«Mon chez-moi se trouve partout où je suis heureuse»
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«Mon chez-moi se trouve partout où je suis heureuse»
Culture Vendredi 28 mars 2008 15 PUBLICATION ATTALENS COURT «Mon chez-moi se trouve partout où je suis heureuse» A 77 ans, Sigrid Charlet publie un deuxième ouvrage consacré à sa vie tourmentée. Légende de l’arrière-saison retrace son existence marquée par le déracinement et la Seconde Guerre mondiale. «Vous nous laissez sur notre faim! Et votre histoire dans tout ça?» L’interpellation d’une journaliste à la sortie de son livre L’enfant trouvé numéro 500 (2004) a retenti comme une invitation à reprendre la plume. Quatre ans après ce premier ouvrage, consacré aux retrouvailles inespérées de son frère Klaus, Sigrid Charlet retrace sa vie dans Légende de l’arrière-saison aux Editions de la Carte. Un livre autobiographique poignant qui entraîne le lecteur dans les méandres d’une existence tumultueuse. Chassée de Poméranie En l’espace de deux ans, Sigrid Charlet a ravivé des souvenirs souvent douloureux, plus rarement heureux. «En creusant dans ma mémoire, j’ai été étonnée de tout ce que j’ai vécu. Au point d’en avoir parfois les larmes aux yeux.» Née le 1er novembre 1931 à Stettin, en Poméranie, elle a subi de plein fouet la Seconde Guerre mondiale et les chamboulements qui en ont découlé. Au lendemain de la Libération, la Poméranie allemande est absorbée par la Pologne. Face aux désirs de vengeance d’un pays victime du nazisme, les familles est-allemandes sont contraintes de fuir leur terre. Sa famille dispersée par les événements, Sigrid Charlet est embarquée sur un bateau de la Croix-Rouge à destination d’un camp de réfugiés au Danemark. Ce n’est qu’en juillet 1946 qu’elle retrouve son père, ses frères et ses sœurs dans la ville de Pasewalk en ex-Allemagne de l’Est (RDA). Dans cette région minée par la famine et le chômage, Sigrid Charlet choisit, fin 1947, de rejoindre l’une de ses sœurs en Bavière. De nouvelles racines vitales De la Bavière à l’Engadine, de l’Engadine à Attalens en passant par Genève, Zurich et Lausanne, l’auteure a tracé son chemin au mépris des embûches. Jamais larmoyant, son témoignage est un encouragement à celles et à ceux qui, déracinés de leurs terres natales, cherchent un ancrage nouveau. «Lorsque l’on doit refaire sa vie ailleurs, on a la possibilité de faire pousser de nouvelles racines. On peut toujours retrouver un lieu où l’on se sent bien. Où l’on m’a aimée, j’ai réussi à être bien. Mon chez-moi se trouve partout où je suis heureuse.» D’une force vitale peu commune, Sigrid Charlet a choisi de défier le destin cruel que l’existence semblait lui réserver. Aide-cuisinière à ses débuts, elle a gravi les échelons pour devenir restauratrice, gérante d’une fabrique de pâtes alimentaires et finalement gouvernante de l’EMS du Mont-Pèlerin. En toile de fond, une vie affective tourmentée par trois mariages. Légende de l’arrière-saison s’impose comme un ouvrage libératoire pour son auteure. «Aujourd’hui, j’ai fait la paix avec la vie confuse et embrouillée qui fut la mienne. Je laisse les choses s’envoler comme une légende d’arrière-saison», peut-on lire dans l’épilogue. Comme si toutes les douleurs vécues parvenaient à s’effacer au profit des instants heureux. Yves-Noël Grin LIVRE JURA SOLIDARITÉ VACANCES POUR MÈRES CÉLIBATAIRES La Reka propose des semaines spéciales pour mères élevant seules leurs enfants. Le séjour dans un appartement de vacances est subventionné par l’Aide aux vacances Reka. C’est pourquoi le prix par famille et par semaine est de 100 francs seulement. Ces semaines de vacances se déroulent du 11 au 18 octobre et du 18 au 25 octobre 2008, au village de vacances Reka de Montfaucon (avec piscine couverte et oasis de bien-être). Pendant que les enfants sont pris en charge, les mamans peuvent prendre part à des programmes gratuits, avec notamment des exercices de relaxation et de respiration, des activités créatrices, des échange d’idées et d’expériences, ainsi qu’à une journée d’excursion. Plus d’informations et réservations: Reka, Neuengasse 15, comm. 3001 Berne, 031 329 66 99. Légende de l’arrière-saison s’impose comme un ouvrage libératoire pour son auteure attalensoise, Sigrid Charlet YNG Vos Plumes EXPOSITION FRIBOURG Entêtement ridicule Jura sans frontières Rétrospective Tinguely Moins grande que les Alpes, moins élevée que l’Himalaya, moins longue que les Andes, la chaîne de montagnes du Jura n’en offre pas moins de multiples facettes que Jean-Louis Clade présente dans un ouvrage paru aux Editions Mondo. Pour ses dix ans, l’Espace Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle à Fribourg organise une rétrospective de l’évolution du bâtiment, combinée à un hommage aux nouveaux réalistes. A voir jusqu’au 10 août 2008. S’étendant sur 400 kilomètres entre Bellegarde, en France, et Bâle, la chaîne du Jura se situe à cheval entre la France et la Suisse. Pourtant, l’auteur de l’ouvrage Jura sans frontières essaie de démontrer que la nature se joue des délimitations humaines pour offrir un paysage uniforme composé de longues vallées, de calmes rivières, de paisibles lacs et de sommets arrondis. Photographies grand format comme preuves à l’appui, Jean-Louis Clade nous présente son Jura, celui qui le passionne, celui qu’il aime faire découvrir. Son livre est une invitation à la contemplation d’un coin de pays où traditions et artisanat à l’ancienne ont encore une raison d’être, malgré l’avancée technologique caractérisée avant tout par le développement de l’industrie horlogère. L’esprit jurassien Une montagne moyenne aux formes vigoureuses; les lacs, miroirs et mystères du Jura; des forêts omniprésentes et un vignoble plus discret; des plateaux enfermés par le cours du Doubs; une montagne apaisée, terre de contestation: le livre est organisé en cinq chapitres regroupés autour des particularités géographiques de la chaîne. Mais c’est bien à la découverte de l’ensemble de l’esprit jurassien, non seulement géographique, mais également historique, culturel, économique ou social, que le lecteur est convié. On y apprend par exemple que le nom de «Franches-montagnes» vient du fait que le prince-évêque de Bâle accordait au XIVe siècle une franchise fiscale à tous ceux qui acceptaient de défricher un lopin de terre pour s’y installer. Cet ouvrage richement illustré permet donc de saisir les multiples facettes du Jura et de ses habitants, à propos desquels l’auteur Jean-Louis Clade écrit: «Qui oserait prétendre que les Jurassiens Mess. manquent de caractère?» CANTON DE V AUD LE JORAT S’EXPOSE AU PALAIS Du 3 avril au 4 mai prochains, le Jorat descend en ville et s’expose à l’Atrium du Palais de Rumine à Lausanne, sous le slogan «Jorat, patrimoine régional de l'humanité». Une occasion pour le public de découvrir la diversité du plus grand massif forestier du plateau suisse. Riche en histoire, d’une grande diversité, château d’eau et véritable poumon du canton, le Jorat a abrité de féroces brigands, et on y répertorie aujourd’hui, outre quelques rares bécasses, de nombreuses espèces animales et végétales. Au-delà de ses qualités environnementales, il offre de multiples activités économiques, sportives et culturelles. Et, face à l’urbanisation galopante, le Jorat reste un réservoir naturel d’importance nationale à préserver. Parmi les initiateurs du projet: les communes de Carrouge, Corcelles-le-Jorat, Cugy, Lausanne, Les Cullayes, Mézières, Montpreveyres, Peney-le-Jorat, Ropraz, Savigny, Vucherens, le Service cantonal des forêts, de la faune et de la nature, le Musée cantonal de zoologie et les Brigands du Jorat. comm. Du nom de Jean Tinguely, célèbre sculpteur fribourgeois dont l’atelier se trouvait à La Verrerie, et son épouse Niki de Saint Phalle, dont les sculptures de femmes enveloppées et colorées ont marqué les esprits, l’Espace est né de la volonté du Conseil d’Etat fribourgeois d’offrir un lieu pour présenter les œuvres monumentales devenues propriétés du canton à la mort de l’artiste, en 1991. Ancien dépôt de tramways, puis garage automobile, l’ancien hangar situé entre la basilique de Notre-Dame et l’église des Cordeliers a été rénové entre 1996 et 1998 pour accueillir l’espace Jean Tinguely – Niki de Saint Phalle. A l’occasion du dixième anniversaire de sa création, l’exposition «L’Espace – fonds et acquisitions» évoque la genèse de ce projet ainsi que son développement en une décennie. Les nouveaux réalistes Cet anniversaire est également l’occasion de rendre hommage aux nouveaux réalistes, par une présentation des œuvres majeures des créateurs apparentés à ce courant artistique. Les visiteurs auront notamment la possibilité de découvrir Le Samouraï de Jean Tinguely et L’Obélisque de Niki de Saint Phalle. Proposées pour la première fois au public, des œuvres de Ben, Luciano Castelli, Alfred Hofkunst, Daniel Spoerri et Miriam Tinguely (fille du sculpteur fribourgeois) seront également exposées. Enfin, l’espace est heureux de présenter sa dernière acquisition: «les faiblesses humaines» par Eva Aeppli, première épouse de Jean Tinguely. Mess. ☛ SERVICE: Espace Jean Tinguely – Niki de Saint Phalle, ouvert du mercredi au dimanche de 11 h à 18 h. Plus d’infos au 026 305 51 40 ou sur www.fr.ch/mahf Ce lecteur réagit à l’article paru dans notre édition du 14 mars au sujet du refus de l’Eglise d’aménager une rampe d’accès à l’appartement de Pierre Dewarrat à Châtel-St-Denis. Mme Marie-Claire Dewarrat a mille fois raison de publier cet avis – se voulant ironique – pour remercier le Conseil de paroisse et les instances religieuses pour leur décision réaliste et pleine de bon sens. C’est un grand service qu’on lui rend en lui évitant certainement de gros ennuis par la suite. Car son entêtement est ridicule, comme les projets de son architecte et le jeu facile des journalistes tout heureux du scoop et de la nique faite à l’Eglise. Ne parlez pas de charité alors qu’il s’agit tout simplement de sagesse et de bon sens. Aucun propriétaire, même pour soi, ne concevrait une solution si farfelue. En effet, cette rampe extérieure, mis à part son coût et sa laideur, ne faciliterait pas vraiment la vie de ce pauvre homme; elle serait dangereuse, inutilisable en hiver et par mauvais temps, et ne donnerait accès qu’à un parking sur le pourtour de l’église et sur la hauteur. M. Pierre Dewarrat resterait prisonnier dans son appartement du premier étage et isolé du monde. Je conseille à ce couple de réfléchir calmement et d’envisager simplement de déménager en choisissant un appartement au rez-de-chaussée avec un jardinet ou une petite terrasse, le tout bien adapté au malheureux handicapé et à son retour à la vie de la cité. Solution facilement réalisable à Châtel-St-Denis. Il faut beaucoup de courage, mais aussi beaucoup de bon sens. Claude Duruz, Chêne-Bougeries