Du levain pour Demain - Auxiliaires du Sacerdoce
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Du levain pour Demain - Auxiliaires du Sacerdoce
Du Levain pour Demain Bulletin des sympathisants Numéro 19 Sommaire Editorial Gérard Aleton Les jeunes pélerins de Créteil à Salvador da Bahia Elisabeth, Komi, Jennifer, Marie-Cécile et les jeunes pèlerins de Créteil. Témoignages des paroisiennes de Santa Cruz Traduction Trente huit ans dans le nordeste brésilien (1964- 2002) Interview du père Joseph Servat par Evelyne Bénévent Le christianisme en quelques mots Leonardo Boff- théologien et philosophe-traduction Os jovens peregrinos de Salvador da Bahia Elisabeth, Komi, Jennifer, Marie-Cécile e os jovens peregrinos de Créteil.- tradução Testemunhos de mulheres acolhedoras da paróquia de Santa Cruz O cristianismo em poucas palavras Evelyne Bénévent, jeune femme francobrésilienne, membre du bureau de l’association a eu l’occasion d’interviewer à Toulouse le père Joseph Servat qui pendant 38 ans fut prêtre fidei donum dans le nordeste brésilien. Engagé par Dom Helder Camara, il a travaillé avec les populations rurales nordestines vivant concrètement « l’option préférentielle avec les plus pauvres » Le père Joseph Servat revient sur ses années passées au Brésil tout en portant un regard aigü sur l’évolution de l’Église et de la Société brésilienne. Enfin, je ne résiste pas au plaisir de vous inviter à lire un bref article que vient de publier le théologien brésilien Leonardo Boff intitulé : « le Christianisme en quelques mots » qui, comme le laisse pressentir le titre, donne à comprendre l’essentiel de notre foi en quelques mots justement.■ Gérard Aleton Leonardo Boff- teólogo e filósofo Editorial A l’occasion des JMJ, 47 jeunes de Créteil étaient reçus à Salvador de Bahia dans la paroisse de Santa Cruz et par les sœurs Auxiliaires du Sacerdoce avant de descendre vers Rio de Janeiro. Les jeunes témoignent ici de ce moment privilégié qu’ils vécurent avec enthousiasme dans la grâce de la rencontre et la chaleur de l’accueil brésilien. Les familles d’accueil elles-mêmes ne sont pas en reste pour exprimer la chance d’avoir pu recevoir des jeunes répondant ainsi à l’interrogation de Marie-Cécile, l’une des jeunes du groupe, qui écrit de façon plus personnelle à l’occasion de son séjour à Salvador : « Je n’ai pas de recul sur ce que je peux éventuellement avoir apporté à mes frères brésiliens, mais je me suis sentie véritablement aimée par eux et pour moi c’était une fête à la fois intérieure et extérieure ». Les générations de chrétiens se suivent en évoluant. Après le témoignage des jeunes rentrant heureux de Brésil, nous entendrons un ancien missionnaire qui a œuvré au Brésil de 1964 à 2002. 04/10/13 Du dimanche 7 juillet au lundi 29 juillet 2013, 47 jeunes du diocèse de Créteil partaient en un voyage d’immersion au Brésil dont le point d’orgue fut les JMJ de Rio de Janeiro. L’organisation des JMJ ne prévoyait que deux semaines au Brésil mais grâce au père Alain Dutertre, les jeunes eurent la chance de vivre une semaine à Salvador, précédant la semaine missionnaire à Pétropolis où ils retrouvèrent les autres groupes et les JMJ de Rio proprement dit. J’ai lu avec grand plaisir leurs carnets de voyage colorés. Je pense à celui des jeunes d’Orly, Villeneuve-le-Roi et Ablon sur Seine ainsi qu’à celui de Philippe Gbone Komi. Pour le bulletin, les jeunes pèlerins de Créteil sous la coordination de l’une d’entre eux –MarieCécile Misak- ont rédigé le récit de leur séjour à Salvador où ils furent accueillis par les familles de la paroisse de Santa Cruz et les sœurs Auxiliaires du Sacerdoce. Les propos des jeunes découvrant une nouvelle culture et la chaleur de l’accueil brésilien sont enthousiastes, mais ceux des familles d’accueil ne le sont pas moins démontrant ainsi la vérité et la richesse de ces rencontres. Page 1/13 Du levain pour Demain Numéro 19 Bulletin des sympathisants Les jeunes pèlerins de Créteil à Salvador da Bahia N ous sommes un groupe de 47 jeunes du diocèse de Créteil, accompagnés par le père Alain Dutertre, le frère Cyril Crom et Emmanuelle Patte, laïque. Depuis un an, nous nous préparons chacun dans nos paroisses à ces Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), par des groupes de partage, des actions solidaires pour venir en aide aux démunis, et aussi des activités lucratives dans nos paroisses respectives, qui nous ont permis de financer ce séjour (repas, débats, concerts, ventes diverses). Nous ne nous connaissons pas entre nous. Les JMJ auront lieu du 23 au 29 juillet, précédées d’une semaine dite : « missionnaire » à Petrópolis, mais nous avons la chance de découvrir le Brésil deux semaines avant cet événement, à Salvador de Bahia, motivés par le père Alain. Les jeunes de Créteil avec la sœur Cécile (assise à droite) sur la plage de la « Patience » Pendant le vol, deux chanceux ont accès quelques instants à la cabine de pilotage. MarieCécile nous confie : « Nous étions à grande vitesse (900 km/h) et pourtant j’avais l’impression d’être immobile au-dessus des nuages. N’en serait-il pas de même sur le plan de la foi ? Parfois nous avons l’impression de ne pas avancer, mais en fait, Dieu est proche de nous… ». Le commandant de bord nous cite dans son message d’accueil à l’arrivée à Rio. Mais nous redécollons déjà pour Salvador… le temps de mieux connaître la population et de partager notre ferveur avant l’apothéose du temps avec le Pape François… crescendo, c’est un temps qui se mérite ! Nous voulons témoigner de cette semaine à Salvador car elle nous différencie des 200 autres 04/10/2013 pèlerins de Créteil qui sont arrivés par la suite directement à Petrópolis. Pendant toute notre première semaine au Brésil, Sœur Cécile, de la Communauté des Sœurs Auxiliaires du Sacerdoce, nous guide à Salvador et nous accompagne à la paroisse Santa Cruz où nous logerons accueillis par le Père Ariobaldo. Après pareil périple, difficile de trouver le sommeil et quelques-unes contemplent le tabernacle, réalisant ainsi l’accomplissement du projet tant espéré. Nous cherchons le repos dans l’église même pour quelques heures seulement car de nouvelles aventures nous attendent. Sœur Cécile a en effet concocté pour notre groupe un programme non-stop mais en incluant dès le premier jour un temps de baignade sur la plage dénommée : « Patience ». La ville de Salvador est bien surprenante : de grands immeubles modernes jouxtent des bâtisses plus modestes. Nous sommes tous très touchés par les saluts amusés et sincères des brésiliens. Extrait d’un carnet de bord : « Nous étions traités comme des princes. Certaines bonnes dames (tôt le matin), bénévolement nous préparaient le petit déjeuner et étaient à nos petits soins ; d’autres nous attendaient pour nous accompagner dans des familles pour le bain du matin et la lessive, car à l’église il fallait se restreindre pour de l’utilisation de l’eau. Dans certaines familles modestes, ils nous accueillaient (nous inconnus) chez eux comme leurs frères et sœurs, toujours dans ce désir de bien faire, en mettant tout à notre disposition. C’était une grande leçon d’humilité et de service du prochain qui nous a été montrée lors de cette semaine. » Mais aussi comment comprendre qu’il règne ici une telle insécurité la nuit ? Célébration à Santa Cruz avec les pères Alain Dutertre et Ariobaldo Page 2/13 Du levain pour Demain Numéro 19 Bulletin des sympathisants Le déjeuner des Religieuses Auxiliaires du Sacerdoce le lundi est typique : haricots noirs, poisson mariné, jus d’Umbu et Guarana avec de bonnes glaces aux parfums exotiques… Les religieuses nous apprennent que par leur vocation, elles s’attachent à révéler le Christ à tous, ainsi que l’Amour dont Il veut nous combler, par une vie de communauté dont le cœur est la contemplation dans l’action. Ainsi, Sœur Dilma travaille dans la formation, Sœur Cécile accompagne les détenus, Sœur Jacinete côtoie des personnes en situation de rue. Nous entendons au séminaire Jean-Marie Vianney, dont le recteur est le Père Mauricio, le témoignage d’un futur prêtre : « Il convient d’actualiser le message du Christ afin d’éviter de ressembler à des statues… » Ce soir-là, Audrey, Marie-Cécile et Jennifer animent un temps spirituel partagé par les nombreux paroissiens venus y participer. Ca y est ! Nous réalisons que nous sommes au Brésil ! Le lendemain, plongés dans le cœur historique de la ville, nous ouvrons nos yeux tout grands ébahis devant les magnifiques décors de la Basilique cathédrale de Salvador. Le père Alain, qui a vécu au Brésil et y est très attaché, nous est d’une aide précieuse pour entrer en profondeur dans la découverte de la ville. Ce mardi soir, au moment de la messe, nous avons vécu l’« Abraço », coutume brésilienne où les nouveaux venus sont pris dans les bras des plus anciens. Ce qui différencie une messe française d’une célébration brésilienne : le signe de croix initial est chanté, les lecteurs, quêteurs et ministres de la communion habillés d’un vêtement spécial, la quête se fait en procession, toute l’assemblée bénit les offrandes et les chants tous très dynamiques et gestuels sont repris par l’assemblée. Mercredi 10 juillet, nous allons au foyer de « Claire Amitié » qui forme professionnellement (coiffure, couture, etc.) et humainement des jeunes filles des favelas. Sans parler portugais, la visite de l’atelier couture devient irrésistible. Philippe témoigne : « Des petites filles se sont préparées des mois pour nous accueillir et personnellement j’ai passé un après-midi de pure émotion notamment avec la présentation de leur chorégraphie sur l’hymne des JMJ, suivie d’une capoeira à laquelle nous avons participé dans la joie et la bonne humeur. Avant notre départ, j’étais un peu triste car je me disais : si ça se trouve je ne vais plus jamais voir certaines d’entre elles, et je me posais cette question : Pourquoi ces jeunes innocentes n’avaient elles 04/10/2013 pas le droit de naître et vivre dans une famille normale, avec les moyens qu’il faut ? Tellement elles étaient adorables. » C’est une totale immersion grâce à ce monde associatif. « C’est vraiment ce que nous recherchions ! » confient Ophélie et Damien. Jeudi 11 juillet, quelques pèlerins en s’égarant goûtent aux joies d’une vraie manifestation sociale brésilienne, avant de retrouver la spiritualité de la Trinité par une rencontre avec frère Eric qui a choisi de vivre au milieu des SDF. L’église de la Trinité lui a été confiée en 2000 où chaque matin, chacun retrouve un peu de dignité autour d’un café afin de consolider sa sortie de la drogue et autres tentations. Le partage se fait en toute confiance de cœur à cœur. A notre tour, le soir, nous tâchons de nous faire mutuellement confiance en exprimant ce que nous pouvons améliorer au sein de notre groupe. Par la suite, un grand moment de silence et d’adoration nous aide à améliorer la recherche de la sérénité et à vivre intensément chaque rencontre. Rendre grâce nous apparaît tellement nécessaire… ! Le vendredi 12 juillet, après avoir visité le quartier pauvre des Alagados, autrefois sur pilotis, nous passons l’après-midi du vendredi à la Basilique Nosso Senhor do Bonfim, important lieu de pèlerinage, où l’on se rend pour les multiples grâces reçues dans toutes les situations de la vie. Samedi 13 juillet, l’immersion continue car nous nous rendons par petits groupes de 2 ou 3 chez des paroissiens, si bien reçus que le prêtre doit même en appeler certains au téléphone pour retrouver ses brebis ! Soir d’émotions car nous quitterons demain Salvador pour un week-end découverte à Rio… Au revoir, Salvador da Bahia! Cette entrée en matière nous permet d’envisager les semaines suivantes à Petrópolis et Rio conscients des réalités du pays, qui nous est déjà devenu très attachant malgré les inégalités frappantes. Désormais, nous serons beaucoup plus nombreux, ce sera une atmosphère sans doute plus confortable et plus encadrée, mais bien moins en immersion dans l’authenticité du Brésil. Une autre forme de pèlerinage s’annonce, en compagnie de notre évêque Michel Santier, mais cette semaine à Salvador a soudé le groupe, tant entre jeunes de Créteil qu’avec le père Alain et les autres accompagnateurs. Page 3/13 Du levain pour Demain Numéro 19 Bulletin des sympathisants Sur ce premier épisode de l’aventure, MarieCécile conclut plus personnellement: « C’est la première fois que je participais à des JMJ. Sans l’Eglise, je n’aurais pas fait l’effort d’un si grand voyage. Dès lors, autant dire que tout a été découverte et enrichissement : tout d’abord le Brésil (culture diversifiée, grand métissage, bonne nourriture, nature abondante, inégalités, insécurité mais aussi développement), puis la vie d’une paroisse brésilienne, très dynamique (abraço, t-shirts expressifs, chants avec gestes, signe de croix chanté, jeunes qui montrent joyeusement leur foi). Grâce à Sœur Cécile, j’ai appris l’importance des religieux dans l’aide aux défavorisés et celle d’être missionnaire dans de multiples milieux. Plus personnellement, grâce aux Brésiliens, des moments qui me font progresser m’ont été donnés : pour la première fois de ma vie, j’ai chanté seule au cours de la messe à Santa Cruz (malgré l’appréhension); j’ai aussi pu jouer de l’orgue à la basilique Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus à Rio pour la messe diocésaine. Certaines rencontres m’ont marquée et de très belles âmes m’ont rejointe directement et personnellement. Il est vraiment merveilleux de visiter Rio, car on voit le Christ nous bénir du haut de la montagne, en presque en chaque endroit ! Ces JMJ me confortent dans cette place que j’ai dans l’Eglise, que je tiendrai désormais avec une plus grande sensibilité. Cette expérience me donne envie de dynamiser les plus jeunes dans ma paroisse, de les motiver à prendre part à l’animation des messes, de leur témoigner de la réalité de l’Eglise universelle. Cette semaine à Salvador a été la plus attachante du séjour: la découverte de ce pays, le plus grand pays catholique au monde, a commencé, avec la bienveillance du Père Ariobaldo, par la rencontre des gens si généreux, amicaux et fraternels de Santa Cruz, qu’ils sont pour moi le visage du Brésil. Je suis heureuse d’être avec eux en communion tous les dimanches. Je n’ai pas de recul sur ce que je peux éventuellement avoir apporté à mes frères brésiliens, mais je me suis sentie véritablement aimée par eux et pour moi c’était une fête à la fois intérieure et extérieure ; comme dit le Pape : « Une vraie fête de la foi et de la fraternité qui commence ici-bas et n'aura pas de fin ». » ■ Elisabeth, Komi, Jennifer, Marie-Cécile et les jeunes pèlerins de Créteil. Témoignages des familles d’accueil L Marie-Cécile devant le Corcovado Je vais reprendre simplement le cours de ma vie : en paroisse, je joue de l’orgue le dimanche à la messe et fais partie de l’équipe d’accompagnateurs en catéchuménat. 04/10/2013 a visite de notre paroisse et de notre ville fut certainement très positive pour nous et pour eux. Leur intégration dans les familles et l’église fut naturelle et tranquille. La différence de langues et de coutumes ne fut en rien un obstacle. Dans ma famille, nous avons contribué un peu à l’adaptation de quelques jeunes et au partage d’expériences. Pour nous ce fut très positif de les recevoir pour les intégrer et réfléchir ensemble ; ce fut aussi un moment de rencontre spirituelle en faveur de la vie et de l’amitié. Lors des repas familiaux pris chez moi, nous avons partagé barbecue, chants et réflexion. A cette occasion, j’ai pu sentir la grande force de la foi et du partage. Les jeunes qui sont venus à la maison nous ont fait écouter leurs musiques. Ce fut important pour eux. Nous avons appris cette semaine que les barrières, les difficultés de la vie, les lieux où nous vivons, ne sont pas importants s’il y a foi et espérance. Quand, on fait quelque chose de cœur pur, tout va bien, les personnes se comprennent, se rejoignent dans la foi, les prières et les louanges à Dieu. Nous comprenons que nous sommes tous égaux sous le regard de Dieu et que nous vivons pour aider le prochain, partager nos expériences et enseignements. Page 4/13 Du levain pour Demain Numéro 19 Bulletin des sympathisants L’intégration des jeunes Français durant cette semaine de visite a ouvert nos cœurs et les a affermis dans leur pèlerinage vers les JMJ. Avec ma famille, nous avons recueillis beaucoup de bénéfices de cette expérience en plus de nouveaux amis et d’histoires incroyables ! C’est certainement vrai de leur côté également. Nous en serons éternellement reconnaissants ! ■ Eliete, mère de famille, qui a accueilli Philippe, originaire du Portugal, ainsi que d’autres jeunes. J e ne sais comment décrire cette semaine, pendant laquelle des jeunes joyeux et gentils ont amené beaucoup de joie à la paroisse de Santa Cruz. Passer une semaine avec ces jeunes fut de la plus grande importance pour nous car nous avons pu mettre en pratique le commandement : « Aime ton prochain comme toi-même ! », en nous mettant à leur place et en faisant tout notre possible pour qu’ils se sentent accueillis comme nous aimerions qu’ils le fassent avec nous ! Ce fut incroyable de pouvoir vivre de nouvelles expériences, appréhender la culture française et avoir des amis sympathiques et joyeux. Ils ont apprécié notre nourriture, l’accueil dans nos maisons, nous ont fait compliment de notre joie et nous ont laissé une invitation à découvrir leur culture, là-bas en France. Ce fut incroyable de partager avec des jeunes « révolutionnaires » qui ne veulent pas seulement le changement mais sont eux-mêmes le changement, des moments festifs, de découverte, de culture et de prière. Ils nous donnèrent à comprendre que bien que différents, nous sommes identiques et que nous poursuivons le même objectif de créer un monde meilleur, prouvant ainsi que notre foi peut remuer des montagnes. Rien ni personne ne peut arrêter les jeunes du Christ ! Cette semaine très dense a passé comme si elle ne comptait que deux à trois jours mais fut suffisante pour créer des liens d’amitié et nous laisser de nostalgie. ■ jeunesse à une action plus missionnaire là où l’Eglise aurait besoin de lui, il a accepté en 1964, de se mettre, comme prêtre fidei donum, au service de l’Amérique latine et en particulier des populations rurales du Nordeste du Brésil. Dom Helder Camara, l’archevêque prophète de Recife, l’a engagé à Rome, lors du concile Vatican II, pour participer à l’organisation dans l’immense Brésil, d’un mouvement d’Action Catholique Rurale et d’une action pastorale insérée dans les diverses situations économiques et sociales de l’époque. Ce sera pour le père Servat l’occasion de découvrir et de vivre concrètement « l’option préférentielle avec les plus pauvres ». Rentré en France en 2002, après trente huit-ans de service au Nordeste brésilien, le père Joseph Servat vit actuellement à Toulouse où il a été interviewé le 23 août 2013 par Evelyne Bénévent, jeune femme franco-brésilienne, membre du bureau de l’association. A cette occasion, il nous livre une analyse particulièrement fine de la société et de l’Église brésilienne. Le père Joseph Servat a écrit le livre « En mission au nordeste du Brésil » publié par l’Harmattan que nous vous invitons chaleureusement à lire pour poursuivre l’article. Juliana, jeune de la paroisse Santa Cruz. Le père Joseph Servat, né en 1922 dans la montagne ariégeoise, est devenu prêtre du diocèse de Pamiers le 29 juin 1947. Pendant dixsept ans, il est resté au service de son diocèse, en paroisse et comme aumônier de l’Action Catholique Rurale. Se sentant appelé depuis sa 04/10/2013 Evelyne Bénévent et le père Joseph Servat devant Dom Helder Camara Page 5/13 Du levain pour Demain Numéro 19 Bulletin des sympathisants Trente huit ans dans le nordeste brésilien (19642002) Q ue retenez-vous de votre mission au Brésil ? Des prêtres de votre diocèse partent-ils encore « fidei donum » pour l’Amérique Latine actuellement ? Un grand projet, une grande espérance, malgré tant de forces qui semblent opposées surtout dans l’Eglise (Vatican et Brésil). Formé en France presque exclusivement dans l’Action Catholique, surtout rurale, encouragé par Dom Helder, par quelques évêques et prêtres brésiliens, je suis parti comme prêtre « Fidei donum », sans bien connaître la réalité ni la langue portugaise, à la découverte du monde rural des Etats du Nordeste du Brésil si différents de notre monde rural européen. La réponse a pourtant été féconde et riche d’expériences diverses surtout au service des « camponeses1 » dans les diverses régions nordestines : (Mata dans la zone de la canne à sucre, Agreste des petits agriculteurs et Sertão des grandes sécheresses), avec de grandes rencontres d’ensemble : trois à São Paulo et une à Nova Iguaçu (R.J.). Avec la venue du successeur de Dom Helder (Dom José Cardoso ), canoniste réformateur venu de Rome, il m’ a fallu officiellement quitter ce type de travail au service du monde rural pour pouvoir rester dans le diocèse de Recife, ma mission n’étant, d’après le nouvel archevêque, que d’administrer des paroisses et d’abandonner ce qui pour lui plus était plus politique que religieux. J’avais auparavant profité d’une année de recyclage au Québec pour laisser élire un successeur aumônier, (qui a plutôt agi comme administrateur et secrétaire général) et qui n’a tenu que quelques années pour fonder ensuite une famille. Dans ma paroisse d’Itapissuma en extension en pleine zone sucrière, j’ai soutenu dans la région, les actions du mouvement paysan (occupations de terre et « assentamentos », CPT2, débuts du MST3). Malade, accidenté, très fatigué je suis rentré en France à l’âge de quatre vingt ans. Après moi, très peu de prêtres sont partis vers le Brésil et aucun ne provenait de la région de Toulouse. J’avais vécu une grande espérance voulant témoigner d’une action libératrice de Jésus Christ dans un monde de misère et d’esclavage. De nombreux militants(es) avaient surgi dans ce monde trop méprisé, (On les a bien oubliés depuis), quelques prêtres sont « nés » dans cette action. Mais une Eglise déclinante s’est repliée sur ces « œuvres » et institutions. Jusqu’à ces derniers temps, par courrier et téléphone, j’ai essayé de soutenir quelques militants et des prêtres vieillissants, souvent découragés. Peu se sont adaptés aux temps nouveaux. Les évêques prophètes( style Dom Helder) ont été remplacés par d’autres « hommes d’Eglise » plus soucieux des structures que des combats du Peuple de Dieu. Nous avons du mal à sentir en France si la grande aventure brésilienne (CEB4s, théologie de la libération, option préférentielle pour les pauvres) a entrainé l’ensemble de l’Église brésilienne ou si elle a été minoritaire même durant sa belle période (1962- 1999) ? Je suis loin de pouvoir dire que l’ensemble de l’Eglise brésilienne est rentrée, dans ces élans nouveaux, fruits de l’Esprit Saint (CEBs, théologie de la libération, action préférentielle « avec » et non seulement « pour » les pauvres). Néanmoins, l’orientation a souvent été maintenue par les instances de direction des évêques (CNBB) (Conferência Nacional dos Bispos do Brasil) et la Conférence des Religieux du Brésil (CRB) sur le plan national. Votre mission fut adossée à des prophètes dont Helder Camara est le meilleur exemple. Ce prophétisme continue-t-il de nos jours ? Le type de prophétisme (évêques prophètes ) que j’ai connu au début, a bien diminué, sinon disparu. Les nominations romaines ont nivelé le terrain. Mais il reste encore des évêques émérites d’esprit conciliaire. Etes-vous toujours en lien avec le Brésil et son Église ? Y-a-t-il une suite à son action ? 1 Les paysans CPT : Commission Pastorale de la Terre 3 MST : Mouvement des Sans-Terre 2 04/10/2013 4 CEB : Communauté Ecclésiale de Base Page 6/13 Du levain pour Demain Numéro 19 Bulletin des sympathisants J’ai maintenu peu de liens avec le Brésil ; quelques prêtres et militants avec lesquels j’essaye de garder un contact. Ils sont un peu perdus et oubliés dans une Eglise qui a changé ses centres d’intérêt. Parti depuis plus de dix ans, je me suis trop éloigné des problèmes et des valeurs brésiliennes pour pouvoir m’étendre sur ce sujet. Pourquoi la théologie de la libération fut-elle si férocement attaquée alors qu’elle est dans le droit fil de l’évangile ? La théologie de la libération appelle justice, responsabilité et appui aux et avec les plus pauvres, ouvriers agricoles, petits paysans, femmes seules et le monde indigène. Ce sont des missions et services essentiels de l’Eglise qui a trop souvent été liée aux groupes les plus riches et les plus influents de la société. Elle a aidé à remettre en question les structures de la société associées à la possession de la terre et des moyens de production, plaçant au premier plan l’accès aux moyens de vivre, l’éducation intégrale, la santé et à la dignité d’homme fils de Dieu. Le but de cette théologie est de rendre aux pauvres la dignité par un travail reconnu et rémunéré dans une société plus juste tout en ayant le souci de l’épanouissement des groupes humains dans le respect de leur culture et de leur foi. D’après vous, les CEBs ont-elles un avenir ? Peut-on même envisager une autre forme d’action pour faire adhérer le peuple chrétien? Les CEBs ont la plupart du temps perdu leur originalité de « faire Eglise d’une autre manière » pour devenir des groupements diocésains ou paroissiaux directement orientés par les diverses pastorales. Dans la mesure où celles-ci se développent, les CEBs nées d’une prise de conscience chrétienne des exigences du baptême dans la vie et les services de tous les jours - souvent sans aucune présence de prêtre ou de religieux- et unissant les divers aspects de la vie à la Parole de Dieu, risquent d’être étouffées dans leur surgissement premier. La base en était la foi toute simple de consciences responsables. Elle devient trop souvent obéissance, exécution d’orientations données et non 04/10/2013 conscience illuminée dans la simplicité de la foi par l’Esprit de Dieu. Dans la mesure où elles sont dociles à des orientations venues d’ailleurs, elle perdent leur fraîcheur et leur originalité. Comment animer les découvertes et les réponses de personnes responsables face à la vie, nourries par une vraie contemplation de la Parole de Dieu ? Un ministère respectueux peut aider en éclairant mais ne peut décider. Y-a-t-il un découragement dans l’Église brésilienne d’aujourd’hui ? Parti depuis plus de 10 ans, je ne puis juger l’actualité brésilienne mais dans mes dernières années brésiliennes je n’avais pas connu la triste impression de fin d’une Eglise comme on le ressent actuellement en France. Que pensez-vous du charismatique au Brésil ? mouvement Au temps de la guerre froide, j’ai connu au Nordeste les mouvements charismatiques comme un essai brillant de démobilisation des lourds efforts que nous faisions dans les milieux populaires ruraux et urbains. Moins il y avait effort de conscientisation et de libération, et plus s’épanouissaient les chants triomphalistes et acclamations charismatiques. D’où la joie et les encouragements des diocèses qui n’acceptaient pas l’ évangélisation difficile et dangereuse des milieux populaires. Les mouvements charismatiques devenaient la grande espérance liturgique de certains évêques et de beaucoup de prêtres. Quelle est votre appréciation par rapport aux JMJ qui se déroulent en ce moment ? Je ressens un grand effort d’organisation mais où les laïcs ont peu de place. La venue d’un nouveau pape qui a monopolisé l’attention des « média » est devenu le grand pôle d’attraction. D’où viennent les jeunes, comment vivent –ils leur foi dans leurs pays, comment s’évangélisent-ils à Rio ? Nous souhaitons partager l’espoir d’un monde jeune, animé par l’Evangile pour construire un monde nouveau. La joie d’un pape source d’espérance a en partie compensé notre attente mais le peuple de Dieu des baptisés Page 7/13 Du levain pour Demain Numéro 19 Bulletin des sympathisants n’est pas responsable. apparu comme pleinement Quel serait votre message d’avenir ? Le Brésil grandit et sera l’un des grands pays du monde de demain. Nous lui avons donné ce que nous avions de meilleur. Saura-il mettre ses richesses matérielles et surtout humaines et spirituelles au service de l’humanité dans les années qui viennent ? Possédant la première Eglise du monde par sa population baptisée, ses congrégations religieuses, avec un ministère sacerdotal qui grandit en nombre et en qualité, le Brésil bénéficie d’une population jeune et variée. Va-t-il mettre ces immenses possibilités pour que le ferment de l’Evangile soulève et humanise pleinement l’Amérique Latine et le monde du vingt-et-unième siècle ? C’est le vœu ce ceux qui ont donné la meilleur part de leur vie au service des plus pauvres de ce continent. C’est aussi la responsabilité d’une grande Eglise dans un grand Brésil « num Brasil grande » comme le proclame son peuple. Le 22 avril 1500, Pedro Alvaro Cabral et son équipage portugais ont baptisé ces nouvelles terres du nom de « a terra da Santa Cruz » « la terre de la Sainte Croix ». L’exportation d’un bois couleur rouge braise « O pau brasil » a fait oublier ce premier nom donné à un continent devenu le Brésil. Mais on ne peut oublier le nom donné par les marins portugais ! Notre Brésil veut toujours rester la terre de la Sainte Croix. ■ Père Joseph Servat- propos recueillis par Evelyne Bénévent. Le christianisme en peu de mots. N ombreux sont ceux, chrétiens ou non, qui se demandent ce qu’est l’essence du christianisme ? Que voulait le Christ – d’où provient le mot christianisme- quand il est venu parmi nous, voici plus de deux mille ans ? La réponse se doit d’oublier pour un moment tout l’appareil doctrinal élaboré au cours de l’histoire pour aller directement à l’essentiel exprimé en mots simples pour être compréhensible par tous. 04/10/2013 Jésus n’a pas commencé par s’annoncer luimême ou bâtir une église. Il a annoncé le Royaume de Dieu, dont la signification profonde est le rêve d’une absolue révolution qui se propose de transformer les relations personnelles, sociales, cosmiques, trop souvent défigurées, pour les mettre en relation avec Dieu. Ce Royaume commence lorsque les personnes adhèrent à cette annonce pleine d’espérance et assument l’éthique du Royaume à savoir l’amour inconditionnel, la miséricorde, la fraternité sans frontière, l’humble acceptation d’un Dieu vécu comme un Père d’une infinie bonté. En plus de la proclamation du Royaume de Dieu, quelle fut l’intention originelle de Jésus ? Les apôtres lui posèrent directement la question en utilisant les circonlocutions linguistiques de l’époque : « Seigneur, apprends-nous à prier » (Luc 11,1). Ce qui revenait à demander « Donne-nous un résumé de ton message ; quelle est ta proposition ? » Jésus répondit avec le Notre Père. C’est la quintessence de la parole de Jésus, la parole qui sans aucun doute fut proférée par la bouche du Jésus historique. Dans cette prière, tout le message de Jésus est concentré : Dieu-Abba (papa), l’être humain et ses besoins. En résumant, il s’agit à la fois de notre Père et de notre pain dans l’arc tendu vers le Royaume de Dieu. Ici se rencontrent les deux mouvements : un chemin vers le ciel où se trouve Dieu comme Abba, notre Père chéri, avec son projet de sauver toute la création (le Royaume) et un chemin sur terre où se trouve notre pain sans lequel nous ne pouvons vivre. Remarquons qu’il ne dit pas « mon Père » mais « notre Père », ni « mon pain » mais « notre pain quotidien ». Nous pouvons prononcer « amen » seulement si nous unissons les deux pôles : le Père et le pain. Le christianisme se réalise dans cette dialectique : annoncer un Dieu bon parce que c’est le Père chéri qui développe un projet de libération totale et veut donner en même temps le pain comme moyen de vie pour tous. Nous connaissons la tragédie qui est arrivée à Jésus. Le Royaume fut repoussé et son prophète exécuté sur la croix. Dieu prit le parti de Jésus et le ressuscita. La résurrection n’est pas la réanimation d’un cadavre mais la naissance d’un « nouvel Adam » (Corinthiens 15.45). La résurrection c’est la réalisation du projet du Royaume dans la personne de Jésus comme Page 8/13 Du levain pour Demain Numéro 19 Bulletin des sympathisants anticipation de ce qui va arriver à tous et à l’univers entier. L’exécution de Jésus et sa résurrection ont ouvert un espace qui permit le surgissement d’un mouvement à la suite de Jésus : les premières communautés familiales et locales et finalement l’Eglise comme communauté de fidèles et communauté de communautés. « Le Christianisme- le minimum du minimum » a recueilli l’évolution historique du christianisme avec ses zones d’ombre et de lumière pour finalement s’insérer dans le défi de la mondialisation de l’humanité. Cette dernière s’est découverte vivant dans une maison unique, la planète Terre, gravement menacée par la crise écologique généralisée qui pourrait mettre en péril le futur de notre civilisation y compris même la survie de l’espèce humaine. Le christianisme peut contribuer à la sauvegarde de l’humanité car, si l’on se réfère aux Ecritures judaïque-chrétiennes, Dieu est « le souverain amoureux de la vie » (Sagesse 11,24) et ne permettra pas que la vie et le monde, assumés par le Verbe, disparaissent de l’histoire. ■ Leonardo Boff- théologien et philosophe Os jovens peregrinos de Créteil a Salvador da Bahia S omos um grupo de 47 jovens da diocese de Créteil – subùrbio de Paris (NDLT), acompanhados pelo Pe Alain Dutertre, pelo Frei Cyril Crom e por Emmanuelle Patte que é leiga. Durante um ano, cada um de nos se preparou na sua paroquia a participar da Jornada Mundial da Juventude – JMJ, fazendo parte de grupos de reflexão, realizando açōes solidarias de ajuda a pessoas pobres, e buscando angariar fundos para financiar esta viagem (promoção nas nossas paroquias de jantares, de mesas redondas, de concertos, de vendas diversas). Nos, membros do grupo, não nos conheciamos no inicio. A Jornada serà de 23 a 29 de julho, precedida da « semana missionària » em Petropolis (80 km do Rio de Janeiro – NDLT). O nosso grupo tem a chance de descobrir o Brasil em Salvador da Bahia, duas semanas antes da Jornada. O Pe Alain nos motivou para vivermos esta experiência. Durante o voo para o Brasil, dois entre nos tem acesso à cabina de pilotagem. Marie Cécile nos 04/10/2013 fala : « Apesar da alta velocidade (900km/h) eu tinha a impressão de estar parada acima das nuvens. Nao seria assim com a Fé ? As vezes a gente està com a impressão de nao avançar. No entanto, Deus està proximo da gente. .. » O commandante do avião menciona o nosso grupo na sua mensagem de boas vindas ao Rio…. E jà estamos decolando novamente para Salvador…. um tempo para conhecer melhor o povo e de partilhar com ele a nossa fé, antes dos dias da apoteose com o Papa Francisco…. Crescemos com eles… um tempo que vale a pena ... !! Queremos aqui testemunhar esta semana em Salvador, porque ela nòs diferencia dos demais 200 jovens de Créteil que chegaram depois diretamente em Petrópolis. Durante nossa primeira semana no Brasil, somos acompanhados em Salvador por Irmã Cécile, da Comunidade das Irmãs Auxiliares do Sacerdocio. Ela nos encaminha até a paroquia da Santa Cruz onde seremos hospedados. O Pe Ariobaldo nos acolhe. Depois de tão longa viagem, o sono custa chegar, e alguns de nos contemplam o tabernaculo, tomando consciência da realidade do projeto tão esperado. Descansamos apenas algumas horas, pois novas aventuras nos esperam. Irmã Cécile organizou para nosso grupo um programa « non-stop » que começa no primeiro dia com um banho de mar numa praia com nome de : « Paciência ». A cidade de Salvador surpreende bastante : altos prédios modernos ao lado de construçōes modestas. Fomos marcados pelas saudaçoes alegres e sinceras dos brasileiros. Alguém escreveu : « Fomos tratados como principes. Senhoras voluntarias chegavam muito cedo para preparar o café da manha, cuidando de nos com carinho. Outras nos acompanhavam em casas de familias para tomarmos um banho e lavar a nossa roupa, pois o uso da agua na Igreja era restrito. Familias pobres nos acolheram como irmãos, sempre com grande empenho, colocando tudo à nossa inteira disposição. Nos vimos nessa semana uma grande lição de humildade e de serviço ao proximo. » Por outro lado, como compreender a grande insegurança que impera à noite ! ? Na segunda feira, fomos recebidos na casa das Religiosas Auxiliares do Sacerdocio com um almoço típico : feijão preto, peixe ensopado, suco de umbu e guarana, e sorvetes gostosos de frutas tropicais …. As Irmãs partilham conosco sua vocação : anunciar Cristo aos irmãos, bem como o Amor que Ele quer dar plenamente a cada um de nòs. Isto elas realizam atravès de Page 9/13 Du levain pour Demain Numéro 19 Bulletin des sympathisants uma vida comunitària baseada na contemplaçao e ação. Dilma trabalha na Educação. Irmã Cécile na Pastoral carceraria junto aos presos. Irma Jacinete encontra pessoas que vivem na rua. No seminàrio Jean-Marie Vianney, cujo Reitor é o Pe Mauricio, ouvimos o testemuho de um seminarista : « É preciso atualisar a mensagem do Cristo, sob pena de parecermos estatuas… ». Naquela noite, Audrey, Marie-Cécile e Jennifer animam um tempo espiritual que foi partilhado por muitos paroquianos. Agora pronto ! Tomamos consciência que estamos no Brasil ! No dia seguinte, mergulhamos no coração da parte histórica da cidade. Ficamos admirados diante das decoraçōes da Basilica catedral de Salvador. O Pe Alain jà viveu no Brasil, e continua muito apegado, ele nos ajuda muito a descobrir a cidade em profundidade. Na terça feira à noite, na hora da missa, recebemos o « abraço » dado aos que chegam pelos mais antigos. O que différencia uma missa brasileira de uma missa francesa : o sinal da cruz é cantado no inicio da missa ; os leitores, os encarregados da coleta e os ministros da comunhao vestem um vestido especial, o ofertorio é feito em procissão, toda a assembléia abençoa as ofertas e os cantos sempre muito ritmados e gestuados são entoados pela assembléia. Os jovens de Creteil com o padre Ariobaldo em Salvador Quarta feira 10 de julho. Vamos ao Albergue « Clara Amizade » que promove formação profissional (cabelereira, costureira, etc.) e humana para moças das favelas. Sem falar português, a visita do atelié de costura se torna muito engraçado. Philippe testemunha : « Moçinhas se prepararam durante meses para nos acolher. Pessoalmente, vivi uma tarde de pura emoçao, com a apresentação por exemplo da coregrafia que criaram com o hino da Jornada, e com a capoeira da 04/10/2013 qual participamos com alegria e descontraidos. Na hora de ir embora, eu fiquei um pouco triste, pois eu me perguntava : porque estas jovens inocentes nao tem o direito de nascer e de viver numa familia normal, com os meios necessàrios ? De tão amaveis que eram ! » Esse mundo associativo nos propiciou uma imersão total. « É realmente o que nos viemos buscar » diz Ophélie e Damien. Quinta feira 11 de julho. Alguns peregrinos se perdem no caminho e experimentam as alegrias de uma verdadeira manifestação social brasileira. Logo em seguida nos encontramos na Igreja da Trindade, com o Irmao Henrique que escolheu de viver com o povo da rua. A Igreja da Trindade lhe foi entregue no ano 2000. Cada dia de manha, a dignidade das pessoas se afirma em torno de um café, afim de consolidar a saida da droga e de outras tentaçōes. A partilha é feita com toda confiança, de coração a coração. À noite, é nossa vez de manifestarmos a nossa confiança mutua, expressando entre nos, tudo aquilo que podemos melhorar no nosso grupo. Segue um momento longo de silêncio e adoração, que nos ajuda a melhorar a nossa busca de serenidade e a viver intensamene cada encontro. Este momento de ação de graças nos parece tão necessàrio … ! Sexta feira 12 de julho. Visitamos o bairro pobre dos Alagados, antigamente construido de palafitas. Na tarde, visitamos a Basilica Nosso Senhor do Bonfim, lugar importante de peregrinação, onde vai gente para agradecer as muitas graças recebidas, em todo tipo de situaçōes de vida. Sábado 13 de julho. A imersão continua … nos vamos, em pequenos grupos de dois ou três, nas casas de paroquianos. Somos tão bem recebidos que o padre précisa ir chamar alguns de nos para conseguir reunir o seu rebanho no alojamento à noite! Noite rica em emoçōes, pois vamos deixar Salvador amanha, e partir para um fim de semana de descoberta do Rio… Até logo, Salvador da Bahia ! Os primeiros passos na realidade nos fazem vislumbrar as semanas seguintes em Petropolis e Rio, com consciência das realidades deste país do qual jà nos sentimos apegados, apesar das desigualdades enormes. De agora em diante, seremos muito mais numerosos e teremos um ambiente provavelmente mais confortavel e enquadrado, porém muito menos imerso na autenticidade do Brasil. Começa uma outra forma de peregrinação, junto com o nosso bispo Michel Santier. Mas o que guardamos é que esta semana Page 10/13 Du levain pour Demain Numéro 19 Bulletin des sympathisants em Salvador uniu o nosso grupo, tanto entre os jovens de Créteil quanto com o padre Alain e os demais acompanhantes. Sobre este primeiro episodio da nossa aventura, Marie-Cécile escreve uma conclusão mais pessoal: « É minha primeira participação numa Jornada Mundial da Juventude. Sem a Igreja, não teria feito o esforço de fazer uma viagem tão longa. Dai em diante, tudo foi descoberta e riqueza : o Brasil em primeiro lugar (cultura diversificada, mestiçagem muito importante, boa comida, natureza exuberante, desigualdades, insegurança, mas também desenvolvimento). Depois, a vida de uma paroquia brasileira, muito dinâmica (abraços, T-shirts expressivos, cantos com gestos, sinal da cruz cantado, jovens que mostram a sua fé com alegria). Graças a Irmã Cécile, descobri o papel importante dos religiosos na ajuda às pessoas pobres, e a sua atuação missionaria em muitos meios sociais. Para mim, pessoalmente, graças aos brasileiros, vivi pela primeira vez da minha vida momentos que me fazem crescer : cantei sozinha na missa na Santa Cruz (apesar da apreensão) ; pude tocar Orgao na Basilica Santa Tereza do Menino Jesus no Rio durante a missa diocesana. Encontros com pessoas de alma belissima me tocaram direta e pessoalmente. É maravilhoso visitar o Rio, pois em quase todo lugar vê-se o Cristo nos abençoar do alto da montanha ! Lembrando simplesmente o meu percurso da minha vida : toco orgão nas missas de domingo e faço parte da equipe de acompanhamento dos catecumenos. Essa Jornada me fortalece no papel que tenho na Igreja. De agora em diante vou desempenhà-lo com uma maior sensibilidade. Esta experiência me encoraja a incentivar os mais jovens na minha paroquia, de motiva-los a tomar parte na animação das missas, e de lhes testemunhar a realidade da Igreja Universal. Esta semana em Salvador foi a que mais me tocou nesta viagem : a descoberta deste pais, o maior pais catolico do mundo, começou com a benevolência do Padre Ariobaldo, pelo encontro com as pessoas tão generosas, amigas e fraternas de Santa Cruz …. Elas são para mim o rosto do Brasil. Fico feliz de me sentir com elas em comunhão cada domingo. Não consigo ainda analisar aquilo que posso ter levado para os meus irmãos brasileiros. Mas eu sei que me senti verdadeiramente amada por eles. Para mim, era uma festa interior e exterior ao mesmo tempo. Como diz o Papa : « Uma verdadeira festa da fé e da fraternidade que começa aqui na terra e não tera fim ». » ■ Elisabeth, Komi, Jennifer, Marie-Cécile e os jovens preregrinos de Créteil. 04/10/2013 Testemunhos de familías acolhedoras A visita a nossa paróquia e a nossa cidade foi, com certeza muito positiva para nós e para eles. A integração deles com as famílias e a igreja foi muito natural e tranquila: A diferencia de idiomas e dos costumes não foi uma barreira, com certeza. Eu e minha família contribuímos um pouco para adaptação de alguns destes jovens e troca de experiências. Para nós, foi uma experiência ótima recebê-los aqui, servir para um conhecimento, uma integração e reflexão, e também um momento de encontro espiritual em prol de vida e amizade. No almoço de família em minha casa, houve churrasco, cantos, reflexão e eu pude perceber como é grande a força da fé e da união; os jovens que vieram a minha casa nos mostraram suas músicas ao senhor e agente. Isso é importante para eles.Tinhamos de aprender dessa semana que não importem as barreiras, as dificuldades ou em que lugar estamos, mas, se há fé, esperança e quando se faz algo de coração puro, tudo ocorre bem e as pessoas se entendem, juntam sua fé , suas orações e louvam a Deus. Percebemos que somos todos iguais aos olhos de Deus e vivemos para ajudar a próximo e partilhar nossas experiências e ensinamentos. A semana de visita e integração dos franceses, com certeza, abriu nossos corações e os incentivou positivamente ainda mais para a peregrinação deles na JMJ. Com a minha família, levamos desta experiência, muitas coisas boas, alem de amigos franceses e histórias incríveis! E com certeza, eles também. Somos eternamente gratos! ■ Eliete, mãe de familia E stou pensando ainda em como descrever essa semana, esse povo alegre, gentil, que trouxe muita felicidade a toda comunidade da Paróquia Santa Cruz. Poder passar uma semana com esses jovens foi de suma importância para nós, foi possível colocar em pratica o mandamento de “amar o próximo como a ti mesmo”, pois nos colocamos no lugar deles e fizemos tudo que estava ao nosso alcance, assim como gostaríamos que fizessem conosco para que eles se sentissem acolhidos! Foi incrível, poder aprender novas experiências, conhecer mais sobre a cultura francesa, e Page 11/13 Du levain pour Demain Numéro 19 Bulletin des sympathisants perceber o quão simpáticos, alegres e amigos. Gostaram da nossa comida, do acolhimento nas casas, elogiaram nossa alegria, e nos deixaram um convite, de poder conhecer mais sobre a cultura deles, lá na França. Compartilhar momentos de festas, de conhecimento, de cultura e principalmente de oração, de entender que somos diferentes porém iguais, com as mesmas metas de fazer um mundo melhor, de jovens revolucionários que não querem somente ver a mudança mas que querem ser a mudança, provando que a nossa fé pode mover montanhas, e que nada nem ninguém pode parar com os jovens de Cristo! Uma semana que parece ter sido apenas dois ou três dias de tão rápido que passou, mas que foi o suficiente para criar laços de amizade e deixar muita saudade!!! ■ Julian, jovem da paroquia de Santa Cruz. O Cristianismo em poucas palavras N ão são poucos, cristãos ou não, os que perguntam: o que o cristianismo pretende? Cristo, de onde vem "cristianismo”, o que pretendeu quando passou entre nós, há mais de dois mil anos? A resposta deve, por um momento, esquecer todo o aparato doutrinário criado ao longo da história e ir diretamente ao essencial. E esse essencial deve ser expressado de forma que pessoas simples possam entendê-lo. Jesus não começou anunciando a si mesmo ou à Igreja. Anunciou o Reino de Deus, que significa o sonho de uma revolução absoluta, que se propõe transformar todas as relações que se encontram deturpadas, no pessoal, no social, no cósmico e, especialmente, com referência a Deus. Esse reino começa quando as pessoas aderem a esse anúncio esperançador e assumem a ética do Reino: o amor incondicional, a misericórdia, a fraternidade sem fronteiras, a aceitação humilde de Deus vivido como Pai de infinita bondade. Além de proclamar o Reino de Deus, qual é a intenção original de Jesus? Os apóstolos fizeram essa pergunta diretamente a Jesus, usando um rodeio linguístico típico daquele tempo: "Senhor, ensina-nos a rezar” (Lucas 11,1). Isso é o mesmo 04/10/2013 que pedir: "Dá-nos um resume de tua mensagem; qual é a tua proposta?” Jesus responde com o Pai Nosso. É a ipsissima vox Jesu: a palavra que, sem dúvida, saiu da boca do Jesus histórico. Nessa oração está o mínimo do mínimo da mensagem de Jesus: Deus-Abba e seu reino, o ser humano e suas necessidades. Mais resumidamente: trata-se do Pai nosso e do pão nosso no arco do sonho do Reino de Deus. Aqui, encontram-se os dois movimentos: um rumo ao céu, e aí encontra a Deus como Abba, Pai nosso querido e seu projeto de resgate de toda a criação (o Reino); outro rumo à terra; e aí encontra o pão nosso sem o qual não podemos viver. Observe-se que não se diz "meu Pai”, mas "Pai nosso”; nem "meu pão”, mas "pão nosso de cada dia”. Somente podemos dizer amém se unimos os dois polos: o Pai com o pão. O cristianismo se realiza nessa dialética: anunciar um Deus bom porque é Pai querido que tem um projeto de total libertação e, ao mesmo tempo, e à luz dessa experiência, construir coletivamente o pão como meio de vida para todos. Conhecemos a tragédia que aconteceu com Jesus. O Reino foi rechaçado e seu anunciador executado na cruz. Porém, Deus tomou partido por Jesus: o ressuscitou. A ressurreição não é a reanimação de um cadáver; mas, a emergência do "novo Adão” (I Coríntios 15,45). A ressurreição é a realização do sonho do Reino na pessoa de Jesus como antecipação do que vai acontecer com todos e com o universo inteiro. A execução de Jesus e sua ressurreição abriram um espaço para que surgissem o movimento de Jesus, as primeiras comunidades em âmbito familiar e local e, por fim, a Igreja como comunidade de fieis e comunidade de comunidades. “Cristianismo. O mínimo do mínimo” recolhe o que significou o cristianismo na história, em seus momentos de sombras e de luzes, até chegar ao dia de hoje, com o desafio de encontrar seu lugar no processo de mundialização da humanidade. Esta descobre-se vivendo em uma única Casa Comum, o planeta Terra, agora gravemente ameaçado por uma crise ecológica generalizada, que pode pôr em risco o futuro de nossa Page 12/13 Du levain pour Demain Numéro 19 Bulletin des sympathisants civilização, e, inclusive, a sobrevivência da espécie humana. O cristianismo pode contribuir com elementos salvadores porque Deus, segundo as Escrituras judaico-cristãs, é "o soberano amante da vida” (Sabedoria 11,24) e não permitirá que a vida e o mundo, assumidos pelo Verbo, desapareçam da história. ■ Leonardo Boff- teólogo e filósofo Que celles et ceux qui reçoivent une version papier du bulletin et qui possèdent une adresse électronique, n’oublient pas de nous la transmettre. Faites part de vos remarques et suggestions à Cécile Biraud et Catherine Roth. Vous pouvez adresser vos dons soit par chèque à l’attention de « Du levain pour demain » au 57, rue Lemercier, 75017 Paris en mentionnant « à l’attention de sœur Anne-Lise Sieffert » soit par virement bancaire. Les coordonnées en sont données ci-après. ■ D.l.p.d. Les personnes à contacter : Cécile Biraud : [email protected] Vilma Marinho : [email protected] Catherine Roth: [email protected] Evelyne Bénévent : [email protected] Gérard Aleton : [email protected] Stéphane Latarjet :[email protected] Anne-Lise Sieffert, trésorière : [email protected] 57 rue Lemercier 75017 Paris Le site des auxiliaires du Sacerdoce : www.auxiliaires-du-sacerdoce.com/ Vous y trouverez une présentation des sœurs auxiliaires du Sacerdoce, les lettres aux amis, des propositions de réflexion et de prière. 04/10/2013 Page 13/13