Piano Seasons: Tchaikovsky, Piazzolla, Carrapatoso
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Piano Seasons: Tchaikovsky, Piazzolla, Carrapatoso
Piano Seasons • Tchaikovsky, Piazzolla, Carrapatoso • Filipe Pinto-Ribeiro CD 1 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Piotr Ilitch Tchaikovsky: Les Saisons / The Seasons, op. 37-bis Janvier - Au coin du feu / January - At the Fireside Février - Carnaval / February - Carnival Mars - Chant de l'alouette / March - Song of the Lark Avril - Perce-neige / April - Snowdrop Flower Mai - Les nuits de mai / May - White Nights Juin - Barcarolle / June - Barcarole Juillet - Chant du faucheur / July - Song of the Reaper Août - Scherzo (La moisson) / August - Scherzo (Harvest) Septembre - La chasse / September - The Hunt Octobre - Chant d'automne / October - Autumn Song Novembre - Troïka / November - Troika Décembre - Noël / December - Christmas CD 2 Astor Piazzolla: Cuatro Estaciones Porteñas / Four Seasons of Buenos Aires * Piano version by Marcelo Nisinman 1 Verano Porteño / Summer of Buenos Aires 2 Otoño Porteño / Autumn of Buenos Aires 3 Invierno Porteño / Winter of Buenos Aires 4 Primavera Porteña / Spring de Buenos Aires 5 6 7 8 05'12 03'03 02'32 02'40 04'22 04'36 01'52 03'34 02'58 05'07 03'12 04'28 06'02 06'15 06'20 06'30 Eurico Carrapatoso: Quatro Últimas Estações de Lisboa / Four Last Seasons of Lisbon* Inverno: Lua + Janeiro | Tejo = infinito / Winter: Moon + January | Tagus = infinit 05'30 Primavera: Valsa dos cravos / Spring: Carnation Waltz 02'30 Verão: Marcha (im)popular / Summer: (Un)popular March 03'54 Outono: Fado das Tágides / Autumn: Tagus Nymphs’ Fado 06'25 * First recording Piano Seasons: Tchaïkovsky, Piazzolla, Carrapatoso Par Filipe Pinto-Ribeiro « Au Printemps, les fleurs du cerisier, l’Eté, le coucou. L’Automne, la lune, et l’Hiver, la neige, claire, froide. » Eihei Dogen (1200-1253) Depuis des temps reculés, la thématique des saisons fascine et inspire l’esprit créateur humain. J’ai commencé, dans mon enfance, à associer les quatre saisons de l’année aux quatre concerts pour violon et orchestre que Vivaldi leur a consacrés. Ensuite, j’ai découvert l’oratorio Les Saisons de Haydn et les portraits allégoriques des saisons composés avec des fruits et des végétaux par Arcimboldo. Plus tard, lors de mes études au Conservatoire Tchaïkovsky de Moscou, j’ai eu l’opportunité de jouer le cycle Les Saisons de Tchaïkovsky, « puisant à la source » de la tradition pianistique russe. À Moscou, j’ai assisté au concert consacré au tango par Gidon Kremer et son Astor Quartet et, plus précisément, à la musique de Piazzolla. À cette époque, Kremer mit au défi certains des compositeurs contemporains les plus renommés – A.Schnittke, L.Nono et A.Pärt- de composer une nouvelle version des Quatre Saisons de Vivaldi, ce qu’aucun d’eux ne put mener à bien. C’est alors que Kremer a découvert les Quatre Saisons de Buenos Aires de Piazzolla, et a commandé à L.Desyatnikov une nouvelle version orchestrale pour servir de contrepoint à l’œuvre de Vivaldi. Après plusieurs années hors de mon pays, je suis revenu de Berlin à Lisbonne, ville que j’ai choisie pour ma résidence, et, au cours des dernières années, l’idée d’une œuvre musicale qui puisse refléter le charme de la capitale portugaise, s’est creusée en moi. En 2013, j’ai mis au défi le compositeur Eurico Carrapatoso, qui réside aussi à Lisbonne, de composer un cycle sur notre ville et sur la thématique des saisons de l’année. Le résultat a été la conception des Quatre Dernières Saisons de Lisbonne, que Carrapatoso a achevées en juin 2014. En 2013 aussi, le compositeur et bandonéoniste argentin Marcelo Nisinman, grand connaisseur du tango et du langage de Piazzolla, m’a offert une nouvelle version pour piano des Quatre Saisons de Buenos Aires. Cet enregistrement est donc le résultat de multiples expériences et motivations. Il s’agit d’un triptyque musical où je place en dialogue le romantisme de Tchaïkovsky, le tango de Piazzolla-Nisinman et le lusitanisme de Carrapatoso : trois cycles de « saisons », trois pays, trois langages et visions du monde de compositeurs qui ont abordé la thématique des saisons en trois siècles, le XIXe, le XXe et le XXIe siècle. Les Saisons Opus 37-bis de Tchaïkovsky occupent une place très spéciale dans l’héritage du grand compositeur russe et sont rapidement devenues son œuvre pour piano soliste la plus populaire. Il s’agit de douze pièces, ou « cadres musicaux », relatives aux douze mois de l’année, qui reflètent des scènes de la Russie de la deuxième moitié du XIXème siècle. Elles furent commandées en 1875, alors que Tchaïkovsky enseignait au Conservatoire de Moscou, par N.Bernard, qui désirait aussi signer les soustitres et les épigraphes accompagnant chaque pièce, pour une publication tout au long de 1876 dans sa revue mensuelle Nouvelliste, de Saint-Pétersbourg. Tchaïkovsky propose une version très personnelle de la thématique des saisons de l’année. Selon lui, la continuité de la vie en général, et de l’existence humaine en particulier, est symbolisée par la famille et le foyer, dans lequel la vie surgit continuellement. Le cycle commence avec une scène à l’intérieur de la maison, en hiver –Janvier, Au coin du feu-, une idylle lyrique de bien-être familial. Février nous apporte un « cadre » vif et exubérant du Carnaval, la Maslenitsa, qui inspirera aussi Stravinsky dans Petrouchka. En Mars, nous écoutons la belle mélodie ornementée du Chant de l’alouette. La pièce du mois d’Avril, Perce-neige, est un dialogue entre deux voix, d’un lyrisme intime et ingénu. Mai évoque la beauté et l’excitation dans Les nuits de mai de Saint-Pétersbourg. La Barcarolle de Juin, une des pièces les plus populaires du cycle, est élégiaque et profondément inspirée, avec une partie centrale rythmiquement animée. En Juillet, nous avons le Chant du faucheur : une pièce d’ « air libre », de grande vivacité et variété de couleurs. Dans le Scherzo (La moisson) d’Août, nous commençons à pressentir l’anxiété de la récolte du maïs avant l’arrivée des pluies de septembre, qui est suivi d’une partie intermédiaire lente, qui évoque peut-être le repos des moissonneurs pendant la chaleur de midi. En Septembre, La chasse nous propose une pièce d’un grand dynamisme sonore, ponctuée de sonneries de trompes et de cavalcades. Le Chant d’automne, d’Octobre, est une des pièces les plus contrapuntiques du cycle, commençant avec une mélodie mélancolique qui se transforme en duo amoureux inspiré. Rachmaninov adorait jouer la pièce de Novembre, Troïka (traîneau tiré par trois chevaux), une des plus populaires du cycle, et, simultanément, des plus riches et attirantes. Pour terminer, en Décembre, Tchaïkovsky a choisi une festivité familiale qui célèbre la nativité, Noël, en composant une valse, sa danse préférée, qui achève le cycle avec élégance et vivacité. Les Quatre Saisons de Buenos Aires sont devenues une œuvre emblématique de ce que l’on appelle le « nouveau tango ». Composées à l’origine par Piazzolla pour son quintette de bandonéon, violon, piano, guitare électrique et contrebasse, elles ne furent pas conçues comme une suite : l’Eté est un tango composé en 1965 pour la pièce Chevelure d’or, l’Automne date de 1969 et les deux autres saisons de 1970. Marcelo Nisinman, qui dans sa jeunesse mérita les louanges et les encouragements de Piazzolla, a composé en 2013 une nouvelle version pianistique d’une grande virtuosité dont le premier enregistrement figure dans le présent CD. Ici, dans Buenos Aires, il n’y a pas de grands contrastes entre les Saisons, comme dans le cycle de Tchaïkovsky. Le « temps », ou mieux, l’ambiance, est commun et se caractérise par une atmosphère dense, très chargée de sensualité. Il y a cependant de grands contrastes et des variations de tempérament dans chaque Saison de Buenos Aires. Des fortes pulsions rythmiques, des cadences d’une facture improvisée, des passages contrapuntiques, des harmonies complexes, il résulte des sentiments de tristesse, de sensualité, d’isolement, de tendresse et de passion – dans le fond, des éléments intrinsèques de l’essence du tango. Eurico Carrapatoso a composé les Quatre Dernières Saisons de Lisbonne tout au long du cycle des quatre saisons de l’année, entre juin 2013 et juin 2014. Le charme naturel et historique de la capitale portugaise a servi d’inspiration primordiale à la composition : son Hiver est un clair de lune de Janvier qui brille sur le Tage ; le Printemps, une valse mélancolique de la Révolution des Œillets ; l’Eté, une marche rappelant la Nuit de Saint Antoine, patron de Lisbonne ; et l’Automne, un fado des Tagides, les nymphes du Tage. Carrapatoso se dit encore inspiré par les Quatre derniers Lieder de Richard Strauss, comme le dénote le choix du titre, mais le plus remarquable dans son cycle c’est son langage dépouillé et poétique avec lequel il parvient à l’essence de chaque saison lisboète. Le poème qui sert d’épigraphe à ce texte a été écrit au XIIIe siècle par le maître zen bouddhiste Eihei Dogen. Dans sa simplicité apparente, mais expressive, avec laquelle il chante la beauté des saisons, Dogen nous relie à l’essence et à la beauté des éléments de la nature – comme la neige, la lune et les fleurs – qui réveillent un sentiment de communion expressive que je trouve aussi dans la musique de Tchaïkovsky, Piazzolla-Nisinman et Carrapatoso. Dogen a donné le titre d’Esprit inné à son poème sur les saisons, un esprit de contemplation et de partage qui a inspiré cet enregistrement. Filipe Pinto-Ribeiro Piano Seasons: Tchaikovsky, Piazzolla, Carrapatoso By Filipe Pinto-Ribeiro “In Springtime the cherry blossoms, in Summer the cuckoo. In Autumn the moon, and in Winter the clear, cold snow.” – Eihei Dōgen (1200-1253) From ancient times, the theme of the seasons has fascinated and inspired the human creative spirit. In my childhood I began to associate the four seasons of the year with Vivaldi’s four violin concerti on the theme. Then I discovered Haydn’s oratorio The Seasons and Arcimboldo’s allegorical portraits, where the seasons are personified in figures composed of fruits and vegetables. Later, studying at the Tchaikovsky Conservatory in Moscow, I had the opportunity to play Tchaikovsky’s suite The Seasons, “drawing directly from the spring” of Russia pianistic tradition. Also while in Moscow, I witnessed a concert given by Gidon Kremer and his Astor Quartet, dedicated to the tango and, more specifically, to Piazzolla’s music. At that time Kremer had challenged some of the best-known contemporary composers – Alfred Schnittke, Luigi Nono and Arvo Pärt – to compose new versions of Vivaldi’s Four Seasons, which none of them was able to achieve. This is when Kremer discovered Piazzolla’s Four Seasons of Buenos Aires, and commissioned Leonid Desyatnikov to make a new orchestral arrangement of these to serve as a counterbalance to Vivaldi’s work. After several years away from my home country, I returned from Berlin to Lisbon, the city where I’ve chosen to live, and, over the last few years, the idea of a musical work that could reflect the charm of Portugal’s capital etched its way into my mind. In 2013, I challenged composer Eurico Carrapatoso, a fellow inhabitant of Lisbon, to compose a cycle on the theme of our city and the seasons of the year. The result was the Four Last Seasons of Lisbon, which Carrapatoso completed in June 2014. Also in 2013, Argentinian composer and bandoneon-player Marcelo Nisinman, a great connoisseur of the tango and of Piazzolla’s language, offered me a new solo piano version of the Four Seasons of Buenos Aires. This recording results, therefore, from multiple experiences and motivations. It forms a musical triptych where I compel a dialogue between Tchaikovsky’s romanticism, Piazzolla’s tango and Carrapatoso’s Lusitanian flavour: three cycles of ‘seasons’, three countries, three languages and visions of the world from composers who have tackled the theme of the seasons in three different centuries, the 19th, the 20th and the 21st. Tchaikovsky’s The Seasons, Opus 37-bis, holds a very special place in the great Russian composer’s heritage, and it rapidly became his most popular work for solo piano. They take the form of 12 pieces, or ‘musical frameworks’, matching the twelve months of the year, reflecting Russian scenes from the second half of the 19th century. They were commissioned in 1875, when Tchaikovsky was teaching at the Moscow Conservatory, by Nikolay Matveyevich Bernard, who also wrote the subtitles and epigraphs that accompany each piece, publishing the whole over the course of the year 1876 in his monthly St. Petersburg publication Nouvellist. Tchaikovsky offers a rather personal interpretation of the theme of the year’s seasons. According to him, the continuity of life in general, and of human existence in particular, is symbolised by the family and the home, where life continually hovers. The cycle begins with a scene inside the house, in winter – January, At the Fireside – a lyrical idyll of family comfort. February brings us a lively and exuberant scene of the Carnival, the Maslenitsa, which will also inspire Stravinsky’s Petrushka. In March we listen to the beautifully ornamented melody Song of the Lark. April’s piece, Snowdrop Flower, is an intimately and ingenuously lyrical dialogue between two voices. May evokes the beauty and excitement of St. Petersburg’s White Nights. June’s Barcarole, one of the cycle’s most popular pieces, is a deeply-felt elegy with a more rhythmically animated central section. In July we have the Song of the Reaper, an ‘outdoor’ piece of great vivacity and varied colours. In August’s Scherzo (Harvest), we begin to sense the anxiety of gathering in the rye before the September rains begin, followed by a less readily imagistic intermediary passage, perhaps representing the harvesters’ rest during the noontime heat. September brings us The Hunt, with its great sonorous dynamism evoking horns and galloping horses. The Autumn Song, for October, is one of the cycle’s most contrapuntal pieces, beginning with a melancholic melody that transforms into an inspired love duet. Rachmaninov loved playing November’s Troika (a sled pulled by three horses), which is both one of the most popular and one of the richest and most attractive pieces in the cycle. Finally, for December, Tchaikovsky chooses a family festivity celebrating the Nativity, Christmas, and composes a waltz, his favourite dance, which elegantly and vivaciously brings the cycle to an end. The Four Seasons of Buenos Aires have become an emblematic example of what is known as the ‘new tango’. Originally composed by Piazzolla for his quintet of bandoneon, violin, piano, electric guitar and double-bass, they were not conceived as a suite. Summer is a tango written in 1965 for the play Golden Hair, Autumn dates from 1969 and the other two seasons were written in 1970. Marcelo Nisinman, who in his youth earned Piazzolla’s praise and encouragement, made a new, highly virtuosic piano arrangement of these pieces in 2013, which are recorded for the first time here. In Buenos Aires, there are no great contrasts between the seasons, as there are in Tchaikovsky’s cycle. The ‘weather’, or, rather, the ambience remains constant, characterised by a dense, sensually-charged atmosphere. There are, however, great contrasts and temperamental variations in each of Buenos Aires’s seasons. Powerful rhythmic pulsations, improvised cadences, contrapuntal passages and complex harmonies combine to produce sadness, sensuality, isolation, tenderness and passion – the tango’s essential, intrinsic elements. Eurico Carrapatoso composed his Four Last Seasons of Lisbon over the course of the four seasons of the year, between June 2013 and June 2014. The natural and historical charm of the Portuguese capital forms the primary inspiration for the composition: his Winter glows like a moonlight on the Tagus, in January; Spring, a melancholy waltz from the Carnation Revolution; Summer, whose march calls to mind the Night of St. Anthony, Lisbon’s patron saint; and Autumn, a fado from the Tagides, the Tagus’ water nymphs. Carrapatoso also notes the inspiration of Richard Strauss’s Four Last Songs, as evidenced by his choice of title. But the most remarkable feature of the cycle is how its bare and poetic language reaches the very essence of each of Lisbon’s seasons. The poem appended as epigraph to this text was written in the 13th century by the Zen Buddhist master Eihei Dōgen. With the readily apparent yet expressive simplicity with which he sings the beauty of the seasons, Dōgen connects us to the essence and the beauty of nature’s elements, such as snow, the moon and flowers, and awakens in us a sense of expressive communion such as I find in the music of Tchaikovsky, Piazzolla-Nisinman and Carrapatoso as well. Dōgen gave his poem on the seasons the title Innate Spirit – a spirit of contemplation and of sharing that inspired this recording. Filipe Pinto-Ribeiro Piano Seasons: Tchaikovsky, Piazzolla, Carrapatoso Por Filipe Pinto-Ribeiro “Na Primavera, flores de cerejeira, no Verão, o cuco. No Outono, a lua, e no Inverno, a neve, clara, fria.” Eihei Dogen (1200-1253) Desde tempos remotos, a temática das estações fascina e inspira o espírito criativo humano. Comecei, na infância, a associar as quatro estações do ano aos quatro concertos para violino e orquestra que Vivaldi lhes dedicou. Vim depois a descobrir a oratória As Estações de Haydn e os retratos alegóricos das estações que Arcimboldo compôs com frutas e vegetais. Mais tarde, aquando dos meus estudos no Conservatório Tchaikovsky de Moscovo, tive a oportunidade de tocar o ciclo As Estações, de Tchaikovsky, “bebendo da fonte” da tradição pianística russa. Ainda em Moscovo, ouvi Gidon Kremer e o seu Astor Quartet dedicarem um concerto ao tango e, mais concretamente, à música de Piazzolla. Kremer desafiou, nessa altura, alguns dos mais destacados compositores contemporâneos – A. Schnittke, L. Nono e A. Pärt – a compor uma nova versão das Quatro Estações de Vivaldi, o que viria a ser recusado por todos eles. Foi então que Kremer descobriu as Quatro Estações de Buenos Aires, de Piazzolla, e encomendou a L. Desyatnikov uma nova versão orquestral para servir de contraponto à obra de Vivaldi. Após vários anos fora do meu país, regressei de Berlim para Lisboa, cidade que escolhi para minha residência, e, ao longo dos últimos anos, foi crescendo em mim a ideia de uma obra musical que reflectisse o encanto da capital portuguesa. Em 2013, desafiei o compositor Eurico Carrapatoso, também residente em Lisboa, a compor um ciclo sobre a nossa cidade e a temática das estações do ano. Como resultado, Carrapatoso concebeu as Quatro Últimas Estações de Lisboa, finalizadas em Junho de 2014. Também em 2013, o compositor e bandoneonista argentino Marcelo Nisinman, profundo conhecedor do tango e da linguagem de Piazzolla, dedicou-me uma nova versão para piano das Quatro Estações de Buenos Aires. Esta gravação é, pois, um resultado de múltiplas experiências e motivações. Trata-se de um tríptico musical em que coloco em diálogo o romantismo de Tchaikovsky, o tango de Piazzolla-Nisinman e a portugalidade de Carrapatoso: três ciclos de “estações”, três países, três linguagens e mundividências de compositores que abordaram a temática das estações em três séculos distintos: XIX, XX e XXI. As Estações, Opus 37-bis, de Tchaikovsky, ocupam um lugar muito especial no legado do grande compositor russo e rapidamente se tornaram a sua obra para piano solista mais popular. São doze peças, ou “quadros musicais”, relativas aos doze meses do ano, que reflectem cenas da Rússia da segunda metade do séc. XIX. Foram encomendadas em 1875, quando Tchaikovsky leccionava no Conservatório de Moscovo, por N. Bernard, que viria também a sugerir os subtítulos e as epígrafes que acompanham cada peça, para publicação ao longo de 1876 na sua revista mensal Nouvelliste, de São Petersburgo. Tchaikovsky propõe uma versão altamente pessoal da temática das estações do ano. Segundo ele, a continuidade da vida em geral, e da existência humana em particular, é simbolizada pela família e pelo lar, no qual a vida surge continuamente. O ciclo começa com uma cena dentro de casa, no inverno - Janeiro, Junto à Lareira -, um idílio lírico de bemestar familiar. Fevereiro traz-nos um “quadro” vivo e exuberante do Carnaval russo, a Maslenitsa, que viria também a inspirar Stravinsky na sua Petrushka. Em Março, ouvimos a bela melodia ornamentada do Canto da cotovia. A peça do mês de Abril, Flor de Primavera, é um diálogo entre duas vozes, de um lirismo íntimo e ingénuo. Maio evoca a beleza e a excitação das Noites brancas de São Petersburgo. A Barcarola, de Junho, uma das peças mais populares do ciclo, é elegíaca e profundamente inspirada, com uma parte central ritmicamente animada. Em Julho, temos o Canto do ceifeiro: uma peça de “ar livre”, de grande vivacidade e variedade de cores. No Scherzo (Colheita), de Agosto, começamos por pressentir a ansiedade pela colheita do milho antes da chegada das chuvas de Setembro, a que se segue uma secção intermédia lenta a evocar, talvez, o repouso dos ceifeiros durante o calor do meio-dia. Em Setembro, A caça traz-nos uma peça de grande dinamismo sonoro, com evocação de trompas e cavalgadas. O Canto de Outono, de Outubro, é uma das peças mais contrapontísticas do ciclo, começando com uma melodia melancólica que se transforma num inspirado dueto amoroso. Rachmaninov adorava tocar a peça de Novembro, Na troika (trenó puxado por três cavalos), uma das mais populares do ciclo, e, simultaneamente, das mais ricas e atractivas. Para terminar, em Dezembro, Tchaikovsky escolheu uma festividade familiar que celebra o nascimento, o Natal, compondo uma valsa, a sua dança preferida, que encerra o ciclo com elegância e vivacidade. As Quatro Estações de Buenos Aires tornaram-se uma obra emblemática do chamado “novo tango”. Compostas originalmente por Piazzolla para o seu quinteto de bandoneón, violino, piano, guitarra eléctrica e contrabaixo, não foram concebidas como uma suite: o Verão é um tango composto em 1965 para a peça Melenita de Oro, o Outono data de 1969 e as restantes duas estações de 1970. Marcelo Nisinman, que na sua juventude foi elogiado e incentivado por Piazzolla, compôs em 2013 uma nova versão pianística de grande virtuosidade e que tem a sua primeira gravação no presente CD. Aqui, em Buenos Aires, não há grandes contrastes entre as Estações, como acontece no ciclo de Tchaikovsky. O “tempo”, ou melhor, o ambiente, é comum e caracteriza-se por uma atmosfera densa, muito carregada de sensualidade. Há, no entanto, grandes contrastes e variações de temperamento dentro de cada Estação de Buenos Aires. Das fortes pulsões rítmicas, das cadências de carácter improvisatório, das passagens contrapontísticas, das harmonias complexas, resultam estados de tristeza, de sensualidade, de isolamento, de ternura e de paixão – no fundo, elementos intrínsecos da essência do tango. Eurico Carrapatoso compôs as Quatro Últimas Estações de Lisboa ao longo do ciclo das quatro estações do ano, entre Junho de 2013 e Junho de 2014. O encanto natural e histórico da capital portuguesa serviu de inspiração primordial à composição: o seu Inverno é um luar de Janeiro, reflectido no Rio Tejo; a Primavera, uma valsa saudosa da Revolução dos Cravos; o Verão, uma marcha reminiscente da Noite de Santo António, padroeiro de Lisboa; e o Outono, um fado das Tágides, as ninfas do Tejo. Carrapatoso diz-se ainda inspirado pelas Quatro Últimas Canções de Richard Strauss, como denota a escolha do título, mas o que mais se destaca no seu ciclo é a sua linguagem despojada e poética com que reflecte a essência de cada estação lisboeta. O poema que serve de epígrafe a este texto foi escrito no séc. XIII pelo mestre zen budista Eihei Dogen . Na simplicidade aparente, mas expressiva, com que canta a beleza das estações, Dogen liga-nos à essência e à beleza dos elementos da natureza – como a neve, a lua e as flores - que despertam um sentimento de comunhão expressiva que encontro também na música de Tchaikovsky, Piazzolla-Nisinman e Carrapatoso. Dogen deu o título de Espírito Inato ao seu poema sobre as estações, um espírito de contemplação e partilha que me inspirou nesta gravação. Filipe Pinto-Ribeiro Filipe Pinto-Ribeiro | www.filipepinto-ribeiro.com Parmi les musiciens portugais les plus reconnus au niveau national et international, Filipe Pinto-Ribeiro est considéré comme un « poète du piano » et ses interprétations musicales, caractérisées par une profonde émotion et intellectualité, sont hautement appréciées par le public et par la critique spécialisée. Il est né à Porto et, après des études dans différents pays, il a été le disciple de Lyudmila Roshchina au Conservatoire Tchaïkovsky de Moscou, où il obtient le Doctorat (Piano Performance) en 2000. Il déploie une intense activité de concertiste, invité comme soliste par les principales salles de concert et les festivals, et par les orchestres de plusieurs pays. Il a créé les œuvres de divers compositeurs, comme Sofia Gubaidulina ou Marcelo Nisinman, et il a joué régulièrement avec des musiciens comme Gary Hoffman, Renaud Capuçon, José van Dam, Nicolas Altstaed, Gérard Caussé, Jack Liebeck, Michel Portal, Anna Samuil, Lars Andres Tomter et Christian Poltéra. Fondateur en 2006 du DSCH-Chostakovitch Ensemble, il est professeur d’université et directeur artistique de divers projets musicaux. Filipe Pinto-Ribeiro est Steinway Artist. One of Portugal’s most recognised musicians, both nationally and internationally, Filipe Pinto-Ribeiro is considered a ‘poet of the piano’, whose musical interpretations, characterised by profound emotion and intellectuality, are highly appreciated by the public and by music critics. Born in Porto, he studied in various countries before becoming a disciple of Lyudmila Roshchina at the Tchaikovsky Conservatory in Moscow, where he obtained a Doctorate in Musical Performance in 2000. He is intensely active as a concert artist, invited as a soloist by major concert halls, festivals, and orchestras internationally. He has premiered the works of several composers, including Sofia Gubaidulina and Marcelo Nisinman, and has regularly performed with acclaimed musicians such as Gary Hoffman, Renaud Capuçon, José van Dam, Nicolas Altstaedt, Gérard Caussé, Jack Liebeck, Michel Portal, Anna Samuil, Lars Anders Tomter and Christian Poltéra. In 2006, he founded the DSCH-Shostakovich Ensemble. He is a university professor and serves as artistic director for numerous musical projects. Filipe Pinto-Ribeiro is a Steinway Artist. Um dos músicos portugueses de maior prestígio nacional e internacional, é considerado um “poeta do piano” e as suas interpretações musicais, caracterizadas por uma profunda emoção e intelectualidade, são reconhecidas como ímpares pelo público e pela crítica especializada. Nasceu no Porto, e, após estudos em diversos países, foi discípulo de Liudmila Roschina no Conservatório Tchaikovsky de Moscovo, onde se doutorou em 2000. Desenvolve uma intensa actividade concertística, sendo convidado como solista pelas principais salas de concerto e festivais, e por orquestras de vários países. Estreou obras de vários compositores, como Sofia Gubaidulina ou Marcelo Nisinman, e colaborou com músicos como Gary Hoffman, José van Dam, Gérard Caussé, Jack Liebeck, Nicolas Altstaedt, Michel Portal, Anna Samuil, Christian Poltéra e Renaud Capuçon. Fundou em 2006 o DSCH – Schostakovich Ensemble, é professor universitário e director artístico de diversos projectos musicais. Filipe Pinto-Ribeiro é Steinway Artist. Production : Paraty Directeur du label / Producer : Bruno Procopio Ingénieur du son / Engineer : Cyrille Métivier Création graphique / Graphic design : Leo Caldi Textes / Liner notes : Filipe Pinto-Ribeiro Traductions / Translations : Paulo Amblat (FR), Ivan Ilic (EN) Photographe / Photography : (C) Rita Carmo Accordeur piano / Piano tuner : Patrick Hinves Piano : Steinway D-274 (Hinves Pianos) Enregistré en janvier 2015 à la Ferme de Villefavard / Recorded in January 2015 at Ferme de Villefavard Paraty Productions email: [email protected] www.paraty.fr www.filipepinto-ribeiro.com Avec l’aide de / With the support of / Com o apoio da: Câmara Municipal de Lisboa