Magazine 10 BRASIL
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ESSAI COUV EMPIRE:Layou t 3 26/06/09 11:36 Page 1 Beau livre. Mobilier français Consulat et Empire Tel est le nom, un tantinet rébarbatif on vous l’accorde, de MOBILIER cet ouvrage* qui lui, en revanche, flamboie tant au niveau FRANÇAIS de son iconographie (pas moins de quatre cent visuels, dont CONSULAT certains jamais vus jusque-là !) que de son texte écrit par Jean-Pierre Samoyault. Il est vrai que ce dernier n’est pas ET EMPIRE né de la dernière pluie sur un domaine aussi pointu puisque Jean-Pierre SA MOYAULT le monsieur est l’ancien conservateur en chef du Palais de Fontainebleau, a été aux commandes du Mobilier National, et passe pour être l’une des sommités majeures au niveau connaissance des arts décoratifs de Napoléon. Le plus bluffant de l’histoire, ou plutôt de ce livre, tient à ce que son contenu, tout en abordant de façon précise et détaillée la production du mobilier pendant la période du Consulat et de l’Empire, se lit aussi facilement qu’un roman (pas tout de même comme cette littérature de gare à la Marc Lévy, il ne faut rien exagérer !!!). Notre auguste spécialiste nous prend véritablement la main à travers les deux parties de son ouvrage pour bien nous aider à comprendre les caractères généraux de cette production mobilière ainsi que ses sources d’inspiration. Et de nous surprendre aussi en établissant avec clarté la liste des (très) riches « people » de l’époque amateurs de tels meubles ! Madame Récamier, Pauline Borghèse, l’impératrice Joséphine ou bien encore le prince Eugène ont été ainsi les clients de menuisiers-ébénistes alors très en vogue tels Jacob-Desmalter, Thomire, Lignereux, Marcion ou Lemarchand. En outre, l’auteur nous donne en double bonus, d’une part la liste de tout ce qui existait en mobilier courant sous l’Empire, d’autre part un véritable who’s who des noms, biographies et résumé de leurs réalisations des « designers » d’alors. * 256 pages, éditions Gourcuff-Gradenigo, 59 euros. En savoir plus : www.gourcuff-gradenigo.com Les vibrations picturales de DENIS BRASILIER Peinture méditative imprégnée d’un fourmillement de signes calligraphiques à la Mark Tobey, fameuse figure de proue de ce que l’on nommait dans les années 1940 la « jeune » peinture américaine ? Héritage du « dripping », littéralement l’art de l’égouttage, que Jackson Pollock porta au paroxysme de la création ? Résonance avec les extraordinaires motifs abstraits de l’art dit primitif pratiqués par les indiens d’Amérique, et avec les « rêveries pointillistes » des aborigènes d’Australie ? Sur les traces mêlant l’organique et la mécanique développés par Hans Ruedi Giger tout au long de son œuvre peuplée d’étranges visions ? Il y a certes de tout cela dans la peinture de ce rejeton d’une longue lignée d’artistes qu’est DENIS BRASILIER. Mais avec pour leitmotiv culminant ce qu’il nomme « l’onirisme mathématique ». Un cheminement amorcé au milieu des années 1980 lorsqu’une profonde remise en question tant au niveau de sa propre vie que de sa démarche d’artiste alors sous influence des Maîtres de la peinture surréaliste, les Giorgio de Chirico, Paul Delvaux et Salvador Dali, auxquels il vouait une admiration éperdue au point de mettre une chape de plomb sur sa propre fulgurance créative. Plutôt que de continuer à feindre et à peindre dans ce quartier de SaintGermain-des-prés qui l’a vu naître le jour de Noël 1956, DENIS BRASILIER avait choisi de couper radicalement le cordon ombilical le reliant, presque à son corps défendant, à un père enseignant en architecture et qui fut Prix de Rome (d’où ses quatre premières années d’existence passées à la Villa Médicis), guère enclin à soutenir et encourager son fils dans sa propre indépendance artistique… Au Sénégal où il s’installe, le voilà qui « oublie » tout (ou presque) son bagage technique acquis, d’abord pendant deux ans à l’École Nationale Supérieure d’Arts Graphiques (Met de Penninghen), puis aux Beaux-Arts de Paris où six ans durant il s’attache à travailler l’architecture, la perspective et la morphologie. Une amnésie volontaire lui permettant de s’ouvrir sans à priori ni contrainte aucune à cette forme d’art brut qu’est la peinture sur figures totémiques, à s’initier à la gravure, et à commencer à intégrer les principes de la cinétique chimique dans son travail. Une dimension cinétique expliquant en partie les différents degrés de lecture par lesquels passe le regard face à une toile de DENIS BRASILIER. Grâce à un savant mélange entre peinture à l’huile et térébenthine (que celui-ci appelle ses mediums) appliqué en couches fines superposées, et à un temps de séchage d’une précision quasi scientifique, chacun de ses tableaux offre une profondeur de champs à effet zoom avant et arrière due à un extraordinaire aspect glacis exacerbant le plus infime détail. L’artiste dit s’être beaucoup appuyé sur l’ouvrage La Technique de la peinture à l’huile. Histoire du procédé à l’huile, de Van Eyck à nos jours écrit en 1959 par le peintre et graveur d’origine bretonne Xavier de Langlais, pour développer ce qui constitue à partir des années 1990 sa mutation picturale. Ajoutons y l’influence d’un voyage en Californie alors en plein essor sur le plan des nouvelles technologies. Une telle dimension cybernétique ne pouvait qu’interpeller celui dont l’œuvre est d’abord liée à une élaboration géométrique ouvrant instantanément sur un monde imaginaire où la couleur se démultiplie en une myriade de rêves vibrants. Des rêves que DENIS BRASILIER, artiste sensible et d’une rigueur toute janséniste dans la pratique de son métier, sait comme nul autre saisir au vol ! En savoir plus : www.denisbrasilier.net