bulletin n°32 Pâques 2016 - Le site des auxiliaires du Sacerdoce

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bulletin n°32 Pâques 2016 - Le site des auxiliaires du Sacerdoce
Numéro 32
Du Levain pour Demain
Bulletin des sympathisants
Sommaire
Editorial.
Gérard Aleton.
Le maître et l’élève (traduction)
João da Trindade
Prisons du Brésil
Cécile Biraud, soeur A.S.
Témoignage du détenu Ephraïm
Cécile Biraud, sœur A.S.
Prendre soin
Catherine Roth
Interview de Gustavo Gutiérrez
(traduction)
Publiée par ADITAL
Testemunho do interno Efraim
Cécile Biraud, irmã A.S.
Entrevista de Gustavo Gutiérrez
Publicado por ADITAL
C
Editorial
e trente deuxième numéro du
bulletin est placé sous la lumière de
Pâques. Le père Jean (João) de la
Trinité de Salvador ouvre le bulletin. La
Trinité et l’action d’Eric auprès des SDF de
la ville en leur offrant asile et réinsertion s’ils
le désirent ont été évoquées dans un
précédent numéro1. João témoigne sous
1
Numéro 5 de septembre 2010.
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forme poétique de sa rencontre avec un
paysan brésilien du nordeste au cours d’une
marche/pèlerinage. Rencontre faite de
paroles vraies et de silences échangés. Le
cheminement de João avec le paysan juché
sur son âne, que le prêtre qualifie de “son
maître”, évoque l’entrée du Christ à
Jérusalem pour y vivre sa passion.
Cécile Biraud et Catherine Roth, soeurs
auxiliaires du Sacerdoce appartenant
respectivement aux communautés de
Salvador et de Paris, donnent à voir des
figures de résurrection qu’elles ont vécu dans
leur apostolat. C’est Ephraïm de Salvador
qui renait à la vie après sa rencontre avec la
Pastorale des prisons et Bernard de Paris qui
guérit après avoir été touché par une parole
empathique.
Le pape François a rappelé avec force
l’importance évangélique pour l’Eglise d’aller
dans les périphéries et d’y rencontrer le
pauvre, “celui qui n’a pas de droit, qui n’a pas le
droit d’avoir des droits” comme le dit la
philosophe allemande Hannah Arendt. C’est
de ce renouveau- résurrection?- dont nous
parle Gustavo Gutiérrez, père de la théologie
de la Libération dans une interview donné à
ADITAL reproduite dans ce bulletin.
Que la joie de Pâques irrigue vos cœurs!■
Gérard Aleton
L
Le maître et l'élève
es petits textes que João da Trindade
met sur son blog sont savoureux. En
mars, il parlait de sa rencontre avec
un paysan au cours d’une marche dans le
nordeste brésilien. Marcher en vérité c’est se
laisser interpeller par l’autre, se laisser
surprendre par son rythme, écouter sa
parole. La rencontre de João da Trindade a
quelque chose à voir avec la rencontre de
Dieu et cette scène fait penser à l’entrée
dans Jérusalem de Jésus, monté sur un âne.
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Voici le récit/ poème de João da Trindade
ainsi que l’icône de Novgorod qui représente
la scène:
Nous avons fait silence
Et j'ai appris à écouter
L'élève marchant à côté du maître2
Dépouillement!■
João da Trindade
C
Prisons du Brésil
P
érégriner est une expérience de dépouillement
Marcher avec le peu que l'on possède
Laisser derrière soi ses biens
Le pèlerin n'a pas même un toit
Mais le dépouillement est avant tout un cheminement
intérieur
C'est un cheminement d'ouverture et d'écoute!
Nous marchions sous le soleil de midi
Je me suis demandé, quelle est cette folie
Que je fais en marchant sur ces terres!
Les terres de l'intérieur
Soudain, un jeune paysan est apparu sur la route
Assis sur son âne
Nous avons cheminé ensemble
Lui sur son âne
Et moi à ses côtés, à pied
Comme le maître et son serviteur
Nous nous sommes parlé
Entrant en discussion
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écile Biraud- sœur auxiliaire du
Sacerdoce de la communauté de
Salvador da Bahia- visiteuse de
prisons depuis douze ans nous offre deux
articles. Le premier est un panorama des
prisons brésiliennes et plus particulièrement
de celles de Salvador. Il donne à comprendre
les conditions infra-humaines que vivent les
prisonniers. Un groupe d’hommes et de
femmes n’accepte pas cette situation. Ils
donnent de leur temps pour apporter un peu
de chaleur humaine à ceux qui n’ont rien, qui
sont de vrais pauvres. Le témoignage
d’Ephraïm, ancien détenu, donne à
comprendre que la Pastorale des Prisons lui
a permis de recouvrer sa dignité et renaître à
la vie. C’est un récit de résurrection.
C
´est à travers la petite lucarne de ma
mission à l´aumônerie des prisons où
j'agis depuis 12 ans à Salvador, que je
découvre la complexité du système pénal
brésilien.
Je n´en connais que la partie que nous
pouvons observer durant les quelques
heures où, enfermés avec les détenus, nous
les fréquentons dans les cours.
Des prisons différentes
J´ai participé d´abord à l´équipe de pastorale
qui visite l´hôpital- prison où sont
actuellement abrités 71 hommes et 10
femmes. Ce lieu devrait disparaître, mais
plusieurs malades n´ont aucune famille de
référence et vivent là depuis parfois des
dizaines d´années. Il y existe une double
« Les pauvres sont nos maîtres » disait au XVIIème
siècle Vincent de Paul.
2
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garde médicale et pénitentiaire. J´ai été
ensuite envoyée dans l´unité spéciale
disciplinaire : Un local totalement fermé
avec des cours minuscules, abritant 228
détenus, récidivistes en attente de jugement.
Aujourd´hui je fréquente, toujours en
équipe, le presidio3 Salvador (883 détenus
également provisoires). Ce presídio, appelé
aussi Détention et dénommé « la vieille »
car étant la plus ancienne prison de Salvador,
est en très mauvais état avec des égouts à ciel
ouvert qui passent devant les cellules. Ses
avantages sont une très grande cour et des
prises électriques dans les cellules qui
permettent d´utiliser des ventilateurs. Quand
il y a jusqu´à 15 personnes par cellule il ne
s´agit pas d´un luxe. Je participe enfin à
l´équipe qui visite la cadeia pública4, centre
de tri pour ceux qui arrivent des postes de
police après leur arrestation, parfois en triste
état. De construction récente-sur un modèle
américain- elle abrite actuellement 1193
détenus en plusieurs pavillons. Les cours de
ciment sont étroites et emmagasinent la
chaleur. Ce type de construction ne
correspond pas à un climat tropical. Les
agents pénitentiaires se plaignent de n´être
jamais consultés lors des constructions.
Chaque prison dépend d´un directeur,
militaire ou civil, et d´ un responsable de la
sécurité.
Constat d´échec
Le système pénitentiaire n´agit évidemment
pas sur les causes des crimes. Il se limite à
atténuer ses conséquences de manière quasi
désespérée et inadaptée. Ce système ne
parvient pas à punir un individu en fonction
de son délit, encore moins à le réinsérer dans
la société. Les détenus eux-mêmes disent en
plaisantant qu´ils suivent les cours de
l'université du crime !
Beaucoup de ceux qui sont récemment
arrivés pour avoir volé un pantalon ou une
bicyclette, deviennent compétents en matière
3 Presidio: pénitencier
4 Cadeia publica: prison publique
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de crime au contact quotidien des codétenus expérimentés. Cette faille du
système a pour conséquence le fait qu'une
quantité énorme d´anciens détenus est
libérée dans la société sans aucune
réhabilitation. Ils retrouvent la liberté, plus
proches encore des occasions de criminalité.
On parle de 75% de retour en prison. L´Etat
porte une lourde responsabilité dans le fait
que beaucoup n´ont pas bénéficié de leurs
droits primaires : à la santé au logement à
l´éducation, devenant des exclus et ceci
avant et après avoir purgé leur peine.
Dans le presídio Salvador, beaucoup lisent
avec difficulté. Ils écrivent souvent « à
l´oreille » Certains ne savent pas écrire leur
nom. Une ancienne grande cellule a été
transformée en « collège ». Elle contient au
plus 15 personnes et les efforts des
enseignants sont courageux. Un point de
lecture, aujourd´hui rénové, comporte au
plus 4 rayons de livres pour plus de 800
détenus.
Dans la cadeia pública, ni livres ni cahiers ni
crayon (qui peuvent se transformer en
armes).Pas d´école. Il n´existe aucune
activité. Les prisonniers passent 20 heures de
la journée en cellule à 8 dont plusieurs sur le
sol, et 4 heures dans les petites cours. Ce
régime est fait, m´a dit avec sérieux un
directeur : « pour leur enlever l´envie de revenir ».
Je ne fréquente pas le pénitencier des
hommes. Là, il y a quelques activités
possibles. Mais ils sont 1445 hommes pour
771 places sachant que la détention peut
durer jusqu´à 30 ans. Un nouveau
pénitencier féminin est en construction.
Actuellement, toutes les femmes sont
mélangées quelle que soit leur situation
pénale.
S´il n´y a pas de peine de mort dans la loi,
malheureusement la mort est présente dans
les prisons comme à l´extérieur. Le nombre
d´homicides à l´intérieur des prisons
brésiliennes est de 24 pour 100.000 alors
qu'en Angleterre elle est de 0, 625 pour
100.000. Comme je faisais part de mes
observations au directeur de l´UED à
propos de l´influence d´un leader, celui-ci
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m´a répondu : « Méfiez-vous de lui, il en a déjà
tué 7! »
Dans ces conditions infra-humaines où les
personnes vivent et sont traitées avec
mépris, ou simplement avec indifférence, on
ne peut guère s´étonner que le résultat soit la
loi de la jungle. Les agents se protègent.
Trop gentils ils risquent d´être utilisés et
rejetés par des collègues plus durs.
La machine s´emballe
Selon le département pénitentiaire du
ministère de la justice, en 2009 il y avait
déjà, 469.546 prisonniers avec un manque de
170.000 places. D´après l´IBGE (Institut
Brésilien de Géographie et Statistiques) la
population carcérale est aujourd´hui de plus
de 550.000 prisonniers avec un manque de
4.655 places dans l’État de Bahia.
Comme les autres États, la Bahia construit
de nouveaux centres de détention.
Malheureusement les constructions ne sont
pensées ni en fonction du climat ni dans la
perspective
d´une
réinsertion
par
l´apprentissage d´un métier. A peine
construites elles doivent être rénovées. Les
portails électroniques attendent des années la
réparation nécessaire qui éviterait des
fouilles humiliantes. Les accueils médical,
odonthologique et psychologique sont
insuffisants surtout si l´on sait que la
population carcérale vient, pour la plupart,
de milieux pauvres ou misérables. Beaucoup
de détenus pourraient être dans la rue,
libérés grâce à la loi pénale. Elle prévoit en
effet des réductions de peine en cas de bon
comportement, de journées de travail ou
d´études, éventuellement en cas de maladie
en phase terminale ou tout simplement parce
que la peine a été purgée. Le temps passe. Il
manque un document qui n´a pas été envoyé
par une juridiction ou le nom a été mal
orthographié ; il n´y avait pas d´escorte ou
de voiture disponible pour aller en audience
ou encore le dossier du prévenu a été perdu.
J´ai connu un Raphaël qui est resté 3 ans au
presidio pour avoir volé un téléphone rendu
dès son arrestation. La justice est
extrêmement lente. Pourquoi ?
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A qui profite le crime ?
En cette période où des personnes de la
haute
société
sont
arrêtées
pour
d´impressionnants
détournements,
on
entend les gémissements de leurs avocats
parce que leur client a dû passer Noël en
prison. C´est fâcheux en effet pour ces
clients mais également pour les milliers de
prisonniers qui eux aussi, auraient aimé
passer Noël en famille et parfois attendent
leur première audience depuis plus d´un an. !
La torture et les mauvais traitements ne sont
pas malheureusement pas le fait du passé
sous la dictature militaire. Cette semaine,
Céleste, est morte après 3 jours d´attente
pour pouvoir être hospitalisée. Un jeune est
venu me saluer vendredi avec un bras en
mauvais état qu´il ne peut plus plier à la suite
d´un coup de barre de fer donné par un
policier. Heureusement, il a pu être appelé
aussitôt par le médecin de la prison.
Il faut enfin parler des groupes criminels qui
continuent leur activité mafieuse depuis la
prison: attaques contre des policiers,
fermeture de commerce et d´écoles,
exécutions sommaires, paralysie des
transports collectifs, attentats contre des
établissements publics commandés à
distance par téléphone. Le téléphone
portable interdit se trouve malgré tout bien
présent.
Cette situation fait suite à l´existence de
gangs qui agissaient dans les quartiers.
Aujourd´hui l´organisation criminelle est
beaucoup plus organisée. Les directeurs
doivent éviter de réunir dans la même cour
des ennemis jurés. Les groupes protègent les
leurs. Les jeunes qui arrivent se mettent à
leur service ou sont embarqués dans des
factions rivales.
Un professeur de criminologie de Louvain
présente la prison comme un site industriel
avec ses entrées et ses sorties de
« matériau ». C´est une industrie qui fait
vivre beaucoup de monde : Juges, avocats,
police civile et militaire, personnels
administratifs, cuisines, monde de la santé,
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enseignants,
agents
pénitentiaires,
commerçants.
L´utilisation de la peur par les medias est
efficace. Presque chaque chaîne de TV a son
émission «Alerte dans la ville » à partir de la
présentation irrespectueuse des détenus, des
victimes, des familles. La vente des matériels
de protection de toutes sortes est en
progression constante et le commerce des
armes se porte bien malgré la législation.
Les prisons reçoivent des financements en
fonction du nombre de détenus. Un policier
reçoit un bonus plus important pour
l'arrestation d’un vendeur de drogue que
pour celle d'un usager. L'usager encourt un
an de peine de prison contre quatre pour le
revendeur. Il est tentant de forcer le trait.
Et la pastorale des prisons dans
contexte ?
ce
Celle-ci est la présence de l´Eglise catholique
en réponse à l´appel du Christ : « J´étais en
prison et vous êtes venus me visiter (Mt25) ». Elle
existe sur tout le territoire national et est
respectée par l´administration pénitentiaire,
parfois crainte également car si elle a pour
objectif d´annoncer l´Evangile, elle se sent
chargée de dénoncer ce qui lui est donné de
voir et qui défigure l´humanité. La législation
brésilienne présente l´assistance religieuse
comme un droit des personnes incarcérées.
Nous considérons les détenus non en les
plaignant mais en regardant l´humanité qui
est en eux. Nous leur faisons découvrir un
visage d´un Dieu qu´ils ignoraient à travers
la personne du Christ. Beaucoup sont
« religieux » mais ignorent la foi chrétienne.
A partir de ce regard sur Jésus de Nazareth,
certains sont touchés par le message. Cette
année, plusieurs ont témoigné de cette
rencontre avec gratitude. Nous les visitons
toujours en équipes de plusieurs personnes :
Célibataires, couples, religieux de diverses
générations (de plus de 25 ans). Ce
témoignage communautaire signifie déjà
l´Eglise. Pour les 9 prisons de Salvador nous
devons être autour de 60 personnes.
Plusieurs abandonnent après la session de
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formation et les premières visites. Ceux qui
restent savent pourquoi ils le font.
Le pape François nous y encourage : dans
ses textes sur la miséricorde et dans ses
actions auprès des détenus à Rome ou au
Mexique ! Nos évêques viennent avec nous
lors des grandes fêtes.
Nous rendons aux détenus quelques services
selon nos possibilités : Téléphone ou parfois,
visites à la famille, démarche auprès des
défenseurs publics en nombre insuffisant
(avocats commis d'office pour les personnes
sans ressource soit 75% des détenus),
messages au personnel de santé ou aux
assistants sociaux, à la direction de la prison,
au juge.
Le service que les prisonniers préfèrent entre
tous est le relevé, à partir d´ internet, de la
situation de leurs procès. Même s´ils ne
participent pas à nos réunions, ils viennent
donner leur nom pour recevoir ce document
qui signifie qu´ils ne sont pas complètement
oubliés par la justice.
Chacun des agents de pastorale a ses
spécialités: J´aime apporter des fleurs, des
photos ou des peintures, mettre en théâtre
une scène de l´évangile après qu´elle ait été
lue et commentée. Hier, le magnifique texte
du père miséricordieux(Lc15) a donné à voir
un enfant prodigue plus vrai que nature (15
ans de taule), un père plein de miséricorde et
un frère aîné vraiment furieux ! Après la
rencontre, ce « père » est venu me trouver : «
Je veux relire ce texte. C´est ma vie exactement qu´il
raconte. Est ce qu´il y a d´autres passages comme
celui-là ? Et vous, irmã quel passage méditez-vous le
plus souvent ? »
De tels moments font oublier les exigences
de la fouille, le bruit ambiant, les égouts, le
fait de ne pas pouvoir s´asseoir sur un siège,
les coups de griffes de certains évangéliques
pas toujours évangéliques qui nous traitent
d´impies, quelques réflexions des agents
pénitentiaires qui sont nécessairement moins
bien vus par les détenus...
Une heureuse initiative
Un avocat brésilien, Mario Ottoboni, a créé
une proposition différente et une méthode
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appelée APAC : Association de Protection et
d'Assistance au Condamné. Cette méthode
fonctionne dans une centaine de prisons au
Brésil et s´est exportée dans 19 pays. Elle
fait appel à la société civile pour permettre à
ceux qui s´appellent « récupérants » de se
préparer à une nouvelle vie. Il s´agit d´un
type de prison humaniste et chrétienne qui
n´emploie pas la police et la force et où les
détenus ont la clé. La discipline y est stricte
avec des apprentissages, du travail, des
réunions de groupes, une responsabilisation
de chacun et la possibilité d´une vie
spirituelle. Ce système coûte moins cher
(375R$ au lieu de 2000R$par mois) les
fugues sont quasi inexistantes et la récidive
très faible, inférieure à 10%.
Nous avons failli avoir une telle prison dans
la Bahia mais les politiques ont changé la
donne. L'espoir est permis car les juges de
Brasília sont favorables à cette petite
révolution.
Je n´ai pas parlé des courageuses épouses et
mères qui prennent le chemin de la prison et
passent parfois la nuit à la porte pour être
présentes à la visite.
J´écris ce 8 mars, fête des femmes. Chapeau
pour elles ! ■
Cécile Biraud sœur A.S.
Messe dans une prison de Salvador
Témoignage de l'ex
prisonnier Ephraïm
21/03/2016
L
Bulletin des sympathisants
e texte qui suit est le témoignage d´un
ex- prisonnier que nous appellerons
Ephraïm, il a un nom biblique.
Moniteur de sports de combat, détenu dans
un secteur de « sécurité » qui est à l´étage
supérieur de la prison donnant sur la cour
par un balcon, il a appris en prison ce qu´est
un combat intérieur dont il est sorti
victorieux.
« Quand je suis arrivé dans ces lieux, et que j´ai vu
tous ces types me regarder et dire : Voilà un
nouveau, j´ai tout de suite pensé : ma vie est foutue !
J´ai passé des jours et des nuits difficiles dormant sur
le sol froid. Quand il pleuvait, c´était bien pire, le sol
était mouillé à cause des gouttières. Très souvent, je
ne dormais pas, j´étais de corvée avec un autre détenu
pour vider les tinettes qui débordaient dans la cellule.
Quand arrivait le matin, (à l´ouverture des cellules)
je cherchais un coin et restait seul, écoutant des voix
qui me disaient à tout moment de grimper sur le mur
pour me jeter en bas où certainement je mourrais.
Un jour j´ai vu Mr António, aujourd´hui mon
parrain de baptême, montant les escaliers et saluant
tout le monde. J´ai vu que dans un coin de cellule, il
se réunissait avec des détenus. Je restais à observer de
loin. C´est alors que j´écoutais quelque chose me
disant : vas vers eux ! Et en même temps j´entendais
aussi une voix qui me suggérait de me tuer, mais j´ai
résisté et me suis approché de ce groupe. J´ai été très
bien accueilli et j´ai éprouvé une véritable paix.
Aujourd´hui, je vous dis, membres de la pastorale
des prisons, cette rencontre a été pour moi une ligne
de partage des eaux dans ma vie. Je dis toujours aux
détenus : ne venez pas à la rencontre de la pastorale
à cause du SAJ (Document du tribunal que nous
obtenons par internet et qui fait état de la situation
du procès). Venez parce que le salut de votre vie est
dans la parole de Dieu transmise par les frères de la
pastorale. Je dis ceci en toute certitude et vous savez
que c´est vrai parce que plusieurs d´entre vous ont
partagé ma souffrance ».
Aujourd´hui, Ephraïm se trouve libre. Il a
été baptisé en même temps que son fils, luimême papa, le jour de la fête des pères au
cours de laquelle ils se sont réconciliés. La
direction des prisons a accepté, à notre
demande, de faciliter cette rencontre entre 2
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détenus de deux prisons différentes pour
une célébration inoubliable.■
Cécile Biraud sœur A.S.
Prendre soin
Catherine Roth- sœur auxiliaire du
Sacerdoce de la communauté de Paris- est
infirmière dans un grand hôpital parisien5.
Le véritable soin va au-delà de l’acte médical.
Quand on associe l’acte thérapeutique à
l’écoute attentive et à la parole vraie alors la
guérison est possible. C’est ce dont témoigne
Bernard, patient de Catherine.
C
e matin arrive à la consultation,
Bernard âgé de 52 ans pour la
réfection de son pansement. Depuis
le mois de septembre, il vient régulièrement
pour la prise en charge de ces ulcères aux
deux jambes qui demandent des pansements
quotidiens.
Depuis plusieurs semaines, je lui conseille
des soins d’hygiène : de faire des bains de
pieds et de changer de chaussettes
régulièrement. Il me répond toujours qu’il
est d’accord, mais je vois bien qu’il n’en tient
pas compte, car il a toujours la même paire
de chaussettes depuis qu’il vient me voir et
l’état cutané de ses jambes évolue peu.
Aujourd’hui, je suis surprise de voir qu’il
porte une paire de chaussettes neuve, il me
dit sa joie de pouvoir marcher de nouveau et
que les soins lui font du bien.
A l’ablation des pansements, je constate que
la jambe droite est guérie alors que la jambe
gauche reste inflammatoire et suintante.
C’est la première fois que je l’entends
exprimer sa joie de pouvoir marcher mieux
et plus longtemps. En nettoyant sa plaie je
lui dis que je suis heureuse avec lui de cette
amélioration. Et il ajoute « depuis longtemps, il y
avait un certain déni de beaucoup de choses ».
Comme je l’encourage à continuer de
prendre soin de lui, il me lance avec
Elle a publié: le soin hospitalier –une aventure
partagée aux Editions Siloé
5
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violence : « Vous ne réalisez pas le bouleversement
que c’est pour moi ! »
Et subitement, me revient à la mémoire, ce
qui m’avait été raconté de son histoire : Il
avait été expulsé avec sa compagne, de leur
appartement par les services sanitaires de la
mairie de leur arrondissement. Ils vivaient
avec 400 souris dans une saleté difficile à
imaginer.
Alors, j’interromps un instant le soin et me
tourne vers lui pour lui dire : « C’est vrai,
vous avez raison je ne réalise pas le
bouleversement que vous êtes en train de
vivre ». Et je poursuis le soin en silence. Je
me sens comme sur le seuil d’une maison
que je ne peux franchir. Pour reprendre le
dialogue, je lui demande des nouvelles de sa
compagne à qui il rend visite tous les jours
dans le foyer où elle est hospitalisée. Il est
heureux de me dire qu’elle est bien prise en
charge par tout le monde.
Et là, je vois son visage s’illuminer et il
continue : « Vous savez on se connaît depuis 30
ans et je lui dois tout » Et voilà qu’il m’explique
ce qu’il a traversé et comment sa compagne
l’a aidé à se relever.
Son visage est
rayonnant de lumière alors qu’il me parle
d’elle. C’est comme si le soleil entrait dans la
pièce. Je suis touchée de constater ce qui
change en lui : ce goût à la vie qui revient et
ce soin qu’il prend de lui-même, grâce à cette
force de vie qu’il reçoit de sa compagne, lui
permet de se remettre debout, pour que vive
le meilleur de lui-même. Je pense aussi aux
soignants qui s’occupent de sa femme et qui
s’intéressent à lui. Toute une chaine de
solidarité qui m’évoque, une fois encore,
l’homme paralysé dans l’évangile qui est
amené à Jésus en étant porté par d’autres.
Mais il m’a bien rappelé par sa violence
exprimée, que je n’avais pas à lui imposer ce
qui pourrait me sembler bon pour lui. Je suis
là, bien plus pour le soutenir que pour
l’entraîner, là où il n’a pas forcément envie
d’aller pour le moment. Avec lui, comme
avec d’autres patients j’apprends à leur
contact à ne m’étonner de rien pour
m’attendre à tout. N’est-ce pas ce qui leur
permet de se sentir accueilli dans leur zone
d’ombre et de lumière ? A d’autres moments
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où il semblait retomber, le rappel de sa
compagne qui ne l’avait jamais abandonné,
remettait du soleil dans ses yeux et lui
redonnait courage pour continuer la route.
Après trois mois de soins réguliers, tout est
cicatrisé. Il se donne lui-même des objectifs
à atteindre, des projets s’ébauchent…n’estce pas l’image de la vie plus forte que la
mort ? ■
Catherine Roth, sœur A.S.
Interview de Gustavo
Gutiérrez
L
e père de la théologie de la libération
Gustavo Gutiérrez6 est suivi par
plusieurs générations de théologiens.
Le prêtre dominicain, avec son style simple
et franc, a donné une interview exclusive à
ADITAL pour évoquer l’actualité de la
théologie de la libération, la notion de
pauvre en Amérique Latine et la façon
d’évaluer la politique dans le continent sudaméricain. Au sujet de la rencontre avec le
pape François, lors de l’assemblée de la
Caritas en 2015, le théologien dit reconnaître
dans le souverain pontife un homme brave
qui conduit l’Eglise dans un moment de
kairós qui en grec signifie le moment
opportun.
Au sujet de la force de la jeunesse, Gutierrez
dit en plaisantant qu’il ne suffit pas d’être
jeune pour promouvoir des changements,
puisque un être libre peut suivre des
chemins différents. Avec finesse le prêtre
explique à ADITAL l’importance de
l’humour, forme de communication, qui en
outre peut aider l’être humain à avancer
dans son âge.
A
dital : quelle est l’actualité de la
théologie de la Libération ?
Quelles en sont les perspectives
Interview réalisée par la journaliste Cristina
Fontenele et publiée le 5 février par ADITAL
(Agencia de Información Fray Tito para América
Latina)
6
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et comment renouveler le leadership ?
Gustavo Gutiérrez : En tant que chrétien et
prêtre, ma première préoccupation est de
faire de la théologie et ceci n’est pas
l’Evangile. La théologie est un acte second,
qui reflète la lumière du message évangélique
sur la vie des chrétiens. C’est ce dernier qui
est ma préoccupation principale. Durant
toute ma vie, j’ai été curé de paroisse, engagé
dans les mouvements et il est évident que
j’aime beaucoup la théologie. Je pense
important d’être impliqué dans le travail
pastoral. Dans le cas de mon pays le monde
pastoral est très limité. Bien que n’ayant
jamais enseigné dans une université de
théologie, j’ai commencé à le faire à plus de
70 ans. Auparavant, j’ai travaillé en pastorale,
écrit et réfléchi. La théologie m’enchante et
je la vois comme une compréhension de
l’espérance. C’est une herméneutique de
l’espérance. Elle pose la question des signes
des temps car chaque question doit
questionner le moment dans lequel on vit.
Le message chrétien est bien sûr la racine et
le fondement mais la manière de le vivre
aujourd’hui dépend des conditions.
En ce qui concerne l’actualisation du
leadership il est évident que l’on ne va pas
trouver un million de théologiens ; ce n’est
pas même nécessaire. Sur le fond, un
chrétien qui pense sa foi est toujours un
théologien. A chaque fois que je m’exprime
je fais de la théologie. C’est de cette
théologie là dont nous parlons à la lumière
des sources mises en question comme dans
n’importe quelle discipline.
Adital : Pourquoi parler du concile
Vatican II après 50 ans ?
Gustavo Gutiérrez : Parce que l’on célèbre
son anniversaire comme celui d’une
personne. 50 ans de Vatican II ça compte et
le message est toujours d’actualité.
Adital : qu’est-ce que la méthode du
voir-juger-agir ?
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Du levain pour Demain
Bulletin des sympathisants
Gustavo Gutiérrez : C’est écouter l’histoire.
Voir signifie voir la réalité pour ne pas
élucubrer (gamberger)- « ça serait bien… »
en l’associant aux « signes des temps ».
Avant de juger, il faut discerner les causes et
les effets. Dans le fond, la vraie raison de
voir et de juger est l’action. Le vrai sujet
n’est pas d’écrire un livre mais de s’engager
face à un problème. C’est une méthode
simple, née dans les années 1920 en France
et en Belgique et mise en forme par le prêtre
belge Joseph Cardjin devenu ultérieurement
cardinal. Juger c’est lire les évènements à la
lumière de l’Evangile. Sur un ton plus
modeste, l’action pourrait- être « que
pourrions-nous faire ? ». Tout le monde n’en
est pas capable ; certains ne le peuvent pas
par manque de temps, à cause de l’âge ou de
leur métier. En pratique il y a une multitude
de possibilités d’actions. Les conférences
épiscopales de Medellin, Puebla, SaintDomingue, Aparecida ont toutes utilisé la
méthodologie du « voir-juger-agir ».
Adital : Vous avez déclaré qu’il ne
suffisait pas d’être jeune. Qu’est-ce que
cela veut dire ?
Gustavo Gutiérrez : J’en suis convaincu. Il
est vrai que la force de la jeunesse, la santé,
la connaissance ont changé beaucoup de
choses mais dans le fond les jeunes sont des
personnes libres qui peuvent mal travailler et
utiliser leur connaissance d’une autre façon.
A titre d’exemple, tous les étudiants en
médecine ne seront pas des médecins
attentifs aux patients (réalité d’aujourd’hui).
Aux Etats-Unis d’Amérique, il existe des
médecins de grande capacité technique mais
dont le contact avec le malade est médiocre.
Autrefois, le dialogue avec le patient
comptait beaucoup. C’est le même problème
pour la théologie. Il existe de nombreux
jeunes latino-américains théologiens mais
cette profession ne leur permet pas de vivre.
Nous en tant que prêtre, nous n’avons pas
de salaire suffisant pour subsister. Ces jeunes
qui en ont la possibilité font un autre travail
mais du même coup sont perdus pour la
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théologie. On peut bien commencer et mal
finir !
Gustavo Gutiérrez
Adital : Vous avez évoqué les pauvres ;
qui sont les pauvres en Amérique
Latine ?
Gustavo Gutiérrez : J’ai parlé du pauvre en
partant de l’Ecriture et non de l’Economie
ou des sciences sociales. Le pauvre est celui
qui ne compte pas, qui est insignifiant. Ils
sont nombreux. Il existe une pauvreté
monétaire ou économique qu’il faut étudier.
Prenons en exemple la condition féminine
car bien que toute femme ne soit pas pauvre,
il suffit d’être une femme pour que certains
droits soient absents. Il en va de même avec
la couleur de peau, les indigènes, les métis (je
suis un métis), les japonais, les chinois et
quelques européens dans le Pacifique (où
l’immigration a eu quelque importance). La
connaissance est un pouvoir.
Adital : Comment évaluez-vous l’action
du pape François et dites nous quelques
mots sur la rencontre de la Caritas en
2015 ?
Gustavo Gutiérrez : Je crois que l’Eglise vit
un mouvement riche et intéressant dans un
renouveau évangélique. Les questions que
pose le pape comme la nécessité de sortir, de
lutter contre la corruption, de s’ouvrir
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Du levain pour Demain
Bulletin des sympathisants
représentent un moment de joie. Il est très
courageux car il n’est pas facile de vaincre
l’inertie ambiante. Le pape François a créé
un climat différent qui reçoit l’appui de
personnes non chrétiennes mais qui voient
en lui quelqu’un de proche, qui témoigne de
la tradition
abrahamique et qui est
profondément évangélique. C’est tout cela
que j’ai évoqué avec lui lors de notre
rencontre.
Adital : quelles sont les réformes les plus
urgentes dans l’Eglise ?
Gustavo Gutiérrez : Le pape a repris à son
compte une idée très forte de Jean XXIII
qui est celle de l’importance du pauvre. La
grande quantité de migrants est un scandale.
Alors que nous vivons dans une époque qui
dispose d’abondantes ressources, ces
personnes sont obligées de quitter leur pays
au risque d’être tuées. Résoudre ce problème
est urgent. En parallèle, il existe des
problèmes propres à l’Eglise dont ceux
discutés durant le synode de la famille, le
refus de la corruption et de l’argent sale. On
peut appeler cela une réforme mais ceci
touche de fait plutôt au fonctionnement des
institutions et aux règles concernant le
comportement des fonctionnaires. Nous
vivons un climat de retour aux origines.
Pour employer un langage théologique et
biblique nous vivons un moment de kairós
qui signifie moment opportun ; c’est le
moment actuel.
Adital : N’est-ce pas le bon moment du
dialogue inter-religieux ? Mais comment
est-ce possible, alors que de par le
monde de nombreux conflits sont
justement liés à la religion ?
Gustavo Gutiérrez : Le dialogue est engagé
depuis longtemps. Les conflits ont diminués
par rapport au siècle précédent qui a connu
de nombreuses guerres même si leur
physionomie a changé à l’exemple des
conflits
contre les
fondamentalistes
musulmans. Je sais qu’il y a encore beaucoup
à faire, même si un certain type de violence
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des époques passées s’est estompé.
L’exemple
typique
est
celui
du
fondamentalisme qui croit pouvoir régenter
les consciences. Il est nécessaire de respecter
la diversité culturelle, l’histoire ; chaque
peuple possède une grande et des petites
histoires avec lesquelles ils sont familiers. Il
faut dialoguer pour mieux se comprendre
notamment sur les points qui posent
question. Le dialogue inter-religieux est très
important mais il faut établir la justice car
sans justice il n’y a pas de paix. C’est justice
de reconnaître le droit de tous et justement
ceux dont les pauvres sont dépourvus. A ce
sujet je me remémore une phrase de la
philosophe allemande Hannah Arendt qui
dit « qu’être pauvre c’est ne pas avoir de droit, pas
avoir le droit d’avoir des droits ». Il faut casser
cela car il n’est pas possible qu’il y ait des
êtres humains dont les droits sont bafoués.
C’est la loi de la vie, la loi de la liberté.
Adital : Que pensez-vous du climat en
Amérique Latine où se sont déroulées
récemment des élections comme en
Argentine, Guatemala et Haïti ?
Gustavo Gutiérrez : Les situations sont des
plus diverses, mais on peut dire, qu’au
moins, il y a des élections alors que nous
avons connu des dictatures. Que ce soit en
Argentine, Uruguay ou Brésil, la situation a
grandement évolué même si ce n’est bien sûr
pas suffisant. Ce n’est pas parce qu’il y a des
élections que nous allons mieux alors que
nous vivons dans un continent de grande
inégalité économique. Les riches sont
toujours plus riches et les pauvres toujours
plus pauvres. J’ai lu récemment la phrase
d’un grand économiste et philosophe qui
disait : « Le monde est spectaculairement riche et
désespérément pauvre ». Cela ne devrait pas être
et il y a encore beaucoup de travail à faire
pour changer la situation.
Adital : Mais n’avez-vous pas mentionné
que l’Amérique Latine est le continent
de l’Espérance…
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Bulletin des sympathisants
Gustavo Gutiérrez : C’est sympathique et
bien sûr l’espérance existera toujours. Ce
type de phrase donne courage aux gens.
L’espérance est présente, mais aussi absente,
dans le monde entier : en Afrique, en Asie.
La phrase qui affirme que « la dernière chose
que l’on perd est l’Espérance » ne vaut pas
seulement pour l’Amérique Latine mais pour
le monde entier. En Amérique Latine dont
nombre de pays sont passés de la dictature à
la démocratie il est nécessaire de valoriser les
acquis.
Adital : Quelle est votre spiritualité et
comment la vivez-vous ?
Gustavo Gutiérrez : La spiritualité couvre
les réalités les plus diverses. C’est mettre des
pantoufles pour cheminer sur des terrains
bosselés ; c’est une folie mais elle est
fondamentale. Le principal message de Jésus
est l’amour du prochain et la primauté du
pauvre. A la question que pose fréquemment
l’enfant à sa mère : « Maman aime-tu mieux
mon frère que moi ?», la réponse éternelle
est « Je vous aime tous également ». Mais si la
mère ne protège pas les plus petits, tous
deviennent malades. Alors pourquoi les
pauvres d’abord ? Parce que ce sont les plus
faibles. C’est évident mais beaucoup ne le
comprennent pas. Ils disent : « Non, Dieu ne
parle pas seulement des pauvres… ». Dieu aime
tout le monde mais en premier lieu et en
même temps les plus faibles.
Adital : Que signifie pour vous la
béatification d’Oscar Romero exarchevêque de San Salvador ?
Gustavo Gutiérrez : Je crois que sa
béatification puis sa canonisation est riche et
importante pour l’Amérique Latine parce
que les gens n’ont pas compris l’essentiel.
Bien sûr sa mort a eu un impact important
mais à El Salvador beaucoup de baptisés
catholiques l’accusaient d’être communiste.
Cette reconnaissance va libérer et valoriser
d’autres témoignages de même type dans de
nombreux endroits d’Amérique Latine. En
Argentine, ils ont assassiné Mgr Enrique
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Angelelli avant Romero puis Juan Geraldi au
Guatemala après Romero sans parler de la
foule des laïcs et religieux martyrs.
Reconnaître que Romero fut assassiné par
des chrétiens parce qu’il défendait des
pauvres sera très intéressant pour l’Eglise
latino-américaine.
Adital : Vous évoquez souvent l’humour.
Quel est son importance dans la vie
Gustavo Gutiérrez : C’est ne pas se prendre
au sérieux et ne pas croire que c’est le
dernier coca-cola comme ils disent. Ce n’est
ni persifler ni signifier que vous ne souffrez
pas. Ce n’est pas une indifférence même
superficielle à la misère du monde. Je crois
qu’il ne faut jamais perdre son humour. En
disant qu’il y a un sacrement pour retrouver
la grâce mais pas pour récupérer l’humour je
plaisante un peu ! L’humour nourrit l’esprit.
Les personnes qui se retiennent n’agissent
pas. Même devant une situation difficile, il
faut maintenir distance et humour.
L’humour est aussi une façon de
communiquer. Plaisanter est ma manière
d’être, mais cela ne signifie pas que tout soit
bien et que je ne sois pas préoccupé par la
pauvreté car la souffrance de tant de
personnes m’est scandaleuse. Toute ma vie,
j’ai travaillé avec des personnes pauvres,
comme prêtre, toujours dans les périphéries ;
c’est douloureux mais je ne peux pas pleurer
toute la journée et les gens non plus. Ce que
je veux c’est qu’ils se sortent de cette
situation. L’obsession de l’argent chez
beaucoup de gens prime sur tout,
notamment sur la proximité avec l’autre. Je
crois également que l’humour permet de
vivre plus vieux !■
Interview réalisée par la journaliste Cristina
Fontenele pour ADITAL
P
O mestre e o aluno
eregrinar é experiência de
despojamento
Andar com o pouco que tem
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Deixar para trás os seus pertences
Nem casa o peregrino tem
Bulletin des sympathisants
Mas o despojamento é muito mais um
caminho interior
É um caminho de abertura e escuta!
Andamos no sol forte do meio dia
Perguntei-me, qual a loucura
O que estou fazendo andando nestas terras?
Terras do interior!
De repente apareceu na estrada um jovem
camponês
Sentado no seu jegue
Andamos juntos
Ele no jegue
Eu ao seu lado a pé
Como um dono e seu peão
Conversamos
Batemos um papo
Fizemos silêncio
E aprendi a escutar
O aluno andando ao lado do mestre,
Despojamento!■
João da Trindade
O
Testemunho de Efraim
texto abaixo é um relato do exinterno Efraim (nome fictício), em
um
de
nossos
encontros.
Trouxemos como relatório por entendermos
que é necessário registrar sempre o fruto da
nossa missão, ainda que embrionário, no que
se refere à conversão. ´
No processo de conversão, sabemos, é
preciso dar o primeiro passo. É como uma
criança que começa a engatinhar , tenta se
erguer; a mão estendida do pai (Pai) ou da
mãe (Mãe) dará a coragem para seguir em
frente. E nós, Pastoral carcerária, somos
como braços que se alongam e multiplicam
para que a mão do Pai Misericordioso
alcance, a todos e a cada um.
“Quando chequei aqui neste lugar e vi todas essa
gente me olhando, e dizendo chegou novato, pensei
logo: minha vida acabou! Passei dias e noites difíceis
dormindo no chão frio. Quando chovia era bem pior
o chão ficava molhado por causa das goteiras.
Muitas vezes, nem dormia ficava de castigo com
outro companheiro, onde revezamos e tínhamos que
esvaziar o poço que transbordava dentro da cela.
Quando amanhecia eu procurava um canto e ficava
sozinho, ouvido vozes que me dizia a todo instante
para subir no muro e se jogar em baixo a onde
concerteza eu morreria. Um dia, eu vi Sr. Antonio,
hoje meu padrinho de batismo, subindo as escadas e
cumprimentando todos. Vi que num canto de uma
cela ele se reuniu com os outros detentos. Fiquei
observando. Foi então, que algo me tocou dizendo vá
para junto deles e no mesmo tempo eu ouvia também
algo me dizer que era para eu me matar, mas, resisti
e foi para perto desse grupo. Fui muito bem acolhido
e senti uma verdadeira paz. Hoje eu digo a vocês da
pastoral; esse encontro foi um divisor de água na
minha vida. Sempre digo aos outros, não venha ao
encontro da pastoral por causa do SAJ, pois, a
salvação da sua vida estar na palavra de Deus,
transmitida pelos irmãos da pastoral. Falo isso com
toda certeza e vocês sabem que é verdade, pois alguns
de vocês compartilharam o meu sofrimento”.
Hoje este rapaz se encontra em liberdade.
Termino dizendo vejam o tamanho da
missão e responsabilidade com o Reino de
Deus! ■
Cécile Biraud, irmã A.S.
Entrevista de Gustavo
Gutiérez
C
onsiderado o pai da Teologia da
Libertação
(TdL),
Gustavo
Gutíerrez7 segue admirado por várias
gerações de teólogos. O sacerdote
dominicano, com estilo simples e franco,
concedeu uma entrevista exclusiva à Adital
para falar sobre a atualidade da TdL, quem
são os pobres na América Latina e como
Entrevista realizada pela jornalista
Fontenele e publicada em ADITAL
7
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Cristina
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Bulletin des sympathisants
avalia o contexto político no continente.
Sobre o encontro com o Papa Francisco, na
Assembleia da Cáritas, em 2015, o teólogo
diz reconhecer no pontífice um homem
valente, que conduz a Igreja em um
momento de Kairós, que, em grego, significa
momento certo, oportuno.
Sobre a força da juventude, Gutiérrez brinca
que não basta ser jovem para promover
mudanças, pois um ser livre pode seguir
variados caminhos. Espirituoso, o sacerdote
explica à Adital a importância do humor, que
também pode ser uma forma de
comunicação, além de ajudar o ser humano a
avançar na idade.
Para o teólogo e sacerdote Gustavo
Gutiérrez, a Teologia precisa estar próxima
do trabalho pastoral, sendo a mensagem da
Teologia da Libertação uma proposta atual.
A
dital: Como avalia a atualidade da
Teologia da Libertação? Quais as
perspectivas e como renovar as
lideranças?
Gustavo Gutiérrez: Sei que está
subtendido, mas prefiro explicitar. Minha
primeira preocupação, como cristão,
sacerdote, é fazer teologias, e isto não é o
Evangelho. A Teologia é um ato segundo,
que reflete, precisamente, sobre a vida dos
cristãos, à luz da mensagem evangélica.
Minha maior preocupação é isso. Eu fui,
durante toda a vida, pároco, assessor de
movimentos e, claro, gosto muito da
Teologia, e fiz Teologia. Creio que é
importante estar muito próxima do trabalho
pastoral. No caso do meu país, o mundo
pastoral é muito circunscrito. Nunca ensinei
numa Faculdade de Teologia, mas, agora,
aos 70 e tantos anos, comecei a ensinar em
uma Faculdade. Um pouco tarde. Antes, eu
desenvolvia o trabalho pastoral, reflexões,
escrevi também. Me encanta a Teologia e a
vejo como uma compreensão da esperança.
Para mim, é uma hermenêutica da esperança
e continua sendo. Isto significa a questão
dos sinais dos tempos, pois todo teólogo
precisa ver em que momento vive. Claro que
o fundamento, a raiz, é a mensagem cristã,
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mas a maneira de vivê-la, hoje, depende das
condições.
Sobre a renovação das lideranças, você não
vai encontrar 1 milhão de pessoas que
trabalham em Teologia, por muitas razões,
mas isto também não é necessário. No
fundo, um cristão é sempre um teólogo,
porque pensa sua fé. Quando eu, enquanto
cristão, ‘penso que’, na verdade, já estou
fazendo Teologia. Esta é a Teologia que
falamos, com o conhecimento das fontes, às
vezes, debatida, como em qualquer disciplina
na atualidade.
Adital: Porque falar do
Vaticano II, após 50 anos?
[Concílio]
Gustavo Gutiérrez: Porque é o seu
aniversário, assim como a pessoa faz
aniversário, é igual. 50 anos de Vaticano II
sempre impressiona e, além disso, sua
mensagem continua sendo atual.
Adital: O que é a prática do método verjulgar-agir?
Gustavo Gutiérrez: É estar atento à
história. Ver quer dizer ver a realidade para
não elucubrar – "isto seria bom...” – está
associado à expressão "sinal dos tempos”. É
preciso discernir os fatos, as causas e o
porquê se produzem os efeitos, então, vem o
momento de julgar. E, depois, a última coisa
é, no fundo, a razão de ver e de julgar, que é
atuar. Não é que se deva escrever um livro
sobre os problemas, mas, sim, o fato de
como me comprometo diante disso. É algo
muito simples, nasceu nos anos 1920, como
um método na Bélgica e França, começou
com o sacerdote belga [Joseph] Cardijn, que,
anos depois, se tornou cardeal. Julgar é ler os
fatos, a partir das exigências do Evangelho.
O agir tem um tom mais modesto, seria o
"como podemos fazer?”. Há pessoas que
podem isso, enquanto outras podem outra
coisa. Ao mesmo tempo, existem pessoas
que podem fazer outra coisa e não isto,
pessoas que não têm capacidade para isso,
ou tempo, ou idade ou profissão. Há uma
diversidade de ações. Isto é a realidade. As
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Bulletin des sympathisants
Conferências Episcopais latino-americanas –
Medellín,
Puebla,
Santo
Domingo,
Aparecida – usaram o método ver-julgaragir. É uma metodologia.
O teólogo peruano considera que estamos
vivendo um tempo de Kairós, um momento
oportuno para mudanças.
Adital:O senhor já declarou que não
basta ser jovem. O que isto significa?
Gustavo Gutiérrez: Estou convencido disto
e digo racionalmente. É verdade que a força
da juventude, a saúde, o conhecimento,
mudaram coisas muito importantes, mas, no
fundo, são pessoas livres. Podem trabalhar
muito mal e podem usar o seu
conhecimento de outra maneira, isto
também ocorre. Por exemplo, nem todos os
que estudam Medicina vão ser médicos
compreensivos com o paciente. Hoje em dia,
quase não existem. Nos Estados Unidos, por
exemplo, existem médicos de uma
impessoalidade impressionante, mas que
sabem muito. A Medicina clássica era muito
mais do contato mais pessoal. O diálogo
com o paciente é muito importante,
tomando como exemplo a Medicina. Então,
creio que é isto o que ocorre. Quanto à
Teologia, existem muito jovens Latinoamericanos, senão todos, mas não é uma
profissão da qual se pode viver. Nós, como
somos sacerdotes, não temos salário
profissional suficiente para sobreviver.
Então, essas pessoas que podem estudar
outra coisa, que podem ser um profissional,
com uma entrada econômica, estão
sacrificando-se. Enfim, todos os jovens,
todas as pessoas podem começar bem e não
terminar bem.
Adital: O senhor já comentou sobre a
força dos pobres. Quais são os pobres de
hoje, principalmente na América Latina?
Gustavo Gutiérrez: Eu falei a partir das
escrituras e não das Ciências Sociais, ou da
Economia. O pobre é o que não conta, é o
insignificante, e eles são bem numerosos.
Existe a pobreza que se chama monetária ou
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econômica, e é preciso estudá-la. A condição
feminina por exemplo. Não é que toda
mulher seja pobre, mas basta que seja
mulher para que existam direitos que não
estão presentes. Assim também ocorre com
a cor da pele, indígenas, mestiços (eu sou
mestiço), japoneses, chineses, alguns
europeus no Pacífico (a imigração chegava
muito por aí). Veja, o conhecimento é poder.
Adital: Como avalia o papado de
Francisco e como foi o encontro dos
senhores na Assembleia da Cáritas, em
2015?
Gustavo Gutiérrez: Acredito que a Igreja
está em um movimento muito interessante,
rico e com um grande frescor do Evangelho.
Essas questões do Papa, de "sair”, ir contra a
corrupção, de abrir-se, é um momento de
alegria, e ele é muito valente, porque isso
não é fácil. Claro que as pessoas que estão
com ele também resistem. O Papa Francisco
criou um clima muito diferente, que, além
disso, tem um apoio imenso de pessoas que
não são cristãs, e que veem neste homem
alguém que fala a Abraão, que é próximo, e
tem o sentido profundamente evangélico.
Isto foi o que conversei, quando o encontrei.
Adital: Que reformas considera mais
urgentes na Igreja?
Gustavo Gutiérrez: Ele [Papa] retomou
uma coisa muito forte de João XXIII, que é
o pobre, e isto é uma urgência. Realmente, a
quantidade de pessoas que estão nas
migrações, por exemplo, é um escândalo.
Estamos em um século com tantos recursos
e essas pessoas precisam correr do seu país,
senão as matam. Isto é uma super-urgência.
Ao mesmo tempo, existem também,
naturalmente, questões da Igreja, discutidas
durante o Sínodo da Família, o rechaço
enorme da corrupção, não querer o dinheiro
corrompido. Muito se pode chamar de
reforma, numa parte mais institucional, é
preciso mudar as regras também do
comportamento dos funcionários. O clima
que estamos vivendo é algo como voltar ao
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princípio. Falando teologicamente e
biblicamente também é o que o chamamos
de um Kairós , palavra que quer dizer
momento oportuno, este é o momento atual.
Para um diálogo inter-religioso efetivo,
Gutiérrez destaca o respeito à diversidade
cultural dos povos.
Adital: É um momento, então, de
diálogo inter-religioso? Como é possível,
diante de tantos conflitos no mundo em
torno da religião?
Gustavo Gutiérrez: O diálogo já havia
começado antes. Os conflitos diminuíram
muito em relação ao século passado, quando
havia guerras. Agora, são outras guerras, a
exemplo do que ocorre com os
muçulmanos. Eu sei que ainda há muito por
fazer, embora já mudaram o que havia de
mais violento em outros tempos. Existe, por
exemplo, o fundamentalismo, as pessoas que
creem que isto é assim e é assim para todos.
É preciso respeitar a diversidade cultural, as
histórias, todos os povos têm, como os seres
humanos, suas pequenas histórias, estão
acostumados a elas. Às vezes, existem coisas
que não estão bem em qualquer cultura,
então, é preciso entrar em diálogo para se
compreender melhor. O diálogo interreligioso é muito importante, mas é preciso
estabelecer a justiça porque, sem ela, não há
paz. E a justiça é reconhecer os direitos de
todos, e é, justamente, o que falta para os
pobres. Recordo uma frase de Hannah
Arendt, filósofa judia alemã, que diz que "ser
pobre é não ter direitos, não ter direitos a ter
direitos”. Isto é preciso ser interrompido.
Não é possível que haja seres humanos sem
direitos respeitados. Isto é a lei da vida, lei da
liberdade.
Adital: Como avalia o clima na América
Latina, que passou por eleições recentes,
como na Argentina, Guatemala e Haiti?
Gustavo Gutiérrez: Há uma grande
variedade, mas uma coisa geral que se pode
dizer é que existem eleições. Digo isto
porque tivemos, na América Latina, países
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com ditaduras. Na Argentina, Uruguai, no
Brasil, ou seja, houve uma mudança grande.
Agora, é verdade que não foi suficiente. Não
basta ter eleições para dizer que estamos
bem. Estamos no continente mais desigual
economicamente e isto é preciso combater.
Os ricos são cada vez mais poderosos e os
pobres cada vez mais pobres. Li uma frase
de um grande economista e filósofo que diz:
"o mundo é espetacularmente rico e
desesperadamente pobre”, é notável esse
homem. Isto não deveria ocorrer, mas está
na América Latina e ainda não há um
trabalho para mudar.
Adital: Mas o senhor já mencionou que a
América Latina é o continente da
esperança...
Gustavo Gutiérrez: É uma coisa simpática.
Mas claro que também a esperança sempre
existirá. Essas são frases que animam as
pessoas. A esperança está ausente e presente
em toda parte. Na África, na Ásia. E já que
estamos falando de pessoas, existe uma frase
que diz que "o último que se perde é a
esperança”, mas a frase não diz "na América
Latina, o último que se perde é a esperança”,
portanto, vale para todo ser humano. Por ter
havido mudanças importantes, é necessário
valorizar, na América Latina, este passo,
politicamente falando, de sair de ditaduras
para a democracia.
Adital: O que é a espiritualidade para o
senhor e como vivê-la, hoje?
Gustavo Gutiérrez: A espiritualidade cobre
muitas realidades. É colocar os chinelos e
caminhar por muitos lugares, que não estão
nivelados, o que é uma loucura, mas é o
fundamental. A mensagem fundamental de
Jesus é o amor às pessoas e a primazia dos
mais pobres. Há uma pergunta eterna que se
faz às famílias – "Mamãe, você ama mais
meu irmão do que a mim?” – A resposta
eterna é "amo todos de forma igual”. Mas, se
a mãe não protege os menores, ficam todos
doentes. Então, por que primeiro os pobres?
Porque são mais fracos. É uma coisa tão
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simples e as pessoas não entendem. Dizem –
"Não, Deus não fala somente para os
pobres...” Deus ama todas as pessoas, mas,
ao mesmo tempo, primeiro os fracos.
Adital: Sobre monsenhor [Óscar]
Romero [ex-arcebispo de San Salvador],
qual o significado da sua beatificação?
Gustavo Gutiérrez: Começo pelo fim.
Acredito que é muito importante e rico para
a América Latina a história da beatificação e
canonização, por uma razão muito simples,
porque, no começo, não entenderam o
essencial. Ele morreu, claro que impactou
muito, mas, em El Salvador, muitas pessoas
batizadas, católicas, se queixavam de que ele
era comunista. Então, esse reconhecimento
vai valorizar muitos testemunhos do mesmo
estilo, em uma quantidade de lugares na
América Latina. Na Argentina,
antes de Romero, mataram o monsenhor
[Enrique] Angelelli, depois de Romero foi
[Juan] Gerardi, na Guatemala, e uma
quantidade de laicos e religiosos. Vai
valorizar na medida em que reconhecer que
Romero foi assassinado por cristãos e por
defender os pobres, o que será interessante
para a Igreja latino-americana.
Adital: O senhor já falou muito sobre o
humor. Qual a importância dele na vida?
Gustavo Gutiérrez: É não se levar a sério e
não acreditar que se é a última Coca-Cola,
como dizem. Não é uma chacota, nem
significa que você não esteja sofrendo. No
mundo, existem muitas pessoas sofrendo,
mas não é uma indiferença nem tampouco
superficialidade. Acredito que não é preciso
perder o humor. Eu brinco um pouco
dizendo que há sacramento para recuperar a
graça e não há sacramento para recuperar o
humor. Eu creio que o humor alimenta e
pode ser uma coisa psicológica também. As
pessoas que se reprimem não agem. Mesmo
diante de uma situação difícil, uma pessoa
pode manter uma distância e ter humor. O
humor também é uma maneira de
comunicar algo. Eu brinco muito porque é
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minha maneira de ser, mas não significa que
tudo esteja bem, que não tenho
preocupações e que a pobreza, para mim,
não é um escândalo com tanta gente
sofrendo. Não. Eu trabalhei toda a minha
vida com gente pobre, como pastor, sempre
nas periferias, e é bastante doloroso, mas
não posso chorar todo dia, e o povo
também não. O que quero é que saiam dessa
situação. Existe ainda uma obsessão pelo
dinheiro e esta preocupação supera, em
muitas pessoas, a proximidade com o outro.
Creio que o humor ajuda também a se
chegar mais longe na idade.■
Entrevista realizada pela jornalista Cristina Fontenele
e publicada em ADITAL
Que celles et ceux qui reçoivent une version
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bancaire. Les coordonnées en sont données
ci-après. ■
D.l.p.d.
Les personnes à contacter :
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Numéro 32
Du levain pour Demain
Bulletin des sympathisants
Cécile Biraud : [email protected]
Elenilda De Souza do Vale:
[email protected]
Catherine Roth: [email protected]
Evelyne Bénévent : [email protected]
Aparecida Gourevitch : [email protected]
Gérard Aleton : [email protected]
Camille de La Guillonnière :
[email protected]
Stéphane Latarjet :[email protected]
Anne-Lise Sieffert, trésorière :
[email protected]
57 rue Lemercier 75017 Paris
Le site des auxiliaires du Sacerdoce :
www.auxiliaires-du-sacerdoce.com/
Vous y trouverez une présentation des sœurs
auxiliaires du Sacerdoce, les lettres aux amis,
des propositions de réflexion et de prière.
21/03/2016
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