas» est la nouvelle création d’Antônio Araùjo, metteur en scène
brésilien atypique et multi-récompensé. Atypique parce qu’avec son
Teatro da Vertigem à São Paulo, il a
pour habitude de créer ses pièces
partout sauf entre les murs d’un
théâtre. Église, prison, hôpital et
même fleuve ont été ses terrains de
création. Pour sa première production créée hors de São Paulo, Antônio Araùjo investit la Bourse de
Bruxelles. Une première aussi pour
le lieu qui, s’il accueille divers événements, n’avait pas encore connu
le feu des répliques.
C’est la perte des repères et des
valeurs entraînée par une société
en crise qui est ici mise en lumière.
Un père et sa fille débarquent à
Bruxelles. Elle, économiste, vient
donner une conférence. Lui l’accompagne pour revoir ce pays
dans lequel il s’était réfugié pendant la dictature de son pays natal.
Mais les deux protagonistes se perdent dans cette ville qu’ils ne reconnaissent plus. Tant dans la topographie des lieux que dans l’esprit de ses habitants.
Un spectacle
déambulatoire
Suivant, au sens propre, la quête
des personnages, les spectateurs vivent une expérience déambulatoire. La pièce commence sur les
marches de la Bourse. Pendant 20
minutes, spectateurs et passants
sont confondus, un clin d’œil qui
n’est pas anodin pour un spectacle
sur le vivre ensemble. «J’ai choisi la
Bourse pour la symbolique de la crise
économique, bien sûr, parce
par que les
rapports
humains passent souvent
ra
par l’argent, mais aussi parce
par qu’à
Bruxelles la Bourse est un lieu de rencontre, il y a toujours du monde sur
les marches, des manifestations,
même, partent de là», explique Antônio Araùjo dans un français cou-
Très peu d’éléments de scénographie sont utilisés. Ce
sont les lumières qui font
tout.
Ce spectacle inhabituel
commence dans la rue, sur
les marches de la Bourse
de Bruxelles.
© Véronique VercheVal
© Fred VaillanT
– 19 –
rant.
Techniquement, cette itinérance
est un défi. L’équipe a dû mettre au
point une régie mobile. Et, s’il y a
peu d’éléments de scénographie,
ce sont les lumières qui font tout,
faisant surgir des scènes au balcon,
aux fenêtres, entre les colonnes,
dans le hall de la Bourse.
Le vivre ensemble, thème de la
pièce, l’équipe l’a expérimenté à sa
façon puisque les artistes (des comédiens aux scénographe, costu-
mier, etc.) sont brésiliens, belges et
français. Le spectacle mêle d’ailleurs des scènes en différentes
langues (surtitrées).
Pour s’imprégner de la capitale
belge, le metteur en scène et l’auteur, Bernardo Carvalho, écrivain
brésilien, sont d’abord venus passer trois semaines à Bruxelles, filmant et écoutant la ville.
Le prochain défi sera d’importer
d’Avignon,
ce spectacle au Festival
stival d’
Avignon,
Av
Avignon,
avec à peine dix jours pour recomposer le déambulatoire dans un
lieu – l’Hôtel des Monnaies – beaucoup plus petit et qu’ils ne
connaissent pas du tout. Mais ancrer le théâtre dans le réel et le
connecter directement aux gens ne
souffre pas la facilité.
CÉCILE BERTHAUD
du 27 mai au 7 juin, à la bourse
de bruxelles, à 20h15. relâche le
lundi. une production du Théâtre
national et du Festival d’avignon.
rens.: 02.203.53.03
ou www.theatrenational.be
au Festival d’avignon (festival
«in») du 7 au 17 juillet.
www.festival-avignon.com
mai 2014
v e n d r e d i 2 3 m a i 2 0 1 4
TI MEO U T
La Bourse, théâtre
de la ville
Ph. Fred Vaillant
La Bourse de Bruxelles, désaffectée des
traders, accueillera dès mardi des comédiens. Le metteur en scène brésilien Antonio Araujo entend porter un regard
extérieur sur la ville belge à travers un
spectacle qu’on annonce vertigineux.
A
La maison d’E
tion «Ecriture
Alechinsky. El
collection fina
partir de la tria
disque de cuiv
la terre, avec
est venu visite
pas même s’il
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raconte le com
Au premier éta
sont exposés a
volumes du «F
réaliser ses pe
www.erasm
PAR NIcoLAS NAIzy
I
l a bien changé le Bruxelles des années 70. C’est ce que
pense cet homme, ancienne victime de torture sous
la dictature brésilienne. De retour dans la capitale
belge avec sa fille, il ne reconnaît plus la ville qui avait
symbolisé pour lui la liberté et la fin de la souffrance.
Commence alors une errance autant dans la mémoire que
dans les rues tortueuses à la rencontre de personnages tout
aussi perdus, qui caractérisent nos cités contemporaines.
La fille, partie sur les traces du paternel, devra elle aussi
faire ce travail de mémoire. La trame écrite par Bernardo
Carvalho et mis en scène par Antonio Araujo dans «Dire
ce qu’on ne pense pas dans les langues qu’on ne parle
pas» aura pour cadre la Bourse aujourd’hui désaffectée
de la frénésie des marchés. Avec son Teatro da Vertigem,
le metteur en scène brésilien a souhaité à son habitude
«travailler le théâtre dehors», lui qui a par le passé habité
par ses créations une église ou une prison désaffectée.
Pourquoi la Bourse? «Outre l’aspect de la crise financière,
il y a aussi celui des rapports humains.» Il n’a pas échappé
à Antonio Araujo que le parvis du palais néo-renaissance
du boulevard Anspach était aussi un lieu de rencontres,
de rendez-vous et de manifestations citoyennes. Une sorte
d’agora où se retrouve le monde ou se croisent les langues.
Son spectacle, Araujo le fera débuter sur les marches de la
Bourse, au milieu des passants avant de déambuler dans
l’espace immense du bâtiment, pour l’occasion divisé en
différents espaces de jeu comme de successifs épisodes
de cette course-poursuite. Le public marchera dans les
pas de ces personnages. En créant cette pièce à Bruxelles,
Araujo n’a pas voulu seulement porter un regard extérieur
sur cette ville, mais a souhaité faire émerger les problématiques rencontrées dans les métropoles comme Paris,
Berlin ou Sao Paulo. Le mélange de comédiens belges,
brésiliens et français apporte cette volonté de vouloir
amplifier ces échos du monde, si lointains géographiquement mais si proches fondamentalement. Coproduit par le
Théâtre national, ce spectacle prendra la route d’Avignon
en juillet avec trois autres spectacles européens créés par
le réseau de théâtre «Villes en scène/Cities on stage». La
jeune valeur montante belge Fabrice Murgia y présentera
d’ailleurs «Notre peur de n’être», qui reviendra à Bruxelles
en octobre. Du 27 mai au 7 juin à la Bourse de Bruxelles.
www.theatrenational.be
Q
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qu’une grande roue place de l’Ange compteront parmi les
nouveautés de la 19e édition de «Namur en mai», festival
international des arts forains, du 28 mai au 1er juin à
Namur. Le public pourra profiter de nombreux spectacles
de clowns, jongleurs, bonimenteurs, danseurs, musiciens,
comédiens, magiciens et artistes en tous genres dans les
rues du Vieux Namur. Le festival reviendra également
place du Vieux et inaugurera les «spectacles suspendus»
qui donneront la possibilité à chacun de donner un «sou»
pour permettre aux plus démunis d’assister aux spectacles.
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