Attaches gérômoises(définitif).doc p
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Vos attaches Géromoises Vous avez choisi de vous installer à Gérardmer sans savoir peut-être que de multiples liens vous y attachaient. Anne a dans ses ancêtres quatre familles, les unes originaires de Gérardmer, les autres liées de près à la ville: les LUC, les GARNIER, les GUTTON et les WEISS. Le premier LUC à s’installer à Gérardmer fut un certain Jean-Joseph LUC. Il était né en 1808 à Ortoncourt, village situé entre Rambervillers et Charmes. Son père était “cultivateur” ou “laboureur” c’est à dire qu’il cultivait ses propres terres. Jean-Joseph apprit le métier de tanneur comme Compagnon du Tour de France, et après avoir épousé en 1837 à Ortoncourt sa cousine germaine Anne-Marguerite COLIN, vint s’installer à Gérardmer. Il reprit probablement une tannerie existante, dans le centre de Gérardmer, celle des SAINT DIZIER. Il existe encore une photo de la maison LUC, malheureusement brûlée en 1944. Les LUC avaient plusieurs terrains au bord du lac, qu’on peut voir sur le cadastre. De ce mariage sont nés deux fils, Joseph en 1838 et Edouard en 1843. Ancienne maison Luc à Gérardmer Joseph apprit le métier de tanneur avec son père et travailla avec lui jusqu’en 1867, date à laquelle il quitta Gérardmer pour aller s’installer à Nancy avec l’intention de créer sa propre entreprise. En 1863, il avait épousé Mélanie GARNIER, de Gérardmer, où ils avaient eu leurs trois premiers enfants, Paul en 1864, Victor en 1866 et Jeanne en 1867. Edouard, lui, est mort à Nancy en novembre 1872 et les parents LUC respectivement en 1886 et 1891. Les LUC n’ont donc fait qu’un passage à Gérardmer, mais nous verrons par la suite que pour les enfants de Joseph, Paul, Victor et Jeanne, Gérardmer a été un havre familial dans leurs jeunes années. Les GARNIER, eux, étaient à Gérardmer depuis beaucoup plus longtemps : on retrouve l’acte de mariage de Joseph GARNIER et Mary VIRY à Gérardmer en 1719. Ils eurent un fils Joseph qui épousa Marie DEFRANOUX en 1745. C’est ce ménage qui fit construire en 1763 la maison située près du presbytère, échappée à la destruction de 1944, et que la famille de Georges GARNIER a récemment vendue à la commune de Gérardmer.(cf.la généalogie GARNIER compulsée par André PERSON) Parmi les descendants de ce ménage, trois générations plus tard, on trouve deux frères, Jean-Baptiste GARNIER, négociant, qui épouse Virginie THIEBAUT en 1832 et créera la maison de tissage GARNIER-THIEBAUT, encore en activité ! …. et Nicolas Philibert GARNIER qui épousera Elise MARION en 1842 et reprendra l’entreprise de boisselerie de son père sous le nom de GARNIER-MARION. On y fabriquait “des boîtes rondes en sapin pour confiseurs, des boîtes ovales de toutes dimensions pour jouets d’enfants, des boîtes d’emballage, des cuveaux et des seaux de toutes grandeurs et autres articles”.(cf. entête de facture de la maison GARNIER-MARION) Les RAGUET et CHABERT sont de la branche GARNIER-THIEBAUT et nous, de la branche GARNIER-MARION. En 1842, juste avant son mariage avec Elise MARION, Nicolas Philibert avait racheté les parts de sa mère, de ses soeurs et de son frère et acquis la maison familiale où il s’installa. Il l’avait, paraît-il, transformée en maison bourgeoise et remeublée en Louis-Philippe et Napoléon III. Les Géromois l’appelaient “la maison Philibert”. Il y éleva ses trois enfants, Mélanie née en 1843, Jules en 1848 et la petite dernière, Anna en 1861. La Maison familiale Garnier Revenons maintenant à l’époque de l’installation de Joseph et Mélanie LUC à Nancy en 1867. Les trois enfants sont très jeunes. Mélanie en attend un quatrième qui naît en février 1870, mais meurt très rapidement. Puis le 18 juillet, c’est la déclaration de guerre. Après la défaite, la France doit céder l’Alsace et une partie de la Lorraine à l’Allemagne. Ces naissances répétées, ces évènements dramatiques et si proches, et la mort à Froeschviller, le 6 août 1870, de son oncle Victor MARION, frère de sa mère, ont certainement agi sur le caractère impressionnable de Mélanie et quelques mois après une nouvelle naissance (le petit André est né en juillet 1871), elle doit quitter son foyer et aller se faire soigner à Meudon, à la maison de repos de Bellevue, dirigée par le Docteur Tartivel qui préconisait alors des cures d’hydrothérapie. Elle fera là-bas plusieurs longs séjours, et ses enfants seront alors accueillis dans le cocon familial de Gérardmer, Paul et Victor plutôt chez “papa et maman GARNIER” dans la “maison Philibert”, Jeanne et le bébé André chez “papa et maman Luc”. Mélanie gardant toutes ses lettres, j’ai pu suivre de près les évènements entre mai 1872 et novembre 1874, date de la mort de “maman GARNIER”, Elise MARION. Il y a plusieurs grandsoncles MARION à Gérardmer, des “nonons” comme disent les enfants; le jeune Paul parle d’eux dans ses lettres à sa mère : Benjamin et sa femme Alice, Charles, Auguste et surtout le militaire, Victor, qui semble avoir une affection toute particulière pour sa nièce Mélanie devenue citadine et à qui il écrit fidèlement, de Sidi bel Abbès, du Mexique, d’Alger... jusqu’à son rappel en France en 1870 avec son régiment du 1er Zouaves. Nonon Jules, frère de Mélanie, est aussi mentionné dans les lettres de Paul, ainsi que “tatan” qui doit être la jeune tante Anna qu’on a mise pensionnaire à Remiremont. En novembre 1872, les enfants semblent installés pour un temps à Gérardmer puisqu’ils y vont à l’école. A la fin des vacances 1873, Mélanie rentre à Nancy et reprend doucement une vie de famille, et puis il semble y avoir une rechute et à la rentrée 1874, les deux aînés, Paul et Victor, qui ont passé leurs vacances à Gérardmer, («quand il fait beau, nous allons Les Familles Garnier et Luc dans la serre. aux brimbelles ») entrent comme pensionnaires au collège Chaptal à Paris d’où ils écrivent souvent à leur mère, demandant d’aller la voir ou d’avoir sa visite. Les débuts sont durs (“je ne peux put vivre comme cela, j’ai mal au ventre et on ne me laisse pas sortir... viens à mon secours, dépêche-toi...”). En étudiant de près la photo de groupe prise quelques années plus tard, entre 1875 et 1880 peut-être, dans la serre de la maison Garnier, je pense ne pas me tromper en identifiant le grand-père Philibert avec sa canne, (mais sa moustache me donne des doutes ; il ressemblerait plutôt à un des frères Marion) Mélanie à côté de lui, Joseph Luc assis sur un panier, Jules derrière son père, sa femme Caroline Perrin sur sa droite, et sa jeune sœur Anna, derrière Caroline. Je ne sais pas qui est la personne un peu ronde avec un bonnet. Paul LUC et ses frères et sœurs ont donc eu des liens très forts avec Gérardmer et nous nous sommes toujours demandé pourquoi plus tard, lorsqu’il aura épousé Renée GUTTON, il ne voudra plus revenir à Gérardmer passer ses vacances. Trop de souvenirs? Peur de retrouver son enfance? Standing supérieur? ou simplement besoin d’avoir de vraies vacances, à l’hôtel, avec ses propres enfants? Les GUTTON Famille Gutton à Gérardmer, vers 1883 Nous passons maintenant aux GUTTON. Il semble qu’au départ, ils aient plutôt été des “vacanciers”, “des touristes” nancéens, et puis, peu à peu, ils se sont investis dans le développement de la ville, mais je ne crois pas que la famille GUTTON ait eu d’attaches antérieures avec Gérardmer. Henri GUTTON, mon arrière grand père, après avoir fait l’Ecole Polytechnique et l’Ecole des Beaux-Arts à Paris, s’installe comme architecte à Nancy. Il a deux enfants, Renée, ma grand’mère, née en janvier 1879, et André (le père de Monique BERVEILLER) en mars 1881. Est-ce alors qu’il envisage la construction d’un chalet à Gérardmer? Les Frênes des origines (1886) A cette époque, depuis 1878, on peut aller en chemin de fer de Nancy à Gérardmer. Pour les touristes, le lac est un des principaux attraits, mais on apprécie aussi l’air vivifiant des Vosges et les magnifiques promenades. A noter également qu’à quelques kilomètres, de l’autre côté de la Schlucht, c’est la douce Alsace, annexée par les Allemands, et encore bien chère au cœur des nombreux alsaciens venus s’installer à Nancy après la défaite de 1871. Henri GUTTON installera à Gérardmer le petit chemin de fer de la Schlucht, reliant le versant lorrain des Vosges à l’Alsace. Henri Gutton sur un de ses chantiers En 1886, il construit le premier chalet “les Frênes”. (Il l’agrandira plus tard, en 1904, à l’arrivée de ses petits-enfants, les jumeaux Jean et Marcelle LUC). Sur une vieille photo on voit ce premier chalet qui se dresse tout en hauteur sur un terrain dénudé; il n’a qu’un seul pignon, et l’arbre sur le côté gauche est peut-être un frêne… Henri GUTTON construit également, de chaque côté des Frênes, “la Mouche” pour sa soeur Jeanne OTTENHEIMER, et “les Pinsons” pour son frère Georges. Plus tard, en 1913, Georges se fera construire la “Grange Saint Yves”, du côté de la chapelle de la Trinité; mais sur les Xettes, il y aura encore “Romania” propriété des Les Frênes vers 1910 André LUC, “les Marguerites”, construites pour Théodore Weiss, et en ville, « La Charbonnière », pour les Pierre GUTTON. Pierre, le plus jeune des frères GUTTON, lui aussi polytechnicien, épouse Hélène GARNIER (THIEBAUT) en 1889. Plus tard il dirigera les établissement GARNIERTHIEBAUT; puis ce sera le tour de Maurice INGOLD, et des frères CHABERT. Pierre et Hélène GUTTON sont les grands-parents des INGOLD et des PERSON. Revenant à notre branche Henri GUTTON, je dirais que les Frênes ont été un lieu béni pour plusieurs générations. Tante Andrée BARRAUD en est la dernière petite flamme. Après ma grand’mère Renée LUCGUTTON et son frère, il y a eu une génération LUC: Andrée, Jean, Marcelle, Jacqueline et Robert LUC, puis les BARRAUD, Marc, Domi et Luc. Les enfants Luc aux Frênes en 1912 Théodore WEISS et “les Marguerites”. A Nancy, les GUTTON et les WEISS se connaissent bien, je pense que ce sont même des amis (les deux frères GUTTON paraissent comme témoins du décès de la première femme de Théodore WEISS, mon arrière grand-père). Théodore WEISS est à cette époque doyen de la Faculté de médecine de Nancy et chirurgien. Il sera aussi le médecin de famille des enfants de Renée LUC-GUTTON. (Tante Jacqueline, petite fille, n’aimait pas “ce Weiss” qui ordonnait du vin chaud pour soigner les maux de gorge !) C’est probablement vers la même époque (1890) que Théodore WEISS demande à Henri GUTTON de lui construire un chalet qu’il nommera “les Marguerites”. En effet, sa seconde femme, soeur de la première, s’appelle Marguerite, sa fille aînée, Marguerite, et plus tard sa première petite-fille s’appellera aussi Marguerite. Les Marguerites avant la guerre Les jumelles et les cousins Gutton aux Marguerites Dans le jardin, il fera même aménager un tennis! Après la guerre et la mort de leurs pères en 1915, quand ses trois petites filles, Marguerite REBOUL et les jumelles Paule et Elisabeth LAFARGUE viendront de Paris passer leurs vacances à Gérardmer, c’est le tennis qui attirera aux Marguerites les GUTTON de la Grange SaintYves. On raconte ainsi cette rencontre providentielle: un des cousins GUTTON, Jean, se casse le bras. On lui conseille aussitôt d’aller se faire soigner aux Marguerites chez le chirurgien WEISS. Celui-ci, ravi de voir cette bande de jeunes gens parisiens, les invite à monter, quand ils le veulent, pour jouer au tennis avec ses petites filles... Coup de foudre d’André pour la jeune Elisabeth qui n’a alors que 15 ans. Ils se marieront le 19 novembre 1927, le jour des 20 ans d’Elisabeth. Comme je l’ai dit plus haut, Paul LUC ne venait plus à Gérardmer et prenait ses vacances en famille, soit à la Feuillée Dorothée, près de Plombières, pendant la guerre de 14-18, soit à Annecy qu’il aimait beaucoup, après la guerre. Il avait été victime de la grippe espagnole en 1917, la tannerie avait été incendiée deux fois de suite en 1922, et tout cela avait considérablement affecté sa santé. C’est seulement après la mort de leur père à Annecy en 1924, que les enfants LUC reviennent passer la majeure partie de leurs vacances chez leurs grands-parents GUTTON aux Frênes. Nous avons beaucoup de photos des “folles” vacances de la bande de cousins: promenades et pique-niques sur les Crêtes, baignades au “ponton”, lui aussi aménagé par Pierre GUTTON, avec son bain des hommes et son bain des dames; canotage sur le lac... On monte toujours au tennis des Marguerites, mais le cercle s’est agrandi. Les LUC y ont fait leur apparition et Jacqueline aime beaucoup les deux jumelles. Jean aussi s’y aventure et en secret tombe amoureux de Paule, sans oser se déclarer. Mal lui en prend... Elisabeth étant déjà mariée, la famille WEISS décide de “fiancer” Paule avec un Apparition discrète de Jean Luc Grand’père Gutton et Grand’Papa Weiss brillant polytechnicien plein d’avenir... Pendant les grandes vacances de cette année-là, au lieu d’aller à Gérardmer et de revoir Paule, Jean LUC décide de faire un voyage en Grèce, avec un cousin, dans sa nouvelle “Voisin” blanche. Là-bas, il apprend par sa mère que Paule est fiancée! Coup de théâtre, il rentre dare-dare, mais trop tard... Et c’est sa mère, Renée GUTTON, qui va devoir supplier André GUTTON, le jeune mari d’Elisabeth, de révéler à madame LAFARGUE l’amour brûlant de Jean pour Paule... Dénouement heureux... (je ne sais ce qu’en a pensé le premier fiancé!). Et ainsi les deux familles, Georges GUTTON et Henri GUTTON, (brouillées depuis plus de 25 ans pour des raisons intra-familiales) se trouvent à nouveau réunies par les mariages des deux jumelles, l’une avec André GUTTON et l’autre avec Jean LUC. Voilà l’histoire enchantée du tennis des Marguerites... Promeneurs derrière les Marguerites (1933) Plus tard, en novembre 1939, il y a eu la mort de Paule, et la naissance de ma petite soeur Tianou, puis le premier hiver de guerre, la “débâcle” vers le sud-ouest, et les quatre ans d’occupation allemande. A Gérardmer, la guerre s’est dramatiquement terminée avec l’incendie programmé de la ville, un îlot restant au centre pour abriter la population. Toutes les villas ont été brûlées, certaines tellement solides qu’on les a fait sauter à la bombe. Ma grand’mère Renée GUTTON avec les conseils d’André BARRAUD a fait reconstruire les Frênes assez rapidement. Mon père n’avait guère de courage pour reconstruire. Il a attendu assez longtemps, puis, poussé par André GUTTON, il a fait construire le grand chalet que vous connaissez et que nous avons malheureusement vendu après sa mort. Grâce à Marie-France, les huit enfants de Jean LUC sont restés très proches, malgré la différence d’âges. Finalement les plus jeunes ont racheté, toujours sur les Xettes, le chalet d’Henri-Claude PERSON, un autre cousin GUTTON... et on vient toujours à Gérardmer... mais on n’est pas des touristes!