Adolf Weinmüller - Bibliothèque nationale de France

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Adolf Weinmüller - Bibliothèque nationale de France
Numérisation en arts à l’étranger : l’exemple de l’Allemagne
Rüdiger Hoyer, Zentralinstitut für Kunstgeschichte, Munich
L’Allemagne sert ici d’exemple à titre de comparaison, mais vous verrez que elle n’est pas
forcément exemplaire. Je me concentrerai sur le domaine des imprimés concernant l’histoire
de l’art, à l’exclusion de l’archéologie et du domaine iconographique.
1. Contexte structurel et politique
En Allemagne, “des programmes nationaux de numérisation autour d’axes thématiques“ n’ont
pas existé jusqu’à la création récente du programme
„Digitalisierung der DFG-Sondersammelgebiete“ (numérisation des „CADIST“ financées
par la Deutsche Forschungsgemeinschaft),
programme organisée par la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG), organisme directeur
de la plupart des plans d’actions à échelle nationale touchant les bibliothèques.
Auparavant, il y avait seulement le programme de la DFG intitulé „Erschließung und
Digitalisierung handschriftlicher und gedruckter Überlieferung“(= « catalogage et
numérisation du patrimoine manuscrit et imprimé ») qui vise plutôt des fonds individuels,
tandis que le nouveau programme s’adresse à ce qu’on apelle les „Sondersammelgebiete“.
Vous le connaissez sans doute, ce fameux schéma des Sondersammelgebiete (SSG) qui sont
l’équivalent des CADIST français. Ce programme fut fondé en 1949. Y participent une
multitude de bibliothèques universelles et quelques rares bibliothèques spécialisées. Il y a
même un article Wikipedia sur ce sujet (http://de.wikipedia.org/wiki/Sondersammelgebiete).
Or, depuis 2009, les bibliothèques qui participent au programme SSG sont encouragées de
solliciter des moyens pour la numérisation de leur SSG respectifs. Les types d’opération
pouvant faire l’objet d’une subvention sont: la numérisation de publications libres de droit,
notamment de publications parues après l’an 1800, mais aussi la numération partielle de la
production de maisons d’édition spécialisées, sous réserve d’avoir négocié des conditions
d’accès appropriées, et finalement des opérations de valorisation des corpus disciplinaires
numérisés. Le programme n’est pas réservé aux publications allemandes.
Sauf quelques exceptions, dont aucune dans le domaine de l’histoire de l’art, de l’architecture
et de l’archéologie, les bibliothèques spécialisées ne participent pas à ce programme.
Contrairement au partenariat prévu en France, entre la BnF, l’Institut national d’histoire de
l’art et autres institutions partenaires, l’appel à projet s’adresse uniquement au bibliothèques
SSG. En la circonstance, il s’agit essentiellement de:
Bibliothèque universitaire de Heidelberg,
responsable (entre autres) des SSG
6.14 Klassische Archäologie (archéologie classique)
9 Kunstwissenschaft, Allgemeines (Histoire et théore générale de l’art)
9.1 Mittlere und Neuere Kunstgeschichte bis 1945 (Art occidental du haut moyen âge à 1945)
1
Selon les informations qui sont en ligne, cette bibliothèque a actuellement un fonds d’histoire
de l’art d’environ 385.000 titres et d’env. 1.300 périodiques courants, et un fonds
d’archéologie classique d’environ 60.000 titres et d’env. 470 périodiques courants.
Sächsische Landesbibliothek – Staats- und Universitätsbibliothek à Dresde
responsable du SSG
9.11 Zeitgenössische Kunst ab 1945 (art contemporain depuis 1945, y inclus photographie,
design industriel et graphique)
Selon les informations en ligne, le fonds art contemporain de cette bibliothèque comprend
environ. 125.000 titres (le nombre de périodiques n’étant pas indiqué).
Quelques autres bibliothèques ont des SSG partiellement pertinentes, notamment la
Technische Universitätsbibliothek (TIB) Hanovre avec son SSG
20 Architektur. Städtebau. Landesplanung. Raumordnung (architecture, urbanistique,
aménagement du territoire)
et la
Bibliothèque universitaire de Francfort-sur-le-Main avec son SSG
9.3 Théâtre / Cinéma artistique.
D’après les informations dont je dispose, aucune subvention n’a éncore été accordée dans le
cadre de ce nouveau programme à une opération touchant l’histoire de l’art.
Les numérisations réalisées jusqu’au jour d’aujourd’hui par la B.U. de Heidelberg l’ont été
grâce au programme plus ancien pour les fonds patrimoniaux (voir ci-dessus).
Contrairement au programme français, l’appel à projets lancé par la DFG ne prévoit ni un
réseau d’information réciproque ni un participation des chercheurs. Il exclut même les
bibliothèques d’art.
En effet, le programme national d’acquisitions partagees des bibliothèques d’art proprement
dites, programme financé par le DFG depuis 1972 et comprenant les bibliothèques d’art
allemandes les plus prestigieuses, vient d’être aboli. Il se terminera à la fin de l’année en
cours. Du coup, même les bibliothèques d’art les plus importantes, avec toutes les richesses de
leur fonds spécialisés exceptionnels, comme la Kunstbibliothek der Staatlichen Museen zu
Berlin (Stiftung Preussischer Kulturbesitz), la Kunst- und Museumsbibliothek de la Ville de
Cologne ou la bibliothèque du Zentralinstitut für Kunstgeschichte à Munich, pour ne pas
parler des prestigieuses bibliothèques du Kunsthistorisches à Florence et de la Hertziana à
Rome, n’auront plus aucun rôle officiel dans les plans nationaux d’acquisitions et de
numérisations partagées et coordonnées. Et cela en dépit du fait que leurs fonds soient souvent
plus complets que ceux des bibliothèques SSG.
À mon avis, cette situation peut s’expliquer, entre autres, par le caractère assez
bureaucratique, pour ainsi dire “auto-reproducteur” du système dans son ensemble, système
visiblement dominé par les bibliothèques universitaires, dont le standing au sein de leur
université dépend partiellement de leur rôle SSG et qui n’ont aucunement envie de céder le
pas à des institutions spécialisées. Mais quoi qu’il en soit des raisons profondes de cette
situation, le résultat est qu’en matière de numérisation en art, il n’y a aucune concertation
formelle, aucune discussion ‘officielle’ des choix documentaires opérés par les bibliothèques,
mais bien plutôt cette multitude d’opérations qui a donné lieu à l’effort de coordination
français. Pour le moment, l’apport de l’Allemagne à la numérisation mondiale des imprimés
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en arts est loin de posséder un profil bien précis. Par contre, grâce au modèle des licences
nationales financées largement par la DFG, l’Allemagne me paraît bien avancée en ce qui
concède l’accès en ligne libre aux informations scientifiques payantes. Mais c’est un autre
sujet.
La Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG) a publié un document contenant des règles à
respecter en matière de numérisation par tous les candidats à une subvention de la DFG : les
“Praxisregeln Digitalisierung” (2009).
Ce texte ne comprend pas seulement des recommandations techniques pour la numérisation
proprement dite, l’archivage pérenne et la production de méta-données, mais également des
recommandations générales quant à la sélection de documents pertinents, à leur valorisation
dans le cadre de portails en ligne comme les « Virtuelle Fachbibliotheken », et à la nécessité
de tenir compte des grands programmes existants, y compris la numérisation de masse
entreprise par Google en coopération avec des bibliothèques comme la Bayerische
Staatsbibliothek. La DFG met même à la disposition des bibliothèques intéressées un
navigateur, le « DFG-Viewer ». Elle recommande instamment l’emploi de OAI-PMH afin de
permettre le moissonage par des portails spécialisés et par des moteurs de recherche. La DFG
soutient bien sûr le principe de l’accès libre. Ce contexte de normes et de recommandations ne
concerne évidemment pas spécialement les arts, mais à part cela il correspond largement aux
recommandations techniques contenues dans l’accord-cadre du programme français de
numérisation concertée en art.
2. Exemples de numérisation pertinentes
Pour avoir une première orientation d’ensemble sur les numérisation d’imprimés en arts en
Allemagne, on peut consulter le tutoriel « Recherche de sources numérisées » sur notre portail
www.arthistoricum.net:
http://www.arthistoricum.net/fr/tutorials/aide-a-la-recherche-iii-recherche-de-sourcesnumerisees/
Malheureusement, seulement le titre de ce tutoriel a été traduit en français. En outre, ce
document en ligne n’est plus tout à fait à jour. Il résume néanmoins assez précisément les
structures existantes en Allemagne. Ce tutoriel accentue le fait qu’on ne peut en effet analyser
la contribution allemande à la numérisation des imprimés en arts sans tenir compte des grands
programmes de numérisation ‘généralistes’, tout comme il est impossible de concevoir le
nouveau programme français sans égard à ce qui a déjà été fait dans ‘Gallica’ et dans la
bibliothèque numérique de l’INHA.
Ainsi, vous avez probablement tous entendu parler des VD ( = « Verzeichnis der im
deutschen Sprachraum erschienen Drucke » = „répertoire des imprimés parus en territoire
germanophone“) 16, 17, 18, organisés par la „Arbeitsgemeinschaft Sammlung Deutscher
Drucke (AG SDD)“. Il s’agit d’un projet coopératif de bibliographie nationale du livre ancien,
qui est accompagné.d’un programme de numérisation.
Le VD 18 par exemple prévoit la numérisation de 600.000 ouvrages (ou 120 mio de pages).
Les participants sont :
Staatsbibliothek Preussscher Kulturbesitz Berlin
Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek Dresde
Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek, Göttingen
Universitäts- und Landesbibliothek Halle
Bayerische Staatsbibliothek, Munich
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Cet aréopage d’institutions du livre ancien comprend le trio classique Berlin, Göttingen,
Munich. La bibliothèque de Dresde s’efforce de plus en plus de se positionner sur un pied
d’égalité avec ces bibliothèques vénérables dont l’importance est caractéristique du caractère
profondément fédéral de l’Allemagne dont la Bibliothèque nationale à Francfort-sur-le- Main
et à Leipzig ne joue aucun rôle pour les publications parues avant le 20e siècle.
Vous êtes également au courant de la coopération de la Bayerische Staatsbibliothek avec le
diable en personne, Google, projet inauguré de facon retentissante en 2007.
Tous ces projets comprennent bien sûr un certain pourcentage de littérature pertinente pour les
arts. Il est toutefois très malaisé de savoir ce que l’histoire de l’art peut précisément en
attendre et dans quelle mesure ces projets vont couvrir des matériaux typiques comme grands
formats, collections de planches ou catalogues d’expositions et de ventes. Pas plus que pour
les ressources en ligne natives, il n’y a apparemment aucune classification cohérente par
pertinence disciplinaire.
Le portail « Zentrales Verzeichnis Digitalisierter Drucke (ZVDD)» (répertoire central des
imprimés numérisés) (http://www.zvdd.de/sammlungen.html) qui devrait donner une
orientation n’est pas encore bien avancé. Quoiqu’il énumère quelques collections numérisées
dans le domaine de l’histoire de l’art, son caractère très incomplet en rend l’utilisation plutôt
inutile. Le portail « Europeana » devrait à l’avenir constituer un outil de base pour accéder à
des numérisations en arts. Du côté allemand, il y a depuis 2009 la « Deutsche Digitale
Bibliothek », conçue comme une réponse allemande à Google Books. Ce projet est encore à
un stade préliminaire. Espérons seulement que ces grands projets n’auront pas le même sort
que d’autres projets dictés plus par des considérations politiques que par leur utilité réelle
pour le public.
La situation est nettement meilleure en ce qui concerne le signalement des periodiques,
puisque la base de données EZB (« Elektronische Zeitschriftenbibliothek ») recense
pratiquement tous les périodiques d’art et d’architecture numérisés ou nés numériques qui
soient mondialement accessibles, en libre accès ou en accès payant. Notre portail
arthistoricum.net donne accès à des extraits EZB spécialement conçus pour l’histoire de l’art
et l’architecture : http://www.arthistoricum.net/fr/recherche/
Cela dit, la part de l’histoire de l’art dans le projet www.digizeitschriften.de, homologue
allemand de JSTOR, est encore bien modeste. On y compte actuellement 19 revues d’art dont
quelques-unes qui sont aussi dans JSTOR…
Mais revenons au domaine spécifique de l’histoire de l’art. Et présentons quelques exemples
de bibliothèques numériques, de projets de numérisation, et de projets de recherche axés sur la
numérisation.
Le portail arthistoricum.net (www.arthistoricum.net) donne directement accès à un certain
nombre de numérisations d’imprimés en arts. Une partie seulement de ces numérisations a été
directement inspirée par le projet arthistoricum.net. Mais elles ont toutes été réalisées par une
institution-partenaire d’arthistoricum.net et s’insèrent dans quelques axes thématiques.
Ces numérisations sont accessibles dans la rubrique « ressources numérisées » :
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Elles peuvent en même temps être accessibles sur d’autres sites: site de la bibliothèque, site
d’un projet de recherche ou d’exposition etc.
Cette rubrique Ressources a l’intention de proposer des collections numérisées revêtant une
importance particulière pour notre discipline, soit parce qu’il s’agit de “classiques”, soit au
contraire parce qu’il s’agit de materiaux qu’on ne trouve pas au coin de la rue. Le but est de
les rendre universellement disponibles en ligne par la numérisation et d’en améliorer la
maniabilité par une indexation approfondie. Ces documents sont regardés comme des
“sources primaires”. Ils sont souvent difficiles d’accès en original, à cause de leur rareté, de
leur état de conservation ou à cause du caractère lacunaire des collections, notamment pour
les revues et les séries de catalogues d’exposition.
Pour commencer, ont été choisi avant tout:
• des revues d’art et des catalogues d’exposition consacrés à la diffusion de l’art allemand du
début du 19e siècle jusqu' au milieu du 20e siècle
• des traités d’architecture et de jardins ainsi que des écrits historiques constituant des étapes
dans l’histoire de l’histoire de l’art.
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Il s’agit toujours de documents libres de droits d’auteurs. Ceci dit, les illustrations,
particulièrement celles qu’on trouve dans les revues d’art très illustrées posent un problème
particulier. En règle générale, les numérisations que voici ont pris des précautions juridiques
plutôt minimalistes.
Ces documents sont souvent, mais pas toujours, traités en mode texte, avec des résultats
d’océrisation parfois contestables..
En consultant ces pages, vous verrez que la B.U. de Heidelberg se sert d’arthistoricum.net
pour médiater les numérisations d’imprimés en arts qu’elle réalise courammemt sur sa propre
chaîne de numérisation. Ainsi naît une sorte de bibliothèque numérique composée en partie de
matériaux assez connus et qu’on retrouvera en partie dans d’autres programmes de
numérisation.
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Mais il y a aussi des collections complètes de revues d’art numérisées probablement en
exclusivité.
Pour s’informer sur tout ce qui se fait sur la chaîne de la B.U. de Heidelberg, on peut bien sûr
aller directement sur son site. On verra là donc d’autres rubriques comme « Sonstige
kunstwissenschaftliche Literatur » ou « Catalogues de ventes »:
http://www.ub.uni-heidelberg.de/helios/fachinfo/www/kunst/digilit/
Quant aux périodiques, ce sont en partie les résultats d’un projet financé par la DFG et
consacré spécialement à la numérisation et l’indexation de revues d’art et de revues de
caricatures du 19e siècle et du début du 20e siècle (430 volumes, 210.000 pages) :
http://www.ub.uni-heidelberg.de/helios/fachinfo/www/kunst/digilit/artjournals/Welcome.html
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Il faut relever que ce projet comprend l’indexation-matière des illustrations. Notons en
passant que la partie iconographique du site de Heidelberg possède une section consacrée à
des caricatures françaises du 19e siècle:
http://www.ub.uni-heidelberg.de/helios/fachinfo/www/kunst/digilit/artjournals/frzzeit.html
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Mentionnons aussi un petit début de numérisation de catalogues de ventes anciennes qui
semble préfigurer un projet coopératif avec la Kunstbibliothek Berlin et le Getty Research
Institute: « German Sales 1930-1945 » .
http://www.ub.uni-heidelberg.de/helios/fachinfo/www/kunst/digilit/auktion/welcome.html
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En somme, nous avons affaire à un début de numérisation concertée pas toujours vraiment
concertée. Les quantités concernées sont impressionantes vu qu’ils ont pour la plupart été
produites sur la seule chaîne de Heidelberg. Mais je ne suis pas sûr s’ils répondent au critère
de numérisation de masse. Ces opérations obéissent seulement en partie à une logique de
concertation, par exemple en ce qui concerne les revues.. Sont concernés surtout des ouvrages
de référence anciens, pas seulement en allemand, et quelques textes plus récents (thèses,
mémoires de maîtrise) dont les auteurs ont consenti à la publication en ligne a posteriori.
Quant à la logique de concertation et de coordination, on peut la constater plutôt pour des
projets de numérisation très spécialisées, réalisés normalement par un groupe de plusieurs
institutions pour aboutir à une collection virtuellement complète, par exemple d’une serie de
catalogues d’expositions et d’un periodique.
Il est impossible de dresser aujourd’hui une liste complète de tels projets en Allemagne. Il en
existe un certain nombre. L’important, c’est plutôt de comprendre que de tels projets ont
tendance à traiter des matériaux laissés probablement à l’écart par les grandes operations de
numérisations de masse, ou du moins à y ajouter une plus-value, plus-value qui se produira
dans la mesure où l’on réussit à connecter les deux mondes de la numérisation de masse et des
projets plus spécifiques, souvent plus expérimentaux et originaux.
Je voudrais me permettre de prendre comme exemple quelques projets munichois en cours,
les catalogues des expositions d’art au ‘Glaspalast’ à Munich de 1869 à 1931 et les catalogues
des Grosse Deutsche Kunstausstellungen de 1937 à 1944.
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Le projet de numérisation des catalogues des expositions dans le ‚Glaspalast’ de Munich
(http://www.arthistoricum.net/ressourcen/monographien/glaspalastkataloge/), est un projet
classique de coopéeration entre plusieurs bibliothèques (Bayerische Staatsbibliothek,
Bibliothèque historique de la Ville de Munich, Zentralinstitut), ayant pour but une collection
virtuelle complèté pour une série pour laquelle il n’y a probablement pas de collection
complète réelle. On sait d’ailleurs pas du tout si Google ou Europeana vont être capable de
venir à bout de ce problème de collation.
Le projet qui est en cours autour des catalogues des Grosse Deutsche Kunstausstellungen,
triste « fleuron » de la politique culrturelle du IIIe Reich, est plus complexe, car il appartient
au type ‘coopération entre différentes institutions de divers types contribuant chacune des des
média différents.
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
une bibliothèque, la Kunstbibliothek Berlin, s’occupant de la mise en ligne des
catalogues numérisé sur arthistoricum.net
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
une photothèque, celle du Zentralinstitut, possédant un fonds iconographique unique
qu’il s’agit de mettre en valeur et de conserver,

un musée, le Deutsches Historisches Museum à Berlin, possédant des œuvres d’art
pertinents, à savoir des originaux exposés jadis dans les Grosse Deutsche
Kunstausstellungen,
un centre d’exposition: le Haus der Kunst à Munich possédant des archives
historiques, à savoir des registres manuscrits d’achats d’œuvres exposés et de services
additionnels (cadrage, photographies etc.)

Le résultat sera une matrice de documents mis en relation, grâce un vrai travail de recherche:
informations sur les artistes, transcription des informations sur les œuvres d’art, photographies
historiques, originaux, documents archives.
Ce projet n’est pas encore en ligne, mais il illustre bien l’intérêt qu’il y a à ne se pas
s’enfermer dans une logique traditionelle de cloisonnement entre divers types de média. Et il
faut bien voir que les programmes de numérisation à grande échelle, avec numérisation en
mode images ou tout au plus océrisation plus ou moins bien structurée, aussi bénéfiques qu’ils
soient pour atteindre vite une masse critique de documents, ne constituent qu’une première
étape dans un procès qui nous mène probablement vers un degré interactivité jusqu’ici
inconnu entre documents de types divers. Toujours est-il qu’on voit pas encore très clairement
comment on arrivera à faire passer toutes ces informations qui dépassent le cadre habituel
d’un signalement de catalogue de bibliothèque dans les moteurs de recherche dont se sert
notre public.
Permettez-moi de citer encore deux autres exemples de ce type, projets concernant cette fois
particulièrement le domaine de la provenance et des restitutions :
Le projet « catalogues de la galerie d’art Heinemann en ligne », projet du Deutsches
Kunstarchiv à Nuremberg avec le Zentralinstitut à Munich et la Kunstbibliothek de Berlin a
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pour but de relier les informations contenues dans les catalogues, souvent annotés et dans les
archives de cette galerie munichoise, fondée en 1872 et supprimée par les nazis en 1939. On
estime à 15.000 le nombre d’œuvres d’art et à 10.000 le nombre de personnes et d’instutions
impliquées. Cf. http://www.zikg.eu/main/projekte.htm#heinemann
Un projet similaire, lui aussi financé par la « Arbeitsstelle für Provenienrecherche » de la
Fondation Preussischer Kulturbesitz et organisé par le Zentralinstitut avec la maison de ventes
Neumeister de Munich concerne le marchand d’art Adolf Weinmüller qui fut au service des
nazis pendant toute l’époque du IIIe Reich. Ici encore, la numérisation des catalogues, parfois
annotés, sera complétée par une transcription et des recherches historiques supplémentaires
basées sur les archives Weinmüller. Cf. http://www.zikg.eu/main/projekte.htm#weinmueller
Catalogue de vente annoté, Adolf Weinmüller, 6.-7. 12. 1939
Il y a bien sûr d’autres projets qui mériteraient d’être mentionnés, mais devant l’impossibilite
évidente de les apprécier tous à leur juste valeur et d’en faire une énumération, qui serait
fastidieuse, nous avons préféré faire un choix quelque peu volontaire, voire égoїste. J’ai tenu
surtout à faire ressortir une certaine typologie des approches. Comme en France, des projets
de recherche comprenant des numérisations de fonds spécialisés et bien délimités sont en
cours un peu partout dans les grandes bibliothèques d’art allemandes et dans les instituts de
recherche, à commencer par la numérisation, fort avancée, des livres rares de la Bibliotheca
Hertziana à Rome, en passant par le projet ambitieux que le Kunsthistorisches Institut à
Florence consacre aux guides et inventaires de Florence, avec mode texte en transcription, au
projet coopératif « Pro Firenze futurista » que le même Kunsthistorisches réalisera ensemble
avec des partenaires italiens, et notamment la Biblioteca Marucelliana. Moyennant ce projet,
les recherches sur le mouvement futuriste vont finalement disposer non seulement des
numérisations de matériaux rares, mais encore d’une sorte d’environnement de recherche,
réunissant des documents de type divers. N’oublions pas non plus les pays germanophones
comme l’Autriche et la Suisse. Même la bibliothèque d’art la plus mystérieusement
conservatrice, la bibliothèque de la Fondation Bibliothek Werner Oechslin à Einsiedeln, a
commencé à produire des numérisations, en l’espèce des éditions de Vitruve, bel exemple
pour l’importance, voir le rôle indispensable des bibliothèques spécialisées. Cf.
http://www.bibliothek-oechslin.ch/d/forschung.php?nav=320&id_research=220.
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3. Conclusion
Tout compte fait, il semble que les grandes bibliothèques d’art allemandes préconisent à
présent la numérisation de fonds spécialisés allant du 19e siècle finissant au début du 20e
siècle : catalogues d’expositions, de galeries, revues d’art. Ce choix s’explique par l’intérêt
particulier de ses matériaux pour la recherche et par la qualité des fonds. Typologiquement,
sinon chronologiquement, ce choix correspond d’ailleurs assez bien à celui que vous avez
opéré pour la coopération amorcée entre la BnF et l’INHA.
L’essentiel de la situation en Allemagne peut peut-être se résumer comme suit:






Aucun programme officiel pour la numérisation concertée d’imprimés en arts n’existe.
Il n’y a pas non plus de réseau d’information réciproque de tous les acteurs
potentiellement concernés : bibliothèques d’art, bibliothèques SSG (« CADIST »),
grandes bibliothèques universelles.
Le portail arthistoricum.net a produit un minimum de coordination (concentration
partielle sur la période allant de 1871 à 1945) et de mise en valeur commune.
La B.U. de Heidelberg a lancé la numérisation d’un corpus international de référence
concernant des publications qui sont tombées dans le domaine public, surtout des
monographies avant 1900, et un programme consacré à revues d’art allemandes.
Des bibliothèques d’art individuelles ont lancé des projets de numérisation de fonds
spécialisés: surtout catalogues d’expositions, catalogues de galeries, revues d’art.
La multitude des projets en arts n’est pas articulé avec les projets de numérisation de
masse, notamment Google Books. On ne sait pas dans quelle mesure ces projets vont
trouver des solutions satisfaisantes pour le livre illustré et pour les matériaux
spécialisés, souvent fragiles ou difficles à manier.
Pour finir, je voudrais féliciter la France pour mettre en œuvre un programme basé sur le
principe de la coopération, tout en rappelant qu’à des solutions nationales pour valoriser le
patrimoine national devrait s’ajouter une coordination internationale, du moins européenne.
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