bulletin n°31 Carême 2016 - Auxiliaires du Sacerdoce

Du Levain pour Demain
Bulletin des sympathisants
Numéro 31
C
Sommaire
Editorial.
Gérard Aleton.
Campagne de Fraternité 2016.
Gérard Aleton.
Des Femmes se réunissent autour de la
communauté de Salvador.
Cécile Biraud A.S.
Les femmes s’organisent en faveur de la
décolonisation- traduction.
Ivânia Vieira- journaliste
Présence des femmes dans l’Egliseinterview d’Ivone Gebara-traduction.
Bilan moral de l’année 2015.
Gérard Aleton.
Bilan financier de l’année 2015.
Anne-Lise Sieffert A.S.
Compte rendu de l’Assemblée Générale.
Mulheres organizam para descolonizar.
Ivânia Vieira- jornalista
A presença da mulher na Igrejaentrevista com Ivone Gebara.
Editorial
9/02/2016
e premier bulletin de l’année 2016 a
pour but- parmi d’autres- de vous
introduire la campagne de fraternitéterme utilisé par les évêques brésiliens pour
animer le carême- qui débutera le mercredi
des cendres (10 février 2016) et vous relater
l’Assemblée Générale du 30 janvier. Le
thème retenu par les évêques est celui de
notre maison commune qu’il nous faut
soigneusement entretenir ; il répond en
quelque sorte à l’encyclique du pape
François « Laudato Si » tout en proposant
des pistes très concrètes de progrès aux
Eglises et à la société civile.
L’Assemblée Générale a compté avec la
présence d’Hélène De Guibert, en France
pour quelques temps avant de regagner sa
communauté de Valença. Dommage que
nous étions si peu de laïcs à profiter de sa
parole et de sa présentation des
communautés brésiliennes ! Le bureau de
notre association se renouvelle : Vilma qui y
participe depuis la fondation de « Du Levain
pour Demain » en décembre 2009 le quitte
et nous avons la joie d’accueillir Lene de la
communauté de Valença. Nous remercions
Vilma pour le chemin parcouru avec nous et
sommes certains que Lene saura à son tour
nous faire profiter de son dynamisme.
Ce bulletin met en perspective trois regards
de femmes sur les femmes.
Cécile Biraud A.S. nous explique comment
la communauté de Salvador agrège les
femmes autour d’elle.
Ivânia Vieira, journaliste de Manaus et fidèle
collaboratrice du bulletin, vient nous
sensibiliser, une fois encore, sur la condition
faite aux femmes et plus particulièrement
aux plus fragiles d’entre elles : les femmes
indigènes.
Enfin Ivone Gebara- théologienne féministe
catholique- qui se bat depuis de nombreuses
années contre la condition faite aux femmes
dans l’Eglise porte un jugement aiguisé sur la
situation actuelle. Nos sociétés ont encore
beaucoup de chemin à parcourir !
Huit siècles avant le Christ, Amos, qui
s’indignait du sort des pauvres et de l’écart
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grandissant entre les riches et pauvres
l’accoutumée, les organisateurs de la
d’Israël n’hésitait pas à fulminer contre le
campagne ne se contentent pas de rappeler
sanctuaire de Béthel et les religieux qui le
les fondements bibliques et humains de la
desservaient : « Je déteste, je méprise vos
campagne mais définissent également des
pèlerinages... Éloigne de moi le brouhaha de tes
axes très pratiques comme le recyclage et le
cantiques, le jeu de tes harpes, je ne peux pas
tri des déchets, l’économie d’eau, les réseaux
l’entendre » (Am 5, 21, 23).
d’égouts, le retraitement des eaux usées,
Les évêques du Brésil n’ont pas craint de
etc.…
faire appel à ce prophète peu commode
La campagne de fraternité sera lancée
pour tenir le gouvernail de la campagne de
officiellement le mercredi des cendres (10
fraternité : « Mais que le droit jaillisse comme les
février) au siège de la CNBB2 à Brasilia et
prendra fin le dimanche des Rameaux (20
eaux et la justice comme un torrent intarissable »
(Am 5,24).
mars).
Bon carême !■
L’Eglise de France n’est pas en reste qui par
Gérard Aleton
l’intermédiaire du CCFD- Terre Solidaire
propose depuis plus de 50 ans aux
communautés chrétiennes, dans leur
La campagne de Fraternité
démarche de carême, de s’ouvrir au monde
2016
et de dialoguer avec lui. Cette année, le
CCFD-Terre Solidaire invite à réfléchir sur
la place de l’étranger dans nos communautés
a
campagne
de
Fraternité,
et la façon de penser notre identité dans un
œcuménique1 pour la quatrième
monde en mutation où les cultures tendent à
année consécutive, lancée par les
se mélanger de plus en plus. Le CCFD-Terre
évêques du Brésil à l’occasion du carême
Solidaire a inscrit en tête du fascicule
2016, a pour thème :« la responsabilité et le soin
intitulé « Chemin vers l’essentiel » et préparé
que chaque homme doit prendre de la maison
pour l’occasion, les paroles de dom Helder
commune » avec comme devise les paroles
Camara faisant d’une certaine façon se
d’Amos « Mais que le droit jaillisse comme les
rencontrer les démarches de carême au
eaux et la justice comme un torrent intarissable »
Brésil et en France : « Marchons courageusement
(Am 5,24). Dans le cadre de cette campagne
et audacieusement sur les routes de progrès, mais
de carême, les évêques du Brésil proposent
veillons à n’écraser personne, à ne laisser personne
de réfléchir sur un problème qui fragilise le
dans le fossé. Les chemins sont multiples mais en
pays : l’absence de moyens d’assainissement
tournant tous le dos à l’indifférence et à l’égoïsme, ils
dignes de ce nom en espérant faire prendre
convergent tous. Quand nous avons le privilège et la
conscience à chaque citoyen et aux élus de
l’importance de l’enjeu. Cette campagne
responsabilité de croire que le seigneur est là,
structurée en trois temps « voir, comprendre
toujours, non seulement parmi nous mais au-dedans
de nous, quand nous vivons l’unité dans le christ,
et agir » est une déclinaison particulière de
nous avons la force, le courage même du Seigneur.
l’encyclique « Laudato Si » qui promeut un
Avec lui nous connaissons bien sûr des déserts. Mais
développement durable et intégral de chaque
nous savons que, avec lui, même les déserts peuvent
homme. Elle s’oppose au modèle actuel de
être fertiles.3 » ■
développement, qui en détruisant le milieu
ambiant et en fragilisant la biodiversité,
menace directement la vie de la planète et la
Gérard Aleton
maison commune des hommes. Comme à
L
1
Sont associées à la campagne : les Eglises
Catholique Romaine, Evangélique Luthérienne du
Brésil, Episcopalienne du Brésil, Presbytérienne Unie
et l’Eglise Orthodoxe d’Antioche.
9/02/2016
2
Conférence Nationale des Evêques du Brésil
Dom Helder Câmara, Des questions pour vivre,
1984
3
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bavardes. On essaie de s´écouter jusqu´au
Des femmes se réunissent
bout.
autour de la communauté
Au début de chaque rencontre, une
dynamique tend à rendre l´atmosphère
de Salvador
détendue et permet d´accueillir les nouvelles.
epuis bientôt huit ans, la
Les temps liturgiques marquent fortement
communauté de Salvador se réunit
notre thème, souligné par la décoration; la
avec un groupe de femmes,
lecture de l´évangile est centrale et soignée
environ neuf ou dix fois par an. Notre projet
avec la forme donnée par St Ignace aux
initial préparé avec les trois communautés4
contemplations des scènes vécues autour de
vise à faire connaître notre spiritualité pour
Jésus. Nous ne partageons pas de cancans
que d´autres puissent en vivre. Une équipe
mais évoquons malheureusement trop
de démarrage s´était constituée en 2009 pour
souvent les événements tragiques du quartier
lancer les rencontres.
d’Engenho Velho, marqué par les
La communauté de Salvador encouragée par
antagonismes entre factions se disputant les
les réponses de nos amies, a continué avec
points de vente de la drogue.
un objectif plus global de partager notre foi
En mars, nous regardons la campagne de
à partir des évènements et de la liturgie, bien
fraternité qui évoque une situation du Brésil:
sûr, à la manière « Auxiliaires ». Aujourd´hui,
En 2015, c´était « Eglise et société ». Cette
la liste comporte plus de quarante noms. Les
année la campagne sera œcuménique et nous
participantes viennent du voisinage, de la
serons attentives à la situation de notre
paroisse ou invitées par d´ autres. Chaque
planète. Nous reprenons ce thème á notre
fois, nous nous retrouvons entre quinze et
échelle locale.
vingt. Dès Le début, toute la communauté a
Cette année 2015, pour la seconde fois, la
participé même si Dilma est la coordinatrice
dernière rencontre annuelle s´est déroulée au
privilégiée .A trois, nous nous partageons les
centre ignatien qui est facilement accessible
séquences. Si nos autres engagements
depuis notre quartier. La vue y est
apostoliques nous dispersent, cette activité
imprenable! Après une messe dans l´église
nous réunit différemment de notre vie
voisine, Dilma a animé une matinée de
quotidienne et de nos rencontres
prière. Chacune a pu prendre le temps de
communautaires. Chaque sœur y partage les
prier personnellement puis collectivement.
dons
reçus
(chants,
dynamiques,
Le repas partagé réduit les frais en facilitant
commentaires, oraisons...) La rencontre a
les échanges. Un don mutuel de petits
lieu le dimanche après-midi dans notre
souvenirs à l´occasion de Noël et nous
maison. Des participantes apportent chaque
avons terminé par une évaluation. Les
fois quelque chose à partager pour la
réactions nous encouragent à continuer ces
collation finale. Plusieurs d´entre elles sont
rencontres. Une proposition faite par
seules: célibataires, veuves, divorcées.
quelqu´un d´avoir une action caritative
Certaines ont une vie marquée par de
concrète,
réalisée
ensemble,
nous
grandes peines: Mort violente d´un fils,
questionne! Faut-il accéder à ce sympathique
santé, préoccupations familiales. D´année en
désir… ou renvoyer chacune à ses
année, ce groupe fait grandir l´amitié et le
responsabilités dans la vie courante après
soutien mutuel.
s´être ressourcée? La question reste ouverte
Parmi les moyens choisis, nous donnons
pour 2016. ■
priorité á ceux qui permettent l´expression
de chacune et en particulier des plus
Cécile A.S
modestes. Personne ne vient pour donner
des leçons. Il faut parfois cadrer un peu les
D
4
Salvador, Valença, Aracaju
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actions publiques pour faire face au racisme
Les femmes s’organisent
et aux préjugés contre les peuples indigènes
en faveur de la
et la violence faite aux femmes indigènes.
Cette rencontre est l’un des résultats de la
décolonisation
campagne lancée en 2015 par le Forum de
L’Education Scolaire Indigène d’Amazonas
es femmes noires et indigènes de la
et l’Union des Femmes Indigènes de
région de l’Etat d’Amazonas (zone
l’Amazonie Brésilienne. La mobilisation
nord du Brésil) prévoient d’organiser
poursuit deux directions : l’une consiste à
à partir de 2016 des manifestations et des
sensibiliser la société à ces thématiques,
discussions sur les thèmes du racisme et de
l’autre est de définir des actions concrètes
la décolonisation en Amazonie.
dans les salles de classe pour combattre le
Les thèmes décidés à l’occasion de diverses
racisme, les préjugés et la violence.
rencontres de collectifs de femmes afroDans les deux cas, la culture du coloniséamérindiennes et caribéennes ainsi que de
colonisateur est à l’œuvre au plus profond
mouvements indigènes, effectuées depuis la
des institutions y compris celles qui
fin de l’année 2015 ont mis en évidence
s’occupent de formation comme les écoles.
quelques uns des axes de la lutte menée par
Le discours des médias renforce l’imaginaire
les femmes amazoniennes.
du processus colonisateur et des conduites
coloniales. Selon l’opinion de Francy
Guedes, la façon de réagir devant le
massacre (la déstructuration) des personnes,
la banalisation du processus de colonisation
et les conduites coloniales est d’étudier, de
comprendre et d’agir sur les mécanismes de
colonisation. « Nous irons dans la rue pour
dénoncer cette situation très prégnante en
Amazonie » promet Francy Guedes.
L
« Comprendre les diverses manifestations et les
conséquences sur nos vies du racisme est une tâche
ardue et de longue haleine. Pour cette raison, nous
voulons débattre de ce sujet dans la ville de
Manaus » affirme Francy Guedes de la
Marche Mondiale des Femmes d’Amazonas
et l’une des coordinatrices du Forum des
Femmes Afro-amérindiennes et Caribéennes
(FMAAC).Les
membres
du
forum
participent actuellement à des réunions
préparatoires sur la décolonisation en vue de
la cinquième rencontre qui aura lieu le 25
juillet 2016 à Manaus, capitale de l’Etat
d’Amazonas. Devraient participer à ce
forum des représentants des Etats
amazoniens et des pays de la zone panamazonienne. Le thème de cette cinquième
rencontre est le suivant : « Décoloniser pour
construire le Nord afro-amérindien et caribéen ».
Au mois de février 2016, une rencontre à
Manaus devrait permettre de définir des
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Décoloniser les programmes de cours
La pédagogue Nilma Lino Gomes, ministre
des Femmes, de l’Egalité raciale et des
Droits de l’Homme dans le gouvernement
brésilien, a indiqué dans un article publié en
2012 vouloir décoloniser les programmes de
cours pour ce qui est des relations ethnicoraciales et de l’éducation. La décolonisation
du programme de cours signifie conflit et
négociation pour produire du nouveau ditelle. Ce processus s’insère parmi d’autres
plus importants et profonds touchant aux
notions de savoir et de pouvoir.
Pour Nilma Gomes comprendre comment
la notion de race a généré des différences
culturelles
entre
groupes
humains,
comprendre pourquoi tout ce qui ne vient
pas de l’Europe est assimilé au passé, et
comprendre la politisation du concept racial
dans le contexte brésilien sont des
opérations nécessaires si l’on veut aboutir à
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une rupture épistémologique et culturelle
personnes se trouvent ». C’est ainsi que la
dans l’éducation brésilienne.
théologienne catholique, de l’ordre des sœurs de Notre
Mettre ce thème à l’ordre du jour des
Dame - Chanoinesses de Saint Augustin, raconte,
mouvements, comme veut le faire le Forum
dans l’entretien qui suit, son approche du féminisme
des Femmes Afro-amérindiennes et
et comment elle fut « amenée à percevoir » combien sa
Caribéennes
avec
ses
organisations
« manière de faire de la théologie n’incluait pas les
partenaires « est un geste concret pour faire prendre
souffrances et les rêves des femmes ». À cause de cela,
conscience de la permanence coloniale dans nos vies et
il fut nécessaire de penser une théologie féministe.
notre conduite » fait observer Francy Guedes.
Pour Ivone, « il y a une grande différence entre le
Une non-conférence
faire théologique féministe et le faire théologique
traditionnel affirmé comme la théologie actuelle
Les réunions préparatoires à la cinquième
officielle de l’église ». Selon elle, bien que
rencontre des Femmes Afro-amérindiennes
l’« affirmation commune : Dieu est Dieu » reflète
et caribéennes ont émis le vœu que ces
« la pensée de beaucoup de personnes », il existe « de
rencontres avec tables rondes, activités
multiples significations du mot Dieu ». Elle
culturelles, et prise de conscience identitaire
explique : « Même quand nous disons qu’il y a un
soient qualifiées de non-conférence. « Nous
seul Dieu, cette affirmation est vécue de manières
travaillons dans la perspective de réaliser une
différentes. Dans les différentes traditions chrétiennes
rencontre où la participation soit vraiment effective et
et dans la vie des personnes ordinaires, le mot Dieu,
plurielle. Nous essayons de ne pas suivre le modèle
quoique tous l’utilisent, ne signifie pas la même chose
euro-centré de ce type de réunion » explique
pour tout le monde parce que chaque personne vit ce
Elizângela Almeida du forum Afromystère majeur à sa manière. En ce sens on peut dire
amérindien. ■
que chacun fait sa théologie même si nous
appartenons à une même église. Tous nous désirons
Ivânia Vieira- Journaliste
vivre l’amour, mais chacun le vit à sa manière ou
selon son histoire et son interprétation ». De la même
manière, la théologienne catholique pointe une
Présence des femmes dans
différence entre la théologie féministe et la théologie
l’Église : Rhétorique sans
officielle de l’église. « La théologie féministe est née
du constat de la complicité d’un certain christianisme
changements significatifs.
avec une oppression et une domination des femmes
même à l’intérieur de l’église. […] Pour cette raison,
Entretien avec Ivone Gebara réalisé par
le Dieu des femmes féministes qui cherchent à se
Patricia Fachin5
libérer de bien des formes d’oppression historique n’a
pas la même image légaliste et pointilleuse des autres
« Les conquêtes du féminisme sont quotidiennes et se
théologies », explique-t-elle.
manifestent dans les politiques publiques en faveur
des femmes, qui sont le fruit des luttes des femmes, et
Dans l’entretien qui suit, accordée à IHU On-Line
aussi dans les mille et une actions dans lesquelles le
par courriel, la théologienne commente également la
respect dû aux femmes est garanti », déclare la
situation des religieuses d’Amérique du Nord qui
théologienne.
forment la « Leadership Conference of Women
Religious (LCWR) » et font l’objet d’une évaluation
La théologie féministe adoptée par Ivone Gebara
par le Vatican. Pour elle, « la situation des
part d’une approche « des douleurs et des questions
religieuses d’Amérique du Nord est un exemple du
des personnes sans avoir une réponse toute faite et
conflit actuel entre une partie de la hiérarchie
doctrinaire » et « des situations réelles où les
catholique et des femmes intelligentes très bien
formées
et actives dans divers milieux sociaux. »
5
Cet entretien, réalisé par Patricia Fachin, a été publié
sur le site de L’Instituto Humanitas Unisimos le 9
septembre 2014 et traduit par Dial dans le numéro
3352 de décembre 2016.
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Dans la même ligne, elle assure que « les théologies
féministes existantes n’ont jamais été l’objet de
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l’intérêt du pape François ni des autres ». Elle
autre côté, chaque réponse est une réponse
signale ainsi qu’il est surprenant que le pape
donnée dans un moment différent.
François ne fasse pas allusion « au mouvement
féministe qui, en Argentine, a eu et a encore une des
expressions les plus significatives d’Amérique
latine ».
« Avec cette position, le pape a créé une certaine
confusion des informations, surtout lorsqu’il affirme
la nécessité de repenser la présence de la femme dans
l’Église, sa vocation et d’autres choses du même style,
ce qui est davantage une rhétorique que des prises de
position concrètes qui révéleraient des changements
significatifs. Il est clair que la tradition patriarcale
omniprésente et l’appareil bureaucratique du
Vatican comme des églises locales ne facilitent pas les
changements institutionnels en faveur des femmes.
Mais, malgré les lourdeurs, elles avancent, affirmant
leur liberté d’exister et d’exprimer leurs besoins et
leurs rêves », conclut-elle.
Ivone Gebara a été honorée du titre de Docteur
Honoris Causa des Facultés de l’école supérieure de
théologie (EST, Rio Grande do Sul) pour sa
contribution au débat et à la formation théologique
dans le contexte brésilien et latino-américain durant
le Deuxième Congrès international des Facultés
EST qui s’est déroulé du 8 au 12 septembre 2014.
La remise du titre a eu lieu le mercredi 10
septembre, à 19 h, à São Leopoldo (Rio Grande do
Sul).
Ivone Gebara est Docteure en philosophie de
l’Université catholique de São Paulo et Docteure en
sciences religieuses de l’Université catholique de
Louvain, en Belgique. Elle a enseigné 17 ans à
l’Institut de théologie de Recife - ITER, jusqu’à sa
dissolution, décrétée par le Vatican, en 1989.
C
omment avez-vous commencé
votre trajectoire dans l’église et à
quel
moment
avez-vous
commencé à vous intéresser aux idées
féministes et à défendre une posture
féministe dans l’église ?
Ce n’est pas la première fois qu’on me pose
cette question. Je vais probablement en
partie me répéter dans la réponse, mais d’un
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Ivone Gebara
J’aime dire que plusieurs événements ont
contribué à ce que j’embrasse la cause du
féminisme. À la fin des années 1970, en
raison d’un travail de formation alternative
auquel je participais avec d’autres
professeurs de l’Institut de théologie de
Recife, j’en vins à percevoir combien ma
manière de faire de la théologie ne tenait pas
compte des souffrances et des rêves des
femmes. Une femme m’en fit prendre
conscience douloureusement en me faisant
remarquer que mes exemples se référaient
toujours à la vie des hommes et que même si
j’étais femme moi-même, je méconnaissais la
vie réelle des femmes, surtout des pauvres.
Je dis « douloureusement » parce que j’étais
habituée à faire des analyses de conjonctures
et j’ai eu du mal à accepter que je n’incluais
pas de manière particulière la vie des
femmes ouvrières, paysannes, domestiques
dans mon analyse. Je réussis à entrer dans un
processus de conversion et à m’ouvrir à un
monde qui était le mien mais que je ne
voyais pas ou auquel je ne donnais pas la
priorité. J’ai commencé à tenir compte de
mon histoire personnelle, de celle des
femmes de ma famille, de mes collègues de
travail et à percevoir que mes instruments
d’analyse s’appuyaient sur des clefs de
compréhension masculines. Souvent aussi
c’étaient des analyses abstraites et
théoriques.
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Un autre chemin fut la lecture de textes de
d’autres références. La théologie de la
théologiennes d’Europe Occidentale et des
libération m’avait déjà beaucoup appris. Mais
Etats- Unis. Je fus impressionnée par leur
un nouveau pas devait être fait.
dénonciation du monde patriarcal et de ses
conséquences violentes sur la vie des
Les défis de ce type ont augmenté au cours
femmes. Je n’utilisais pas l’expression
de ma vie et m’ont appris à m’approcher des
« monde patriarcal » pas plus que d’autres
douleurs et des questions des personnes sans
expressions communes au féminisme de
avoir une réponse toute prête et doctrinale.
l’époque. Peu à peu, j’appris un nouveau
C’est une méthode théologique que j’appelle
langage qui était en réalité un nouvel
féministe, même si d’autres noms sont
instrument d’analyse pour comprendre la
possibles, car elle part des situations réelles
violence physique et symbolique en lien avec
dans lesquelles se trouvent les personnes,
les femmes. Je commençais à percevoir et à
considère la personne comme plus
réfléchir sur les différences, le public et le
importante que la loi, la norme ou la
privé, l’usage des représentations de Dieu, le
doctrine. Nous sommes invitées à ressentir
symbolisme dans les religions. Un monde
la vie avant de la penser. Nous sommes
nouveau s’ouvrait à mes yeux.
invitées à écouter sans donner de réponses
immédiates. Nous sommes invitées à
Interaction latino-américaine
rechercher ensemble des issues à de
nombreuses
situations
difficiles
et
complexes de la vie.
À cette époque, d’autres femmes
d’Amérique latine se sont aussi éveillées au
problème complexe de l’oppression des
Cette méthodologie fondée sur nos vies en
femmes dans les églises et nous avons pu
vient à être critique à l’égard des postures
nous organiser et participer à des rencontres
hiérarchiques préétablies et pour cela même
internationales au cours desquelles nous
elle est difficilement acceptée par la
partagions perceptions et idées. Ceci a
hiérarchie des églises. Le fait d’affirmer la
beaucoup élargi mes horizons féministes.
nécessité pour les femmes de choisir et
décider de leur vie malgré les limites qui
nous constituent a engendré des conflits
Je crois qu’un fait décisif dans ma vie a été la
inévitables et ceci jusqu’à aujourd’hui.
rencontre des « Catholiques pour le droit à la
décision » de l’Uruguay. C’était au début de
1980.
Leur
manière
d’appréhender
Vous accompagnez les sœurs nordaméricaines de la LCWR, qui est en train
l’oppression sexuelle des femmes et leur
d’être évaluée par le Vatican pour le
lutte pour la dépénalisation et la légalisation
motif qu’elles ne suivent pas la doctrine
de l’avortement ouvrirent une fenêtre de
de l’église ? Si c’est bien le cas, comment
plus dans ma réflexion.
voyez-vous leur action aux Etats-Unis ?
Je me souviens d’une laïque féministe qui
m’a demandé une fois : qu’avez-vous à dire
comme théologienne à propos de la violence
sexuelle vécue par des femmes ? Qu’avezvous à dire sur le viol et l’avortement ? En
quoi votre théologie modifie la pensée
misogyne et sexiste de l’église Catholique ?
Je confesse que, sur le moment, je me suis
sentie confuse et je ne savais que répondre.
Je perçus aussitôt qu’une fois encore, à la
théologie que j’avais apprise et que
j’enseignais faisait défaut une transformation
radicale, une révolution anthropologique,
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La situation des religieuses nord-américaines
est un exemple du conflit actuel entre une
partie de la hiérarchie catholique et des
femmes intelligentes très bien formées et
actives dans divers milieux sociaux. Ce sont
ces femmes qui constituent la LCWR. La
difficulté de la hiérarchie catholique est
d’accepter l’autodétermination de ces
religieuses qui, en réalité, sont conscientes de
ne pas avoir besoin de l’approbation d’un
prêtre ou d’un évêque pour vivre l’amour et
la justice auxquels elles se sentent appelées.
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agrège à la théologie, en considérant que
Elles n’ont pas besoin de demander la
Dieu est Dieu et qu’il ne s’agit pas d’une
permission pour lire, étudier, aider des
discussion sur le genre, même si nous
groupes et convier des personnes à leurs
nous référons à Dieu Père ?
réunions conformément à la volonté d’un
évêque. Elles ont eu l’audace d’assumer leur
droit de citoyennes et elles sont punies pour
Il y a une grande différence entre le faire
cela. Dans l’église catholique romaine les
théologique féministe et le faire théologique
femmes et spécialement les religieuses ne
traditionnel affirmé comme la théologie
sont pas totalement des citoyennes. Je tiens à
actuelle officielle de l’église. La première
accompagner, dans la mesure du possible, le
chose que je désire commenter est
processus complexe que vivent ces
l’affirmation commune « Dieu est Dieu »
religieuses et elles peuvent compter sur mon
présente dans la question et qui reflète la
soutien.
pensée de beaucoup. J’attire l’attention sur
les multiples significations du mot Dieu.
Je suis impressionnée par le fait que le Pape
Même lorsque nous disons qu’il y a un seul
François n’ait pas pris une position plus
Dieu, cette affirmation est vécue de
ouverte en relation à elles. Il y a deux ans, le
manières diverses. Dans les diverses
cardinal Müller les a critiquées et accusées
traditions chrétiennes et dans la vie des
d’être promotrices des thèmes radicaux du
personnes ordinaires, le mot Dieu, même si
féminisme. Cette accusation dure jusqu’à
tous l’utilisent, ne signifie pas la même chose
aujourd’hui, même si l’on use d’autres mots.
pour tout le monde parce que chaque
La hiérarchie ecclésiastique craint d’être
personne vit ce grand mystère à sa manière.
accusée de misogynie et se défend, mais son
En ce sens on peut dire que chacun fait sa
comportement
reste
misogyne.
Ils
théologie, même si nous appartenons à une
s’accrochent malheureusement à un
même église. Chacun de nous désire vivre
incroyable biologisme ou à la considération
l’amour, mais chacun le vit à sa manière et
de l’anatomie comme fatalité. Ils déduisent
selon son histoire et son interprétation. Pour
du fait que Jésus de Nazareth était de sexe
prendre les exemples des évangiles, la
masculin des arguments en faveur de
théologie de la femme qui souffre d’un flux
l’exclusion des femmes. Dans ce
de sang n’est pas la même que celle du
prolongement, ils accordent beaucoup
pharisien qui entre dans le temple et affirme
d’importance à la fonction sacerdotale que
être juste. La théologie de l’Inquisition n’est
Jésus n’a pas eue, au détriment d’une
pas celle des droits humains défendue
compréhension
plus
éthique
du
aujourd’hui par tant de personnes.
christianisme à partir de laquelle on pourrait
mettre l’accent sur de multiples dimensions
Théologie traditionnelle et théologie
inclusives. Jésus n’appartenait pas à l’élite
féministe
sacerdotale d’Israël. Au contraire, il l’a
critiquée et a pris ses distances à son égard.
Dans ce prolongement, je désire distinguer la
Jésus a mené une vie de proximité avec des
théologie féministe de la théologie officielle
hommes, des femmes, des enfants, juifs et
de l’église. La théologie féministe est née de
étrangers. Avec elles et eux, il a vécu en
la constatation d’une complicité d’un certain
annonçant le royaume de Dieu à partir de sa
christianisme avec une oppression et une
vie, à partir d’actions concrètes capables de
domination des femmes même à l’intérieur
transformer la vie des personnes. Ceci lui
de l’église. Elle naît de la conscience que les
valut
incompréhensions,
injures
et
femmes sont à peine formellement « sujets
crucifixion.
de droits ». Elle naît de la constatation que
l’oppression passe par la considération de la
Qu’est-ce qui différencie la théologie
femme créée subalterne à l’homme et, même
féministe de la théologie, ou quels sont
lorsqu’on parle de complémentarité, on le
les aspects que la théologie féministe
comprend souvent au sens de subalterne.
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Du levain pour Demain
Numéro 31
Bulletin des sympathisants
Nous ne pouvons oublier le mythe d’Adam
confrontés à des bébés qui naissaient avec
et d’Eve créée d’une de ses côtes. Tout ceci
un sexe biologique indéterminé. Il fallait
conduit à formuler des interprétations et des
attendre un certain temps avant que les
doctrines qui renforcent certains stéréotypes
parents et l’enfant lui-même décident de son
qui remettent au masculin le pouvoir de
genre par le biais de la chirurgie ou d’autres
décision même sur nos propres vies.
traitements. Les familles et aussi les registres
de naissance étaient affectés par cette réalité
inattendue. C’est pour cela que des pays
Les théologies féministes, toutes nées de
comme l’Allemagne ont introduit l’option
structures patriarcales qui demeurent encore
sexe « indéterminé » pour se donner le temps
très présentes en nous, tentent de proposer
nécessaire à une décision potentielle.
des changements personnels et collectifs qui
puissent avoir une incidence réelle sur la
collectivité ou la vie sociale. Les
Nul doute que nous avançons sur cette
changements sont lents, mais pour chaque
question au fur et à mesure que nous
situation il faut revoir ce que nous désirons.
découvrons de nouveaux aspects de la
Pour cette raison, le Dieu des féministes qui
complexe sexualité humaine qui ne peut plus
cherchent à se libérer de bien des formes
être réduite à un schéma binaire : « ou ceci
d’oppression historique n’a pas l’image
ou cela ». Mais, avec les avancées, surgissent
légaliste et pointilleuse des autres théologies.
de nouveaux problèmes d’identité, de
La lutte de nombreux groupes de femmes
nouvelles situations, de nouveaux défis. Tout
justifie l’existence de théologies féministes et
ceci fait partie de la condition humaine et de
leur pertinence, même si elle est
la vie en société qui nous invite chaque jour
actuellement minoritaire.
à tenter de nous comprendre à nouveau et,
dans cette compréhension, à ajuster notre
langage, nos sentiments, nos positions
Comment évaluez-vous les avancées des
politiques et nos lois sociales.
discussions
touchant
au
genre,
considérant que les premiers débats
traitaient tout spécialement des femmes
mais que, ensuite, on a avancé vers la
défense des droits LGBT6 on parle aussi
de transgenre et même, récemment, de
troisième genre ? D’ailleurs, l’Allemagne
a créé une catégorie nommée troisième
genre pour que les parents puissent
déclarer
leurs
enfants
comme
« masculin »,
« féminin »
ou
« indéterminé ». Vers où nous conduit
cette discussion ?
Ce n’est pas le lieu ici d’expliquer comment
le concept de genre est devenu un
instrument d’analyse du féminisme. C’est
une longue histoire. De manière générale,
lorsqu’on parlait de genre on pensait à peine
à deux genres : le masculin et le féminin. Les
autres expériences humaines comme celles
des bisexuels, transgenres et indéterminés
n’apparaissaient pas. Certains médecins
européens et nord-américains étaient
6
Le féminisme a-t-il encore quelque
chose à dire aujourd’hui ?
Au vu de ce que j’ai exposé ci-dessus, ma
réponse est affirmative, même s’il faut
convenir que la forme et les défis du
féminisme sont différents aujourd’hui.
Souvent les luttes féministes n’apparaissent
pas liées à la tradition première du
féminisme. Je pense surtout aux nouvelles
générations de femmes qui luttent pour leurs
droits. Nous assistons, par exemple, à la
réaction de femmes aux viols en série
commis par le fameux médecin de São
Paulo, maintenant en prison. Celles qui l’ont
dénoncé, en réalité, ne se disaient pas
féministes, mais elles avaient conscience de
la dignité de leurs vies de femmes. Dans de
nombreuses universités, des groupes en sont
venus à dénoncer le viol, considéré
auparavant comme une chose ordinaire et
qui demeurait impuni. Aujourd’hui, dans
différentes universités, les femmes sont plus
Mis pour Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres
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Du levain pour Demain
Numéro 31
Bulletin des sympathisants
lucides et se manifestent ouvertement pour
pourrait apporter une certaine contribution à
dénoncer les agresseurs.
l’église. Avec cette position, le pape a créé
une certaine confusion des informations,
surtout lorsqu’il affirme la nécessité de
Aujourd’hui
également,
les
ONG,
repenser la présence de la femme dans
universités, gouvernements et églises ont
l’Église, sa vocation et d’autres choses du
largement dénoncés la traite des femmes et
même style, ce qui est davantage une
l’exploitation de fillettes par des groupes
rhétorique que des prises de position
nationaux et internationaux. Ceci n’est pas
concrètes qui révéleraient des changements
qualifié de féminisme, mais en réalité il y a
significatifs. Il est clair que la tradition
un lien avec les luttes féministes du passé et
patriarcale omniprésente et l’appareil
du présent qui ont aidé à la prise de
bureaucratique du Vatican comme des
conscience de divers problèmes et affirmé la
églises locales ne facilitent pas les
dignité des femmes. Les conquêtes du
changements institutionnels en faveur des
féminisme sont quotidiennes et se
femmes. Mais, malgré les lourdeurs, elles
manifestent dans les politiques publiques en
avancent, affirmant leur liberté d’exister et
faveur des femmes, qui sont le fruit des
d’exprimer leurs besoins et leurs rêves. ■
luttes des femmes, et aussi dans les mille et
une actions dans lesquelles le respect dû aux
femmes est garanti.
De manière générale, comment évaluezvous le pontificat de François ? Y-a-t-il
un espace pour la théologie féministe
dans ce pontificat ?
De manière générale et assez rapide, on peut
dire que les féminismes et les théologies
féministes existantes n’ont jamais fait l’objet
de l’attention du pape François ni des autres.
Il est clair que mon jugement s’appuie sur
ses prises de positions publiques. Il est
surprenant qu’il n’ait jamais fait allusion au
mouvement féministe qui, en Argentine, a eu
et a encore une des expressions les plus
significatives d’Amérique latine. De la même
manière il ne mentionne pas l’existence de
théologiennes féministes ni en Amérique
latine, ni dans d’autres continents, alors que
nous savons combien elles ont écrit,
enseigné et ont été persécutées par l’Eglise
Catholique aux 20e et 21e siècles.
Je ne pense pas que ce silence provienne
d’une véritable ignorance des faits, mais
plutôt d’une position politico-ecclésiastique.
Ne pas parler de quelqu’un ou d’un
mouvement mondial jusqu’à essayer de
l’ignorer, c’est ne pas permettre qu’il
apparaisse dans sa force historique, c’est ne
pas lui donner d’importance et ne pas le
considérer comme quelque chose qui
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Bilan moral de l’année 2015
N
ous voici réunis rue Lemercier à
l’occasion
de
l’Assemblée
Générale de l’Association « Du
Levain pour Demain » fondée en novembre
2009 avec pour mission d’accompagner les
sœurs Auxiliaires du Sacerdoce au Brésil.
C’est la sixième AG que nous vivons,
l’occasion de faire le bilan de l’année écoulée
mais aussi d’évoquer l’avenir. Je vous
remercie d’avoir pu vous libérer à cette
occasion.
Vous excuserez l’absence des membres du
bureau qui n’ont pu venir du fait de leur
éloignement : les sœurs Cécile et Vilma qui
demeurent au Brésil, Stéphane Latarjet et
Evelyne Bénévent respectivement de Lyon et
Rennes, Camille De la Guillonière retenu par
son travail. Représentent le bureau
aujourd’hui les sœurs Catherine Roth et
Anne-Lise Sieffert, Aparecida Gourevitch,
ainsi que celui qui vous parle.
Ce bilan est, comme à l’accoutumée,
composé de deux volets : le premier que
j’intitulerai « regard sur l’année écoulée »
et le second « perspectives pour demain ».
Regard sur l'année écoulée
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Du levain pour Demain
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Bulletin des sympathisants
(Indiens, distribution des terres, disparité
Tournons nos regards vers le Brésil. La
entre riches et pauvres) ne progresse guère
communauté des Auxiliaires comprend
et la situation politique et économique du
actuellement dix sœurs, cinq brésiliennes et
pays s'est dégradée. La classe politique joue
cinq françaises. La parité est exacte. En
un jeu dangereux en utilisant la corruption,
2015, les sœurs ont décidé de fermer la
non pour assainir l'atmosphère et améliorer
communauté de Tijuquinha, faute de monde.
son comportement, mais pour déstabiliser
Actuellement, elles se recentrent sur Valença
l’adversaire. Marcus, journaliste brésilien qui
et Salvador. Font partie de la communauté
collabore au bulletin à analysé cette situation
de Valença: Hélène, Marie-Laure, Lene, Rose
dans un article intitulé « le passé présent dans le
et Vilma. Font partie de la communauté de
futur du Brésil » qui montre comment il est
Salvador: Cécile, Dilma, Marie-Jô, Jaci et
facile de se laisser abuser par les médias et
7
Anne. Jaci a passé l'ENEM , examen
sur lequel je pense inutile de revenir.
d'évaluation des connaissances qui est
Il semble néanmoins qu’une nouvelle
également un concours permettant aux
conscience soit en train de naître. Dans les
mieux classés d'entrer à l'Université Publique
favelas cariocas par exemple ; les étudiants
et d'obtenir une bourse. Il y a actuellement
sont nombreux alors qu’ils se comptaient sur
trois sœurs étudiantes: Rose qui continue ses
les doigts de la main il y a vingt ans. Grâce à
études d'infirmière à Valença, Jaci qui
eux, se sont multipliées les actions liées à des
commence ses études de théologie à la
ONG, mais surgissent aussi des groupes de
faculté catholique de Salvador et Anne
théâtre populaire, de culture noire, de
Genolini qui tout en étant rattachée à
femmes
et
divers
micro-projets
Salvador fait en 2016 un master de théologie
économiques.
De
nouveaux
savoirs
à l'université jésuite de Recife. Lene a
organisationnels, sont apparus, qui prennent
prononcé ses vœux définitifs et appartient
forme dans des occupations collectives
désormais à la communauté de Valença.
associées à l’affirmation de la dignité – on en
Vilma tout en étant rattachée à cette même
entendra sûrement à nouveau parler.
communauté de Valença a demandé à vivre
séparément de la communauté pour une
période probatoire d'un an.
Le 16novembre 2015, était fêté le
Le départ des sœurs de Tijuquinha est
cinquantième anniversaire du pacte des
regretté par la population du quartier et une
Catacombes qui fut un événement fondateur
forme de suivi ou d'affiliation- je ne sais
pour les évêques d'Amérique latine en
comment dire- devrait se poursuivre entre
général et brésiliens en particulier. Suite à
les sœurs de Salvador et les habitants de ce
une messe célébrée dans la catacombe
quartier populaire d'Aracaju.
Domitilla, dans le cadre du concile VaticanII,
quarante évêques dont plusieurs brésiliens
Les sœurs fêteront leur 90ème anniversaire
s'engageaient à mener une vie de pauvreté au
de leur fondation le 23 octobre 2016 à
service d'une “Église servante et pauvre” en
Paray-le-Monial.
Peut-être
le
livre
rejetant tous signes de pouvoir et en mettant
concernant l'histoire brésilienne des
le pauvre au cœur de leur ministère pastoral.
Auxiliaires sur lequel travaille actuellement
Nous ne pouvons que nous féliciter de voir
Marie-Emmanuel Crahay et dont je vous
que le pape François incite à retourner vers
parlais l'année dernière sera-t-il disponible
les périphéries en retrouvant les accents
pour l'occasion ?
prophétiques
du
concile
que
ses
prédécesseurs avaient abandonnés.
Parlons quelques instants du Brésil qui en ce
début 2016 ne se porte pas au mieux. La
Du côté de l'association, l'année fut calme.
résolution des grands enjeux de société
Peut-être dois-je mentionner la journée de
formation du 13 juin 2016 organisée par
l'IRSI et à laquelle j'ai participé en
7 Examen National de L’Enseignement Secondaire
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Du levain pour Demain
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Bulletin des sympathisants
compagnie d'Anne-Lise. Cette journée
se pose aussi des questions que d'écouter un
animée par Elena Lasida professeure à
chrétien convaincu lui parler de ses
l'Université Catholique de Paris avait pour
certitudes. D'ailleurs la foi ne repose pas sur
objet d'aider les congrégations et leurs
des certitudes, plutôt sur des convictions qui
associations à mieux vivre leur partenariat.
ne sont pas inébranlables et une relation de
Cette journée intéressante n'a pas permis de
confiance avec le Dieu vivant qui parfois se
dégager des axes d'intérêt immédiat pour
fait silence.
notre Association simplement par le fait que
J'aime à voir, dans la samaritaine de
les sœurs n'ont pas d’œuvres au Brésil qui
l’Evangile, une image des Auxiliaires. Après
permettraient à du Levain pour Demain de
avoir longuement dialogué avec Jésus au
coopérer concrètement.
puits de Jacob, elle court au village pour
témoigner : « Venez voir un homme qui m'a dit
Courant 2015, Du Levain pour Demain a
tout ce que j'ai fait ; ne serait-ce pas le Christ ?
lancé une enquête sur l’intérêt que
Cette femme ne met pas sa personne en
représentait l’association pour tous : sœurs
avant mais celle du Christ. En s'interrogeant
auxiliaires et laïcs. Vous avez été cinq à y
au lieu d'affirmer « Ne serait-ce pas le Christ ? »
répondre et avons publié les résultats de
elle laisse à l'autre la liberté de croire ou de
l'enquête dans le bulletin.
ne pas croire. Le témoignage est une parole
qui fait son chemin indépendamment de
Pour ma part, j'ai accompagné Mariecelui ou celle qui l’a prononcée.
Emmanuel Crahay dans la rédaction du livre
Anne-Lise vous donnera le bilan financier de
sur l'épopée des Auxiliaires au Brésil qui
l'année 2015. Je profite de mon temps de
devrait être publié-comme je l'espère- par les
parole pour remercier tous les donateurs.
Editions Karthala à l'occasion du 90ème
anniversaire de la congrégation.
Quel avenir pour l'association et le
partenariat laïcs- religieux ?
Il faut se féliciter du concours régulier
apporté à notre bulletin par deux
C'est une question que je porte
journalistes : Ivânia Vieira et Marcus. La
régulièrement devant l'Assemblée Générale
première qui est une militante engagée
répétant au fil des ans que l'Association est
auprès de la cause des indiens et des femmes
un outil et une aventure pour le futur si on
indigènes nous fait partager ses combats, le
sait en tirer profit. Les résultats de l'enquête
deuxième nous donne une note politique sur
lancée en 2015 et à laquelle bien peu ont
la situation brésilienne dans chaque bulletin.
répondu nous incitent à persévérer au côté
des Auxiliaires. Je crois toujours à
Quel influence dix auxiliaires avec des
l'élargissement d'un réseau qui peut se
insertions diverses dans la société brésilienne
développer de façon inattendue. On peut
peuvent-elles avoir sur leur entourage ? Je
affirmer sans crainte de se tromper qu'Ivânia
crois qu'elles agissent par la vertu du
Vieira la journaliste qui collabore
témoignage qui revêt trois formes : par les
régulièrement à notre bulletin, et les jeunes
actes, par les paroles et par la manière
qui témoignent dans le bulletin font partie
d'être. La manière d'être a un effet de
du réseau. Le bulletin est la caisse de
contagion : la joie et la confiance sont des
résonance du témoignage de la vie des sœurs
dispositions
intérieures
qui
se
au Brésil même si je crois qu'il nous faut aller
communiquent souvent mieux que des mots.
plus loin que le témoignage et proposer des
A chaque fois que les sœurs posent un acte
articles de fond donnant à comprendre les
en cohérence avec l’Évangile, elles le font
enjeux de la présence des sœurs au Brésil et
avancer dans le monde qui l'entoure. Pour
les grandes questions qui agitent la société.
moi du reste, le témoignage n'exclut pas
C'est pour cette raison qu'au fil des bulletins,
l'expression du doute car il importe plus à un
nous vous parlons des Sans-Terre, des
non-croyant de savoir qu'une autre personne
Femmes, des Indiens et j'en oublie
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Bulletin des sympathisants
brésilienne avant de tenter d'y
beaucoup. La chance d’avoir dans notre
apporter des réponses ?
réseau une journaliste de l’Etat d’Amazonie,
nous autorise à vous parler avec justesse de
Ces questions sont bien évidemment
la cause des femmes et des indigènes mais je
toujours actuelles. J’ai déjà eu l’occasion de
caresse l'espoir de pouvoir évoquer un jour
dire que j’ai connu les sœurs pionnières au
et avec une égale pertinence les grandes
Brésil avant même de savoir qu’elles
questions qui agitent le nordeste brésilien et
s’appelaient Auxiliaires du Sacerdoce. Deux
en particulier l’État de la Bahia dans lequel
d’entre elles m’ont profondément marqué :
vivent les sœurs.
Elisabeth Moreaux et Thérèse Dreyer. Ces
femmes ont souvent vécu seules mais n’ont
Avec la sœur Marie-Emmanuel, nous
jamais été isolées. Elles étaient de fait au
rencontrons plusieurs fois l’an René
milieu d’une grande communauté dont j’ai
Dumont responsable de collection aux
eu la chance de faire partie. Elles irradiaient
Editions Karthala qui devraient éditer le
et je suis en recherche, à travers notre
livre relatant l’épopée des sœurs au Brésil.
association, de cette communauté de
Cet homme est un prêtre oratorien qui a un
communion. La dernière fois que j’ai
sens aiguisé du rapport de l’Eglise au monde.
rencontré Elisabeth à Rio de Janeiro, ce fut
Il a d’emblée posé les questions suivantespar hasard. Nous avions pris le même bus
que je fais miennes- à Marie-Emmanuelle
qui revenait du centre vers Copacabana. Elle
qui devrait apporter des réponses dans le
évoquait son travail de conscientisation
livre qu’elle rédige actuellement :
auprès des employés de maison de Nova
• Que sont les Auxiliaires dans
Iguaçu. En voyant cette femme déjà âgée, si
l’Histoire de l’Eglise ?
frêle, dans un bus brinqueballant qui roulait
• Comment les pionnières (c'est-à-dire
à toute vitesse vers Copacabana, je me suis
les premières sœurs parties au
posé la question que l’évangéliste a mis dans
Brésil), mises en situation hors
la bouche de la Samaritaine : « Cette femme
norme, ont-elles été gérées par la
n’est-elle pas le Christ ? »
congrégation ?
• Quelle est actuellement la dynamique
Je vous remercie de votre attention. ■
des Auxiliaires au Brésil sachant
qu'elles se regroupent en petites
Gérard Aleton
communautés ? Pour quoi faire ?
Pour quel témoignage ?
Bilan financier8 de l’année
• Comment sont accueillies les
Auxiliaires qui retournent en France
2015
sachant
qu'elles
reviennent
différentes :
marginalisées
ou
u Levain pour Demain », contribue
accueillies ?
à permettre à nos sœurs du Brésil
• Comment les Auxiliaires réussissentd’acquérir une formation solide,
elles à résoudre la difficile équation
dans le domaine professionnel, dans la vie
entre l'enfouissement, la dynamique
ecclésiale et sociale, pour être aujourd’hui et
intérieure et la présence au monde ?
demain des « levains » dans la « pâte » de la
• Comment gèrent-elles la rupture
société et de l’Eglise brésiliennes.
culturelle (aussi vrai pour le Brésil
que pour l'Europe) ?
Vous avez dit « formation » ?
• Comment les Auxiliaires voient-elles
Je vous propose, avant de passer à la phase
le futur alors que la dimension
rébarbative des chiffres, de laisser chanter en
institutionnelle ne peut que se
déliter ?
8 Compte rendu partiel. Le compte rendu complet est
• Comment écoutent-elles la société
distribué aux adhérents.
D
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Bulletin des sympathisants
nous ce mot. Sachant que nos sœurs du
« Qui mérite le nom de sage ? Celui qui trouve
Brésil n’hésitent pas à étudier, à travailler dur
quelque chose à apprendre de chaque homme »
pour passer des concours… Mais aussi en
Mishna
sachant que ce désir n’est pas nouveau dans
« Se demander sérieusement tous les soirs ce que le
le cœur des hommes, pas réservé aux
jour nous a fait apprendre de neuf » Georg
Brésiliens et qu’il traverse les temps et les
Christoph Lichtenberg
continents, de Confucius à François de
Mais revenons au Brésil
Closets.
Apprendre. Pourquoi ?
« Investir dans la formation, c’est conjuguer au
présent mais aussi au futur, le souci des hommes et le
souci des résultats » Philippe Bloch
« Il faut apprendre pour connaître, connaître pour
comprendre, comprendre pour juger » Narada
« Tout apprendre, non pas pour l’afficher, mais pour
s’en servir » Georg Christoph Lichtenberg
Apprendre. A quelles conditions ?
« Qui n’éprouve pas de joie quand il apprend, ne
doit pas être enseigné » Pascal Quignard
« Celui qui aime à apprendre est bien près du
savoir » Confucius
Apprendre. Quelle pédagogie ?
« Il n’est pas de bonne pédagogie qui ne commence
par éveiller le désir d’apprendre » François de
Closets
« Un professeur qui essaye d’enseigner sans inspirer
à ses élèves le désir d’apprendre, frappe sur des têtes
dures » Horace Mann
« On ne peut rien apprendre aux gens. On peut
seulement les aider à découvrir qu’ils possèdent déjà
en eux tout ce qui est à apprendre » Galilée
Apprendre. Des obstacles ?
« C’est ce que nous pensons déjà connaître qui nous
empêche souvent d’apprendre » Claude Bernard
Que deviennent nos sœurs ? :
A Aracaju :
Rose a continué ses études d’infirmière.
Jaci a suivi tout au long de l’année un cours
pour se préparer à l’ENEM (Examen
National d’ Enseignement Moyen). Créé par
le gouvernement brésilien en 1998, cet
examen permet aux étudiants d’évaluer leur
niveau d’études et constitue une des formes
les plus démocratiques d’accéder à
l’enseignement supérieur grâce à l’obtention
de bourses selon la note reçue. Jaci a eu une
note dont elle est plutôt contente, mais qui
ne servira pas pour l’institut catholique de
Salvador Elle a également passé l’examen
d’entrée à la faculté Catholique pour son
cours de théologie et a déjà payé la première
mensualité pour l’année 2016). Nous avons
demandé une aide au recteur, mais n’avons
pas encore de réponse.
Elle a également suivi un cours gratuit
professionnalisant en administration (par le
SENAI ou SENAC (Serviço Nacional de
Aprendizagem Industrial ou Serviço
Nacional de Aprendizagem Commercial)
A Valença
Apprendre. A quel âge ?
« On se lasse de tout, excepté d’apprendre » Virgile
« On commence à vieillir quand on finit
d’apprendre » Proverbe japonais
« Celui qui déclare être trop vieux pour apprendre,
l’a probablement toujours été » Haskins
Apprendre. Quoi ? Comment ?
« Il faut toute une vie pour apprendre à vivre »
Sénèque
9/02/2016
Lene s’est inscrite à un concours pour être
professeur dans l’enseignement public.
Concours qui n’a pas encore eu lieu, reporté
sans doute en février.
Vilma, assistante sociale, a suivi une
formation de spécialisation destinée aux
assistantes sociales, psychologues et autres
professionnels qui souhaitent s’orienter dans
le domaine du SUS (Système Unique de
Santé) et SUAS (Système Unique
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Du levain pour Demain
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Bulletin des sympathisants
d’Assistance Sociale). Formation qui s’est
déroulée sous la forme d’un WE par mois à
Vitoria da Conquista (ville distante de 350
kms de Valença). Elle s’est inscrite
également à un concours pour entrer dans la
fonction publique. Concours également
reporté en février.
Marie Laure a dû suivre un cours pour
actualiser son code de la route et pouvoir
renouveler son permis de conduire.
A Salvador,
Anne a suivi un cours de portugais à la
faculté fédérale de la Bahia.
Dilma prend des cours de conduite.
Ces formations ont un coût, bien sûr ! (en
réais) :
Coût des études au
Brésil
REAIS
Aracaju - Rose
5 523,10
Aracaju - Jaci
2 472,65
Salvador - Anne
450,00
Salvador - Dilma
784,00
Valença - Vilma
2 780,20
Valença - Lene
100,00
Valença - Marie Laure
450,00
TOTAL
12 559,95
7 995,75
1 234,00
3 330,20
12 559,95
■
Le compte rendu financier intégral est
distribué
aux
seuls
membres
de
l’Association.
Anne-Lise Sieffert A.S.
Compte rendu de
l’Assemblée Générale
S
uite aux rapports moral et financier,
Hélène De Guibert, de la communauté
de Valença et de passage en France, a
commenté un diaporama destiné à expliquer
la vie des sœurs et à montrer leurs actions
dans les deux communautés de Valença et
de Salvador.
9/02/2016
Gérard Aleton et Catherine Roth du
bureau
Par la suite une discussion s’est engagée avec
les participants sur les points suivants :
infirmière- Malgré la situation difficile que
VENEM
traverse actuellement le Brésil, il
portugais
faudrait également insister dans le
Permis
bulletin sur les aspects positifs de la
spécialisation société brésilienne.
concours - Le souhait a été émis que les
conduite
bulletins donnent plus d’éléments
concrets sur la vie des sœurs et les
conséquences de leurs actions dans
les quartiers.
- Les interviews de jeunes brésiliens
publiés dans les bulletins précédents
furent appréciées.
- Jaci jeune professe brésilienne de la
communauté de Salvador, a fait lire
une note dans laquelle elle se dit
prête à écrire dans le bulletin dans la
mesure où les sujets seraient notifiés
à l’avance. Pendant l’année jubilaire,
elle a également souhaité que le
bulletin introduise la fondatrice et
l’évolution de la congrégation.
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Du levain pour Demain
Numéro 31
Bulletin des sympathisants
La progression de l’écriture du livre
passado e o começo deste ano, pautam
alguns dos eixos das lutas das mulheres
par Marie-Emmanuel Crahay a été
amazônicas para esse período.
traitée dans le bilan moral en
“Compreender as formas e o alcance da
énonçant l’idée que celui-ci devrait
colonização em nossas vidas é uma tarefa
évoquer quelques-unes des grandes
árdua e de longa estrada. Por isso, queremos
questions fondamentales concernant
esse ver esse assunto em debate na cidade de
l’envoi et la présence des Auxiliaires
Manaus”, afirma Francy Guedes, da Marcha
Mundial de Mulheres no Amazonas e uma
au Brésil. Réponse a été faite par les
das coordenadoras do Fórum de Mulheres
participants que le récit, conçu
Afro-ameríndias
e Caribenhas (FMAAC). É
comme l’histoire des Auxiliaires du
sobre a descolonização que as participantes
Sacerdoce au Brésil, répondait ipso
do fórum estão realizando uma série de
facto à cette interrogation en
reuniões preparatórias para o 5º Encontro,
donnant à comprendre leur vie.
em 25 de julho, em Manaus, capital do
Les votes
Amazonas,
com
participação
de
Les rapports moral et financier sont votés à
representantes de estados amazônicos e de
l’unanimité des participants.
países da Pan-Amazônia. “Descolonizar para
La sœur Vilma Marinho a souhaité se retirer
construir o Norte Afro-ameríndio e
du bureau. Par contre Elenilda de Souza do
Caribenho” é o tema do 5º Encontro do
Vale accepte d’y entrer.
FMAAC.
L’Assemblée a voté la composition suivante
Neste mês de fevereiro, indígenas se
du bureau pour l’année 2016 :
reunirão em um encontro, em Manaus, para
- Président : Gérard Aleton
definir as ações públicas de enfrentamento
ao racismo e ao preconceito contra os povos
- Vice-présidente :Aparecida
indígenas e a violência às mulheres
Gourevitch
indígenas. O encontro é um dos resultados
- Secrétaire : Cécile Biraud
da campanha lançada no ano passado pelo
- Secrétaire adjointe : Catherine Roth
Fórum de Educação Escolar Indígena do
- Trésorière : Anne-Lise Sieffert
Amazonas e a União de Mulheres Indígenas
Membres :
da Amazônia Brasileira. A mobilização segue
- Elenilda de Souza do Vale
em duas direções, uma chamar a atenção da
- Evelyne Bénévent
sociedade para tais questões e, outra,
envolver os professores indígenas em ações
- Camille de la Guillonnière
concretas na sala de aula de combate ao
Stéphane Latarjet■
racismo, ao preconceito e á violência.
Nos dois casos, atua a cultura colonizadoraMulheres organizam atos
colonizante entranhada nas instituições,
inclusive naquelas destinadas à formação,
para descolonizar
como as escolas. O discurso da mídia
enquadra-se nesse ambiente atuando como
ulheres negras e indígenas do
reforço a um imaginário de naturalização do
Amazonas, na Região Norte do
processo colonizador e das condutas
Brasil, planejam fazer deste 2016
coloniais. Reagir diante da naturalização de
um espaço de discussões e de várias
um processo de massacre cotidiano de
manifestações em torno dos temas racismo
pessoas e de silenciamento das culturas dos
e descolonização na Amazônia.
povos é, na opinião de Guedes, se dispor a
Os temas, decididos em vários encontros de
estudar, perceber, compreender e agir sobre
coletivos de representação de mulheres afroos mecanismos da colonização. “Estaremos
ameríndias e caribenhas e do movimento
na ruas denunciando essa condição que é
indígena realizados entre o final do ano
-
M
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Bulletin des sympathisants
forte no Amazonas”, promete Francy
Ivânia Vieira- jornalista
Guedes.
Descolonizar currículos
Ministra das Mulheres, da Igualdade Racial e
dos Direitos Humanos do Governo
brasileiro, a pedagoga Nilma Lino Gomes,
em artigo publicado em 2012, defende a
descolonização dos currículos quanto as
relações étnico-raciais e a educação: “a
descolonização do currículo implica conflito,
confronto, negociações e produz algo novo.
Ela se insere em outros processos de
descolonização maiores e mais profundos,
ou seja, do poder e do saber”.
Para Nilma Gomes, compreender a
naturalização das diferenças culturais entre
grupos humanos por meio de sua
codificação com a ideia de raça; entender a
distorcida relocalização das diferenças, de
modo que tudo aquilo que é não-europeu é
percebido como passado e compreender a
ressignificação e politização do conceito de
raça social no contexto brasileiro são
operações necessárias a um processo de
ruptura epistemológica e cultural na
educação brasileira”.
Colocar o tema na ordem do dia dos
movimentos, como quer fazer o Fórum de
Mulheres Afro-ameríndias e Caribenhas e a
organizações parceiras do fórum é “é um
gesto concreto para animar cada área a
pensar sobre a vigência colonial em nossas
vidas manifestando-se em vários espaços e
nas condutas”, observa Francy Guedes.
Desconferência
As reuniões preparatórias do 5º Encontro
Afro-ameríndio e Caribenho para um
encontro que está sendo chamado de
desconferência, com rodas de conversas,
atividades culturais e empodeiramento
identitário. “Trabalhamos na perspectiva de
realizar um 5º Encontro onde a participação
seja mais efetiva e mais plural. Estamos
animadas para nos contrapormos a modelos
eurocêntricos dessas reuniões”, conta
Elizângela Almeida, do Fórum Afroameríndio. ■
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A presença da mulher na
Igreja: retórica sem
mudanças significativas.
Entrevista especial com Ivone Gebara
“As conquistas do feminismo são cotidianas e se
manifestam em políticas públicas em favor das
mulheres, políticas fruto de suas próprias lutas e em
mil e uma atividades nas quais o respeito àsmulheres
é garantido”, diz a teóloga.
A teologia feminista adotada por Ivone Gebara
parte da aproximação “das dores e das perguntas
das pessoas sem ter uma resposta arrumada e
doutrinária” e “das situações reais onde as pessoas se
encontram”. É assim que a teóloga católica, da
ordem das irmãs de Nossa Senhora – Cônegas de
Santo Agostinho, narra, na entrevista a seguir, sua
aproximação com o feminismo e como foi “levada a
perceber” o quanto sua “maneira de fazer teologia
não incluía os sofrimentos e sonhos das mulheres”.
Por conta disso, foi necessário pensar uma teologia
feminista.
Para Ivone, “há uma grande diferença entre o
fazer teológico feminista e o fazer teológico
tradicional afirmado como atual teologia oficial da
Igreja”. Segundo ela, apesar de a “afirmação
comum”, “Deus é Deus”, refletir “o pensamento
de muita gente”, há “múltiplas significações da
palavra Deus”. Ela explica: “Mesmo quando
dizemos só há um Deus, essa afirmação é vivida de
maneiras diferentes. Nas diferentes tradições cristãs e
na vida das pessoas ordinárias, a palavra Deus,
embora todos a utilizem, não significa a mesma coisa
para todo mundo porque cada pessoa vivencia esse
Mistério Maior à sua maneira. Nesse sentido se
pode dizer que cada um faz a sua teologia embora
pertençamos a uma mesma Igreja. Todos nós
queremos viver o amor, mas cada um o vive à sua
maneira ou segundo a sua história e interpretação”.
Do mesmo modo, a teóloga católica aponta uma
distinção entre a teologia feminista e a teologia oficial
da Igreja. “A teologia feminista nasceu da
constatação da cumplicidade de certo cristianismo
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Bulletin des sympathisants
com a opressão e dominação das mulheres inclusive
Instituto de Teologia do Recife - ITER, até sua
no interior da Igreja. (...) Por isso, o Deus das
dissolução, decretada pelo Vaticano, em 1989.
mulheres feministas que buscam libertar-se de muitas
formas de opressão histórica não tem a mesma
Confira a entrevista.
imagem legalista e controladora de outras teologias”,
explica.
HU On-Line - Como iniciou sua
I
Na entrevista a seguir, concedida à IHU OnLine por e-mail, a teóloga também comenta a
situação das irmãs religiosas norte-americanas que
constituem a LCWR (Conference of Women
Religious), e que estão sendo avaliadas pelo
Vaticano. Para ela, “a situação das religiosas norteamericanas é um exemplo de conflito atual entre
uma parte da hierarquia católica e mulheres
inteligentes, com excelente formação e atuação em
diferentes meios sociais”.
trajetória na Igreja e em que momento
passou a ter interesse pelas ideias
feministas e a defender uma postura
feminista na Igreja?
Ivone Gebara - Não é a primeira vez que
me fazem esta pergunta. Provavelmente por
uma parte vou me repetir na resposta, mas
por outra parte, cada resposta é uma
resposta dada em um tempo diferente
Na mesma linha, ela assegura que “as teologias
feministas existentes nunca foram foco de interesse do
papa Francisco e nem de outros”. Nesse sentido,
menciona, o fato de o papa Francisco não aludir “ao
movimento feminista que na Argentina teve e tem
uma das expressões mais significativas da América
Latina” é visto com estranheza.
“Nessa postura, o papa criou certa confusão nas
informações, sobretudo quando afirma a necessidade
de repensar a presença da mulher na Igreja, sua
vocação e coisas nesse estilo, que é mais retórica do
que posturas que revelem mudanças significativas. É
claro que a tradição patriarcal onipresente e a
máquina burocrática do Vaticano assim como das
Igrejas locais não facilitam mudanças institucionais
para as mulheres. Mas elas caminham apesar dos
pesares, afirmando sua liberdade de existir e
expressar suas necessidades e seus sonhos”, conclui.
Ivone Gebara será condecorada com o título de
Doutora Honoris Causa das Faculdades EST por
sua contribuição com o debate e a formação teológica
no contexto brasileiro e latino-americano, durante o
II Congresso Internacional da Faculdades EST, que
ocorre entre os dias 8 e 12 de setembro. A outorga
do título será no dia 10 de setembro, quarta-feira, às
19h, em São Leopoldo, RS.
Ivone Gebara é doutora em Filosofia pela
Universidade Católica de São Paulo e em Ciências
Religiosas pela Université Catholique du Louvain,
na Bélgica. Ela lecionou durante 17 anos no
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.
Gosto de dizer que vários acontecimentos
contribuíram para que eu abraçasse o
feminismo. No final dos anos 1970, por
conta de um trabalho de formação
alternativa do qual fazia parte com outros
professores do Instituto de Teologia do
Recife, fui levada a perceber o quanto a
minha maneira de fazer teologia não incluía
os sofrimentos e sonhos das mulheres.
Dolorosamente, uma mulher me acordou
para o fato de que meus exemplos sempre se
referiam à vida de homens, e que mesmo
sendo eu mulher, desconhecia a vida real das
mulheres, sobretudo das pobres. Disse
‘dolorosamente’ porque eu estava habituada
a fazer análises de conjuntura e tive
dificuldade de aceitar o fato de que eu não
incluía de forma especial a vida das mulheres
operárias, camponesas, domésticas na minha
abordagem. Consegui entrar num processo
de conversão e abrir-me a um mundo que
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era meu, mas que eu não via ou não
sobre o estupro e o aborto? Em que sua
priorizava. Comecei a resgatar a minha
teologia modifica o pensamento misógino e
história pessoal, a das mulheres de minha
sexista da Igreja Católica? Confesso que na
família, das minhas colegas de trabalho e
hora me senti confusa e não sabia o que
perceber que meus instrumentos de análise
responder. Percebi imediatamente que mais
se fundavam em chaves masculinas, visto
uma vez a teologia que eu aprendera e que
que retratavam especialmente situações de
eu ensinava carecia de uma transformação
protagonismo masculino. Muitas vezes
radical, de uma revolução antropológica, de
também eram análises abstratas e teóricas.
outras referências. A teologia da libertação já
me ensinara muito. Mas um novo passo
Outro caminho foi a leitura de textos de
precisava ser dado.
teólogas da Europa Ocidental e dos Estados
Unidos. Fiquei impressionada com a
Desafios como esses foram crescendo ao
denúncia que faziam do mundo patriarcal e
longo de minha vida e me ensinando a
das violentas consequências sobre a vida das
aproximar-me das dores e das perguntas das
mulheres. Eu não usava a expressão “mundo
pessoas sem ter uma resposta arrumada e
patriarcal” e nem outras comuns ao
doutrinária. Esse é um método teológico que
feminismo da época. Pouco a pouco fui
chamo feminista, embora não exclusivo, pois
aprendendo uma nova linguagem que na
parte das situações reais onde as pessoas se
realidade era mais um novo instrumental de
encontram,consideram a pessoa como mais
análise para compreender a violência física e
importante do que a lei, a norma ou a
simbólica em relação às mulheres. Comecei a
doutrina. Somos convidadas a sentir a vida
sentir e a refletir sobre as diferenças, sobre o
antes de pensá-la. Somos convidadas a ouvir
público e o privado, sobre o uso das
sem dar respostas imediatas. Somos
representações de Deus, sobre o simbolismo
convidadas a buscar juntas saídas para as
nas religiões. Um mundo novo se
muitas situações difíceis e complexas da
descortinava.
vida.
Interação latino-americana
Nesse tempo outras mulheres da América
Latina também acordaram para o complexo
problema da opressão das mulheres nas
Igrejas, e pudemos nos organizar e participar
de encontros internacionais nos quais
partilhávamos percepções e ideias. Isto
alargou muito meus horizontes feministas.
Creio que um fato decisivo em minha vida
foi encontrar as ‘Católicas pelo Direito a
Decidir’ do Uruguai. Isto aconteceu no
início de 1980. A abordagem que faziam da
opressão sexual das mulheres e sua luta
contra a descriminalização e legalização do
aborto abriram mais uma janela em minha
reflexão.
Lembro-me de uma feminista leiga que me
perguntou uma vez: o que você como
teóloga tem a dizer sobre a violência sexual
vivida pelas mulheres? O que tem a dizer
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Esta metodologia baseada em nossas vidas
passa a ser crítica das posturas hierárquicas
preestabelecidas e por isso mesmo é
dificilmente aceita pela cúpula das igrejas. O
fato de afirmar a necessidade das mulheres
de escolherem e decidirem sua vida apesar
das limitações que nos constituem geraram
conflitos inevitáveis e isto até os dias de
hoje.
IHU On-Line - A senhora está
acompanhando a situação das irmãs
norte-americanas da LCWR, que estão
sendo avaliadas pelo Vaticano por conta
de não seguirem a doutrina da Igreja? Se
sim, como vê a atuação delas nos EUA?
Ivone Gebara - A situação das religiosas
norte-americanas é um exemplo de conflito
atual entre uma parte da hierarquia católica e
mulheres inteligentes, com excelente
formação e atuação em diferentes meios
sociais. São essas mulheres que constituem a
LCWR. A dificuldade da hierarquia católica
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é de aceitar a autodeterminação dessas
e não se trata de uma discussão de
mulheres religiosas que, na realidade, estão
gênero apesar de nos referirmos a Deus
conscientes de que não necessitam da
Pai?
aprovação de um sacerdote ou um bispo
para viver o amor e a justiça aos quais se
Ivone Gebara - Há uma grande diferença
sentem chamadas. Não necessitam pedir
entre o fazer teológico feminista e o fazer
permissão para ler, estudar, ajudar grupos e
teológico tradicional afirmado como atual
convidar pessoas para suas reuniões
teologia oficial da Igreja. A primeira coisa
conforme a vontade de um bispo. Elas
que quero comentar é a afirmação comum
ousaram assumir seu direito de serem
“Deus é Deus” presente na pergunta e que
cidadãs e são punidas por isso. Na Igreja
reflete o pensamento de muita gente. Chamo
Católica Romana as mulheres e em especial
a atenção para o fato das múltiplas
as religiosas não têm cidadania total. Tenho
significações da palavra Deus. Mesmo
acompanhado, na medida do possível, o
quando dizemos só há um Deus, essa
complexo processo que essas religiosas estão
afirmação é vivida de maneiras diferentes.
vivendo e elas têm todo o meu apoio.
Nas diferentes tradições cristãs e na vida das
pessoas ordinárias, a palavra Deus, embora
Impressiona-me o fato de que o Papa
todos a utilizem, não significa a mesma coisa
Francisco não tenha tomado uma posição
para todo mundo porque cada pessoa
mais aberta em relação a elas. Há dois anos,
vivencia esse Mistério Maior à sua maneira.
o Cardeal Müller as criticou e acusou de
Nesse sentido se pode dizer que cada um faz
a sua teologia, embora pertençamos a uma
promotoras de temas radicais de feminismo.
mesma Igreja. Todos nós queremos viver o
Essa acusação perdura até hoje, mesmo se
amor, mas cada um o vive à sua maneira ou
outras palavras são usadas. A cúpula
segundo a sua história e interpretação. Para
eclesiástica teme ser acusada de misoginia e
tomar exemplos dos Evangelhos, a teologia
se defende, mas seu comportamento é mais
de uma mulher que sofre de fluxo de sangue
do que misógino. Infelizmente eles se
não é a mesma daquela do fariseu que entra
apegam a um incrível biologismo ou à
no Templo e se afirma como justo. A
consideração da anatomia como destino.
teologia da Inquisição não é a mesma dos
Deduzem do fato de Jesus de Nazaré ser do
Direitos Humanos defendida hoje por tantas
sexo masculino argumentos em favor da
pessoas.
exclusão das mulheres. E nessa linha dão
mais importância à função sacerdotal da qual
Jesus não fez parte em detrimento de uma
Teologia tradicional x teologia feminista
compreensão mais ética do Cristianismo
onde dimensões inclusivas e múltiplas
Nessa linha quero distinguir a teologia
poderiam ser acentuadas. Jesus não pertencia
feminista da teologia oficial da Igreja. A
à elite sacerdotal de Israel. Ao contrário, a
teologia feminista nasceu da constatação da
criticou e tomou distância em relação a ela.
cumplicidade de certo cristianismo com a
Jesus levou uma vida de proximidade com
opressão e dominação das mulheres
homens, mulheres, crianças, judeus e
inclusive no interior da Igreja. Nasce da
estrangeiros. Com eles e elas viveu pregando
consciência de que as mulheres são apenas
formalmente “sujeitas de direitos”. Nasce da
através de sua vida o Reinado de Deus
constatação de que a opressão significa a
através de ações concretas capazes de
modificar a vida das pessoas. Isso lhe valeu
consideração da mulher como sendo criada
incompreensões, injúrias e a crucifixão.
subalterna ao homem e, mesmo quando se
fala em complementar se entende muitas
IHU On-Line - O que diferencia a
vezes subalterna. Não podemos nos
teologia feminista da teologia, ou que
esquecer do mito de Adão e Eva criada de
aspectos a teologia feminista agrega à
uma de suas costelas. Isto tudo leva à
formulação de interpretações e doutrinas
teologia, considerando que Deus é Deus
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que reforçam certos estereótipos que
os registros de nascimento eram afetados
entregam ao masculino o poder de decisão
por essa realidade inesperada. Por isso países
inclusive sobre nossas vidas.
como a Alemanha introduziram a opção
sexo “indefinido” para se dar o tempo
As teologias feministas todas nascidas das
necessário para uma provável decisão.
estruturas patriarcais que ainda continuam
muito presentes em nós tentam propor
Sem dúvida estamos avançando na questão à
mudanças pessoais e coletivas que possam
medida que descobrimos novos aspectos da
de fato incidir sobre o coletivo ou sobre a
complexa sexualidade humana que não pode
vida social. As mudanças são lentas, mas a
ser mais reduzida a um esquema binário: ‘ou
cada situação é preciso rever o que estamos
isso ou aquilo’. Mas, junto com os avanços
querendo. Por isso, o Deus das mulheres
surgem novos problemas de identidade,
feministas que buscam libertar-se de muitas
novas situações, novos desafios. Tudo isso
formas de opressão histórica não tem a
faz parte da condição humana e da vida em
mesma imagem legalista e controladora de
sociedade que nos convida cada dia a tentar
outras teologias. A própria luta de muitos
compreender-nos de novo. E nessa
grupos de mulheres justifica a existência das
compreensão ajustar nossa linguagem,
teologias feministas e sua pertinência mesmo
nossos sentimentos, nossas posturas
minoritária nos dias de hoje
políticas e leis sociais.
.
IHU On-Line - Como a senhora avalia
os avanços nas discussões de gênero,
considerando que os debates iniciais
tratavam especialmente das mulheres,
mas posteriormente avançou-se para a
defesa dos direitos LGBT, fala-se
também em transgênero e, inclusive,
mais recentemente, em terceiro gênero?
Aliás, a Alemanha criou uma categoria
chamada terceiro gênero para os pais
poderem registrar os filhos como
“masculino”,
“feminino”
ou
“indefinido”. Para onde essa discussão
está nos levando?
Ivone Gebara - Este não é o espaço para
explicar como o conceito gênero se tornou
um instrumento de análise do feminismo.
Há uma longa história. Em linhas gerais,
quando se falava de gênero se pensava na
existência de apenas dois gêneros: o
masculino e o feminino. As outras
experiências humanas como a dos
bissexuais, transgêneros e indefinidos não
apareciam. Alguns médicos europeus e
norte-americanos depararam com a realidade
dos bebês que nasciam com o sexo biológico
indefinido. Precisava-se esperar um bom
tempo até que os pais e mesmo a criança
decidissem de seu gênero através de cirurgias
ou outros tratamentos. As famílias e também
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IHU On-Line - O feminismo ainda tem
algo a dizer nos dias de hoje?
Ivone Gebara - Pelo que expus acima,
minha resposta é afirmativa, embora tenha
de convir que a forma e os desafios do
feminismo sejam diferentes nos tempos
atuais. Muitas vezes as lutas feministas não
aparecem ligadas à tradição primeira do
feminismo. Refiro-me, sobretudo, às novas
gerações de mulheres que lutam por seus
direitos. Assistimos, por exemplo, à reação
de mulheres ao estupro em série feito por
um famoso médico de São Paulo, agora
preso. As que o denunciaram, na realidade,
não se diziam feministas, mas
tinham consciência da dignidade de suas
vidas como mulheres. Em muitas
universidades, grupos vêm denunciando o
estupro, antes considerado como coisa
comum e que acabava sempre na
impunidade.
Hoje,
em
diferentes
universidades, as mulheres estão mais lúcidas
e mostram a cara para denunciar os
agressores.
Hoje, igualmente, o tráfico de mulheres e a
exploração das meninas por grupos
nacionais e internacionais têm tido um alerta
grande de ONGs, universidades, governos e
igrejas. Isto não é chamado de feminismo,
mas na realidade tem a ver com as lutas
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feministas do passado e do presente que
caminham apesar dos pesares, afirmando sua
ajudaram na conscientização de vários
liberdade de existir e expressar suas
problemas e afirmaram a dignidade das
necessidades e seus sonhos. ■
mulheres. As conquistas do feminismo são
Que celles et ceux qui reçoivent une version
cotidianas e se manifestam em políticas
papier du bulletin et qui possèdent une
públicas em favor das mulheres, políticas
adresse électronique, n’oublient pas de nous
fruto de suas próprias lutas e em mil e uma
la transmettre.
atividades nas quais o respeito às mulheres é
garantido
Faites part de vos remarques et suggestions à
.
Cécile Biraud et Catherine Roth.
IHU On-Line – Em linhas gerais, como
avalia o pontificado de Francisco? Há
espaço para a teologia feminista neste
pontificado?
Ivone Gebara - De uma maneira geral e
bastante rápida, pode-se dizer que os
feminismos e as teologias feministas
existentes nunca foram foco de interesse do
papa Francisco e nem de outros. É claro que
meu julgamento se apoia em suas posturas
públicas. É estranho que nunca aludisse ao
movimento feminista que na Argentina teve
e tem uma das expressões mais significativas
da América Latina. Da mesma forma não
menciona a existência de teólogas feministas
nem na América Latina, nem em outros
continentes, quando sabemos o quanto elas
escreveram, ensinaram e até foram
perseguidas pela Igreja Católica nos séculos
XX e XXI.
Não creio que esse silêncio seja real
desconhecimento dos fatos, mas sim uma
postura político-eclesiástica. Não falar de
alguém ou de um movimento mundial,
tentar até ignorá-lo é não permitir que ele
apareça na sua força histórica. É não dar-lhe
importância e não considerá-lo como algo
que poderia trazer alguma contribuição para
a Igreja. Nessa postura, o papa criou certa
confusão nas informações, sobretudo
quando afirma a necessidade de repensar a
presença da mulher na Igreja, sua vocação e
coisas nesse estilo, que é mais retórica do
que posturas que revelem mudanças
significativas. É claro que a tradição
patriarcal onipresente e a máquina
burocrática do Vaticano assim como das
Igrejas locais não facilitam mudanças
institucionais para as mulheres. Mas elas
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Les personnes à contacter :
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Elenilda De Souza do Vale:
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Catherine Roth: [email protected]
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Aparecida Gourevitch : [email protected]
Gérard Aleton :
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Camille de La Guillonnière :
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Stéphane Latarjet :[email protected]
Anne-Lise Sieffert, trésorière :
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57 rue Lemercier 75017 Paris
Le site des auxiliaires du Sacerdoce :
www.auxiliaires-du-sacerdoce.com/Vous y
trouverez une présentation des sœurs
auxiliaires du Sacerdoce, les lettres aux amis,
des propositions de réflexion et de prière.
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