Les tumulus de Champ-Châlon à Benon

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Les tumulus de Champ-Châlon à Benon
Groupe Vendéen
d’Études
Préhistoriques
2006 – 42
LES TUMULUS DE CHAMP-CHÂLON
À BENON (CHARENTE-MARITIME)
Roger JOUSSAUME
avec la collaboration de Robert CADOT et Jean-Maurice GILBERT
I.S.S.N. 0753-4736
GROUPE VENDÉEN D’ÉTUDES PRÉHISTORIQUES
9, impasse Callot
85000 LA ROCHE SUR YON
Tél. : 06 12 10 08 74
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Le Groupe Vendéen d’Études Préhistoriques, association de type loi 1901, créée en 1978,
s’est donné comme but la diffusion des informations concernant l’archéologie préhistorique
locale, régionale, nationale et internationale.
Pour cela, le GVEP organise des cours, des conférences, des sorties et édite un bulletin annuel
et une lettre d’informations ainsi que des ouvrages thématiques.
Permanences : 2e samedi du mois
Cité des Forges, Bât. A, Esc. D, 10e étage, porte 113
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Directeur de publication : Jean-Marc LARGE
Comité de lecture : Marie-Claude BAKKAL-LAGARDE, Patrice BIROCHEAU, Robert
CADOT, Bernard GADÉ, Roger JOUSSAUME, Jean-Marc LARGE
Les opinions émises dans ce bulletin n’engagent que leurs auteurs.
Photo de couverture : Vue aérienne du tumulus C de la nécropole de Champ-Châlon I à Benon en CharenteMaritime (cliché Groupe vendéen d’études préhistoriques).
Groupe vendéen d’études préhistoriques, n° 42, 2006
Roger JOUSSAUME
LES TUMULUS DE CHAMP-CHÂLON À BENON
(CHARENTE-MARITIME)
ET LES CHAMBRES FUNÉRAIRES À COULOIR
DU POITOU ET DES CHARENTES
avec la collaboration de Robert CADOT et Jean-Maurice GILBERT
Présentation de Jean-Marc LARGE
Roger JOUSSAUME, Directeur de recherche émérite au CNRS, UMR 7041, Nanterre.
La Gilbertière, 85440 Talmont-Saint-Hilaire. Courriel : [email protected]
Robert CADOT, Mauzé-sur-le-Mignon
Jean-Maurice GILBERT, Chirurgien-dentiste, La Roche-sur-Yon
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
PRÉSENTATION
évident que des manifestations, peut-être
des expositions temporaires de défunts, ont
eu lieu sur les terrasses des tumulus A et C
de Champ-Châlon. Autre phénomène que
les fouilles ont bien mis en évidence, ce
sont les structures de fermeture qui
permettaient de boucher les accès à la
chambre funéraire. On est étonné de la
faiblesse de ces structures et il est tentant
de les voir non pas à destination des
vivants (pour qui ce serait très facile de les
enlever afin de pénétrer dans le sépulcre)
mais à destination des morts qui sont
invités à rester là où ils sont (juste en
aménageant quelquefois un petit passage
pour permettre au double – à l’âme – de
faire son chemin, comme à Bougon F2, par
exemple).
Le bulletin n° 42 du GVEP est
entièrement consacré à la monographie
d’un site mégalithique de première
importance : Champ-Châlon, à Benon (17).
Ce n’est pas l’habitude de notre bulletin de
n’être composé que d’un seul article Mais
la matière y était et elle est de qualité.
Cette fouille, effectuée sous la
responsabilité de Roger Joussaume, est
exemplaire à plus d’un titre. En premier
lieu, le choix de sa recherche s’est porté
sur l’intégralité de la nécropole, permettant
une perception comparative d’un ensemble
architectural, prise dans les structures
mêmes des enveloppes funéraires mais
permettant aussi d’avoir un regard précis
sur la chronologie des évènements. En
second lieu chaque dolmen a été étudié de
manière globale. Une attention particulière
a été portée sur le cairn qui entoure la
chambre des dolmens. Ainsi, toute une
complexité architecturale a notamment été
mise en évidence : les monuments
funéraires de la fin du 5e et du 4e
millénaires av. J.-C. participent à une
anthropisation du paysage, c’est-à-dire à
une empreinte humaine forte sur un
territoire. La structure de chaque
monument a été étudiée minutieusement
avec, pour le tumulus A, le démontage et le
remontage
complet
des
structures
entrevues en fouille. Tout cela n’a pas été
fait au hasard. Les entrailles des tumulus
ont pu être visitées et Roger Joussaume en
livre aujourd’hui leurs mystères. En plus
des
particularités
architecturales
découvertes alors pour la première fois (la
structure alvéolaire qui uniformise les
grands cairns, formant de véritables platesformes disproportionnées par rapport à la
chambre funéraire), il est possible
d’approcher maintenant des rituels qui ne
concernent pas seulement le dépôt et la
manipulation des corps à l’intérieur des
chambres. Il devient de plus en plus
La chronologie des évènements a pu
être approchée, nous le disions, et l’idée
d’un ancrage fort du mégalithisme du
Centre-Ouest au milieu du 5e millénaire
avant J.-C. est maintenant une chose qui ne
souffre plus guère de discussions. Le lien
avec la culture Chambon est ici souligné.
Nous sommes avec les premières
communautés paysannes qui ont un rapport
à la mort très particulier impliquant la mise
en œuvre d’architectures aériennes parfois
d’une grande monumentalité et qui sont, en
fait, les plus anciens monuments du
monde ! Peu de défunts sont déposés dans
les chambres funéraires, souvent pas plus
d’une demi-douzaine. Les os sont
manipulés pour laisser place à un nouveau
corps mais aussi, peut-être, pour être sortis
de leur caveau et montrés à l’extérieur.
Il semble que les monuments de
Champ-Châlon n’aient pas eu une grande
durée de vie. Les toitures en
encorbellement,
fragiles,
se
sont
rapidement
effondrées.
Quelques
intrusions postérieures ont eu lieu (à l’Âge
du bronze, pour le tumulus A) mais, en
1
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
considérer ce patrimoine ancien, très
ancien, comme digne d’un intérêt constant
et qui mérite une attention toute
particulière en raison de la fragilité des
restes encore en place. N’oublions jamais
que nous sommes en face des plus
anciennes architectures du monde, bien
plus
vieilles
que
les
pyramides
d’Egypte !…
réalité, la trame de l’utilisation initiale était
présente lors des fouilles et permet d’avoir
une référence incontournable pour toute
fouille actuelle et future de ce type
d’architecture.
Un regret, toutefois, les monuments,
une fois restaurés par l’équipe de fouille,
parfois consolidés, sont actuellement dans
un état lamentable. Les efforts de la
connaissance n’ont pas été suivis d’effets.
Les pouvoirs publics ont toujours du mal à
Jean-Marc Large
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Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
fossoyées, témoignages d’une occupation
intense au Néolithique récent et final, peutêtre même dès le Néolithique moyen pour
certaines d’entre elles, occupent la bordure
de l’actuel marais, ancien Golfe des
Pictons, au pied des hauteurs où sont
édifiés les tumulus. En effet quelques-unes
de ces enceintes fossoyées pourraient avoir
été déjà occupées à l’époque d’utilisation
de ces nécropoles au Néolithique moyen
comme cela fut bien mis en évidence à
Sandun en Loire-Atlantique ou, plus
récemment, à Lillemer dans la Manche.
Toutefois, trop peu ont localement été
étudiées pour s’en assurer. Il est intéressant
de souligner dès maintenant qu’aucune des
chambres funéraires fouillées, tant à
Champ-Châlon qu’à Mille-Écus, n’a été
réutilisée par des populations peurichardiennes
ou
artenaciennes
du
Néolithique récent-final alors que c’est la
règle pour les chambres mégalithiques
comme au Pey-de-Fontaine au Bernard
(Vendée), à Chenon ou La Boixe B en
Charente par exemple. Probablement les
couvertures en encorbellement des
chambres des monuments aunisiens
s’étaient-elles déjà effondrées avant le
Néolithique récent.
LES TUMULUS DE LA RÉGION DE
BENON
Bordés par le Marais Poitevin au nord et
le Marais de Rochefort au sud, les terrains
calcaires de l’Aunis (fig. 1) supportent un
nombre remarquable de longs tumulus et
de dolmens dont beaucoup n’ont été que
récemment découverts ou sortis de l’oubli.
Déjà en 1842, R.-P. Lesson signalait deux
« tombelles », comme on les appelait alors,
à La Laigne, au bord de la route
La Rochelle à Mauzé (fig. 2, n° 4). Ce
n’est que 120 ans plus tard que C. Burnez
retrouva le long tumulus de La GrosseMotte à Bouhet, non loin de là et en cours
de destruction (fig. 2, n° 7), qui avait été
signalé par ce même Lesson.
En dehors de la nécropole de cinq
tumulus de Champ-Châlon I qui fait l’objet
de l’étude qui suit, douze (ou treize) autres
tumulus, formant cinq ensembles, sont
actuellement connus sur les hauteurs dans
un rayon d’à peine 5 km autour du village
de Benon : deux longs tumulus à ChampChâlon II (fig. 2, n° 3), à 1 km à l’est de
Champ-Châlon I ; deux autres aux Biarnes
(fig. 2, n° 4), à environ 2 km au sud-est de
Champ-Châlon I ; deux autres encore à La
Pointe (fig. 2, n° 5), commune de La
Laigne, à près de 4 km au sud-est de
Champ-Châlon I ; trois tumulus allongés à
Mille-Écus (fig. 2, n° 6), à un peu plus de
5 km au sud de Champ-Châlon I et enfin
trois derniers aux Moindreaux (fig. 2, n° 1)
(Musset 1885) sur la commune de SaintJean-de-Liversay, situés également à plus
de 5 km de Champ-Châlon I mais à l’ouest
de l’ensemble étudié ici. Toutes ces
nécropoles, dont quatre se situent sur la
commune de Benon, sont établies entre 30
et 40 m d’altitude et dominent les zones
basses du Marais poitevin ou les vallées
des rivières qui s’y raccordent. On
remarquera qu’une dizaine d’enceintes
Actuellement quatre des cinq tumulus
de Champ-Châlon I ont été fouillés par
notre équipe et un autre dans la nécropole
de Mille-Écus par Frédéric Bouin qui est à
l’origine de la découverte de tous ces
monuments hormis ceux des Moindreaux
connus depuis plus longtemps (Musset
1885). Nous allons suivre les descriptions
que donne F. Bouin des tumulus mis en
évidence (Bouin 1992, p. 27-32), excepté
ceux de Champ-Châlon I qui feront l’objet
d’un chapitre spécial plus développé.
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Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 1 : Situation de la nécropole de Champ-Châlon au sud du Marais poitevin dans le Centre-Ouest de la
France.
Fig. 2 : Les longs tumulus de la région de Benon en Charente-Maritime : 1- Les Moindreaux à Saint-Jeande-Liversay (3 tumulus), 2- Champ-Châlon I à Benon (5 tumulus), 3- Champ-Châlon II à Benon
(2 tumulus), 4- Les Biarnes à Benon (2 tumulus), 5- La Pointe à La Laigne (2 tumulus), 6- Mille-Écus à
Benon (3 tumulus), 7- La Grosse-Motte à Bouhet (1 tumulus).
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Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
d’autre des longs côtés. Il a également été
éventré à son sommet.
Champ-Châlon II (fig. 2, n° 3)
Ces deux tumulus ont été découverts par
F. Bouin en 1982. Ils sont situés dans le
Bois de Benon, au sud de la route qui
rejoint Courçon-d’Aunis à La Laigne, au
niveau du château d’eau.
F. Bouin signale un tumulus en calotte,
d’une dizaine de mètres de diamètre et
0,75 m de hauteur en son centre, qui se
trouve à près de 300 m des deux
monuments allongés. Il est très hésitant sur
l’âge à attribuer à cette bosse de terrain qui
nous rappelle une « garenne à lapins1 » que
nous avons étudiée entre les longs tumulus
de Péré à Prissé-la-Charrière et quelques
autres ailleurs, à la Garenne de la
Montagne à Challignac (Charente)2 par
exemple. Sans contrôle préalable, il est
impossible de se prononcer sur la nature de
ces monticules souvent considérés, par les
archéologues eux-mêmes, comme des
monuments préhistoriques.
Le tumulus ouest, orienté N-O / S-E,
atteint 32 m de long pour 11 m de large et
une hauteur actuelle ne dépassant pas 0,70
m. Il est plus bas à l’ouest qu’à l’est. De
part et d’autre de ses longs côtés, une
dépression marque l’emplacement d’un
fossé.
À une centaine de mètres à l’E-S-E du
précédent, un deuxième monument mesure
26 m de long pour 13 m de large et 0,85 m
de haut dans sa partie la plus élevée à
l’ouest. Ici encore deux fossés bordent les
deux longs côtés du tumulus.
La Pointe (fig. 2, n° 5)
Deux tumulus; placés de part et d’autre
de la route qui rejoint La Laigne à Benon,
furent reconnus par F. Bouin en 1981. Il
pourrait s’agir des deux tumulus signalés
par G. Musset en 1885 dans la forêt de
Benon sur la commune de La Laigne.
Aucune fouille n’a été pratiquée sur ces
deux tumulus allongés dont on notera la
faible hauteur en comparaison de celle des
Biarnes.
Les Biarnes (fig. 2, n° 4)
Le premier se trouve à environ 80 m au
nord de la D 207. Orienté N-O / S-E, il
mesure 30 m de long pour 10 m de large et
0,85 m de hauteur dans sa partie la plus
haute à l’ouest. Aucun fossé n’est visible.
Il peut avoir été tronqué dans sa partie
nord-ouest.
Ces deux tumulus allongés se situent
dans le bois très près de la route à 2 x 2
voies La Rochelle-Niort et sont portés sur
la carte au 1/25 000 n° 1429 est (Surgères
est).
Le tertre nord, orienté N-N-E / S-S-O,
mesure 35 m de long et 18 m de large. Il
atteint 2,50 m de haut dans sa partie la plus
élevée au nord. Aucune dépression n’est
visible à sa périphérie alors qu’il fut
éventré dans sa partie nord sur 5 m de
diamètre et 1,30 m de profondeur.
Immédiatement au sud de la même
route, un deuxième tumulus, orienté N-O /
1
Au sujet des « garennes », voir les travaux de
Georges Germond qui a démontré le caractère
particulier de ces pseudo tumulus qui ont fait couler
pas mal d’encre dans les années 70-80 (Germond
et al., 1983 et I988) alors qu’on leur attribuait une
valeur cultuelle à partir des images que produisaient
les galeries de pierres trouvées dans le tertre.
2
Nous avons effectué ici l’étude de deux tertres
allongés avec Benoît Poisblaud à la demande de
Claude Burnez. Elle a montré l’existence de
galeries couvertes de pierres qui permettaient la
circulation des lapins sauvages.
À 35 m du premier, un deuxième
tumulus n’atteint que 30 m de long pour
15 m de large. Sa hauteur et son orientation
sont semblables à celles du précédent mais
sa partie la plus haute est au sud et non au
nord. Deux fosses apparaissent de part et
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Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
nous en décrirons dans la nécropole de
Champ-Châlon I. La chambre funéraire fut
mise en évidence dans la partie occidentale
très arasée du long tumulus. Elle était
creusée d’environ 50 cm dans le sous-sol
calcaire, dépression quadrangulaire de
3,50 m de long pour 2,50 m de large, dans
le même axe que celui du tumulus. Deux
tranchées de 1 m de long, espacées
d’environ
un
mètre,
marquent
l’emplacement du couloir qui rejoint le
long côté nord de la chambre au côté nord
du tumulus. Il est impossible de dire si
cette chambre a eu sa propre enveloppe
tumulaire avant d’être recouverte par le
tumulus allongé, mais on note que l’entrée
du couloir est au niveau du mur de
parement du long tumulus impliquant
l’accessibilité permanente à la chambre.
Un dallage couvrait le fond de la chambre,
excepté dans sa partie est. Il remonte vers
le couloir avec lequel il forme une marche.
Pour F. Bouin, les parois de la chambre
auraient été en bois et rappelleraient donc,
en plus grand, les trois chambres avec
accès mises au jour par J.-P. Pautreau à la
Croix-Verte à Antran (Vienne). Bien
datées du Néolithique moyen, ces
dernières, selon le fouilleur, auraient été
des sépultures individuelles (Pautreau
1991) ce qui n’est pas démontré dans ces
terrains acides qui ne conservent que les
ossements brûlés. Par ailleurs, on conçoit
assez mal que des sépultures individuelles
aient eu besoin d’accès permanent. À
Mille-Écus, on peut également imaginer,
comme le soulignait H. Duday dans la
discussion qui suivit la présentation des
fouilles de Mille-Écus par F. Bouin au
colloque de la Société d’anthropologie du
Sud-Ouest à Bordeaux en 1992, que de
fines dalles de pierre, plus ou moins
jointives, aient été maintenues verticales
dans les petites tranchées périphériques.
S-E, mesure 17 m de long, 11 m de large et
environ 2 m de haut dans sa forme actuelle
qui est peut-être loin de représenter la
réalité première. En effet, une large
tranchée signale des fouilles anciennes
dans lesquelles de grosses pierres auraient
été visibles.
Mille-Écus (fig. 2, n° 6)
Alors que les quatre nécropoles dont
nous venons de parler sont très
rapprochées les unes des autres et situées
sur la même ligne de hauteurs, la nécropole
de Mille-Écus occupe une autre hauteur à
5 km au sud des ensembles précédents.
L’existence des trois tumulus fut
signalée par F. Bouin en 1981. Deux de ces
monuments sont portés sur la carte IGN au
1/25 000 précédemment citée.
Tumulus A
Dans l’angle d’un champ récemment
gagné sur la forêt voisine, le premier des
tumulus (A) est régulièrement labouré
chaque année. Lors de sa découverte, il
atteignait 30 m de long, 18 m de large, 1 m
de haut et il était bordé d’une dépression
de part et d’autre des longs côtés. Après un
sondage que nous avons pratiqué en 1983,
la fouille fut effectuée entre 1986 et 1990
par F. Bouin (fig. 3).
L’étude a montré que le tumulus A,
orienté est-ouest, était primitivement de
forme trapézoïdale allongée. Avant d’être
tronqué et en partie détruit, il devait
atteindre 38 m de long, pour 11 m de large
à l’est et environ 5 m à l’ouest, limité par
un parement externe doublé d’un second à
quelque distance en arrière du premier, et
bordé de part et d’autre par un fossé. La
partie centrale du tumulus semble avoir été
constituée d’un système alvéolaire comme
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Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 3 : Plan du tumulus fouillé à Mille-Écus (Benon) (d’après F. Bouin).
Pour comparaison, les trois tombes
d’Antran ont livré : une bouteille à bouton
biforé, une écuelle carénée, une coupelle et
une armature à tranchant transversal à
bords abattus pour la première ; quelques
silex taillés et une perle en calcaire pour la
seconde ; une écuelle carénée, un vase à
goulot munie d’une queue plate, une lame
en silex et deux armatures à tranchant
transversal et bords abattus pour la
troisième. Aucune datation radiocarbone
n’a été effectuée sur ces deux sites.
D’après l’étude des dents, réalisée par le
docteur J.-M. Gilbert, il y aurait eu des
restes osseux de six personnes dans cette
chambre funéraire, chiffre comparable au
nombre de corps trouvés dans chacune des
quatre chambres fouillées à ChampChâlon I et dans les deux chambres à
couloir de Péré C.
On note aussi une différence avec la
Croix-Verte où aucun tumulus n’a été
remarqué, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y
en ait pas eu.
Tumulus B
Les vestiges archéologiques sont peu
abondants à Mille-Écus : un long poinçon
entier en os, les fragments d’un second,
trois coquillages (deux dentales et une
cyprée perforée), une canine de canidé
perforée à la racine, une armature à
tranchant transversal à retouches abruptes
des bords, plusieurs éclats de silex, une
molaire de suidé et cinq dents de renard
auxquels il faut ajouter quelques petits
tessons de poteries indéterminables. La
fouille de ce site n’a pas été publiée plus en
détail mais ce matériel paraît très
homogène et attribuable au Néolithique
moyen régional.
Situé à environ 300 m à l’est du A, le
tumulus B mesure 40 m de long, 18 m de
large et 0,90 m de haut. Il est orienté O-NO / E-S-E plus haut à l’est qu’à l’ouest.
Une dépression marque l’emplacement des
fossés qui bordent les longs côtés.
Tumulus C
400 m plus à l’est, le monument C,
orienté est-ouest et plus haut à l’est qu’à
l’ouest, mesure 23 m de long sur 10 m de
large et 1,10 m de hauteur. Il est bordé
d’un fossé plus ou moins visible sur ses
longs côtés et a été récemment endommagé
par la plantation de résineux.
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Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
tumulus, qui a dû se réduire quelque peu
avec le temps, pourrait être compensée par
le creusement de la chambre funéraire sur
une cinquantaine de centimètres de
profondeur dans le calcaire. Plus que la
masse imposante du tumulus dans le
paysage, c’est la longueur, la forme
trapézoïdale, et l’orientation est-ouest qui
ont été privilégiées.
La nécropole de Mille-Écus est donc
formée de trois longs tumulus sensiblement
tous orientés est-ouest, avec extrémité la
plus large et la plus haute à l’est, et
largement espacés les uns des autres. Leur
longueur varie de 30 à 40 m pour une
hauteur aux alentours de 1 m. Si l’on s’en
tient à ce qui a été mis en évidence dans le
tumulus A, la faible hauteur de ces
Fig. 4 : Tumulus des Moindreaux à Saint-Jean-de-Liversay (cliché R. Joussaume).
tumulus des Biarnes, qui présentent par
ailleurs une hauteur supérieure à celle des
autres monuments, sont orientés N-E / SO. Sans fouille, il est impossible d’avoir
une explication concernant ces différences.
Les Moindreaux (fig. 2, n° 1 et fig. 4)
Dans le prolongement vers l’ouest de la
ligne de hauteurs qui supporte les
nécropoles de Champ-Châlon I et II, Les
Biarnes et La Pointe, se trouve le site des
Moindreaux qui comptait encore, au
XIXe siècle, trois gros tumulus parallèles,
orientés est-ouest (Musset 1885). Il n’en
subsiste qu’un, situé près d’une décharge
municipale récemment créée, qui atteint
encore 85 m de longueur pour une hauteur
d’environ 3 m dans sa partie la plus large
et la plus haute, à l’est (fig. 4). Il fut
largement et profondément éventré par les
propriétaires qui espéraient y trouver un
trésor, il y a pas mal d’années.
Pour un observateur circulant sur les
eaux du Marais poitevin, rien ne vient
couper la visibilité de l’ondulation de
terrain sur laquelle se dressent les
monuments de la nécropole de ChampChâlon I, à une dizaine de kilomètres au
sud et une quarantaine de mètres plus haut
dans le paysage. On a souvent insisté sur
cet aspect visuel, alors que même à
quelques mètres des monuments, dont la
hauteur ne devait pas dépasser 3 ou 4 m
au-dessus du sol, ils sont pratiquement
invisibles au milieu d’une végétation
arborée très clairsemée. On a très
certainement largement exagéré ce
caractère de visibilité à longue distance des
tumulus néolithiques. Leur situation sur les
hauteurs (Joussaume et al. 1998), ou plus
exactement à proximité des points hauts du
paysage, est probablement plus en rapport
En ce qui concerne les orientations des
tumulus, il faut noter que pour quatre des
cinq nécropoles de Benon / La Laigne, les
tumulus sont axés sur les quadrants nordouest/sud-est et plus précisément entre l’est
à Mille-Écus et le sud-est pour le côté le
plus large du trapèze allongé à ChampChâlon I et II et à La Pointe. Seuls les deux
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Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
pour occuper un lieu sacré lié à la mort
(fig. 5).
avec la position d’altitude relative du
monde des morts par rapport au monde des
vivants qu’à un quelconque rapport de
visibilité directe des monuments par les
habitants des lieux. Toutefois, si les
tumulus eux-mêmes ne pouvaient être
discernés à longue distance, leurs auteurs
savaient qu’ils se trouvaient là sur la ligne
d’horizon. Si les villages de ceux qui
furent déposés là n’ont pas encore été
découverts, c’est qu’ils occupaient
certainement des points bas à proximité
des cours d’eau. Sans doute la plupart
d’entre eux se trouvent-ils dans ces vallées
aujourd’hui remblayées par les alluvions
déposées sous l’influence de la remontée
du niveau marin et c’est sous quelques
mètres de sédiments qu’il faut chercher les
traces de ces occupations. Une belle
démonstration de cette hypothèse est
fournie par le site du Grouin-du-Cou à
La Tranche-sur-Mer en Vendée, de l’autre
côté du Marais poitevin (Boiral et
Joussaume 1990), où l’habitat du
Néolithique moyen est de nos jours
recouvert par plus de 3 m d’eau lors des
marées de vives eaux. Il en de même pour
un site de même époque sous les sables de
la plage des Sables-d’Olonne, également
en Vendée (Joussaume dir. 1998). Il est
alors permis d’imaginer que la nécropole
de Champ-Châlon I était liée à un habitat
qui se trouvait auprès de la rivière située en
contrebas au nord-ouest, alors que celle de
Champ-Châlon II appartenait à une autre
communauté installée près du cours d’eau
qui coule au nord-est de la plaine. Quant à
la nécropole des Biarnes, elle pouvait être
attachée à une occupation de la vallée
située au sud. Ainsi, chacune des
concentrations
de
tumulus
peut
correspondre à une unité villageoise sur
son petit territoire. Toutefois, toutes se
retrouvent sur la hauteur partagée entre
tous comme si un consensus s’était établi
LES TUMULUS DE CHAMPCHALON I
C’est en 1979 que Frédéric Bouin
découvrit le premier tumulus de
l’ensemble I de Champ-Châlon à Benon. Il
s’agissait du tumulus D de la nécropole
dont il ne subsistait plus que 15 m de
longueur dans sa partie médiane. Le reste,
qui représentait 25 à 30 m supplémentaires,
avait disparu sous les coups de l’engin
mécanique venu égaliser le terrain qui
devait être reboisé. Les quatre autres
tumulus de la nécropole furent découverts
au cours de l’hiver suivant par le même
prospecteur.
Les fouilles commencèrent en 1980 par
la mise au net d’une coupe du tumulus D,
puis furent fouillés successivement le
tumulus C, le B et le A jusqu’en 1986.
Le E
fut
conservé
en
réserve
archéologique.
Au sud du Marais poitevin, les cinq
monuments de la nécropole I de ChampChâlon (section B, feuille n° 1, parcelles 2,
3, 7 et 8 du cadastre de Benon), installés
sur la première ligne de hauteurs, dominent
la dépression marécageuse d’un peu plus
de 40 m (fig. 5). Le niveau de la mer était
quelque 5 à 6 m plus bas que de nos jours à
l’époque d’utilisation de la nécropole mais
l’océan pénétrait encore assez largement à
l’emplacement de l’actuel marais qui
pouvait présenter un paysage assez
comparable à celui du Golfe du Morbihan
d’aujourd’hui avec de vastes vasières
recouvertes complètement par les eaux lors
de certaines grandes marées, lieux
exceptionnels pour la pêche, la chasse au
gibier d’eau et la collecte des coquillages.
9
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 5 : Découpage territorial envisageable dans la région de Benon.
différentes - nord, sud et est - alors que les
masses mêmes des tumulus s’allongent
toutes, celle du D comprise, de l’ouest vers
l’est, le côté le plus large du trapèze formé
étant à l’est. Il apparaît donc que
l’orientation est-ouest des tumulus ait été
plus importante pour les bâtisseurs que
celle du couloir des chambres funéraires.
Les tumulus sont sensiblement alignés
du nord-ouest au sud-est de A à E (fig. 6, 7
et 8) ; 20 m séparent les tumulus A et B, il
y a 105 m entre B et C et 60 m entre C
et D. Le A contient une chambre funéraire,
à son extrémité ouest, dont le couloir ouvre
au nord ; le B possède deux chambres
funéraires parallèles dont les couloirs
ouvrent au sud ; le C n’a qu’une seule
chambre funéraire dont le couloir ouvre au
milieu du petit côté est du monument.
Ainsi les chambres des trois tumulus
ouvrent dans trois directions très
Nous allons maintenant décrire chaque
monument de la nécropole de ChampChâlon I en suivant un ordre ouest-est,
donc de A à D (fig. 6, 7 et 8).
10
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 6 : Situation cadastrale des tumulus de la nécropole de Champ-Châlon I.
Fig. 7 : Situation relative des tumulus de la nécropole de Champ-Châlon I.
11
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 8 : Vue aérienne des tumulus A, B, C et D de la nécropole néolithique de Champ-Châlon I à Benon
(Charente-Maritime). Le Marais poitevin se situe au nord de l’ensemble tumulaire (cliché R. J.).
mois, extraction du matériau des carrières
comprise. Une petite communauté
villageoise d’une cinquantaine d’individus,
hommes, femmes et enfants, devait
pouvoir s’acquitter d’une telle tâche au
cours de l’hiver alors que les travaux des
champs laissaient quelque temps libre à ces
populations d’éleveurs-agriculteurs qui
devaient également s’adonner à la pêche et
à la chasse.
Le tumulus A
Le tumulus et ses carrières latérales
Avant sa fouille, le tumulus A, une fois
débarrassé des arbres qui y avaient poussé,
se présentait sous la forme d’une calotte
d’environ 18 m de long pour une douzaine
de mètres de large et un mètre de hauteur
en son centre (fig. 9, 10 et 11). De cette
masse
fut
extrait
un
monument
quadrangulaire de 7,60 m de large, 15 m de
long environ du côté nord et 14 m au sud
(fig. 12a), forme tout à fait inhabituelle
parmi les tumulus néolithiques connus
dans l’ouest de la France où peu ont été
correctement étudiés. Nous l’avons fouillé
de manière exhaustive, le démontant
complètement et le reconstruisant au fur et
à mesure. Non seulement ce travail nous a
permis de comprendre très précisément
comment le tumulus avait été construit
mais également d’estimer le temps
nécessaire à son édification. Nous pensons
qu’une dizaine de personnes pouvaient
construire un monument de ce type en un
Nous avons procédé à la mise en place
d’un carroyage au mètre carré sur
l’ensemble du monument, puis à un
décapage
superficiel
par
quadrant
permettant de réserver des bandes témoins
jusqu’à la mise en évidence des structures
constitutives3.
3
A cette époque nous ne disposions évidemment
pas encore de théodolite à laser ni d’ordinateur et
d’appareil de prises de vues numériques.
12
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 9 : Tumulus A avant la
fouille (cliché R. J.).
Fig. 10 : Tumulus A en
cours de fouille vu du nordest (cliché R. J.).
Fig. 11 : Tumulus A en
cours de fouille vu du sud
(cliché R. J.).
13
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 12 : Plan d’ensemble avec datations radiocarbone dans la chambre et la cellule latérale (en haut) ;
Construction théorique n°1, coupe longitudinale (au milieu) ; construction théorique n°2 avec plate-forme
(en bas).
14
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 13 : Tumulus A en
fin de fouille au moment
de la reconstruction des
parties basales du
monument. La carrière
nord au premier plan est
en cours d’étude (cliché
R.J.).
Fig. 14 : Tumulus A vu de
l’ouest, avec chambre et
couloir en pierre sèche,
après reconstruction
partielle (cliché R.J.).
Fig. 15 : Tumulus A vu depuis
l’angle nord-ouest après
restauration partielle (cliché R.J.).
15
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Nous livrons à la figure 12 deux
interprétations
possibles
des
superstructures. La première (au milieu :
section médiane longitudinale) est assez
conventionnelle avec un tumulus formant
un dôme allongé qui intègre la couverture
de la chambre funéraire montée en
encorbellement, l’ensemble de la structure
étant limité par un mur de parement qui
aurait atteint environ 1 m de hauteur. La
seconde (an bas) est plus innovante. Nous
avons observé que peu de pierres étaient
retombées dans les carrières latérales. Par
ailleurs sur le monument se trouvaient les
restes osseux d’un individu, non daté, qui
avait donc été déposé là. Il est assez
vraisemblable qu’il ne fut pas enterré à
grande profondeur et que le sommet du
tumulus n’était donc pas très élevé à ce
moment là. Enfin, la cellule latérale à la
chambre, datée de l’Âge du bronze, a été
aménagée à partir du haut du tumulus, le
long du mur transversal encore visible. Il
fallait, pour atteindre cet endroit, que
l’encorbellement de la chambre se soit
effondré et que l’épaisseur du tumulus, audessus du futur coffre, fût réduite.
Pourquoi alors ne pas envisager l’existence
d’une plate-forme accolée au cairn de la
chambre funéraire, plate-forme à laquelle
on aurait accédé par une marche aménagée
à l’extrémité est de l’ensemble. De fait, ce
type d’architecture a déjà été mis en
évidence à Bougon C et F (Deux-Sèvres),
selon les fouilleurs (Mohen et Scarre
2002) mais également par nous-mêmes sur
le monument particulier de Pierre-Virante
à Xanton-Chassenon en Vendée. Ici la
plate-forme, au pied de laquelle gisait un
individu, supportait une ligne de trois ou
quatre gros poteaux de bois que nous avons
interprétés, certainement un peu trop
hâtivement, comme appartenant à une
palissade et soutenant une toiture
(Joussaume 1977). Il a été envisagé
depuis,
que
ce
monument
était
probablement à dater du Néolithique
moyen, comme nous y engage une datation
radiocarbone, avec des reprises plus
La structure finale du tumulus est le
résultat de l’adjonction de trois parties
(fig. 12 à 15). À l’est, une surface
quadrangulaire de 10 m de long sur 7,60 m
de large, limitée par un mur de parement,
présente un angle tronqué au nord et une
façade légèrement concave à l’ouest. La
partie centrale est occupée à la base par un
noyau terreux longitudinal sur lequel un
système alvéolaire de cellules juxtaposées
permettait d’armer le niveau supérieur
(fig. 12
au
milieu).
Il
était
malheureusement très arasé et nous ne
connaissons que les parties latérales de
cette construction qui pourrait n’avoir été
qu’une plate-forme située à 1 m de hauteur
environ (fig. 12 en bas). Au niveau
supérieur de la partie subsistante furent
recueillis quelques ossements humains,
probables témoignages d’une sépulture
aménagée à ce niveau et partiellement
détruite depuis lors. L’extrémité est, sur
près de 2 m de large, était constituée de
pierres plus grosses et sans terre associée,
sorte de contrefort dans lequel quelques
tessons de céramique fine noire signent un
dépôt du Néolithique moyen dont on
ignore la raison d’être, peut-être très banale
(fracture involontaire d’une poterie). Ce
contrefort était en partie détruit dans
l’angle sud-est. Nous avons noté ici deux à
trois files parallèles de petites pierres
dressées plantées dans le sol suivant une
courbe (a de la fig. 12 en haut) et une
cellule quadrangulaire centrale (b de la
fig. 12 en haut) également limitée par une
ligne plus ou moins discontinue de petites
pierres dressées, qui rappelle les cellules
mises en évidence sur le sol du tumulus de
La Motte des Justices à Thouars dans les
Deux-Sèvres (Germond et al. 1994). Il se
pourrait que des coffrages, faits de
planches maintenues par ces lignes de
pierres, aient structuré la masse du noyau
central du tumulus. Aucune chambre
funéraire ou autres dépôts d’ossements ne
furent trouvés dans tout ce volume dont la
fonction ostentatoire paraît la plus
évidente.
16
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
tardives. Dans tous les cas, aussi bien à
Bougon C et F qu’à Pierre-Virante ou
Champ-Châlon A et peut-être C, comme
nous allons le voir, il y a association d’une
plate-forme à une chambre funéraire. En
Bretagne-même, rappelons-nous du cairn
quadrangulaire, trouvé vide au-dessus du
tertre du Petit-Mont à Arzon dans le
Morbihan, accolé au tumulus d’une
chambre
quadrangulaire
à
couloir
(Lecornec 1994).
La carrière nord (fig. 18 et 19), creusée
à environ 3 m du parement nord, forme une
dépression ovalaire qui mesure 15,80 m de
long et 6,70 m de large pour une
profondeur maximale de 2 m à l’ouest dans
l’axe du couloir et d’environ 1 m à l’est. Il
semble que la construction, entièrement en
pierre au niveau de la chambre et du
couloir, ait nécessité plus de matériaux que
pour la partie est, ce qui pourrait expliquer
le surcreusement de la carrière face à cet
emplacement,
limitant
ainsi
la
manutention. Aucun objet archéologique
n’a été découvert dans le comblement de la
carrière nord pas plus que devant et de part
et d’autre de l’entrée du couloir,
contrairement à ce qui se passe pour le
tumulus B et plus encore devant l’entrée de
la chambre à couloir des Cous à Bazogesen-Pareds, Vendée (Joussaume 1978) ou
celle du tumulus du Montiou à SainteSoline, Deux-Sèvres (Germond et
Joussaume 1978). D’ailleurs aucun
vestige ne fut trouvé sur le pourtour du
tumulus A, qui aurait permis d’envisager
quelque cérémonie liée au monument et
aux morts qu’il contenait. Aux Cous
comme au Montiou, la réutilisation des
chambres par des groupes du Néolithique
récent a peut-être conduit au vidage des
chambres et à l’abandon des poteries
devant les entrées. Mais que sont alors
devenus les ossements des premiers
occupants ?
À l’ouest de la plate-forme, une masse
pierreuse, un cairn, enserre une chambre et
son couloir d’accès. Elle est limitée par un
parement qui prolonge au nord l’angle
tronqué de la première partie tumulaire
(voir le détail de la construction à la
figure 16), tourne d’abord au sud pour
suivre cette direction sur environ 5 m et
ensuite vers l’est pour rattraper l’angle
sud-ouest de la première construction.
Cette partie vient donc s’ajouter à l’édifice
est. La masse de pierres qui la compose
s’appuie sur le parement de la plate-forme
qui peut avoir été un lieu de cérémonie,
voire d’exposition temporaire des corps
des défunts avant leur dépôt dans la
chambre funéraire.
En avant de la chambre funéraire et de
son tronçon de couloir, fut ajoutée une
troisième partie en forme de triangle,
composée de pierres assez grosses, dont le
parement nord est dans la continuité du
côté nord de la première partie alors que
celui de l’ouest, après un angle aigu,
supposé par les quelques pierres qui
subsistaient, rejoint le côté ouest de la
seconde partie, celle qui contient la
chambre funéraire. Le couloir de cette
chambre a été prolongé dans la troisième
partie avec une légère modification d’axe
qui remonte au nord-est (fig. 16-4).
La carrière sud (fig. 20a et b, 21 et 22)
est également une vaste dépression
ovalaire creusée à environ 3,50 m du bord
sud du tumulus. Elle mesure 12,30 m de
longueur pour 10,20 m de largeur
maximale et atteint 1,80 m au plus profond
de son creusement.
Les deux carrières, que nous avons
partiellement fouillées, formaient encore
deux cuvettes visibles à la surface du sol
lors de notre intervention.
De part et d’autre des longs côtés du
monument, de vastes dépressions ovalaires
marquent l’emplacement de carrières d’où
la pierre et les sédiments de construction
ont été prélevés (fig. 17).
17
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 16 : Raccordement des différentes parties à l’extrémité nord-ouest du tumulus A. 16.1 :
Raccordement entre le mur de parement externe et le mur de parement interne de la partie alvéolaire (1) ;
16.2 : Angle nord-ouest de la partie alvéolaire sur lequel se raccrochent les parements (2) et (3) de la
partie du tumulus qui contient la chambre ; 16.3 : Raccordement de ces deux parements aux points (2) et
(3) de la partie alvéolaire.
18
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 17 : Plan du tumulus A avec ses carrières nord et sud.
19
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 18 : Plan de la carrière nord du tumulus A (en haut) ; différentes sections pratiquées dans la carrière
nord (en bas).
20
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 19 : Carrière nord du tumulus A en cours de fouille (cliché R. J.).
dépôts osseux datés du Bronze ancien fut
découverte, aménagée dans la paroi est de
la chambre, entre la chute de
l’encorbellement et le parement transversal
nord-sud de la construction alvéolaire
(fig. 27 et 28).
La chambre et son couloir
La chambre et son couloir d’accès sont
entièrement bâtis en pierre sèche sans
aucune dalle dressée le long de leurs parois
(fig. 23 à 27) : nous sommes assez loin du
dolmen traditionnel édifié avec de grosses
pierres !
Les ossements recueillis sur le fond,
non dallé, de la chambre sont très peu
nombreux bien qu’appartenant à huit
personnes d’après le décompte des dents :
trois enfants de 2, 4 et 6 ans et cinq adultes
dont trois de 20 à 30 ans, un de 30 à 35 ans
et un d’âge supérieur à 40 ans dont
quelques dents furent recueillies dans le
couloir. Une datation sur os prouve une
utilisation de la chambre entre 3709 et
3540 av. J.-C. (OXA-9384, Lyon 1124 :
4870 ± 45 BP), mais s’agit-il du premier
occupant ? Aucune connexion n’a été
notée et seuls un fragment de crâne et deux
fragments mandibulaires ont été retrouvés.
Il y a donc eu prélèvement d’ossements, à
moins qu’au contraire on n’ait déposé ici
que des os en sépulture secondaire.
La chambre présente une forme
quadrangulaire, d’environ 2 m de côté, peu
rigoureuse dans la mesure où ses angles
sont arrondis et ses parois plus ou moins
concaves. Le couloir, légèrement oblique,
se dirige plein nord jusqu’à un premier
seuil marquant la limite d’un parement qui
bordait le cairn contenant la chambre et
cette partie du couloir. La chambre
funéraire devait être couverte par un
montage en encorbellement dont nous
avons retrouvé la masse effondrée à
l’intérieur (fig. 23). Cette masse a été
entièrement démontée (fig. 24, 25 et 26)
jusqu’au sol en place qui ne supportait
aucun dallage (fig. 27). Une cellule avec
21
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 20 : Plan de la carrière sud du tumulus A (en haut) ; profils a et b (au milieu) ;
sections nord-sud n° 2 à 9 (en bas).
22
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 21 : Carrière sud du tumulus A en cours de fouille (cliché R.J.).
Fig. 22 : Partie nord-ouest de la carrière sud montrant son remplissage (clichés R.J.).
23
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 23 : Décapage supérieur de la chambre du
tumulus A (cliché R. J.).
Fig. 24 : Autre phase du décapage dans la
chambre du tumulus A (cliché R. J.).
Fig. 25 : Ossements humains dans la chambre
du tumulus A (cliché R. J.).
Fig. 26 : Fond de la chambre du tumulus A,
vu de l’ouest avec coffre latéral et fosse
(cliché R. J.).
Fig. 27 : Fond de la chambre du tumulus A avec
remontage partiel des parois (cliché R. J.).
24
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 28 : Fosse au fond de la
chambre qui contenait une
poterie à son extrémité nord
(cliché R. J.).
Fig. 29 : Poterie écrasée dans la fosse de la chambre A (cliché R.J.).
25
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 30 : Couloir et base du tumulus A à son
extrémité nord-ouest (cliché R. J.).
Fig. 31 (à gauche) : Couloir de
la chambre A dans sa partie
antérieure (cliché R. J.).
Fig. 32 (à droite) : Dalle
recouvrant les deux poteries
et l’armature de flèche dans le
couloir à l’entrée de la
chambre A (cliché R. J.).
Fig. 34 : Même niveau que sur la figure 33
après mise en évidence des deux poteries
écrasées (cliché R. J.).
Fig. 33 : Niveau archéologique situé au-dessous
de la dalle qui vient d’être enlevée à l’extrémité
du couloir de la chambre A (cliché R. J.).
26
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 35 : Vestiges archéologiques provenant de la chambre et du couloir A : 1 – Vase à rupture de pente ;
2 – Petit vase à ouverture rétrécie trouvé dans la fosse de la chambre ; 3 – Vase-support à fenêtre trouvé
sous une dalle à côté du vase 1 ; 4 – Hachette en fibrolite ; 5 et 7 – Éclats de silex ; 6 – Armature à
tranchant transversal trouvée avec les vases 1 et 3 ; 8 – Élément de parure taillé dans une dent de boviné ;
9 – Canine de canidé percée à la racine.
27
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 36 : Principaux vestiges archéologiques découverts dans la nécropole de Champ-Châlon I : 1 –
Armature à tranchant transversal du tumulus A ; 2 – Eclat de silex du tumulus A ; 3 – Canine de canidé
du tumulus A ; 4 – Pendeloque de la carrière sud du tumulus C ; 5 – Fragment de vase-support décoré de
la chambre du tumulus C ; 6 – Petit vase refermé de la chambre du tumulus A ; 7 – Hachette en fibrolite
du tumulus A ; 8 – Hache polie du tumulus C ; 9 – Vase-support du tumulus A ; 10 – Vase à rupture de
pente du tumulus A (Les restaurations des vases 6, 9 et 10 ont été effectuées par le Laboratoire de
restauration des Musées de France et les clichés de tous les objets par le Musée de Bougon). Les échelles
sont variables, se reporter aux figures relatives à chaque monument : A, fig. 35 ; B1, fig. 51 ; B2, fig. 62 et
C, fig. 63.
28
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 37 : Quelques vases-supports du Poitou et des Charentes : 1 – Dolmen de la Villedieu-de-Comblé
(Deux-Sèvres) ; 2 - Dolmen de Busserais (Vienne) ; 3 – Tumulus de La Motte de la Garde à Luxé
(Vienne) ; 4 – Dolmen de Luxé (Vienne) ; 5 – Dolmen A de Bougon (Deux-Sèvres) ; 6 – Eperon des
Châtelliers du Vieil-Auzay à Auzay (Vendée) ; 7 – Dolmen A5 de Chenon (Charente) ; 8 – Tumulus A de
Champ-Châlon I (Charente-Maritime) ; 9 – Plage des Sables-d’Olonne (Vendée).
29
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
dans sa partie antérieure. Il est possible
d’envisager un montage en encorbellement
pour fermer le couloir mais il devait être
plus aisé de réaliser une couverture avec
des dalles de calcaire jointives posées
transversalement sur les murs latéraux. Un
montage mixte, comme pour une des
chambres du tumulus de Péré C à Prissé-laCharrière dans les Deux-Sèvres, est
également plausible. D’ordinaire ces
couloirs atteignent régionalement au moins
1 m à 1,10 m de hauteur sous plafond.
L’entrée était fermée par un muret qui la
dissimulait à la vue d’éventuels visiteurs.
L’existence de petits mollusques
nécrophages dans cette chambre, comme
dans les autres, plaide en faveur d’un dépôt
de cadavres avec leur chair dans la tombe
et il faut donc privilégier l’extraction d’os
transportés ailleurs. Ce monument aurait
donc été une sépulture collective par
adjonction
de
corps
puis
retrait
d’ossements avant sa fermeture définitive.
Les
vestiges
archéologiques
accompagnant ces dépôts se limitent à une
lame de hachette polie en fibrolite (fig. 35,
n° 4 et fig. 36, n° 8), une canine de canidé
perforée à la racine (fig. 35, n° 9) et une
grosse perle taillée dans une dent de boviné
(fig. 35, n° 8). Toutefois sur le côté est de
la chambre, une dépression creusée
parallèlement au mur latéral (fig. 29) sur
près de 1,30 m de long, une trentaine de
centimètres de large et une vingtaine de
centimètres de profondeur, contenait à son
extrémité nord une petite poterie écrasée à
fond rond et ouverture rétrécie (fig. 35,
n° 2 et fig. 36, n° 7). De qualité moyenne
et de teinte beige, elle possède un bord
légèrement ourlé vers l’extérieur et une
panse large avec une petite perforation
circulaire près de la lèvre et une autre audessus du changement de pente de la
panse. Ce type de vase ne semble pas
exister dans l’important lot de céramiques
du Néolithique moyen de l’Ouest de
l’occupation des Chatelliers-du-VieilAuzay, Vendée (Large et al. 2004) mais
présente quelques affinités formelles avec
le type Le Sourc’h (Plouhinec, Finistère)
défini par J. L’Helgouac’h
en 1966
(L’Helgouac’h 1966).
Nous avons déjà signalé que quelques
dents d’une personne âgée de plus de
quarante ans avaient été recueillies au
niveau du seuil intermédiaire du couloir,
dépôt volontaire ou perte au moment de
l’extraction du crâne du sépulcre pour le
transporter vers un autre lieu. Au passage
du couloir à la chambre, sous une dalle qui
dut servir à en fermer l’entrée, se
trouvaient
deux
poteries
écrasées,
juxtaposées, qu’accompagnait une petite
armature triangulaire à bords abattus et
tranchant transversal en silex cacholonné
blanc (fig. 35, n° 6 et 36, n° 1). L’un des
vases est un vase-support (coupe à socle) à
fût cylindrique décoré de losanges et de
triangles pointillés réservant des losanges
inornés entre eux. Il présente deux fenêtres
quadrangulaires à côtés convexes (fig. 35,
n° 3 et 36, n° 10). L’autre est un grand
récipient à rupture de pente, fond rond et
lèvre éversée (fig. 35, n° 1 et 36, n° 11).
Cette association rappelle celle récemment
mise au jour dans une chambre funéraire à
couloir du long tumulus de Péré C où se
trouvait un vase-support non décoré, à fût
cylindrique et fenêtres, à côté d’un vase à
fond rond et ouverture ovalaire
caractéristique du groupe de Chambon du
Néolithique moyen I de la Loire moyenne,
ce qui tendrait à confirmer l’ancienneté de
ce type de monument4. Notons d’ailleurs à
Le couloir est formé de deux parties. La
première se raccroche directement dans
l’angle nord de la chambre et se développe
en s’évasant quelque peu jusqu’au seuil
déjà signalé. Elle était comblée de pierres
posées à plat comme la partie qui rejoint,
avec un léger décalage vers l’est, le bord
du tumulus. Il est difficile de se prononcer
sur l’aspect primitif de la couverture du
couloir qui n’était peut-être pas couvert
4
Évidemment, comme pour les datations anciennes
obtenues sur os provenant de certains dolmens, on
pourrait admettre que ce vase a été récupéré ailleurs
30
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
ce sujet que le dernier occupant de cette
chambre quadrangulaire à couloir désaxé
du tumulus de Péré C est daté entre 4350 et
4250 av. J.-C (deux dates sur os). Le
rapprochement déjà opéré entre les tombes
collectives en coffres plus ou moins
mégalithiques du groupe de Chambon
(Joussaume 1981) et celles des dolmens à
couloir du Centre-Ouest paraît se
confirmer peu à peu.
long. Ainsi ce coffre semble avoir été
utilisé assez longuement.
Malheureusement
aucun
vestige
archéologique n’accompagnait les restes
osseux et si, au moment de la fouille, nous
avons réalisé que cette cellule avait été
aménagée aux dépens de la paroi de la
chambre, donc secondairement à son
utilisation au Néolithique moyen, aucun
élément ne pouvait permettre de la situer
dans le temps avant la datation
radiocarbone d’un os (OXA-9096, Lyon1041 : 3335 ± 45 BP) entre 1737 et 1519
av. J.-C. Ce coffrage a donc été aménagé
2000 ans plus tard, au Bronze ancien, alors
que la couverture de la chambre s’était déjà
effondrée sur la couche sépulcrale de la
tombe néolithique.
Dans la paroi est de la chambre fut
aménagée, nous l’avons déjà dit, une
cellule rectangulaire d’un mètre de large
pour à peine 1,50 m de long, par
enlèvement de pierres entre l’effondrement
de l’encorbellement dans la chambre et le
mur de séparation entre la partie alvéolaire
(plate-forme) et la partie funéraire (fig. 38
a et b). Les pierres chutées à l’oblique dans
le coffre indiquent qu’il devait être fermé
par des branches d’arbres les supportant
avant qu’elles ne s’effondrent sur le niveau
sépulcral. L’ensemble du tumulus était
déjà très arasé lorsque le coffre fut
aménagé par creusement d’une cavité à son
sommet. Toutefois le mur de séparation
entre les deux parties du tumulus devait
être encore visible et guida les hommes
dans leur aménagement. L’étude, par le Dr
Gilbert, des 80 dents recueillies permet de
reconnaître le dépôt de cinq individus dans
cette cellule : un enfant d’environ 12 ans,
un adolescent de 16 à 18 ans et trois
adultes dont un de 25 à 30 ans, un autre
d’une trentaine d’années, représenté par
24 dents, et un dernier d’une quarantaine
d’années. Seul le sujet du fond, en position
latérale droite fléchie, était complet. Il était
surmonté de pierres obliques interprétées
comme appartenant à une « toiture » en
matériau périssable recouverte de pierres.
Les corps au-dessus de cet effondrement
avaient subi de nombreux prélèvements.
L’un d’eux au moins devait être
accompagné des restes d’un chien dont il
ne fut trouvé que deux molaires et un os
Un autre petit coffre a été reconnu dans
l’angle sud-ouest du cairn de la chambre
funéraire (fig. 39). Il était limité par
quelques
pierres
dressées
qui
apparaissaient à la surface du tumulus. Sa
fouille ne livra qu’un petit tesson de
céramique grossière attribuable, au
moment de sa découverte, à une période
estimée du Néolithique final au Bronze
ancien. Ce coffre est probablement du
même âge que l’autre, de même qu’un
troisième qui n’a laissé que quelques
petites dalles dressées non loin du
précédent.
L’histoire architecturale de ce petit
monument A peut donc se résumer ainsi.
Tout d’abord, édification du volume
alvéolaire quadrangulaire limité par un mur
de parement contreforté par une masse de
pierres à l’est. Il pouvait s’agir d’une plateforme et d’une marche à l’est permettant
d’y accéder. Aucun vestige ne fut
découvert dans sa masse. Dans un
deuxième temps, probablement dans le
prolongement
de
la
construction
précédente sans interruption notable,
aménagement d’une chambre funéraire
couverte en encorbellement à petit couloir
d’accès au nord, adossée à l’extrémité
et que nos chambres funéraires n’étaient en fait que
des reliquaires !
31
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
maximale qui ne devait pas dépasser plus
d’un mètre au-dessus du sol. Quelques
pierres émergeaient par endroits qui
laissaient présager la présence d’une
chambre funéraire. La surprise fut grande
de dégager de cette masse circulaire une
structure
quadrangulaire,
légèrement
trapézoïdale, de 15 m de long pour 8 m de
large à l’est et 6,70 m à l’ouest5. Plus
étonnante encore fut la mise en évidence
de deux chambres funéraires à couloir,
juxtaposées, qui marquent la construction
en deux temps de ce monument6 dont la
hauteur primitive devait être de l’ordre de
2,50 m à 3 m au-dessus du sol (fig. 40, 41
et 42).
Aucune dépression aux alentours
du tumulus ne laisse supposer la présence
d’une carrière qui aurait servi à la
construction. Les quelques sondages
pratiqués en ce sens n’ont donné aucun
résultat. Nous pouvions envisager que le
tumulus avait été construit aux dépens de
la carrière sud du tumulus A située très
près de B. Toutefois, si l’on applique les
datations obtenues sur des ossements des
chambres A, B1 et B2 aux monuments
eux-mêmes, le tumulus B aurait été
construit avant le A7, rendant notre
hypothèse caduque. Il faut alors envisager
des ramassages de pierres dans les terres
alentour ou une carrière creusée à quelque
distance.
ouest de la partie alvéolaire. Enfin,
allongement du couloir au nord par une
structure triangulaire qui vient maintenir la
chambre funéraire et la première partie du
couloir.
La chambre a contenu quelques
individus, adultes et enfants, dont la
plupart des ossements ont été retirés avant
la chute de l’encorbellement. S’il ne
subsistait plus, lors de la fouille, que des
ossements appartenant à huit personnes, on
ne sait en réalité combien de sujets ont été
déposés successivement dans cet espace
qui, construit par toute une communauté, a
pu servir de tombe temporaire à beaucoup
d’entre eux. La chambre peut alors n’avoir
été qu’un lieu de passage. Seuls quelques
éléments osseux des derniers déposés sont
restés dans la chambre, fermée par une
dalle amovible au passage avec le couloir.
Deux vases entiers, associés à une
armature de flèche à tranchant transversal,
étaient adossés à cette « porte » du côté
chambre. La dalle, probablement sous
l’effet de la chute de l’encorbellement,
s’est effondrée sur les deux vases dont l’un
était une coupe à socle décorée, souvent
interprétée comme brûle-parfum, et l’autre
un grand récipient à rupture de pente, bien
caractéristique lui aussi du Néolithique
moyen II régional. L’association de ces
deux types de vases ne paraît pas
innocente. Toutefois, alors que le dépôt
céramique de Péré avait été effectué le
long de la paroi opposée à l’entrée, à
Champ-Châlon A, les deux vases étaient
placés dans le passage. Il fallait donc
l’enjamber, une fois que la dalle de
fermeture avait été enlevée, à moins que
ces vases n’aient été mis là qu’à la fin de
l’utilisation de la chambre funéraire.
5
Il faut donc se méfier de tous ces inventaires de
mégalithes où la périphérie du tumulus est
mentionnée par un cercle en pointillés alors
qu’aucune fouille n’a été pratiquée.
6
Aucun des monuments funéraires à deux
chambres et couloirs du Centre-Ouest de la France
n’avait encore donné la preuve d’une construction
en deux temps, pas plus à Bougon E (qui cependant
a été modifié dans un second temps) qu’à
Chenon B, à Fouqueure ou La Vallée, qui peuvent
d’ailleurs avoir été construits en une seule fois.
7
En fait, on peut faire dire ce que l’on veut à ces
datations radiocarbone sur ossements qui, si elles
paraissent trop jeunes sont attribuées à des
réoccupations, et si au contraire elles semblent trop
anciennes sont alors attribuées à des reliques
ramenées dans le monument ou encore à une
construction plus ancienne qui aurait été
secondairement modifiée.
Le tumulus B
À notre arrivée, le tumulus B, situé à
25 m à l’est du tumulus A, se présentait
sous la forme d’une calotte arrondie
pratiquement circulaire d’une vingtaine de
mètres de diamètre pour une hauteur
32
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 38 a, b et c : Trois niveaux de décapage dans le coffre du Bronze ancien, latéral à la chambre A
(clichés R. J.).
Fig. 39 : Autre coffre remonté à l’extrémité ouest du tumulus A (cliché R. J.).
33
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 40 : (en haut) Plan du tumulus B (relevé R. Cadot) ; (en bas) Plan avec datations radiocarbone. Les
parties en noir indiquent des orthostates encore en place au moment de la fouille (plusieurs ont
aujourd’hui disparus) ; les cadres blancs indiquent les emplacements, retrouvés au cours de la fouille,
d’orthostates manquants.
34
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 41 : Restitution théorique du tumulus B avec ses deux phases de construction : B1, circulaire et B2,
quadrangulaire qui recouvre le B1 (dessin R. Joussaume).
Fig. 42 : Ensemble du tumulus B au moment de la fouille. Aucune restauration n’y a été pratiquée
(cliché R. J.).
35
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 43 : Chambre B1 dans son tumulus circulaire à double parement
(cliché R. J.).
Fig. 44 : Chambre et couloir B1 (cliché R. J.).
36
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Chambre funéraire à couloir B18
sur le dallage assez lâche qui occupait le
fond du couloir dont l’entrée était fermée
par un muret en pierre sèche. Cependant
quelques tessons de poteries, attribuables
au Néolithique moyen, furent découverts
dans le tiers supérieur de son remplissage.
Si la fermeture du couloir par un mur en
pierre sèche donnait une homogénéité
certaine au mur périphérique du tumulus,
l’accès à la chambre demeurait cependant
perceptible pour un œil averti, par les
jonctions verticales de ce mur de fermeture
avec le mur de parement, formant deux
« coups de sabre » distants d’à peine un
mètre dans la construction. Nous n’avons
aucune idée du mode de recouvrement du
couloir ni de sa hauteur sous plafond.
La chambre funéraire B1 (fig. 43 et 44),
chambre quadrangulaire à couloir désaxé
ouvert au sud, est contenue dans un
tumulus circulaire à deux parements
concentriques, d’environ 8,60 m de
diamètre. La couronne extérieure, véritable
contrefort irrégulier de 0,70 m à 1 m de
large, est bordée d’un mur de parement
présentant un léger fruit. Le parement
interne limite le mur périphérique à la
chambre qui atteint 1,80 m à 2 m
d’épaisseur. Il devait supporter le montage
en encorbellement qui recouvrait la
chambre avant de s’effondrer sur le niveau
sépulcral9.
Des fragments de deux vases-supports
(coupes à socle) décorés se trouvaient sur
le sol devant l’entrée (fig. 51, n° 1 et 2). Ils
peuvent être le produit de vidages de la
chambre funéraire ou marquer des dépôts
pratiqués à l’extérieur du monument, peutêtre sur la murette périphérique du
tumulus10.
Un couloir, long de 3 m pour 0,80 m à
1 m de large, permet d’accéder dans le coin
sud-est de la chambre donnant à
l’ensemble une forme générale en « q »,
typique des dolmens régionaux dits
« angoumoisins ». Cependant, il est
entièrement construit en pierre sèche à
l’exception d’une petite dalle dressée sur le
côté est de l’entrée. Peut-être une autre,
détruite par les racines d’un arbre que nous
avons dû abattre, était-elle placée en vis-àvis de l’autre côté du couloir, comme cela
existe à l’entrée du couloir de la chambre
funéraire du tumulus C de ce même site.
Aucun vestige archéologique ne fut trouvé
Aucune fermeture ne marque le passage
du couloir à la chambre quadrangulaire
dallée qui mesure 2,60 m de longueur estouest pour une largeur de 2,30 m. Elle
pouvait être en bois, voire inexistante. Les
parois sont faites de l’alternance de dalles
dressées qui atteignent à peine 1 m de
hauteur pour une épaisseur variant de 10 à
15 cm et une largeur d’environ 60 cm, et
de murets en pierre sèche situés sur un
même plan que la face interne des dalles
dressées et qui paraissent donc pris dans la
maçonnerie. Ces orthostates n’ont que peu
d’utilité
dans
le
maintien
de
l’encorbellement ; d’ailleurs il existe des
8
Personnellement, je continue d’utiliser le terme
« dolmen » pour les chambres mégalithiques
(parois et couverture), mais je préfère l’éviter pour
les monuments construits avec des matériaux plus
légers, pierre sèche ou bois. Un monument
mégalithique funéraire, un dolmen donc, peut
posséder des parties en pierre sèche, voire en bois.
9
Contrairement à une idée largement répandue, il
est aussi facile de monter un encorbellement à partir
d’une base quadrangulaire que circulaire ou
polygonale. Une visite de constructions en pierre
sèche subactuelles dans le Midi de la France permet
de s’en assurer rapidement. Cette technique a été
largement utilisée par les bâtisseurs néolithiques du
Poitou et des Charentes. Ses prémices apparaissent
avec la couverture de certains coffres des tertres du
Morbihan (tumulus carnacéens) jusqu’en Gironde
(tumulus du Campet).
10
De nombreux vases, plus ou moins écrasés sur
place, ont été découverts de part et d’autre des
entrées des couloirs lors des fouilles du cairn des
Cous à Bazoges-en-Pareds (Vendée) et du tumulus
du Montiou à Sainte-Soline (Deux-sèvres) pour ne
prendre que deux exemples de monuments
régionaux dernièrement étudiés.
37
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
rectiligne du monument trapézoïdal B2 qui
occulte ainsi la forme circulaire du premier
cairn.
chambres funéraires à plan quadrangulaire
dont les parois sont entièrement édifiées en
pierre sèche. Il en est ainsi de la dernière
chambre à couloir découverte dans le
tumulus de Péré C à Prissé-la-Charrière
(Deux-Sèvres) dont les murs en pierre
sèche, montés en léger encorbellement,
supportent une dalle de couverture
d’environ trois tonnes. Ces dalles dressées
ne jouaient peut-être qu’un rôle esthétique
dans l’équilibre de l’intérieur, d’autant
qu’on peut les imaginer couvertes de
peintures comme il s’en trouve au Portugal
(dolmen d’Antelas à Viseu) et dans la
Galice voisine (dolmen de Dombate à la
Corogne).
Vestiges archéologiques de la chambre B1
Nous avons déjà signalé qu’il devait y
avoir des restes osseux appartenant à 7 ou
8 sujets, d’après le décompte des dents, et
qu’aucun os ne fut découvert dans le
couloir. À ce jour, l’étude anthropologique
n’a toujours pas été effectuée11. Nous
avons donc décidé de ne pas attendre plus
longtemps pour faire connaître les résultats
des autres travaux entrepris sur cette
nécropole ; l’étude anthropologique fera
l’objet d’une publication à part par les
soins de Ludovic Soler et Jean-Paul Cros.
Le calcaire en place du sous-sol de la
chambre a été recouvert de dallettes
juxtaposées (fig. 50) sur lesquelles
reposaient les corps de sept ou huit
individus d’après les 131 dents recueillies
qui furent étudiées par le docteur JeanMaurice Gilbert. Celui-ci dénombra ainsi
5 ou 6 adultes, dont 4 ou 5 étaient décédés
entre 20 et 30 ans et 1 au delà de 45 ans, et
de deux enfants dont un de 1 an et demi et
l’autre de 8 ans. Les pierres de
l’encorbellement, en s’effondrant sur la
couche sépulcrale, ont bouleversé les
ossements et perturbé la position des corps
(fig. 47, 48 et 49). Toutefois quelques
connexions
anatomiques
observées
prouvent que des corps ont été déposés
entiers sur le dallage.
Le
matériel
archéologique
qui
accompagnait les défunts est peu abondant.
L’industrie lithique se limite à deux
armatures à tranchant transversal et
retouches abruptes des bords (fig. 51, n° 4
et 5). Elles sont extraites de lames et l’une,
très petite, n’est retouchée que sur un seul
côté (fig. 51, n° 5). Le silex jauneblanchâtre paraît très déshydraté.
11
Il est tout à fait surprenant de constater qu’alors
que nous sommes sur des terrains calcaires propices
à une bonne conservation des ossements perturbés
par la chute du plafond, et que le matériel
archéologique prouve qu’il n’y a eu aucune
réutilisation des quatre chambres funéraires après le
Néolithique moyen, aucun anthropologue, depuis le
début des fouilles, il y a 25 ans, n’avait encore
accepté de conduire à bien cette étude. Je remercie
le docteur Jean-Paul Cros et Ludovic Soler de bien
vouloir réaliser ce travail qui devrait permettre une
confirmation
du
caractère
collectif
avec
déplacement et rangement d’ossements dans les
chambres funéraires dolméniques du Centre-Ouest
de la France, idée assez largement rejetée par la
communauté scientifique qui a tendance à ne voir
apparaître cette coutume qu’au Néolithique récent,
environ un millier d’années plus tard.
Cette chambre funéraire à couloir B1
dans son cairn circulaire à double parement
fut le premier monument édifié de la
nécropole de Champ-Châlon I, en fonction
de la datation radiocarbone obtenue sur os :
OXA-9097 : 5365 ± 55, soit une date
calendaire comprise entre 4336 et 4005 av.
J.-C. Elle a donc été utilisée dans le dernier
quart du Ve millénaire av. J.-C., voire
quelque peu plus tôt.
Dans sa partie nord, derrière la chambre
funéraire, le parement circulaire du
tumulus B1 a été recoupé par celui
38
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 45 a et b : Intérieur de la chambre B1 avec son remplissage dont une grosse dalle qui pourrait avoir
été la « clé de voûte » de l’encorbellement (cliché R. Cadot).
Fig. 47 : Ossements humains au fond de la
chambre B1 (cliché R. C.).
Fig. 46 : Encorbellement chuté dans la chambre
B1 (cliché R. C.).
Fig. 49 : Pierre chutée sur un crâne qu’elle a
enfoncé, dans la chambre B1 (cliché R. C.).
Fig. 48 : Dallettes chutées et ossements
dans la chambre B1 (cliché R. C.).
Fig. 50 : Intérieur de la chambre dallée B1.
Alternance des murets en pierre sèche et des dalles
dressées pour former les parois (Cliché R. C.).
39
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 51 : Vestiges archéologiques recueillis dans la chambre B1 (dessins R. Cadot). 1 et 2 – Fragments de
vases-supports décorés de pointillés ; 3 – Vase hémisphérique ; 4 et 5 – Armatures à tranchant
transversal.
40
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
côté sud du nouveau tumulus qui prend
désormais
une
forme
trapézoïdale
légèrement plus large à l’est qu’à l’ouest.
Cet élargissement du côté est des tumulus
trapézoïdaux
apparaît
comme
une
constante régionale (tumulus de Péré C à
Prissé-la-Charrière,
tumulus
des
Moindreaux à Saint-Jean-de-Liversay,
tumulus de Mille-Écus à Benon etc…). Le
cairn, qui inclut la nouvelle chambre et qui
maintiendra son encorbellement, va donc
modifier le cairn circulaire du premier
monument en le recoupant à l’arrière, et y
ajouter à l’ouest une masse pierreuse
parementée qui formera le petit côté du
trapèze (fig. 40 et 41).
L’industrie osseuse n’est représentée
que par un fragment d’aiguille, ou épingle,
trouvée sous un crâne. Cet élément,
comme d’autres provenant de la chambre 2
de ce même monument, permet
d’envisager que les corps étaient
enveloppés dans un tissu ou une peau
d’animal. Des observations identiques
avaient permis des hypothèses semblables
par J.-P. Mohen à Bougon F0, B1, B2 et A
(Deux-Sèvres) (Mohen et Scarre 2002).
Aucun tesson de poterie ne fut
découvert dans la chambre, alors que
quelques éléments d’un petit vase
hémisphérique furent trouvés dans la partie
supérieure du couloir (fig. 51, n° 3).
La datation radiocarbone, obtenue
sur os, indique que cette chambre a été
utilisée au début du IVe millénaire av. J.-C.
confirmant en quelque sorte une
construction plus récente de la chambre B2
par rapport à la chambre B1 : OXA-9595 :
5090 ± 40 BP soit une date calendaire
comprise entre 3973 et 3787 av. J.-C.
À l’extérieur du monument, sur le sol
devant l’entrée du couloir, se trouvaient
une vingtaine de tessons appartenant à
deux vases-supports décorés. Ces deux
coupes à socle circulaire possédaient une
fenêtre, voire plusieurs (deux ou trois), au
milieu de la hauteur du fût cylindrique plus
ou moins concave. La première est décorée
de trois lignes de points parallèles qui
entourent les fenêtres quadrangulaires
placées obliquement sur la paroi (fig. 51,
n° 1). L’autre vase-support présente un
décor de triangles pointillés dont la base
suit le pied du vase (fig. 51, n° 2). Ils
devaient former une ribambelle de
triangles juxtaposés autour du fût et
alterner avec une autre série de triangles
pointillés inverses placés au-dessus,
pointes en bas, libérant un zigzag inorné
entre les deux. De qualité médiocre et avec
une épaisseur de paroi assez importante
identique (8 mm), ces vases, si particuliers
et si communs dans les chambres
quadrangulaires à couloir régionaux, ont
un diamètre d’environ 20 cm.
Ainsi la forme trapézoïdale du tumulus
final occultera la forme circulaire du
tumulus primitif sans en dissimuler l’entrée
du couloir dont il suffisait de démonter le
muret de fermeture pour accéder à la
chambre. Il est donc possible d’envisager
que cette première chambre funéraire ait
continué d’être utilisée en même temps que
la seconde. Il n’y a pas de rupture avec le
passé, bien au contraire, mais un
changement d’apparence extérieure, donc
de coutume, par la nouvelle forme du
tumulus. On remarquera que cette
évolution de la forme circulaire à la forme
trapézoïdale des tumulus funéraires au
Néolithique, est assez fréquemment mise
en évidence dans le Centre-Ouest de la
France (Péré C, Le Planti, Bougon F0)
comme d’ailleurs à Carn et Barnenez en
Bretagne. Faut-il mettre ce changement
dans les coutumes funéraires en rapport
avec l’arrivée d’influences orientales qui se
manifestent jusque sur la Loire dans la
première moitié du Ve millénaire avec le
Chambre funéraire à couloir B2
La chambre funéraire B2 a été ajoutée à
l’est du tumulus B1 de sorte que les deux
chambres soient alignées et que leurs
couloirs parallèles ouvrent sur le même
41
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
VSG puis le Cerny et le Chambon, ce
dernier semblant déjà faire la synthèse
entre les influences continentales et
méridionales ? Il n’y a rien d’impossible.
Fig. 52 : Vue aérienne de la chambre B2
dans le tumulus B (cliché R.J.).
Fig. 53 : Lors de la fouille du tumulus B,
la chambre B2 fut mise en évidence la
première (cliché R. J.).
Fig. 54 : Dégagement de la chambre
B2 et de son couloir dans son cairn
quadrangulaire (cliché R.J.).
42
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 55 a et b : Dégagement de la chute de pierres dans la chambre B2 (clichés R. C.).
Fig. 56 : Dallage de la chambre et porte taillée dans
deux dalles dressées juxtaposées, au passage du couloir
à la chambre B2 (cliché R. C.).
Fig. 57 : Vue générale de la chambre dallée B2 et de ses
orthostates (cliché R. C.).
chambre était limitée par des dalles
dressées dont certaines mesurent 1 m de
hauteur. Ces orthostates étaient dressés
dans de petites fosses aménagées dans le
sol, adossés à une maçonnerie, construite
La chambre B2 est de forme légèrement
trapézoïdale, le côté le plus large à l’est
atteint 2,70 m pour 2,50 m à l’ouest.
Malgré quelques manques, surtout dans
l’angle nord-est, on peut supposer que cette
43
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
taillé dans deux dalles jointives bien
bouchardées (fig. 56 à 61) dont il ne
subsiste que la base. On peut imaginer
qu’un panneau de bois fermait cet orifice.
De telles fermetures entre chambre et
couloir sont connues dans nombre de
dolmens régionaux soit sous forme de
« hublot » comme ce fut le cas ici ainsi
qu’à Péré C ou à la Grosse-Pierre à SainteRadégonde en Charente-Maritime et bien
d’autres ailleurs, soit sous forme de « porte
de four » aménagée à la base d’une dalle,
avec seuil (Le Montiou à Sainte-Soline
dans les Deux-Sèvres ou La Jaquille en
Charente qui possède encore le battant de
la porte en pierre, fig. 101 et 102).
secondairement, dont des éléments
venaient s’insérer dans les espaces laissés
libres entre deux pierres dressées
consécutives, formant des « ergots » restés
visibles quand les pierres furent parfois
ultérieurement
extraites.
Ce
détail
architectural nous a souvent permis de
restituer le nombre et l’emplacement précis
des dalles absentes dans les monuments
régionaux, car c’est une technique de
montage fréquemment rencontrée.
La chambre, au sol recouvert de dalles
plates plus ou moins jointives (fig. 56 et
57), était entourée d’une masse pierreuse
trapézoïdale dont le plan suit à peu près
celui de l’espace funéraire. La distance qui
sépare le parement extérieur du premier
monument B1 du mur ouest de la chambre
B2 n’est que de 80 cm. Entre ces deux
lignes de pierres, la masse tumulaire,
associée à celle située derrière les trois
autres côtés, servait à maintenir
l’encorbellement qui devait recouvrir la
chambre funéraire et prendre appui sur le
tumulus du premier monument.
L’extrémité du couloir qui ouvre sur
l’extérieur du tumulus était fermée par un
muret en pierre sèche qui s’alignait avec le
parement du tumulus, rendant cette entrée
difficilement perceptible (fig. 60). Il est à
noter que des fragments de deux poteries
du Néolithique moyen furent trouvés dans
la partie supérieure de ce bouchon (fig. 62,
n° 1 et 2).
Le matériel lithique recueilli dans la
chambre se compose de quatre armatures à
tranchant transversal et retouches abruptes
des bords (fig. 62, n° 4 à 7, les deux
premières étant de petit module et de
fabrication archaïque) et trois éclats et
lames plus ou moins retouchés (fig. 62,
n° 8 à 10). Le reste du matériel
archéologique est représenté par huit
fragments de lamelles de défenses de
sangliers (fig. 63) dont deux possèdent les
traces d’une perforation circulaire à la base
(fig. 63, n° 5), trois fragments d’épingles
en os (fig. 63, n° 6 et 7), les restes d’un
vase-support cylindrique non décoré qui
devait avoir 18 cm de diamètre (fig. 62,
n° 3). Ajoutons que quelques fragments de
poteries et un éclat retouché (fig. 62, n° 9)
ont été trouvés sur le sol sous la chute des
pierres du tumulus, devant le monument.
Dans la chambre funéraire bouleversée
par la chute de l’encorbellement, J.-M.
Gilbert a dénombré 102 dents appartenant
à six adultes : trois de 20 à 30 ans, deux de
30 à 40 ans et un de plus de 50 ans. Aucun
enfant n’a été décelé.
Le couloir permettant l’accès à la
chambre aboutit dans l’angle sud-ouest de
celle-ci. Perpendiculaire à l’axe de la
chambre, il mesure près de 3 m de long
pour environ 90 cm de large et s’ouvre sur
le long côté sud du tumulus comme celui
de la chambre B1. Son fond était dallé
comme la chambre et il était limité à
l’origine de part et d’autre par cinq pierres
dressées juxtaposées (fig. 58 et 61).
Plusieurs ont aujourd’hui disparu… Le
passage du couloir à la chambre se faisait à
travers un aménagement pratiquement
circulaire d’environ 80 cm de diamètre,
44
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 58 : Couloir dallé conduisant à la
chambre B2 (cliché R. C.).
Fig. 59 : Porte taillée dans deux dalles
dressées au passage de la chambre au couloir
B2 (cliché R. C.).
Fig. 60 : Arrière de la murette de fermeture du couloir B2
(cliché R. C.).
Fig. 61 : Piliers juxtaposés sur le côté est du couloir d’accès à la chambre B2 (cliché R. C.).
45
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Le « crocheur » de la chambre B2 (JeanMaurice Gilbert)
Ces deux premières prémolaires, par
leurs caractères anatomiques et abrasifs
remarquables, appartiennent à un même
individu. Il est regrettable que les dents
antagonistes et les dents collatérales
n’aient pu être retrouvées, car elles
auraient certainement apporté d’autres
précisons intéressantes. On peut penser
qu’elles ont été sorties de la chambre
confirmant l’idée de lieu de passage que
devait représenter cet espace.
Parmi les dents de la chambre B2, deux
prémolaires isolées présentent une usure
particulière, résultat d’un travail qui
pourrait correspondre à celui d’un vannier.
L’étude détaillée de ces dents a été publiée
dans le Bulletin du Groupe vendéen
d’études préhistoriques, n° 23, 1990, p. 3159. Nous n’en donnerons ici qu’un petit
résumé.
Ces caractères sont :
- L’orientation de la gorge, horizontale et
perpendiculaire à l’axe mésio-distal des
dents. L’élément tenu n’a laissé aucune
trace d’usure oblique, quelle que soit la
dimension de l’espace considéré.
- La similitude presque parfaite entre les
parties abrasées de ces deux dents,
pointe cuspidienne vestibulaire et partie
coronaire distale.
Ce sont deux prémolaires inférieures,
droite et gauche (fig. 64), qui ont été
trouvées isolées lors de la fouille. Elles
présentent sur la partie coronaire distale
une gorge d’usure abrasive non naturelle.
Cette usure a provoqué la disparition de la
crête marginale distale, le sillon distal,
l’arête distale de la cuspide vestibulaire,
laissant apparaître la dentine sous-jacente.
Nous avons créé le néologisme
« crocheur » pour désigner celui qui saisit
fortement entre ses arcades dentaires un
matériau pour pouvoir le travailler.
Une légère différence dans le
développement de l’usure, un peu plus
importante pour la prémolaire droite, invite
à nous interroger sur la position possible de
travail de ce sujet.
Le « crocheur » de Champ-Châlon
devait utiliser ses dents pour maintenir
fortement dans sa vie courante un brin
circulaire végétal qui créa cette usure
particulière.
Bien qu’il soit probable que son activité
manuelle ait été pratiquée autant du côté
droit que du côté gauche pour éviter une
fatigue musculaire excessive, il développa
une activité prédominante du côté droit.
Une étude en microscopie électronique
à balayage permet de préciser l’orientation
des striations observables sur la partie
coronaire où l’usure abrasive forme une
gorge.
Si l’on s’accorde sur la position des
mains en fonction du côté où l’activité se
développe, il semble que ce soit la main
opposée qui exerce la plus grande activité :
Le crocheur de Champ-Châlon devait être
un vannier gaucher.
Les striations sont parallèles à l’axe
vestibulo-lingual de la couronne ; elles
sont d’une longueur et d’une profondeur
exceptionnelles pour des striations
observables à la surface d’une dent.
46
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 62 : Vestiges archéologiques recueillis dans la chambre B2 : 1 – Fragment de vase à rupture de pente ;
2 – Fragment de vase hémisphérique ; 3 – Fragment de vase-support ; 4 à 7 – Armatures à tranchant
transversal à retouches abruptes des bords ; 8 à 10 – Eclats et lame en silex (dessins R. Cadot).
47
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 63 : Vestiges archéologiques recueillis dans la chambre B2 : 1 à 5 : Fragments de lames de défenses de
sanglier ; 6 et 7 : fragments d’aiguilles ou de poinçons en os (dessins R. Cadot).
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Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 64 : « Usure du cordonnier » sur deux
prémolaires de la chambre B2 (dessins et cliché de
J.-M. Gilbert).
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Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
de 9 à 11 ans. Une datation radiocarbone a
été effectuée sur os : OXA-9099, Lyon1044 : 5030 ± 45 BP soit une date
calendaire entre 3957 et 3707 av. J.-C.
Le tumulus C
Le levé topographique du secteur C
(fig. 65) montrait une butte allongée estouest, sensiblement plus large à l’est et
plus haute à l’ouest, entre deux dépressions
du sol qui pouvaient correspondre aux
carrières ayant servi à l’édification du
monument.
Accompagnant ces vestiges, fut trouvé
un fragment de vase-support décoré de
triangles au champ pointillé (fig. 36, n° 6
et 86, n° 1) qui avait par chance subsisté au
milieu de cet espace perturbé.
Après mise en évidence de son mur de
parement périphérique, le tumulus C
apparaît sous la forme légèrement
trapézoïdale allongée de 10,60 m de
largeur à l’est et 9,50 m à l’ouest. Comme
pour le tumulus A, le côté nord est plus
long, 25,80 m, que le côté sud, 24 m
(fig. 66).
L’accès à la chambre se faisait par
un couloir, légèrement désaxé vers le nord,
qui ouvre sur le petit côté est du tumulus. Il
mesure 2,70 m de long pour une largeur
moyenne de 1 m environ. Il est bordé, de
part et d’autre, par un muret en pierre
sèche à l’exception d’une dalle dressée de
chaque côté de l’entrée, comme il en a été
reconnu dans l’entrée du couloir B1 sur un
seul côté. Ce couloir comportait un dallage
de pierres plates sur lequel gisait le
squelette en position fléchie d’un adulte de
plus de 60 ans. Une datation radiocarbone
a été effectuée sur os : OXA-9098, Lyon
1043 : 4980 ± 50 BP soit une date
calendaire entre 3939 et 3654 av. J.-C.
Le décapage de toute la surface sur
quelques centimètres d’épaisseur permit de
mettre en évidence une structure construite
en trois parties dans un projet architectural
unique comme pour le tumulus A : la
chambre funéraire et son couloir dans une
chemise circulaire à l’est ; une masse
alvéolaire centrale et une structure
quadrangulaire parementée finale qui
enveloppe les deux parties précédentes
(fig. 66b).
Cette date est tout à fait comparable à
celle obtenue dans la chambre. Elles
indiquent des dépôts humains effectués au
début du IVe millénaire av. J.-C.
La chambre funéraire est de forme
ovalaire, assez proche, mais plus allongée,
de celle du tumulus A. Elle mesurait 2 m
de longueur pour 1,80 m de largeur et était
bordée à l’origine d’orthostates en pierre
dont les fosses d’implantation ont été
retrouvées pour trois d’entre eux alors que
les bases de deux autres subsistaient à leur
place (fig. 66 à 69 et 84b). Cette chambre
avait donc subi des exactions qui en
avaient détruit une partie. Des lambeaux de
dallage subsistaient dans cet espace où
furent recueillis des restes osseux
appartenant à sept individus décomptés à
partir des dents : deux adultes de 20 à
25 ans, deux autres de 25 à 30 ans, un
enfant de 4 ans, un de 6 ans et un dernier
La chambre et son couloir, hormis les
deux pierres dressées de l’entrée, sont
inclus dans une chemise circulaire de
pierres d’environ 6 m de diamètre (fig. 66
à 69 et 84b). Celle-ci est limitée par un
parement qui s’interrompt à l’arrière de la
chambre pour rejoindre la paroi de la
masse alvéolaire, marquant ainsi l’unité
qui existe entre les deux parties du
monument. À l’avant de la chambre une
autre ligne de parement interne curviligne,
mais qui ne cerne pas complètement la
chambre, fait partie de l’armature qui
soutenait
l’encorbellement
couvrant
l’espace.
50
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 65 : Relevé topographique avant la fouille du tumulus C avec positionnement de la coupe (cd) de la
carrière et de la coupe (ab) du tumulus (relevé topographique de S. Cassen 1981).
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Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 66 : Plan d’ensemble du tumulus C avec chambre et système alvéolaire (en haut) ; Les trois ensembles
qui composent le tumulus C : La chambre et son couloir dans son cairn subcirculaire à l’est ; la grande
partie alvéolaire à l’ouest et l’entourage quadrangulaire (en bas).
52
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 67 : Vue aérienne du tumulus C (cliché Groupe vendéen d’études préhistoriques).
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Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 68 : Extrémité est du
tumulus C avec chambre et
couloir dans un cairn
circulaire maintenu par des
contreforts latéraux (cliché
GVEP).
Fig. 69 : Chambre et couloir du tumulus C en cours de fouille (cliché R. J.).
54
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 70 : Extrémité est du tumulus C (cliché R. J.).
Fig. 71 : Ensemble alvéolaire du tumulus C (cliché R. J.).
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Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 72 : Extrémité sud-ouest du tumulus C (cliché R. J.).
Fig. 73 : Partie centrale sud du tumulus C (cliché R. J.).
Fig. 74 : Extrémité nord-ouest du tumulus C
(cliché R. J.).
Fig. 75 : Angle sud-est du tumulus C
(cliché R. J.).
56
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 76 : Alvéoles du tumulus C vues du sol (cliché R. J.).
Fig. 77 : Alvéoles du tumulus C vus de dessus (cliché R. J.).
Fig. 78 : Extrémité de la partie alvéolaire à l’est du tumulus C (cliché R. J.).
57
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 79 : Section transversale cd de la
carrière sud du tumulus C (cliché R. J.).
Fig. 80 : Section au centre du tumulus C
montrant le système alvéolaire et son bourrage
(cliché R. J.).
Fig. 81 :Une alvéole et son comblement
dans le tumulus C (cliché R. J.).
Fig. 82 : Noyau central du tumulus
C sur lequel est édifié le système
alvéolaire (cliché R. J.).
58
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 83 : (en haut) Coupe théorique du tumulus C et de ses carrières latérales au niveau de la partie
alvéolaire ; (en bas) Section du tumulus C avec son noyau central sur lequel sont édifiées les cellules
maintenues par des murettes externes plus ou moins obliques (dessins R. Joussaume).
en bas âge. Ces restes forment le plus
ancien dépôt reconnu dans le tumulus C. Il
est bien difficile de leur trouver une
explication. Était-ce un dépôt de fondation
À l’arrière de la chambre, posés sur le
sol au-dessous de l’antenne qui joint la
partie sépulcrale à la partie alvéolaire,
furent trouvés deux molaires et un petit
fragment de calotte crânienne d’un enfant
59
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Rien de particulier ne fut découvert au
cours de la fouille, pratiquement
exhaustive, de la partie alvéolaire du
tumulus C. Chaque alvéole a été vidé
jusqu’au sol en place sans apporter le
moindre objet ou ossement. Toute cette
partie ne sert à rien d’autre qu’à donner de
l’importance,
du
volume,
de
la
monumentalité à l’ensemble. Il fallait
marquer le territoire par une œuvre
spectaculaire.
qui marque un lien avec un autre lieu
funéraire d’où provenaient ces restes ?
La deuxième partie du monument
atteint 18 m de longueur (fig. 66 et 70 à
83). L’ensemble de cette masse est
constitué d’une arête centrale faite de
l’amoncellement de pierraille en forme de
toit à double pente (fig. 83). Au sommet de
ce « toit », un mur plus ou moins rectiligne
fut construit par étapes sur ces 18 m de
tumulus. De part et d’autre de ce mur axial
s’accroche un ensemble d’alvéoles sur neuf
rangs d’est en ouest. Chacun de ces
alvéoles est limité par un montage de
pierres sans souci de parement bien
agencé, et bourré de pierrailles et de
cailloutis plus ou moins mêlés de terre.
Selon toute vraisemblance, ces alvéoles,
qui
n’ont
livré
aucun
matériel
archéologique dans tout leur comblement,
correspondent à une technique de
construction du monument. Ce système
alvéolaire, construit au-dessus de l’arête
centrale à double pente, permet de gagner
de la hauteur sans avoir à élargir la masse.
Par ailleurs il utilise tous les matériaux
disponibles provenant de la carrière : les
pierres les plus grosses servent à construire
les parois arrondies des alvéoles et le toutvenant, déchets de taille et sédiments
interstratifiés du sous-sol, viendra combler
les cellules ainsi préparées au fur et à
mesure de leur montage. Il s’agit donc
d’une véritable armature interne qui
montre les capacités techniques des
constructeurs. La neuvième rangée
d’alvéoles, celle qui forme l’extrémité
ouest de la partie alvéolaire, est restée en
l’état, c’est-à-dire que les limites ouest des
alvéoles s’alignent pour former le
parement de cette extrémité du monument
(fig. 66a). Tout semble se passer comme si
le tumulus n’était pas fini, comme s’il
aurait pu être encore allongé par ajouts
d’autres rangées d’alvéoles peut-être à
certaines occasions, au cours de
cérémonies liées à l’apport d’un nouveau
corps dans le sépulcre et du retrait
d’ossements de certains autres…
Il est toutefois possible, ici encore,
d’interpréter cette construction comme une
plate-forme limitée par un mur de
parement. On peut même envisager que
cette plate-forme était plus haute que le
parement périphérique qui aurait alors
formé une marche sur chacun des longs
côtés. Signalons qu’à son sommet deux
petites dépressions contenaient encore
quelques ossements humains, dépôts
funéraires non datés dont nous avons
imaginé qu’ils pourraient marquer une
étape avant leur entrée dans la chambre
sépulcrale…
Les deux parties du tumulus que nous
venons de décrire, partie funéraire et partie
alvéolaire, ont donc ensuite été intégrées
dans une vaste structure trapézoïdale de
près de 26 m de longueur maximale limitée
par un parement bien construit sauf à
l’ouest où il est constitué par les murs des
alvéoles de la neuvième rangée. Il nous est
difficile d’estimer sa hauteur primitive qui
aurait toutefois pu atteindre 1 m à 1,20 m,
hauteur présumée du couloir conduisant à
la chambre. Perpendiculairement aux deux
longs murs de parement nord et sud,
d’autres lignes de murets internes
rejoignent le système alvéolaire et
l’enveloppe circulaire de la chambre et de
son couloir formant autant de cellules
latérales qui bloquent l’ensemble. Il s’agit
d’une architecture mûrement réfléchie,
produit d’une longue évolution des
techniques
sur
plusieurs
centaines
d’années, et où la fantaisie ne semble pas
exclue. En effet, sur le côté sud de la
60
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
analogies avec celles du tumulus A.
Soulignons que l’existence même de ces
larges dépressions de part et d’autre du
monument devait donner l’impression que
le tumulus, sur son piédestal, était plus
haut qu’il n’est en réalité.
chambre, l’une de ces cellules est comblée
de lignes de pierres posées de chant plus
ou moins à l’oblique vers l’intérieur alors
que rien ne paraît justifier cet arrangement
particulier nulle part ailleurs observé
(fig. 84a). À peu près au même niveau
mais de l’autre côté du monument,
quelques ossements humains et une petite
perle en pierre (fig. 86, n° 6) se trouvaient
dans les pierres du comblement situées en
arrière du parement externe nord (fig. 84b,
n° 2).
Au cours de la fouille de la section
étudiée dans la carrière, quelques tessons
de poteries, sans caractère particulier, ont
été découverts ainsi qu’un couteau en silex
(fig. 86, n° 3), un fragment de tranchant de
lame de hache polie également en silex et
une petite pendeloque en roche verte
(fig. 86, n° 5). Une lame de hache polie
entière, en dolérite de type A des ateliers
de Plussulien en Bretagne, fut trouvée au
pied du mur de parement nord, non loin de
son extrémité est (fig. 86, n° 2 et 87). En
parfait état, posée à plat sur le sol parmi
des pierres qui la recouvraient, elle semble
une offrande posée là.
Parallèlement aux longs murs de
parement du tumulus existent deux larges
dépressions (fig. 65) correspondant aux
carrières
d’où
les
matériaux
de
construction ont été extraits. La section
opérée dans la carrière sud indique une
fosse qui peut atteindre une vingtaine de
mètres de large pour 2 m de profondeur
maximum (fig. 79 et 85). Celle du nord
paraît avoir une taille comparable pour une
longueur qui doit correspondre à celle du
tumulus. Ces carrières présentent donc des
Les carrières n’ont pas été fouillées
davantage.
Fig. 84 : Pierres fichées à l’oblique dans une cellule du tumulus C (à gauche) ;
Extrémité est du tumulus C (à droite) ; en (1) furent découverts deux dents et
un fragment de crâne d’un enfant, posés sur le sol ; en (2) des restes osseux et
un élément de parure en pierre, entre deux parements.
Fig. 85 : Section (cd) dans la
carrière sud du tumulus C.
61
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 86 : Vestiges archéologiques en rapport avec le tumulus C : 1 – Fragment de vase-support trouvé dans
la chambre ; 2 – Hache polie en dolérite de type A trouvée au pied du parement nord-est du tumulus ; 3 et
4 : Eclats de silex provenant de la carrière ; 5 – Petite pendeloque en roche verte trouvée dans la carrière ;
6 – Elément de parure trouvé avec des restes osseux humains entre deux parements du tumulus.
62
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 87 : Lame de hache polie au pied du parement sud-est du tumulus C (cliché R. J.).
poids de l’édifice. Peut-être la couleur
rouge de cette argile avait-elle une valeur
symbolique en rapport avec la vie. Le rite
du saupoudrage d’ocre rouge des corps des
défunts tant au Paléolithique supérieur
qu’au
Mésolithique
(Lavergne
en
Charente-Maritime) transparaît peut-être
encore ici avec le dépôt de ces masses de
terre rouge sous le tumulus.
Le tumulus D
La destruction d’une grande partie du
tumulus D à chacune de ses extrémités par
des engins mécaniques est à l’origine de la
découverte de l’ensemble de la nécropole
par F. Bouin en 1979 (fig. 88 et 89).
À l’extrémité est de la partie centrale
restant du tumulus, une coupe fut étudiée
qui mit en évidence les deux murs de
parement latéraux distants de 8 m l’un de
l’autre (fig. 90 et 95). Une couche de terre
argileuse rouge tapissait le sol entre ces
deux limites. Ce même type de dépôt
argileux fut retrouvé sous les tumulus A et
C. Il est signalé ailleurs, au tumulus des
Moindreaux ou à Péré C par exemple. Il
semble correspondre à un raclage du sol
sur une vaste surface autour du monument
et étalement à l’emplacement de son
édification pour constituer un lit argileux
de quelques centimètres d’épaisseur,
relativement souple, qui supportera le
Il fut observé un noyau central constitué
de plaquettes de calcaire amoncelées
formant un dôme arrondi (fig.91 et 95).
Quelques murettes mal construites furent
distinguées de part et d’autre de ce dôme, à
des distances variables, qui ne furent pas
comprises au moment de la fouille trop
ponctuelle
(fig. 92).
Nous
savons
désormais que ces lignes de pierres
superposées correspondent aux limites des
alvéoles qui constituaient les parties hautes
et latérales du monument. Le tumulus D
présente donc la même architecture
alvéolaire que les tumulus A et C.
63
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 88 : Position relative des tumulus
C en bas à gauche et D en haut à
droite (cliché R. J.).
Fig. 89 : Vue aérienne du tumulus D. De
chaque côté de la ligne d’arbres
apparaissent les traces du tumulus arasé
(cliché R. J.).
Fig. 90 : Section ouest du tumulus D après ravivage au moment de la découverte (cliché R. J.).
64
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 91 : Détail de la
construction du
tumulus D avec son
noyau central et un
muret d’alvéole
(cliché R. J.).
Fig. 92 : Détail de la partie
nord de la section du tumulus
D avec le mur de parement
externe et le comblement
interne fait d’alvéoles (cliché
R. J.).
Fig. 93 (à gauche) :
Section
du
fossécarrière périphérique
au tumulus D dans le
prolongement nord de
la coupe du monument
(cliché R. J.).
Fig. 94 (à droite) :
Section du fossécarrière périphérique
au tumulus D dans le
prolongement sud de la
coupe du monument
(cliché R. J.).
65
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 95 : Coupe du tumulus D et des fossés latéraux.
centrale où pourrait se trouver un
« coffre » ou un dolmen simple,
comparable au coffre de la tombe de la
Demoiselle au Thou en CharenteMaritime, dans un tumulus long de plus de
100 m (Musset 1885), ou à celui de la
première phase du tumulus de Péré C à
Prissé-la-Charrière, Deux-Sèvres (Laporte
et al. 2002, Scarre et al. 2003). Nous
n’avons pas cherché à donner une réponse
à cette question qui reste donc ouverte.
À partir de la section étudiée, il fut
possible de suivre les murs de parement
nord et sud sur une longueur de 25 m vers
l’ouest. Les dix derniers mètres, en zone
arasée, n’étaient plus marqués que par une
ligne de pierres juxtaposées formant
l’assise des murs de parement qui ne sont
plus distants l’un de l’autre à cette
extrémité que de 5 m. Vers l’est, le raclage
du sol par le bulldozer avait été plus
profond, toutefois la surface de terre rouge
visible permet d’estimer que le monument
s’allongeait d’une quinzaine de mètres
dans cette direction.
À environ 3 m de chaque côté des longs
murs latéraux, des fossés, larges de 4 m à
4,50m, ont été creusés sur une profondeur
d’environ 1,50 m dans le calcaire (fig. 93,
94 et 95). Ils semblent, d’après les
photographies aériennes, faire le tour
complet du monument et en cela sont
grandement différents des larges fosses qui
bordent les tumulus A et C, monuments
beaucoup plus massifs que le D. Ces étroits
fossés rappellent les longues structures
fossoyées de sites tels que Les GrandsChamps à Xanton-Chassenon en Vendée,
de l’autre côté du Marais poitevin
(fig. 103).
À l’origine, le tumulus D, de forme
trapézoïdale, devait s’allonger sur 40 m
pour 9 m de façade est et 5 m à l’ouest.
L’étude des traces visibles au sol, en
dehors de la partie restante du tumulus au
centre du monument, n’a pas permis de
retrouver l’emplacement d’une chambre
funéraire. S’il y en a eu une dans ces
espaces, elle n’était pas limitée par des
orthostates dont nous aurions dû trouver
les fosses d’implantation comme il a été
possible de le faire par la suite sur le
tumulus de Mille-Ecus et de manière plus
spectaculaire encore pour les dix chambres
du tumulus du Planti à Availles-sur-Chizé
dans les Deux-Sèvres (fig. 98b) (Bouin et
Joussaume 1998). Certes cette chambre
peut avoir été entièrement construite en
pierre sèche. Toutefois aucun vestige
archéologique ni ossement n’a été
découvert sur ces surfaces qui paraissent
donc ne pas avoir contenu de chambre
funéraire. Il reste évidemment la partie
Ainsi, si le tumulus D présente quelques
analogies avec les deux monuments A et C
de la nécropole, en particulier par le
système de construction alvéolaire que
nous retrouvons régionalement à MilleÉcus et à Péré C, il montre aussi des
différences notables par les fossés-carrières
et surtout par une forme longue et étroite
du tumulus.
66
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 96 : Carte de répartition des principaux monuments cités dans le texte : 1 – Puyraveau ; 2 – Les
Cous ; 3 – Xanton-Chassenon ; 4 – Le Pey-de-Fontaine ; 5 – La Jardelle ; 6 – Bougon ; 7 - Le Montiou ; 8
– Peu-Pierroux ; 9 – Champ-Châlon ; 10 – Péré ; 11 – Bouhet ; 12 – Saint-Saturnin-du-Bois ; 13 – Le
Planti ; 14 – Limalonges ; 15 – Chenon ; 16 – Fontenille et Luxé ; 17 – Tusson ; 18 – La Boixe ; 19 – Ors ;
20 – La Vallée ; 21 – Le Cruchaud ; 22 – Le Bernet ; 23 – Montguyon.
la
ont été étudiés, le E étant placé en réserve
archéologique (fig. 96).
La nécropole mégalithique de ChampChâlon I compte cinq tumulus, A, B, C, D
et E d’ouest en est, pratiquement alignés à
environ 40 m d’altitude sur la première
ligne de hauteurs qui domine le sud du
Marais poitevin. Seuls quatre monuments
Trois types de monuments sont
reconnaissables dans cet ensemble de
tumulus à silhouette générale trapézoïdale
dont le plus grand des petits côtés est à
l’est :
Considérations
générales
sur
nécropole de Champ-Châlon I
67
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
l’idée d’une hiérarchisation d’est en
ouest dans l’organisation de ces trois
monuments (Bouin 1992). Nous ne
savons pas si le tumulus D contenait
une chambre funéraire. Par ailleurs la
carrière de ce monument est formée
d’un fossé unique de près de 5 m de
large qui l’entoure complètement au
lieu des deux larges fosses latérales de
A et de C. Le tumulus D ne peut donc
être réellement comparé aux deux
autres.
- Les tumulus A et C, distants de près de
150 m l’un de l’autre, possèdent une
chambre funéraire polaire ajoutée à une
masse de construction alvéolaire
interprétée comme une possible plateforme. Leur rapport longueur / largeur
les rend assez massifs et à faible
trapézoïdalité. Ils présentent l’un et
l’autre deux grands côtés de longueurs
différentes. Cependant, alors que la
chambre du A, située à l’ouest, ouvre
sur le long côté nord, celle du C, située
à l’extrémité est du tumulus, ouvre dans
l’axe du monument, à l’est. Les deux
chambres sont à angles arrondis mais C
est plus mégalithique que A entièrement
construite en pierre sèche. Toutes les
deux contenaient un nombre réduit de
restes osseux correspondant à 8
personnes dont 3 enfants dans la A
comme dans la C où le plus âgé des
adultes était dans le couloir. Les deux
chambres
étaient
couvertes
en
encorbellement. Un vase-support (coupe
à socle) décoré de triangles pointillés fut
recueilli dans chacun des deux espaces
funéraires. Enfin chaque tumulus
possède une carrière en large fosse
creusée le long des grands côtés. Les
datations radiocarbone obtenues sur des
ossements impliquent une utilisation de
la chambre A entre 3700 et 3450 av. J.C. et de la C entre 3950 et 3650 av. J.C. Elles sont sensiblement attribuables à
la même époque, dans la première
moitié du IVe millénaire av. J.-C., la C
pouvant être légèrement antérieure à
la A.
- Le tumulus B est complètement
différent sauf que sa forme finale est un
trapèze allongé orienté ouest-est comme
les trois autres. Il est constitué de deux
parties qui contiennent chacune une
chambre funéraire à couloir dont la
chronologie de construction est très
claire.
Une
première
chambre
quadrangulaire occupe un tumulus
circulaire à double parement ; une
deuxième chambre à couloir lui est
accolée à l’est, dans un tumulus
trapézoïdal qui englobe le premier
dolmen et son tumulus. La chambre B1,
couverte en encorbellement, contenait
les restes de 5 ou 6 adultes et 2 enfants
et la B2, couverte de la même manière,
seulement 6 adultes. Aucune carrière ne
fut mise au jour à proximité immédiate
de ce tumulus. Les datations obtenues
sur ossements provenant des chambres
indiquent une utilisation de la chambre
B1 entre 4340 et 4000 av. J.-C. et de la
B2 entre 3970 et 3790 av. J.-C. Ces
dates confirment l’édification plus
ancienne de B1 sur B2, la première dans
le dernier quart du Ve millénaire av. J.C., et la seconde dans le premier quart
du IVe millénaire av. J.-C., donc
antérieurement aux tumulus A et C.
Le D n’est pas daté. Dans le même
article de 1992, F. Bouin, s’appuyant
sur un modèle théorique établi de
longue date qui voulait que les
chambres rondes, ou arrondies comme
la A et la C, soient antérieures aux
chambres quadrangulaires, avait donc
- Le tumulus D présente quelques
affinités avec A et C dans la mesure où
tous connaissent un système de
construction alvéolaire, mais il est
beaucoup plus long, 40 m au lieu des 15
et 25 m de A et C, et beaucoup plus
effilé. F. Bouin a remarqué que la
longueur des tumulus A, C et D allait en
croissant d’ouest en est d’environ les
deux tiers de la longueur du tumulus
précédent (15 m, 25 m et 40 m). Il émet
68
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
émis une hypothèse inverse à ce que
nous voyons aujourd’hui grâce aux
datations radiocarbone. Nous notons par
la même occasion qu’ici la forme
circulaire du tumulus précède la forme
trapézoïdale alors que le plan en « q »
des chambres est identique d’une phase
à l’autre12.
La nécropole de Champ-Châlon I dans
son contexte régional.
Si de nombreux monuments funéraires
néolithiques ont été vidés de leur contenu
dans l’Ouest de la France depuis la
Normandie au nord jusqu’aux Charentes au
sud, le nombre de ceux qui ont été à peu
près correctement étudiés est des plus
réduit. Quand les archéologues ont
commencé à s’intéresser au phénomène
mégalithique au XIXe siècle, leur premier
souci fut de rechercher les chambres
funéraires pour en extraire les objets
déposés. La précision des fouilles a
progressé mais il a fallu attendre la fin de
la dernière Guerre mondiale pour que l’on
commence à s’intéresser à l’ensemble du
monument, c’est-à-dire la chambre
funéraire et son enveloppe tumulaire.
Malgré cela, nombreux sont les
archéologues qui, jusque dans les années
80, voire jusqu’à maintenant encore, ont
continué à n’étudier que les chambres
mégalithiques sans tenir compte du
tumulus. Toutes les typologies des
dolmens ont été établies à partir du plan de
la chambre que pratiquement personne ne
voyait à l’époque de son utilisation, alors
que le tumulus, souvent visible de loin,
devait marquer le paysage et impressionner
le visiteur. Pour ce qui concerne les
pyramides égyptiennes par exemple, la
chambre
funéraire
ne
pouvait
impressionner ceux qui la découvraient, ils
ne pouvaient la voir et n’en connaissaient
même pas l’entrée. C’est l’aspect extérieur
qui marquait les esprits et avait un sens.
C’est à partir de l’architecture externe que
l’on a toujours différencié ces structures
(pyramides à degrés ou autres). C’est
précisément
cette
approche
« par
l’extérieur » que nous avons privilégiée
dans l’étude du mégalithisme du CentreOuest de la France dans les années 60. Nos
travaux ont souvent porté sur des
monuments délabrés, déjà fouillés dans le
passé, étudiés désormais pour en trouver
l’enveloppe tumulaire et tenter d’en
comprendre l’architecture globale qui peut
Ainsi, si l’on se réfère à l’ensemble des
dates obtenues dans la nécropole de
Champ-Châlon I, la première construction
paraît
avoir
été
une
chambre
quadrangulaire à couloir dans un tumulus
circulaire à double parement (B1). Elle fut
suivie par son agrandissement et sa
transformation en un tumulus trapézoïdal
avec nouvelle chambre quadrangulaire et
porte taillée au passage chambre / couloir
(B2). La construction du tumulus
trapézoïdal à dolmen polaire A viendrait
ensuite et enfin le tumulus trapézoïdal à
chambre polaire C. Nous ne savons où
placer chronologiquement le D dont on
remarquera cependant le système de
construction alvéolaire et la forme
trapézoïdale comme le A et le C qu’il
pourrait précéder.
12
Le classement typologique des dolmens à partir
du plan de la chambre est devenu obsolète quand on
prend en considération l’ensemble du monument
(tumulus + chambre).
69
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
être si riche de sens. Évidemment cette
recherche est beaucoup plus lente que la
fouille de la chambre seule d’autant que,
prenant enfin conscience que ces
monuments avaient été édifiés dans un but
funéraire, les archéologues se sont attachés
à effectuer des études de plus en plus
précises des dépôts osseux auxquels on
avait prêté si peu d’attention jusqu’alors. Il
s’agissait de comprendre comment les
corps avaient été déposés là et comment les
squelettes avaient « évolué » au cours de la
période d’utilisation du sépulcre, mais
aussi avec le temps, par les réemplois
successifs possibles et les dégradations
naturelles. Or la majorité des dolmens du
Poitou et des Charentes, édifiés sur des
terrains calcaires qui permettent une bonne
conservation,
contiennent
encore
fréquemment les ossements de ceux qui y
ont été déposés il y a 5 ou 6000 ans.
Les tumulus
Les quatre tumulus étudiés dans la
nécropole de Champ-Châlon I présentent
tous une forme allongée trapézoïdale mais
avec de notables différences comme nous
l’avons vu.
Dans le B qui possède deux chambres à
couloir, deux phases ont été mises en
évidence : une phase ancienne avec
chambre funéraire quadrangulaire dans un
tumulus circulaire à double parement, puis
une phase secondaire avec chambre
funéraire quadrangulaire plus mégalithique
dans un tumulus trapézoïdal qui cache le
premier.
Les tumulus circulaires, comme celui de
la première phase, sont très fréquents dans
le
Centre-Ouest.
Ils
contiennent
généralement une seule chambre funéraire,
placée au centre du monument, qui peut
être ronde (Les Cous à Bazoges-en-Pareds,
Vendée ; Bougon F0, Deux-Sèvres ; La
Boixe C, Charente…), polygonale ou
quadrangulaire (Bougon A, La Boixe,
Chenon…) (fig. 96).
Notre étude comparative sommaire
portera essentiellement sur le CentreOuest. Elle concerne plus précisément cinq
départements situés au sud de la Bretagne,
non concernée ici, entre Loire et Gironde :
Vendée, Deux-Sèvres, Vienne, CharenteMaritime et Charente. Nous avons déjà eu
l’occasion de traiter de ce sujet au cours de
plusieurs
publications,
plus
particulièrement en 1997, puis en 1998
avec L. Laporte et C. Scarre pour ce qui
concerne les longs tumulus, et de manière
plus générale pour le Centre-Ouest en 1999
et 2003. Par ailleurs, nous avons traité de
ce sujet pour l’ensemble de l’Ouest, de la
Normandie aux Charentes, grande province
mégalithique, dans un article écrit avec
Luc Laporte à l’occasion du colloque de
Bougon (2006) suite à un ouvrage publié
sur ce thème par L. Laporte et C.-T. Le
Roux en 2004. Nous ne reprendrons ici que
quelques points qui devraient éclairer notre
propos.
Les tumulus contenant deux dolmens à
couloir sont peu nombreux. Ils peuvent
présenter des formes aberrantes, résultat
probable de modifications avec le temps,
tels le B et le E de la nécropole de Bougon
(fig. 97, n° 3 et 6 et fig. 98a) qui ne
répondent à aucune norme connue, alors
que d’autres se présentent sous une forme
arrondie, en calotte (fig. 97, n° 2 et 4) qui
ne permet pas, par manque de fouille, de se
prononcer sur la forme réelle du tumulus.
Une telle forme arrondie, pratiquement
circulaire à Champ-Châlon B, cachait en
réalité un monument trapézoïdal (fig. 97,
n° 1).
Régionalement, parmi les tumulus à
deux chambres, nous citerons le A4 de la
nécropole de Chenon en Charente (fig. 97,
n° 5), le B de la nécropole voisine de la
Boixe dans ce même département (fig. 97,
70
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Deux-Sèvres (Germond 1980) ou les
dolmens de La Vallée en CharenteMaritime.
n° 8) et d’autres dont la forme du tumulus
n’est pas assurée comme le tumulus dit des
« Américains » à Limalonges dans les
Fig. 97 : Quelques tumulus contenant deux chambres funéraires dans le Centre-Ouest de la France : 1 –
Champ-Châlon IB ; 2 – Chenon B1 ; 3 – Bougon B ; 4 – Fouqueure ; 5 – Chenon A4 ; 6 – Bougon E ; 7 –
Le Pey de Fontaine au Bernard ; 8 – La Boixe D.
71
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 98 : Plan de la nécropole de Bougon (en haut) (d’après J.-P. Mohen) ; Plan du tumulus du
Planti (en bas) (d’après F. Bouin et R. Joussaume).
72
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 99 : La Boixe en Charente ; Plan de la nécropole (a) ; Plan du dolmen B (b)
(d’après J. Gomez de Soto).
73
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 100 : La Boixe B : 1 et 2 - Traces de peinture rouge et noire d’époque indéterminée sur les orthostates
de la cellule terminale ; 3 – Porte soulignée de deux incisions parallèles à l’entrée de la cellule terminale ; 4
– Gravure de hache emmanchée en léger relief sur le montant droit en entrant dans la cellule terminale ; 5
– Bandes verticales en relief dans la chambre en entrant à droite ; 6 – Incisions d’âge indéterminé sur un
pilier de la chambre (Clichés R. J.).
74
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
bordée d’une double incision (fig. 100,
n° 3). Sur le montant de droite en rentrant
dans cette cellule, dont on remarquera le
magnifique travail de préparation des blocs
équarris et bouchardés bien jointifs, est
dessinée en léger relief une hache avec son
manche et sa lame (fig. 100, n° 4). Deux
bandes verticales en relief, vestiges d’un
motif plus complexe en partie détruit,
occupent un pilier de la chambre principale
(fig. 100, n° 5) où d’autres lignes incisées
sont probablement plus récentes (fig. 100,
n° 6). Dans le couloir conduisant à la
chambre principale, sur la droite, une autre
porte taillée laisse le passage vers une
chambre au bout d’un petit couloir. Cette
chambre a été aménagée entre les deux
parements concentriques dont on ne peut
dire s’ils sont contemporains. On ne s’est
en effet jamais réellement préoccupé de
savoir si l’anneau de pierres qui vient
contreforter le tumulus de la chambre dans
ce type de construction, est de même
époque que la partie interne du monument.
Dans le tumulus C de cette même
nécropole J. Gomez a bien montré que cet
anneau venait occulter l’entrée du couloir
et qu’il était donc secondaire à l’utilisation
de la chambre (Gomez 1998). Ainsi, la
chambre greffée sur le couloir du dolmen
de la Boixe B pourrait être de construction
postérieure à la chambre principale.
Trouvée vide, on s’interroge sur son rôle
au sein du monument. Rien n’indique
qu’elle ait été édifiée dans un but
funéraire : ce n’est peut-être pas une
« tombe à couloir », terminologie chère
aux archéologues et donc pas toujours
justifiée. L’idée d’un contrefort ajouté à
une construction circulaire est confortée
par la découverte dans le tumulus de Péré
C à Prissé-la-Charrière (Deux-Sèvres) d’un
dolmen à couloir dans un tumulus
circulaire
parementé
sans
aucune
construction périphérique, qui sera par la
suite intégré dans un long tumulus.
Dans le premier cas, A4 de Chenon, un
dolmen
à
chambre
probablement
quadrangulaire et couloir a été ajouté dans
le tumulus d’un monument à chambre
subcirculaire. Le couloir du second
débouche dans celui du premier alors
qu’une porte taillée existe à chacun des
passages chambre / couloir. On notera que
la chambre quadrangulaire est postérieure à
la chambre circulaire et que l’on suppose
une forme circulaire au tumulus bien que
celui-ci n’ait jamais été étudié. Dans le
tumulus de Bougon E, la chambre
quadrangulaire E2 est une reprise d’une
chambre antérieure circulaire qui va donc
également dans le sens d’une postériorité
des chambres quadrangulaires sur les
circulaires. C’est également comme cela
qu’il faut interpréter la chambre la plus à
l’est du tumulus du Planti à Availles-surChizé, Deux-Sèvres (fig. 98b), chambre
circulaire alors que les quatre autres étaient
quadrangulaires dans un même tumulus
quadrangulaire qui peut avoir repris le
cairn d’un monument antérieur à chambre
ronde. C’est ce type de reprise d’un cairn
primaire circulaire que l’on retrouve à
Carn et probablement à Barnenez (G et G’)
en Bretagne. Il n’est pas pour autant assuré
qu’il faille généraliser cette observation et
considérer que les premiers dolmens aient
tous été à chambre ronde. Des datations
obtenues récemment pour des chambres
quadrangulaires,
voire
polygonales
(Péré C)
sont
en
faveur
d’une
contemporanéité de ces différents types de
chambres dont la genèse n’est pas encore
aisée à établir.
Dans le deuxième cas, La Boixe B
(fig. 99 et 100), l’un des plus beaux
monuments mégalithiques du CentreOuest, sur la chambre principale
rectangulaire est greffée une petite cellule
latérale pratiquement carrée dans laquelle
des traces de peintures rouges et noires ne
sont pas encore datées. Le passage de la
chambre principale à la cellule latérale se
fait à travers une porte taillée dans deux
dalles jointives limitant une ouverture
Ainsi, si le monument B de ChampChâlon I contient deux chambres à couloir
comme plusieurs autres monuments
75
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
est formé de la superposition de deux
tertres dont le supérieur est constitué d’un
système d’alvéoles juxtaposées dont les
limites sont faites de l’entassement de
mottes de terre gazonnées13. Deux
datations radiocarbone ont été obtenues sur
os. La première provient d’un fragment
d’ulna humain recueilli en 1927,
probablement donc de la tombe contenue
dans le tertre sous-jacent au long tumulus :
OXA-9105, Lyon-1050 : 5535 ± 35 BP
soit une date calendaire entre 4458 et 4259
av. J.-C.
régionaux, il ne peut être comparé à aucun
d’entre eux, soit parce que les fouilles de
ces derniers monuments, non exhaustives,
n’ont pas permis de connaître la forme du
tumulus (Chenon B1, Fouqueure, La
Vallée), soit parce que les tumulus ont subi
des modifications inexpliquées (Bougon E
et B), soit parce qu’une des chambres est
une introduction secondaire dans un
tumulus préexistant (Chenon A4, La
Boixe B, voire Bougon F1 qui fut ajouté à
un tumulus trapézoïdal).
Les trois autres tumulus étudiés de la
nécropole de Champ-Châlon I sont de
forme trapézoïdale mais, alors que les deux
premiers (A et C) sont massifs par leur
rapport longueur / largeur, le troisième (D)
qui dépassait 40 m de long pour 5 à 9 m de
large d’ouest en est, est beaucoup plus fin.
Par ailleurs, il est entouré par un fossé
étroit alors que les deux autres sont
pourvus de larges carrières en fosse de part
et
d’autre
des
longs
côtés.
Malheureusement, nous ne savons pas ce
que contenait le tumulus D.
La deuxième a été faite sur un lot
d’ossements humains recueillis en 1999 :
OXA-9104, Lyon-1049 : 5595 ± 50 BP
soit une date calendaire entre 4522 et 4342
av. J.-C.
Elles montrent l’ancienneté de ces tumulus
superposés dont on aimerait connaître ce
qu’ils contenaient. Ces dates sont
contemporaines des plus récentes des
coffres de la Goumoizière, attribués au
groupe de Chambon du Néolithique
moyen I de la Loire moyenne. L’utilisation
de mottes de terre gazonnées est connue
dans l’édification de certains tumulus de la
Severn-Costwold en Angleterre à une
Les tumulus A et C forment un premier
ensemble caractérisé par une chambre
polaire subcirculaire et un couloir d’accès,
dans un cairn qui se raccroche à une masse
quadrangulaire construite par l’adjonction
de cellules sur un noyau central à double
pente qui ne contient aucun autre espace
funéraire. Sans doute par manque de
fouille, nous ne connaissons rien de
comparable dans les tumulus du
Néolithique de l’Ouest de la France, sauf
peut-être le tumulus de la Grande Bourgne
à Ardillières (Charente-Maritime), assez
massif et qui possède une chambre polaire
mais dont la masse n’a pas été étudiée
comme plusieurs autres dans la région.
Toutefois le montage alvéolaire, en dehors
du tumulus D où nous l’avons signalé, a
été retrouvé sur le long tumulus du
Cruchaud à Sainte-Lheurine en CharenteMaritime (Burnez et al. 2000). Ce
monument, en partie fouillé en 1927 et
dont les coupes ont été rafraîchies en 1999,
13
À l’issue d’une visite du site en cours de fouille
le 23 juin 1999, j’ai écrit un petit compte rendu
pour le Service Régional de l’Archéologie de
Poitiers afin de notifier mon interprétation des
données de fouille que j’avais commentées le matin
même sur le terrain. On peut y lire : Selon moi, il
pouvait y avoir eu un premier tertre d’environ
80 cm de hauteur en son milieu, limité par un petit
fossé qui pourrait avoir contenu une palissade de
bois. C’est probablement ce tertre primaire qui
contenait la sépulture d’un individu en position
fléchie découverte en 1927. Le petit fossé semble
border une surface piriforme qui rappelle les
tombes du Néolithique moyen I de la Jardelle dans
la Vienne fouillées récemment par J.-P. Pautreau…
Dans un deuxième temps ce monument a été
recouvert par un autre tumulus selon un axe
légèrement différent semble-t-il. Celui-ci est formé
de compartiments, comme on en connaît localement
dans plusieurs tumulus régionaux (Champ-Châlon,
Péré), mais confectionnés par l’accumulation de
plaques de terre, souvent appelées « mottes de
gazon ».
76
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
ont livré des datations plus récentes que les
chambres quadrangulaires B1 et B2.
époque un peu plus récente, semble-t-il,
qu’en France (Scarre 2005). Un système
alvéolaire a également été mis en évidence,
mais par entassement de pierres, dans la
construction du long tumulus de la phase
finale de Péré C dont l’édification doit se
situer dans la deuxième moitié du Ve
millénaire av. J.-C. Plusieurs systèmes de
cloisonnements ont été mis en évidence
dans l’architecture interne des tumulus
régionaux : en « arête de poisson » dans le
tumulus du Montiou à Sainte-Soline dans
les Deux-Sèvres et par caissons juxtaposés
dans le tumulus F de Bougon dans ce
même département. Il faut certainement
parler d’un cloisonnement en bois dans
certains cas comme à la Motte des Justices
à Thouars, au nord du département. Les
Néolithiques ont donc mis au point toute
une gamme de techniques pour élaborer
leurs monuments ; il sera particulièrement
intéressant de les comparer d’une région à
l’autre, d’un pays à l’autre et en fonction
de la chronologie des édifices. Nous
pouvons déjà estimer comme anormal le
décalage chronologique qui semble exister
entre les tumulus français et anglais quand
tant de similitudes techniques s’observent
de chaque côté de la Manche.
Sans trop entrer dans la question des
origines des plans des architectures
mégalithiques, on soulignera que depuis
longtemps déjà le plan des longs tumulus a
été comparé à celui des maisons
danubiennes du Néolithique ancien alors
que la découverte récente d’un habitat
circulaire dans le Néolithique ancien à
affinités méridionales sur le site des
Ouchettes, à Plassay en Charente, pourrait
montrer une filiation possible entre ce type
de maison et le plan de chambres et de
tumulus
circulaires
(Laporte
et
Marchand 2004).
Toutes les chambres de la nécropole de
Champ-Châlon I, qu’elles soient arrondies
ou quadrangulaires, étaient couvertes par
un montage de pierres en encorbellement.
Il faut certainement envisager que ces
couvertures se sont effondrées assez
rapidement. Ces espaces funéraires fragiles
n’auraient alors pu être réutilisés au
Néolithique récent et final comme c’est
souvent la règle dans le Centre-Ouest pour
les monuments bâtis avec de gros blocs de
pierre. Les peuples de la fin du Néolithique
ne semblent pas avoir construit de dolmens
à couloir ni d’allées couvertes, déposant
leurs morts dans les très nombreuses
enceintes
fossoyées
régionales
et
réutilisant des monuments anciens encore
debout.
Les chambres
À Champ-Châlon I, deux types de
chambres funéraires ont été mis en
évidence, les chambres arrondies de A et C
et les chambres quadrangulaires B1 et B2.
Les premières sont assimilables aux
chambres rondes dites « atlantiques » et les
secondes appartiennent à la famille des
chambres de type « angoumoisin ». On a
longtemps considéré que les rondes étaient
antérieures aux quadrangulaires avec les
quelques preuves que nous avons déjà
mentionnées à Bougon E et F, Chenon A4
et le Planti par exemple. Il semble en fait
que ces formes soient contemporaines mais
que les chambres les plus mégalithiques
avec dalles de couverture soient plutôt des
chambres quadrangulaires. Toujours est-il
qu’ici les deux chambres arrondies A et C
Les
chambres
quadrangulaires
appartiennent au type « angoumoisin »
défini par C. Burnez (Burnez 1976). Des
chambres quadrangulaires sont connues sur
tout le territoire mégalithique de l’Ouest de
la France, de la Normandie aux Charentes
en passant pas la Bretagne. Elles possèdent
des couloirs plus ou moins longs,
orthostatiques ou en pierre sèche, souvent
désaxés à droite ou à gauche de la chambre
et ne sont donc pas particulières à la région
d’Angoulême, si ce n’est qu’en
Angoumois, et en fait dans toute la région
77
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Châlon I, une porte a été aménagée au
passage du couloir à la chambre, bien
représentée au dolmen B de la Boixe
(fig. 99 et 100), au tumulus du Montiou
(fig. 101) et au dolmen de Fontenille
(fig. 102).
calcaire de Poitou-Charentes, elles sont
édifiées avec des dalles de calcaire tendre
parfaitement bouchardées et ajustées les
unes aux autres (La Boixe B, Chenon, Le
Montiou, Bougon A, B, C, F1…). Souvent,
et c’est le cas dans le B2 de Champ-
Fig. 101 : Tumulus du Montiou à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) : (en haut) plan du
tumulus ; (en bas) porte taillée dans une dalle de calcaire à l’entrée de la chambre I
à l’est (cliché R. J.).
78
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 102 : Porte taillée dans une dalle de calcaire au dolmen de Fontenille en
Charente (cliché R. J.).
Fig. 103 : Plan du dolmen de la Grosse-Pierre à Sainte-Radegonde en Charente-Maritime (d’après
J. Gachina). En gris, les deux dalles dressées du côté ouest de la chambre dont l’une porte à sa partie
supérieure deux protubérances juxtaposées assimilables à des seins.
79
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Les dolmens angoumoisins occupent
fréquemment des tumulus circulaires (La
Boixe B) mais aussi quadrangulaires. Un
bon exemple de ce type est donné par le
monument de la Grosse-Pierre à SainteRadegonde (Charente-Maritime) qui se
présentait sous une forme ovalaire avant la
fouille de J. Gachina (Gachina 1998).
Orienté nord-sud, il atteint une quinzaine
de mètres de longueur pour 10 m de large.
Sa masse quadrangulaire parementée est
entourée par une banquette, également
parementée, de moins de 1 m de large
(fig. 103). Déporté vers le sud de sa façade
ouest, un couloir conduit à une chambre
mégalithique rectangulaire de 3,30 m x
2,40 m,
dont
la
longueur
est
perpendiculaire à l’axe du couloir comme
c’est généralement le cas dans les dolmens
angoumoisins
rectangulaires.
On
remarquera que le grand axe de cette
chambre n’est pas parallèle à celui du
tumulus. Il se pourrait alors que le tumulus
ait été modifié au cours de l’utilisation de
ce dolmen qui dut être particulièrement
spectaculaire avec sa porte taillée dans
deux grosses dalles juxtaposées au passage
du couloir à la chambre et surtout par le
deuxième orthostate en entrant à gauche, à
l’aspect anthropomorphe et sur le haut
duquel sont sculptées deux protubérances
assimilables à des seins. On sait par
ailleurs que nombreux sont les monuments
de type angoumoisin qui sont porteurs de
protubérances en forme de crochet à
extrémité redressée, simple (La GrossePerrotte à Luxé en Charente) ou double
(Bougon B). Ces protubérances sont une
spécificité des dolmens angoumoisins.
Les carrières
À Bougon, les carrières reconnues sont
toutes de grandes fosses relativement
larges associées à différents monuments
(F, E, C et B). À Champ-Châlon I, les
carrières mises en évidence sont de deux
types : soit en larges fosses pour celles qui
sont associées au tumulus A et C, soit en
étroit fossé périphérique pour le D. Un tel
fossé entourant un tumulus est connu dans
la première phase du tumulus de Péré C
autour d’un tertre parementé long de 23 m
qui contient un coffre transformé en
dolmen simple dans son cairn avant d’être
recouvert par le tertre. Un autre fossé
circonscrit le long (180 m) et étroit
tumulus de la Motte des Justices à Thouars
(Deux-Sèvres) dont nous ne connaissons
pas le plan de la structure mégalithique
interne qu’il contient. Nous aurions
tendance à penser que ces fossés qui
limitent une surface plus ou moins
allongée occupée par un tumulus, sont en
rapport avec des coffres mais les exemples
sont trop rares et trop peu étudiés pour être
affirmatifs. Dans les années 70, la
prospection aérienne pratiquée par M.
Marsac autour du Marais poitevin a révélé
de nombreuses structures dont certaines,
plus ou moins longues, sont limitées par
une trace sombre qui s’est avérée être un
fossé périphérique à un tertre (Marsac
1991 et 1993). Seul un sondage dans une
des quatre structures repérées aux GrandsChamps à Xanton-Chassenon en Vendée a
été jusqu’alors pratiqué (fig. 104). Il est
bien insuffisant pour les dater avec
certitude du Néolithique (Marsac et
Joussaume 1973). Ces structures, souvent
groupées, se trouvent en nombre assez
important dans le Centre-Ouest de la
France. Elles restent entièrement à étudier
d’autant plus que toutes ne sont pas
exactement semblables. Il en est d’ouvertes
à une extrémité qui rappellent les
structures de la Jardelle (Vienne) contenant
un coffre de pierre daté du Néolithique
moyen I (Pautreau et al. 2003).
Parfois édifiés par deux dans un même
tumulus, comme nous l’avons déjà
souligné, les dolmens angoumoisins
peuvent s’y trouver en plus grand nombre,
jusqu’à dix, disposés en batterie, couloir
ouvrant sur un même côté dans le tumulus
quadrangulaire du Planti à Availles-surChizé dans les Deux-Sèvres (fig. 98b).
80
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 104 : Plan et cliché des structures fossoyées allongées des Grands-Champs à Xanton-Chassenon,
Vendée, découvertes par M. Marsac (cliché R. J.).
81
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 105 : Comparaison de la situation dans le paysage des tumulus des régions de Tusson-Luxé en
Charente et de Benon en Charente-Maritime.
Nécropoles et territoires
Bien d’autres ensembles de tumulus
sont connus dans le Centre-Ouest tels ceux
de Bougon dans les Deux-Sèvres, avec
cinq monuments très différents, à la fois
circulaires et allongés (fig. 98a), ou de la
Boixe en Charente qui ne regroupe que des
tumulus circulaires, au nombre d’une
quinzaine, abritant des tombes à couloir
circulaires et quadrangulaires (fig. 99), ou
encore de Chenon, également en Charente
(Gaurond
et
Massaud
1983),
malheureusement en grande partie détruit
comme tant d’autres dont il ne reste que le
souvenir.
Une autre caractéristique de ChampChâlon I, c’est de regrouper plusieurs
tumulus dans un même ensemble que nous
avons
pris
l’habitude
d’appeler
« nécropole »,
sans
être
toujours
parfaitement assurés que tous les
monuments qui s’y trouvent aient eu une
vocation funéraire. Ici quatre des cinq
monuments repérés sont des tumulus
trapézoïdaux après fouille mais ils étaient
tous circulaires ou ovalaires avant notre
intervention et c’est encore la forme du E
que nous n’avons pas étudié. À ChampChâlon II, comme à La Pointe et aux
Biarnes, s’élèvent deux groupes de deux
tumulus alors qu’à Mille-Écus et aux
Moindreaux, ce sont trois monuments
allongés dans chaque cas qui forment ces
nécropoles (fig. 105b).
Dans le nord des Deux-Sèvres, une
grande concentration de mégalithes occupe
les deux côtés du Thouet avec la nécropole
de Taizé récemment fouillée par F. Bouin
qui n’a pas publié ses résultats (fig. 106).
82
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 106 : Distribution territoriale des mégalithes de la région de Thouars (Deux-Sèvres) : 1 – Sépulture
sous dalle de la Grosse Pierre à Luzay ; 2 – Tumulus « Le Chiron Meurt de Faim » à Luzay ; 3 – Dolmen
de la Pille Verte à Mauzé-Thouarsais ; 4 – Dolmen du Champ de la Salle à Mauzé-Thouarsais ; 5 –
Dolmen de la Pierre à Pineau à Oiron ; 6 – Dolmen de la Mée à Oiron ; 7 – Dolmen des Petites Bournayes
à Saint-Jacques de Thouars ; 8 – Dolmen du bourg à Saint-Jean de Thouars ; 9 et 10 – Dolmens I et II de
Pierre Levée de Puyraveau à Saint-Léger de Montbrun ; 11 – Dolmen de Fonsay à Taizé ; 12 – Dolmen E
134 de la Taillée à Taizé ; 13 – dolmen E 136 de la Taillée à Taizé ; 14 - Dolmen E 143 de la Taillée à
Taizé ; 15 – Dolmen E 145 de la Taillée à Taizé ; 16 – Dolmen E 170 de Sur Laireau à Taizé ; 17 –
Tumulus de la Taillée à Taizé ; 18 – Dolmen de Dillon à Taizé ; 19 – Dolmen de Pissotte à Taizé ; 20 –
Dolmen d’Echarbot à Taizé ; 21 – Dolmen du Coteau de Fleury à Thouars ; 22 – Tumulus de La Motte
des Justices à Thouars (carte établie d’après F. Bouin).
énorme tumulus de 140 m de long
(fig. 105a) associé à deux dolmens dont il
ne reste que le squelette mégalithique de
l’un d’entre eux.
Dans la Vienne, la nécropole de Thorus
à Château-Larcher rassemblait encore une
centaine de tumulus au XIXe siècle, celle
de Maupas à Saint-Martin-la-Rivière en
comptait 31, alors que la nécropole de
Bapteresse réunissait une quarantaine de
tertres (Pautreau et Mataro I Pladelasala
1996), mais tous ces monuments n’étaient
pas obligatoirement néolithiques.
Au nord du Marais poitevin, les
nécropoles
connues
sont
moins
nombreuses et l’on signalera en particulier
celle des Cous à Bazoges-en-Pareds
(Vendée) où ne subsiste qu’un monument à
chambre ronde et couloir devant lequel a
été construit un dolmen de type angevin,
tous les deux récemment fouillés alors que
d’autres monuments, supposés mais non
fouillés, étaient encore connus au début du
XXe siècle aux alentours.
Les nécropoles de Tusson et de Luxé en
Charente regroupent les plus gros tumulus
charentais. Le Gros Dognon, à Tusson,
long de 120 m pour une dizaine de mètres
de hauteur, est associé à deux autres de 60
et 90 m. À la Folatière de Luxé subsiste un
83
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 107 : Territoire mégalithique d’Avrillé - Le Bernard (Vendée) : Relief, hydrographie et géologie (au
nord en pointillé les terrains granitiques du Massif armoricain, au sud les terrains calcaires du Bassin
aquitain qui bordent l’océan Atlantique et le Marais poitevin) ; Les transects AB, CD et EF avec
positionnement des monuments mégalithiques.
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Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Fig. 108 : Territoire mégalithique d’Avrillé-Le Bernard (Vendée) : Implantation des dolmens et des
menhirs (en haut) ; Implantation des dolmens et des menhirs dans le secteur du dolmen de la Frébouchère
au Bernard (en bas).
85
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
Si l’ensemble mégalithique d’AvrilléLe Bernard en Vendée, à la fois sur les
granites du sud du Massif armoricain et les
calcaires du nord du Bassin aquitain
(fig. 107 et 108), est particulièrement
important par le nombre de ses courts
alignements de menhirs, il compte
également de nombreux dolmens, pour
beaucoup installés individuellement sur les
hauteurs des terrains calcaires qui bordent
la mer, alors qu’une nécropole d’au moins
quatre dolmens à couloir se dresse à
Savatole sur la commune du Bernard à
proximité immédiate du grand dolmen
angevin de la Frébouchère14. Entre les
deux, l’enceinte fossoyée récemment
repérée par photographie aérienne par P.
Péridy et sondée par J. Rousseau à la Prée
Noire peut avoir un rapport, encore non
établi, avec ces monuments (fig. 108b).
Nous avons déjà fait remarquer
(Joussaume 1999) que, dans ce secteur,
tous les dolmens sont situés sur les points
hauts du terrain calcaire qui borde l’océan
(fig. 107b), accompagnés, pour certains
d’entre eux, de petits menhirs comme à La
Frébouchère (fig. 108b). Quant aux
menhirs les plus imposants, parfois
groupés en petits alignements (Bénéteau
2000), ils sont situés sur les premières
hauteurs des terrains granitiques du Massif
armoricain au nord. Nous avions alors émis
l’hypothèse que le tumulus du Pey de
Fontaine,
structure
quadrangulaire
d’environ 35 m de côté et contenant deux
ou trois dolmens à couloir, installé sur le
point le plus haut de toute la plaine, par sa
taille et sa position élevée, paraissait être le
« super » monument en rapport avec tout le
territoire, alors que chacun des autres petits
dolmens à couloir sur sa colline,
marquerait une subdivision de ce territoire.
Il y aurait en quelque sorte une
hiérarchisation des monuments (un grand
et plusieurs petits) qui pourrait être en
rapport avec une hiérarchisation de la
société (clan, sous-clans ?).
Un tel raisonnement peut être repris
pour la région de Benon / Saint-Jean-deLiversay (fig. 105b). Nous avons déjà noté
que l’on pouvait mettre en relation chacune
des nécropoles (Champ-Châlon I et II, Les
Biarnes, La Pointe et Mille-Écus) avec une
rivière, formant les territoires de petites
communautés villageoises dont on pense
qu’elles pouvaient être installées près d’un
point d’eau (fig. 5). Reste alors, à quelques
kilomètres de là, la nécropole de trois
« supers » longs tumulus des Moindreaux,
l’un d’eux atteignant 85 m de longueur,
très visibles de loin et ayant sous leur
commandement toute une zone bordée de
marais sur trois côtés, alors que le
quatrième côté au sud-est est occupé par
les petits territoires des autres nécropoles.
Il y a peut-être ici aussi une hiérarchisation
des territoires en rapport avec la taille des
longs tumulus. On peut alors également
penser à une hiérarchisation des
monuments, reflet d’une hiérarchisation
sociale, entre les tumulus d’une même
nécropole. Toutes ces supputations
demandent de nombreuses vérifications à
la fois par la fouille de tumulus et
nécropoles bien choisis et étudiés
largement, ainsi que par des études
spatiales aujourd’hui à peine commencées.
En Poitou et Charentes, en dehors des
dolmens angevins qui forment une entité
un peu à part, les monuments funéraires
constitués d’une (ou plusieurs) chambre
ronde ou quadrangulaire dans des tumulus
de formes variées, circulaires ou
quadrangulaires courts ou longs, semblent
n’avoir été édifiés que sur un millénaire
entre 4500 et 3500 av. J.-C., au
Néolithique moyen. Ils paraissent être une
évolution de structures funéraires sans
couloir au contact d’influences multiples à
la fois locales, méridionales et orientales
par le Bassin parisien. Leur grande
nouveauté tient à leur caractère de
« maisons des morts » construites sur le sol
14
Nous reviendrons sur la question des dolmens
angevins et de leurs rapports avec d’autres types de
monuments régionaux à l’occasion de la publication
des fouilles du dolmen des Goudours à Folles dans
la Haute-Vienne.
86
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
chambres fouillées à Champ-Châlon I,
complètera utilement les données fournies
par le tumulus C de Péré à Prissé-laCharrière. Elle devrait en particulier
permettre de savoir si une même chambre
servait de sépulcre sur le long terme avec
retrait d’ossements pour faire de la place à
de nouveaux venus et, de la sorte, servir à
un grand nombre ou si la durée
d’utilisation était relativement courte,
hypothèse généralement privilégiée de nos
jours.
comme la maison des vivants, beaucoup
plus qu’au nombre de corps déposés dans
la chambre funéraire qui semble toujours
relativement réduit (moins de dix sujets en
général). En ce sens, ils paraissent
perpétuer une tradition funéraire qui
transparaît dans les groupes locaux du
Néolithique moyen I (groupe de Chambon)
et probablement plus loin encore dans des
groupes du Mésolithique final. Les défunts
ne sont plus confiés à la terre comme par le
passé mais installés dans des monuments
grandioses bâtis sur les hauteurs.
Nul doute que l’étude anthropologique
des ossements qui occupaient les quatre
Talmont-Saint-Hilaire,
87
mai
2006.
Groupe vendéen d’études préhistoriques, 2006, n° 42
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90
Roger JOUSSAUME
LES TUMULUS DE CHAMP-CHÂLON À BENON
(CHARENTE-MARITIME)
ET LES CHAMBRES FUNÉRAIRES À COULOIR
DU POITOU ET DES CHARENTES
La fouille des tumulus de Champ-Châlon, effectuée sous la responsabilité de Roger
Joussaume, est exemplaire à plus d’un titre. En premier lieu, le choix de sa recherche s’est
porté sur l’intégralité de la nécropole, permettant une perception comparative d’un ensemble
architectural, prise dans les structures mêmes des enveloppes funéraires mais permettant
aussi d’avoir un regard précis sur la chronologie des évènements. En second lieu chaque
dolmen a été étudié de manière globale. Une attention particulière a été portée sur le cairn
qui entoure la chambre des dolmens. Ainsi, toute une complexité architecturale a notamment
été mise en évidence : les monuments funéraires de la fin du 5e et du 4e millénaires av. J.-C.
participent à une anthropisation du paysage, c’est-à-dire à une empreinte humaine forte sur
un territoire.
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