Fiche d`actualité scientifique n°293 ( PDF , 89 Ko)

Transcrição

Fiche d`actualité scientifique n°293 ( PDF , 89 Ko)
Fiche n°293 - Avril 2008
w
En Afrique, impliquer les partenaires des femmes
enceintes pour améliorer la prévention du Sida
’après les estimations
de l’Organisation mondiale de la santé, 75 % des
40 millions de personnes
actuellement
infectées
par le VIH vivent en Afrique subsaharienne. Dans
cette région, un obstacle
majeur à la prévention de
la maladie demeure l’insuffisance du dépistage. La
faible proportion de personnes connaissant leur
statut sérologique s’explique notamment par leur
réticence à effectuer une
telle démarche, un résultat
positif ayant longtemps été
perçu comme une condamnation à mort à plus ou
moins brève échéance.
Malgré les possibilités de
prévention de la transmission du virus à l’enfant,
cette méfiance à l’égard
du dépistage se retrouve
chez les femmes enceintes
qui redoutent d’être rejetées par leur conjoint en
cas de séropositivité. En
Côte d’Ivoire, une équipe
de l’IRD, en collaboration
avec l’Inserm et avec le
soutien de l’ANRS, qui a
accompagné un groupe
de femmes pendant les 2
années suivant la proposition d’un dépistage du VIH
au cours d’une grossesse,
a montré l’importance
pour elles de pouvoir parler à leur conjoint de cette
opportunité. Les résultats
de ces travaux devraient
permettre de proposer aux
femmes enceintes une
aide psychosociale à des
moments clés, pendant
ou après leur grossesse,
pour les aider à mieux gérer l’infection par le VIH
et ses conséquences au
niveau de leur couple.
© IRD/ Paris, Yves
D
Des femmes sénégalaises attendent devant un dispensaire pour une consultation médicale.
D’après l’Organisation mondiale de la
santé, près des ¾ des 40 millions de
personnes infectées par le virus du Sida
vivent en Afrique subsaharienne. Sur les
4,3 millions d’individus contaminés en
2006, 65 % l’ont été dans cette région du
monde où les femmes constituent une
population particulièrement à risque. En
Côte d’Ivoire, il y aurait par exemple deux
femmes contaminées pour un homme.
Contrairement à ce que l’on constate
dans les autres régions du monde, la
majorité des personnes vivant avec
le VIH en Afrique sub- saharienne
sont des femmes. Les médecins tentent d’abord de convaincre les femmes
enceintes d’accepter le dépistage car,
sans traitement, elles courent le risque
de transmettre le virus à leur enfant pendant et après la grossesse. Dans cette
perspective, de nombreux pays d’Afrique ont donc mis en place, depuis plusieurs années, des programmes de prévention de la transmission du virus de la
mère à l’enfant. Cette initiative consiste
à assurer un suivi médical et parfois
psychologique des femmes enceintes
séropositives pour prévenir, par des traitements médicaux adéquats, la contami-
nation de leur bébé. Malheureusement,
beaucoup de femmes restent réticentes
au dépistage du VIH car elles redoutent
d’être rejetées par leur partenaire en cas
de test positif. En Côte d’Ivoire, près de
40% des femmes enceintes refusent
ainsi d’être dépistées. L’homme étant en
général perçu comme un frein à l’acceptation du dépistage, il reste peu impliqué
dans les programmes de prévention.
Une série de travaux publiés par une
équipe de l’IRD, en collaboration avec
l’Inserm et l’ANRS, ouvre des perspectives pour une meilleure implication des
conjoints dans le processus de dépistage prénatal et de prévention du VIH.
Pour cela, les chercheurs ont proposé
à des femmes enceintes ivoiriennes un
test de dépistage du Sida ainsi qu’un accompagnement psychosocial au cours
des deux années suivantes. Plus de 900
femmes ont accepté le test et la participation à l’étude, dont 546 séropositives
et 393 séronégatives. Par ailleurs, 62
femmes ayant refusé le dépistage ont
cependant accepté d’être suivies.
Cet accompagnement sur le long terme
montre que les conseils et le dépistage
prénatal du VIH permettent d’améliorer
Institut de recherche pour le développement - 213, rue La Fayette - F-75480 Paris cedex 10 - France - www.ird.fr
Retrouvez les photos de l'IRD concernant cette fiche, libres de droit pour la presse, sur www.ird.fr/indigo
ANNABEL
DESGRÉES DU LOÛ
Centre Populations et
développement (CEPED)
UMR Paris DescartesINED-IRD
Equipe Santé, genre,
mortalité
Tel : 01 78 94 98 74
[email protected]
Adresse :
CEPED
221 Boulevard Davout
75020 Paris
RÉFÉRENCES :
BROU H, DJOHAN G, BECQUET
R, ALLOU G, EKOUEVI DK, ET
AL., When do HIV-infected
women disclose their HIV
status to their male partner and why? A study in a
PMTCT programme, Abidjan. PLoSMed, 4(12) : e342,
2007
Doi : 10.1371/journal.
pmed.0040342
ANNABEL DESGRÉES-DU-LOÛ,
HERMANN BROU, GÉRARD DJOHAN, RENAUD BECQUET, DIDIER
K. EKOUEVI, BENJAMIN ZANOU,
IDA VIHO, GERARD ALLOU, FRANCOIS DABIS, VALÉRIANE LEROY
AND ANRS 1201/1202/1253
DITRAME PLUS STUDY GROUP,
Beneficial effects of offering prenatal HIV counselling and testing on developing a HIV preventive
attitude among couples.
Abidjan, 2002–2005,
AIDS and behaviour, 2007
Doi : 10.1007/s10461-0079316-6
l’impact des campagnes de prévention
de la maladie, même en cas de refus du
test. Après leur avoir suggéré de se faire dépister, la proportion de femmes qui
décident de parler des risques de contamination avec leur partenaire augmente
en effet d’environ un tiers chez celles qui
ont accepté le test et de 20 % chez celles qui l’ont refusé.
Par ailleurs, pour mieux comprendre
comment aider les femmes infectées
par le VIH à franchir l’étape difficile que
constitue l’annonce au conjoint de sa
séroposivité, l’équipe de l’IRD a identifié
les moments qu’elles privilégient pour
en informer ce dernier : cette démarche
s’effectue avant l’accouchement pour
deux tiers d’entre elles, au moment du
sevrage de l’enfant pour celles qui allaitent leur bébé ou plusieurs mois après
l’accouchement, lors de la reprise des
rapports sexuels. Ces résultats montrent
qu’un soutien psychosocial offert aux
femmes séropositives lors de ces trois
moments clés les aide à mieux gérer
leur infection dans le cadre conjugal
tout en permettant d’améliorer l’acceptabilité du dépistage prénatal.
L’étude révèle enfin que la proposition
d’un dépistage du Sida est bénéfique
quelle que soit la décision prise par les
femmes. Parmi celles qui ont refusé le
test, 8 sur 10 en discutent en effet avec
leur partenaire auquel elles suggèrent
de se faire dépister. Et lorsque celui-ci
entreprend cette démarche, sa décision
influe beaucoup sur le fait que la femme
accepte à son tour le dépistage, 20% de
celles qui l’avaient d’abord refusé changeant d’avis à la fin du suivi.
A la lumière de ces résultats, qui illustrent une évolution des sociétés africaines, les programmes de prévention devront certainement, à l’avenir, s’adresser
davantage aux partenaires masculins.
Alors qu’il y a encore une vingtaine d’années, la plupart des mariages célébrés
en Afrique scellaient le rassemblement
des terres de deux familles, sans possibilité d’opposition des deux époux, le
continent compte désormais de plus en
plus de couples dont l’union, qui relève
d’un consentement mutuel, est marquée
par des liens matrimoniaux forts qui permettent d’affronter la découverte de la
séropositivité de l’un des deux conjoints.
Reste que ces couples coexistent toujours avec d’autres, plus traditionnels,
pour lesquels la sexualité et a fortiori le
dépistage du Sida demeurent malheureusement des sujets tabous.
Rédaction DIC – Grégory Fléchet
© IRD/ Deliry Antheaume, Elisabeth
CONTACT :
MOTS CLÉS :
Prévention, Sida,
femme enceinte
RELATIONS AVEC LES
MÉDIAS :
Campagnes de prévention contre le Sida en Afrique du Sud...
GAËLLE COURCOUX
+33 (0)1 48 03 75 19
[email protected]
INDIGO,
PHOTOTHÈQUE DE
L’IRD :
DAINA RECHNER
+33 (0)1 48 03 78 99
[email protected]
www.ird.fr/indigo
© IRD/ Dukhan, Michel
Fiche n°293 - Avril 2008
Pour en savoir plus
...et au Mali.
Grégory Fléchet, coordinateur
Délégation à l’information et à la communication
Tél. : +33(0)1 48 03 76 07 - fax : +33(0)1 40 36 24 55 - [email protected]

Documentos relacionados

PDF dispo

PDF dispo Les maladies sont des manifestations qui transcendent la biologie et l’individu, mettant en évidence des aspects et implications fortement socioculturelles (Pescosolido et al., 2011). L’infection p...

Leia mais

Vaincre le sida (portugais)

Vaincre le sida (portugais) du sida dès le 15ème jour après une situation à risque : si les tests de dépistage pratiqués à ce moment sont positifs, cela veut dire de façon certaine qu’il y a eu contamination par le VIH. Une p...

Leia mais