le document pdf donnant toute la programamtion

Transcrição

le document pdf donnant toute la programamtion
Festival de cinéma de Rennes Métropole
du 25 février au 04 mars 2014
www.clairobscur.info
à Edouardo Coutinho
Documentaires
Travelling Rio & Junior
Depuis une quinzaine d’années, le documentaire brésilien s’impose dans son pays comme dans le monde, un cinéma créatif qui ne cesse
d’inventer pour filmer le monde. Comme le cinéma brésilien de fiction emprunte au documentaire, le documentaire s’inspire de la fiction. Il
met en œuvre des dispositifs de mises en scène et puise dans ses registres : conte de fées, thriller, comédie… Il offre des rôles à des personnages
romanesques et fait appel à des acteurs. Il n’y a pas particulièrement d’école documentaire ni de courant mais des écritures particulières qui
naissent de collectif ou de démarches individuelles.
Si le cinéma documentaire brésilien connaît un dynamisme incontestable, la programmation de cette année en est l’illustration. Rien que pour
la ville de RIO. Quinze films dévoilent, sous des points de vues et des thèmes singuliers, la ville merveilleuse.
Edificio Master recueille les confidences d’hommes de femmes et de la classe moyenne d’un immeuble HLM de Copacabana. Il est signé
Edouardo Coutinho, figure du cinéma novo et du documentaire qui vient de disparaitre tragiquement le mois denier. Edificio Master fut un
immense succès au box-office brésilien tout comme Le bus 174 de José Padilha, le récit minutieux d’une prise d’otages qui a tenu en haleine
le Brésil tout entier et dont le réalisateur cherche les raisons qui ont amené son auteur à en arriver là.
Dans un autre registre, Santiago ou le portrait du majordome au service de la famille Salles à Rio est une merveille. Filmé en deux temps, il
interroge les différences de classes et la relation entre le filmeur et le filmé. Justice, Juzio ou Morro de Prazeres, la trilogie de Maria Ramos
montre une autre facette de la ville, celle du système judiciaire brésilien. Juges, policiers, détenus mineurs ou majeurs, gardiens de prisons,
parents de prisonniers, citoyens inquiétés, c’est un véritable portrait de la justice à Rio qu’elle a brossé de l’intérieur dans ces 3 films tournés
entre 2004 et 2012 …
Autre thématique commune : la décharge de Rio avec deux points de vue très éloignés : Estamira ou le portrait généreux d’une femme
schizophrène qui règne sur les royaumes des déchets, que Marcos Prado a filmé pendant trois ans. Et Waste Land, l’aventure artistique aux
allures de conté de fées du photographe Vik Muniz avec des catadores de la décharge.
Enfin, les favelas mais vu sous un angle opposé à celle La cité de dieu que propose Nos histoires à nous, le football vécu par les supporters
et les joueurs des deux équipes de Rio flamengo et flumingène dans fla x flu et la musique avec The music according to Tom Jobin de
l’incontounrable Nelson Pereira dos Santos ou le plaisir de réécouter les standards de la samba brésilienne.
Enfin, cerise sur le gâteau, Orson Welles a filmé Rio dans les années 40. It’s All true enquête sur l’incroyable aventure de ce film inachevé.
Pour le cinéma documentaire contemporain, ne manquez pas Une Place au soleil ou Domestica, deux films de Gabriel Mascaro, figure
montante du cinéma brésilien ou Ismar et Casa de Sandro de Gustavo Beck dans une démarche plus radicale mais pas moins passionnante.
Vos découvrirez en lisant le document ci-dessous Corumbiara et le rencontre inoubliable avec les six derniers indiens Canoé Tropicalia un film
foutraque sur le plus grand courant mouvement musical brésilien du XX siècle et les documentaires sur le Brésil réalisés par des cinéastes
français et portugais. Mirabelle Fréville
Maria Ramos
Cinéaste brésilienne, réalisatrice de six documentaires, Maria Ramos vit entre les Pays bas et le Brésil.
Née à Brasilia en 1964, elle y commence des études de musicologie avant de partir en Europe pour entrer à l’Académie néerlandaise du film et
de la télévision en 1990. Après un premier film remarqué sur Brasilia, elle initie en 2004 une trilogie sur Rio qui observe la société brésilienne
à travers le prisme du système judiciaire. Ses deux premiers films Justice et Juizo nous immergent dans un tribunal pénal et un tribunal pour
mineurs. Dans le troisième volet Morro dos prazeres, elle tente de comprendre le processus de pacification des favelas mené par des unités
spéciales de la Police, appelées UPP.
Entre chronique et portrait, Maria Ramos pose un regard cinématographique fort au cœur du théâtre de l’exercice juridique et policier de Rio.
Actuellement, elle tourne un nouveau film dans le nordeste du Brésil.
Justice, un tribunal à Rio (Justiça) Brésil, 2004, 1h42
Pour dénoncer l’implacable machine judiciaire qui fonctionne au Brésil, Maria
Ramos infiltre le tribunal de Rio de Janeiro et filme le quotidien des professionnels
de la justice et de ses accusés.
Parmi eux, Carlos Eduardo, dont la vie a toujours été un véritable désastre depuis sa naissance au cœur d’une favela de Rio : un univers où il a grandi, qui l’a
dès lors poussé à intégrer son propre système. Victime de la société, il est aussi
coupable aux yeux de la loi. Il est accusé d’avoir utilisé une voiture volée...
Tourné selon la méthode du cinéma direct, sans commentaires ni entretiens, le
film alterne les séquences d’audience avec des images tournées au centre de
détention, dans les appartements confortables du personnel judiciaire et dans
le bidonville.
Lauréat de plusieurs prix internationaux dont le Grand Prix des Visions du réel
de Nyon.
26/2. 15:30. Gaumont 2/3. 16:00. Champs libres
Rencontre suite à la projection du 2/3 au Champs Libres
Juizo (Behave) Brésil, 2007, 1h30, vo sous titrée-anglais
Au Brésil, une loi interdit toute prise d’image des mineurs incarcérés.
Pourtant, c’est le procès et l’incarcération de ces jeunes que va suivre
Maria Ramos.
Décidant de contourner ce cadre légal, elle fait jouer le rôle des
inculpés par d’autres jeunes innocents, du même âge et issus du même
milieu. Filmés donc à visage découvert lors des entretiens avec la juge, et
de dos dans la prison où ils sont enfermés dans des conditions
déplorables. La cinéaste poursuit ainsi son travail sur les nombreuses
failles du système judiciaire brésilien, en témoignant encore une fois de
parcours uniques : au sein de ce fameux théâtre de l’exercice
juridique, mais aussi en dehors des cellules. Elle met également en
place cette-fois ci, par ce dispositif particulier, de nouvelles réflexions sur
l’image de la culpabilité.
Séance unique 3/3. 15:45. Arvor
Morro Dos Prazeres, la colline des plaisirs,
Brésil, Pays-Bas, 2012, 1h30
avant-première
En 2011, une unité de Police de Pacification a intégré Morro Dos Prazeres, « la Colline
des Plaisirs », une favela du centre de Rio, afin de contrer le cartel qui y régnait depuis
longtemps.
Cela fait donc un an que les habitants assistent, d’un œil méfiant, à cette mutation
rythmée par des patrouilles intensives et des violences policières.
Pendant 4 mois, Maria Ramos va suivre 6 personnages aux rôles symboliques : Brulane
l’adolescent impliqué dans le trafic de drogue, le libraire, le facteur local, trois
policiers… En les observant, elle tente de montrer les rapports quotidiens tendus entre
les habitants et cette police, se plaçant parfois à la limite du romanesque ou de la
chronique. Morro Dos Prazeres est le troisième et dernier film de la trilogie. Elle
apporte une nouvelle fois une réflexion sur les concepts de justice et de citoyenneté, en
s’appuyant tout autant sur le discours des policiers que sur celui des habitants.
Un film sur les tentatives de dialogue entre ces différents partis, qui tentent ensemble de
construire quelque chose de nouveau.
2/3. 20:00. Gaumont 4/3. 16:00. Arvor
Au sujet de Justice
La caméra de Maria Ramos garde une distance impitoyable. Et c’est justement elle qui rend apparents les
mécanismes et les pouvoirs de la justice. La sévère juge trône au milieu de l’image. Elle est impatiente,
tripote son stylo… Plus bas, l’accusé est assis, dos à la caméra. A sa gauche, son avocate, qui reste silencieuse en vieille routinière. Elle sait que son client est coupable. Le film tourne en spirale autour de cette
image. Partant de Carlos Eduardo, la caméra accompagne sa famille dans les favelas et montre la misère
du milieu où ils vivent… La réalisatrice suit ensuite l’avocate, chez elle, visite son confortable appartement
bourgeois. A la télévision, un animateur fait le compte-rendu d’une attaque brutale dans un supermarché.
L’avocate caresse tendrement les cheveux de sa fille.
Implacable machine judiciaire.
Au Brésil, l’arrivée au pouvoir de Lula, en janvier 2004, a permis d’accélérer le processus de démocratisation. Mais les injustices structurelles n’ont pas toutes disparu. Établie depuis dix ans aux Pays-Bas, la réalisatrice Maria Ramos décrit ici les mécanismes du système judiciaire brésilien. Par son regard d’une acuité
extrême, par sa réalisation très sobre, Maria Ramos dépeint cette machine dont tous les acteurs - juges,
avocats et accusés - font partie d’une société à plusieurs vitesses.
Joao Moreira Salles
Cinéaste documentariste, João Moreira Salles est né à Rio en 1962. A la fin des années 80, il fonde avec son frère aîné, Walter Salles, la société
de production VideoFilmes. D’abord spécialisée dans le documentaire puis dans la publicité, elle produit aujourd’hui des longs métrages comme
Madame Satã de Karim Ainouz ou Edifício Máster d’ Eduardo Coutinho, présentés pendant Travelling Rio.
En 1994, João Moreira Salles réalise un portrait de Jorge Amado puis en 1997, il signe avec Katia Lund son premier log métrage documentaire
remarqué dans les festivals internationaux Notícias de uma guerra particular. Pendant les présidentielles de 2002, il filme les coulisses de la campagne du candidat Lula dans Entreatos, sorti en salle au Brésil en 2004. Deux ans plus tard, il réalise Santiago, son film le plus réussi et personnel.
En plus de son activité de cinéaste, il a fondé la revue littéraire «Piauí» et dirige la fondation Moreia Salles dans l’ancienne maison familiale transformée
en lieu d’exposition et de recherche consacré à la photographie.
Santiago Brésil, 80 min, 2006, noir et blanc et couleur
Santiago a été pendant trente ans majordome au service de la famille Salles dans une vaste demeure moderne à
Gavea, un quartier résidentiel de la zone sud de Rio de Janeiro. Le père était banquier et diplomate, les deux fils
cinéastes. João Moreira Salles, le plus jeune, fasciné depuis l’enfance par Santiago, décide de le filmer. C’était
en 1992. Le film resta inachevé.
À la mort du majordome, quinze ans plus tard, João Moreira Salles, décide de reprendre les rushes qu’il a tournés
et de refaire le portrait de cet homme singulier. Il tente alors de comprendre ce personnage complexe, donnant une autre dimension à sa première ébauche. Dans ce nouvel opus filmé en huis-clos et en noir et blanc, il
livre une réflexion profonde sur la mémoire, l’image et la réalité, les différences de classes et interroge l’essence
même du cinéma documentaire. Grand prix du Festival du Réel en 2007, Santiago est un incontournable du
cinéma brésilien.
1/3. 20:45. Gaumont - 4/3. 18:00. Gaumont
Entractes (Entreatos) Brésil, 80 min, 2006, noir et blanc et couleur
Du 25 septembre au 27 octobre 2002, l’équipe de João Moreira Salles a suivi en exclusivité la campagne
présidentielle de Luíz Inácio Lula da Silva au Brésil, s’infiltrant dans les coulisses d’une élection toute particulière.
A travers un montage exceptionnel de conversations privées, de réunions stratégiques et de discours
électoraux, le film alterne scènes intimes du quotidien de Lula et temps forts de sa campagne à quelques
jours de la consécration. C’est une succession de moments parfois tendus, souvent drôles, mais qui éclairent
la personnalité et les aspirations personnelles du futur président, dans une proximité rendue possible grâce à
la technologie digitale et au talent de son caméraman. Aidé par l’humour et l’aisance du leader travailliste face
aux caméras, João Moreira Salles montre le Président Lula sous un jour méconnu et signe un film complice mais
sans complaisance, qui aide à comprendre la transition historique vécue par le Brésil depuis 2002.
Meilleur documentaire brésilien, Festival de Rio, 2005.
Séance unique 26/2. 17:30. Gaumont
Au sujet de Santiago
« À la fin des années 80, le Brésil a élu son nouveau président, Fernando Collor de Melo. L’une de ses premières actions a été
de suspendre toutes les lois soutenant la production du cinéma au Brésil. Pendant son mandat, le Brésil n’a produit pratiquement
aucun film. Avec mon frère, Walter Salles, nous avions monté une société de production où nous faisions des séries TV, des
documentaires et des longs métrages de fiction. Et soudainement nous ne pouvions plus en produire. La seule solution était de
faire de la publicité. C’est ce que avons fait. Et cela a eu des conséquences sur nos cerveaux !
Pour échapper à ce désert créatif, j’ai décidé fin 1992 d’utiliser des chutes de pellicule de campagnes publicitaires pour commencer à filmer Santiago, cet homme qui avait accompagné mon enfance mais aussi l’homme raffiné, l’homme de culture qu’il
était. Je n’avais pas écrit le film, je n’avais pas de projet précis et j’ai commencé a tourné dans la maison de Santiago de façon
non professionnelle. Le tournage a duré cinq jours.
Aujourd’hui je sais que j’avais des idées reçues sur Santiago et que je n’étais pas préparé à écouter ce qu’il voulait me dire. Je le
regardais comme un personnage exotique, un personnage sorti du conte «Funes, celui qui n’oublie pas” de Borges. Ma présence
dans le film n’était pas non plus prévue. A cette époque, je ne pouvais imaginer que le film pouvait se bâtir autour de notre relation. Juste après le tournage, je me suis mis à monter ce que je venais de tourner mais je ne trouvais pas le film. Je n’aboutissais
à rien avec ces images. J’ai décidé de laisser tomber et, pendant plusieurs années, je n’ai pas touché à ces images. » João Moreira Salles
extrait d’un entretien avec Noémie Mendele
RECYCLAGE HUMAIN
Au Brésil, les décharges publiques sont en plein air et
ouvertes à tous. Jardim Gramacho est la plus grande
d’Amérique latine, L’île aux fleurs, près Porto Alegre, sans
doute la plus petite. Pour montrer la richesse des points de
vues et des regards cinématographiques sur un sujet
similaire, nous proposons trois regards
documentaristes singuliers sur les décharges au Brésil : une
film pamphlet très court, un conte de fées anglo-saxon et un
portrait poético-philosophique d’une femme schizophrène.
Estamira
de Marcos
Prado
Brésil, 2004, 2:07, Couleur et n&B
Estamira, soixante-trois ans, vit et travaille depuis une vingtaine d’années dans la décharge de Gramacho à Rio. Mère de quatre enfants aujourd’hui adultes, elle s’impose
comme une figure charismatique et maternelle de cette petite communauté, formée par
les habitants de la décharge. Elle est pourtant atteinte de schizophrénie.
Le réalisateur Marcos Prado, touché par la personnalité d’Estamira, décide de la suivre et
de la filmer pendant trois ans au moment où elle commence un traitement imposé par un
centre psychiatrique public.
Grâce à une écriture cinématographique et un montage subtil, il compose par touches
successives son portrait. Peu à peu une transformation se révèle, dévoilant une femme
à l’existence difficile, capable aujourd’hui de surmonter sa condition. A la recherche
d’équilibre et de vérité, Estamira offre un discours philosophique et poétique, qui vient
profondément remettre en question les valeurs de notre société…Primé de nombreuses
fois dont le Grand Prix du Festival du film documentaire de Marseille et Meilleur documentaire au Festival International du film de Rio de Janeiro.
28/2. 18:30. Arvor 4/3. 13:30. Arvor
La Schizophrénie et la «vraie» vie Rencontre avec Isabelle Marchand, psychologue clinicienne et Dominique Launat, psychologue au centre hospitalier Guillaume-Régnier. suite à
la projection du 28 février
L’île aux fleurs
(Ilhas das flores)de Jorge Furtado, Brésil, 1989, 13 mn
Jorge Furtado nous raconte en douze minutes la vie d’une tomate, depuis sa production dans la plantation de M. Suzuki, jusqu’à sa chute dans la décharge publique de l’île aux Fleurs, où êtres humains et
cochons se disputent les déchets...
« Ceci n’est pas un film de fiction » prévient Jorge Furtado au début du film. Avec humour et cynisme
mais à l’appui d’un exposé scientifique et sociologique très sérieux, il décompose une à une les étapes
les mécanismes de la mondialisation. Avec de dessins, de photos, d’images filmées des protagonistes
(producteur, consommateurs, propriétaire de la décharge, cochons et enfin les habitants pauvres de l’île)
le film démonte et incrimine les mécanismes de la société de consommation et les injustices engendrées.
Entre documentaire et essai poético-politique, L’île aux fleurs grâce à son écriture cinématographique
très originale s’avère d’une efficacité redoutable. Ours d’argent au festival de Berlin 1990.
27/2. 18:15. Ciné-TNB 2/3. 22:15. Ciné-TNB
Waste Land
de
Lucy Walker, Brésil, 2010, 1h52
Vik Muniz est l’un des artistes brésiliens contemporains internationaux les plus renommés. Issu de la classe
ouvrière de Sao Paolo, il gagne un concours à l’âge de 14 ans et une bourse lui permettant d’étudier
pendant trois ans le dessin dans une académie, le soir après l’école. Depuis, il utilise la photographie
pour immortaliser les images qu’il crée à partir d’une diversité incalculable de matériaux du quotidien :
sucre, détritus, poussière, jouets… et vit aujourd’hui à New York. En 2006, il projette de mener un projet
artistique à Jardim Gramacho, la plus grande décharge du monde, qui se trouve dans la banlieue de Rio.
Il va photographier les « catadores » qui trient nuit et jour les tonnes d’ordures, et reproduire les clichés
en d’immenses formats, avec les déchets. La documentariste Lucy Walker décide de suivre cette expérience originale. Pendant trois ans, elle va filmer Vik Muniz avec Valter, Zumbin ou Irma, des femmes et des
hommes catadores que l’artiste a décidé de faire poser. Accompagné des mélodies du compositeur Moby,
le film conte avec efficacité et émotion cette aventure artistique qui se transforme en aventure humaine.
Prix du public au festival Sundance 2010 et prix Amnesty International des droits de l’homme 2010.
27/2. 18:15. Ciné-TNB 2/3. 22:15. Ciné-TNB
RENCONTRE Du gaspillage aux décharges à ciel ouvert en Bretagne et au Brésil avec Gilles Maréchal,
président de l’association AMAR et Stéphane Lecointre de l’ADEME, le 27/2 à 20h00 suite à la projection
It’s All True
d’Orson Welles, Bill Krohn, Myron Meisel, Richard Wilson, Norman Foster, Etats-Unis / France, 1993, 1:27, Couleur et n&B
En 1941, le Département d’État Américain, souhaitant resserrer les liens avec certains états
d’Amérique du Sud aux amitiés pro-Allemandes trop prononcées, a l’idée de financer quelques
ambassades culturelles chargées de promouvoir l’image des USA auprès des dictateurs locaux. La
RKO choisit Orson Welles, le fils prodigue d’Hollywood, et l’envoie au Mexique puis au Brésil pour
y tourner quelques documentaires dont un sur le Carnaval de Rio
Au départ, le film devait regrouper quatre courtes docufictions dont l’une sur le jazz mais ce projet
a été abandonné. Quelques scènes de la première, My friend Bonito, dont le scénario est signé
Robert Flaherty sont tournées au Mexique par son assistant, Norman Foster. Pour le deuxième,
Welles, arrivé à Rio en plein carnaval, se passionne pour la samba, voix du peuple, partie des bas
quartiers, comme le jazz. Il accumule les images en Technicolor et en noir et blanc. Puis un article
du Time Magazine détourne son attention : il raconte l’aventure de quatre pêcheurs du Nordeste,
ayant parcouru 1 650 miles sur un radeau pour aller clamer leur misère à Rio. Welles s’empare alors
de cette histoire et la tourne. Commencent alors les conflits entre la RKO et Orson Welles, artiste
habitué à détenir le total contrôle artistique sur ses œuvres…
It’s all true raconte cette épopée de Welles au Brésil, à travers une enquête minutieuse et de
nombreux témoignages, et à l’appui des trois films : My friend Bonito, The Story of Samba, et
Four men on a raft, superbe évocation de quatre pauvres pêcheurs du Nordeste sur leur radeau
26/2. 22:30. Arvor, 1/3. 16:00. Arvor
Edificio master d’Eduardo Coutinho,
Brésil, 2002, 1:50
Eduardo Coutinho est l’un des cinéastes documentaristes brésiliens les plus importants de sa
génération. Son œuvre offre un éclairage quasi ethnographique des diverses strates de la société
brésilienne. Il privilégie toujours l’entretien, le dialogue, l’approche des corps et de l’intimité
domestique. Son opérateur, son ingénieur du son et lui-même font partie du dispositif filmique et
peuvent apparaître à l’écran. La parole est au centre du cinéma de Coutinho et, au montage, il
n’hésite jamais à laisser parler le temps.
Dans Edificio Master il intègre pendant trois semaines le quotidien d’un immense immeuble de
Copacabana, à Rio de Janeiro. Ses douze étages abritent trente-sept familles, dont la plupart
appartiennent à la classe moyenne, voire pauvre. Ces habitants, qui ne se connaissent presque pas
alors qu’ils partagent le même toit, vont se dévoiler à la caméra, révélant des portraits aux histoires
et aux aspirations toutes uniques.
Edificio Master est un documentaire sensible et savoureux sur la diversité humaine. Prix du meilleur
documentaire au Festival de La Havane 2003 ainsi qu’au Festival International du film de Sao Paulo.
1/3. 13:45. Arvor, 3/3. 17:45. Arvor
Le bus 174
de
José Padilha & Felipe Lacerda, Brésil, 2002, 1:50
En voix off ou le visage masqué, des enfants des rues parlent de leur existence dans les favelas,
de leur rupture avec leur entourage, de leur lutte à mort pour survivre, de l’enfer de la prison
et de leurs copains tués par la police. Sandro, le preneur d’otages, était un des leurs. Sa mère
est morte poignardée sous ses yeux lorsqu’il était très jeune, son histoire est une succession de
violences marquée par l’impossibilité d’en sortir. Un après-midi de juin 2000, en plein centre
de Rio, il braque les passagers d’un bus avec une arme à feu. Aussitôt, la police arrive sur les
lieux, en même temps que les journalistes qui seront bientôt aussi nombreux que les hommes
en uniforme. La présence des médias, avec le poids des millions de téléspectateurs assistant à
l’événement ne sera pas sans influencer le dénouement du drame:
Comme beaucoup de Brésiliens, le réalisateur a suivi l’événement à la télévision. Il a eu ensuite
accès à plus de 25 heures de rushes dans lesquels il a puisé pour relater la prise d’otages dans
sa chronologie. Pour donner sens à ces images d’une tension extrême, il a interrogé des jeunes
otages sorties indemnes de cette épreuve, ainsi que des gradés de la police. Parallèlement, il
mène une enquête pour reconstituer la vie de Sandro, retrouvant son casier judiciaire et rencontrant les quelques personnes l’ayant connu : des travailleurs sociaux, des membres de sa famille et quelques-uns de ses amis délinquants. Petit à petit se dessine le visage d’une mégapole
en proie à la banalité de l’injustice et de la violence. Un film coup de poing.
27/2. 20:00. Gaumont, 3/3. 18:00. Gaumont
Nos histoires à nous (A alma da gente)d’Helena Solberg et David Meyer, Brésil, 2012, 1:28
avant-premIère
La favela de Maré est réputée pour être une des plus anciennes et des plus dures favelas de Rio.
Quand on parle du quartier de Maré c’est toujours pour sa violence, la guerre des gangs ou la
police, dit Aline mais quand tu y arrives, tu vois tout autre chose, ce sont des bas salaires qui ne
peuvent pas se loger dans les beaux quartiers, ce sont surtout des noirs et des gens du Nord Est.
Mais j’aime bien ce lieu et ces gens, ajoute-t-elle, même si j’aimerais en partir le plus vite possible.
En 2002, le chorégraphe Ivaldo Bertazzo propose à 66 adolescents de la favela de faire partie d’un
spectacle de danse. Aline est parmi les jeunes sélectionnés pour le projet. Pendant une année
avec Jacira, Moreno, Jeane ou Felipe, elle va apprendre à danser. Entre échauffements et mouvements, sueur et fatigue, plaisir et douleur, le film suit les jeunes lors des répétitions au centre
chorégraphique mais aussi dans les rues de la favela où ils se confient à la caméra, parlent de cette
expérience et de leur rêves.
Dix ans plus tard, les réalisateurs, Helena Solberg et David Meyer, ont retrouvé dix jeunes devenus adultes. Leurs rêves ont évolué. Quel a été l’impact de cette expérience sur leur existence et
quelles vies mènent-ils aujourd’hui ?
26/2. 16:00. Arvor, 1/3. 16:00. Gaumont.
TABLE RONDE Les actions socio-éducatives dans les favelas avec Marisa de Souza Bellavoir, professeur de Portugais, Christian Leray, sociolinguiste et Pedro
Rosa, directeur de la Cie Ochossi, modératrice Fanchette Bourblanc de Collectif Brésil. suite à la projection du 26-2
© Cinémathèque de Bretagne
Oscar Niemeyer - Témoins d’Eric Cloué, France, 1982, 0:52
Fla x Flu
de Renato
Terra, Brésil, 2013, 1:25
avant-premIère
Oscar Niemeyer, figure dominante de l’architecture moderne et homme de gauche convaincu,
a donné au Brésil et au monde, des ouvrages d’une invention formelle éclatante.
En 1982, Eric Cloué réalise pour l’excellente série de documentaires de la télévision publique
Témoins, un portrait de l’architecte. Niemeyer évoque d’abord son enfance, ses premières
constructions à Belo Horizonte et son matériau préféré, le béton « Ce n’est pas l’angle droit
qui m’attire, ni la ligne droite, dure, inflexible, créée par l’homme. Ce qui m’attire, c’est
la courbe libre et sensuelle, la courbe que je rencontre dans les montagnes de mon pays,
dans le cours sinueux de ses fleuves, dans la vague de la mer, dans le corps de la femme
préférée. Puis il retourne sur les lieux de ses réalisations. D’abord à Brasilia, où il raconte
comment il a conçu la future capitale que lui commanda le président Kubitschek. Puis à Rio,
sa ville natale Plus que la beauté et le charme de Rio, dit-il le plus important ici, c’est qu’il
y ait encore de la misère, des pauvres et des favelas….Les habitants des favelas doivent
rester sur place et lutter pour obtenir la propriété de la terre. Pour Niemeyer, sans liberté,
il n’y a pas de culture et en 1964, alors que s’instaure la dictature au Brésil, il quitte son pays. Il
s’exile en Europe et y réalise plusieurs édifices. .A la fin du film, l’homme a pu rentrer au Brésil
et l’architecte est au sommet de son art. Il a 75 ans. Dans son bureau surplombant la plage de
Copacabana, il lui reste des centaines de projets à imaginer et trente ans à vivre.»
L’architecture c’est la rencontre de la liberté, de la poésie et de la technique conclut-il Il ne
faut pas perdre l’idée que tout ce qui crée la beauté a une fonction.»
Brasilia
Précédé par
extrait du film Amérique du Sud de pierre et Annick Logeais (1960
environ, 4’, 16 mm, muet) - Cinémathèque de Bretagne
Dôme Niemeyer de la série Rotation réalisée à Tripoli de Marcel Dinahet (2013, 3’, HD)
Séance unique 22/2. 17:00. FRAC suivie d’une Rencontre avec Nathalie Vitcoq de la
Maison de l’Architecture de Bretagne, Marcel Dinahet, vidéaste, et Jean-François Delsaut,
chargé de collecte et la valorisation à la Cinémathèque de Bretagne
Le célèbre stade du Maracana plein à craquer, les supporters en communion avec ce Dieu du
football qui lui seul peut décider du sort d’un match… Entrecoupé d’interviews de Zico, Assis,
Junior, Romario et leurs fans, Fla x Flu nous embarque dans l’une des plus sympathiques rivalités-passions du monde du football, qui unit deux clubs de Rio de Janeiro : Flamengo et
Fluminense. Le film alterne des extraits des plus grands matchs et des témoignages passionnés, où
se mêlent provocation, humour et émotion. Plus qu’un film sur le football, il s’agit d’un film sur la
passion, adressé aux supporters du monde entier.
Séance unique 4/3. 13 :30. Gaumont
Rencontre avec le Professeur Biao, traducteur de Pelé et Eric Gouzannet, directeur de Travelling
Gabriel Mascaro
Gabriel Mascaro (né en 1983) vit et travaille à Recife (Brésil). Diplômé en communication sociale à l’université de Pernambuco, il navigue entre cinéma et arts visuels et s’est toujours beaucoup intéressé à l’espace urbain. Deux de ses films documentaires s’y consacrent (Une place au soleil ou
Defiant Brasilia). Ses œuvres se situent entre le documentaire, la fiction, l’art vidéo expérimental et l’installation. Il a fondé un collectif de jeunes
cinéastes indépendants basé dans le Pernambouc, Simio Filmes. Proche de l’expérimentation documentaire, leur caméra arpente des endroits
encore peu explorés du Brésil.
Domestica (Housemaids)Brésil, 2012, 1:25
avant-premIère
Elles s’occupent des tâches ménagères, font la cuisine et élèvent en partie des enfants depuis leur plus
jeune âge. Elles habitent une petite chambre au sein de la maison.
Elles, ce sont sept femmes de ménage, au service de riches familles brésiliennes depuis de nombreuses
années. Le documentariste Gabriel Mascaro a eu l’idée singulière de ne pas s’immiscer lui-même dans
l’intimité de ces travailleuses, mais de demander aux adolescents de ces familles de filmer eux-mêmes
leurs femmes de ménage durant une semaine. Sept adolescents ont accepté de filmer durant une
semaine leur employée de maison.
Entre travail répétitif et solitaire, confidences sur leurs mariages et leurs relations avec leurs enfants
ou retours sur leur jeunesse, entre moments légers et introspections dramatiques, le quotidien de ces
femmes s’incarne alors à l’écran avec une sensibilité et une précision nouvelles, peignant un portrait
saisissant du fonctionnement politique de la société brésilienne d’aujourd’hui. Mais Domestica est aussi
un regard étrange sur un phénomène qui marque aujourd’hui encore la société brésilienne, comme un
écho à l’époque coloniale. Un film Primé à Amsterdam, Buenos Aires, Montréal et Zurich.
28/2. 16:30. Arvor, 3/3. 18:15. Gaumont
Une place au soleil (Um lugar ao sol)
Brésil, 2009, 1:11
À Rio de Janeiro, une certaine élite peut s’offrir le luxe d’habiter dans des « coberturas », ou « penthouses », ces grands appartements situés au dernier étage de hautes tours, avec jardin et piscine.
Surplombant la ville, la mer et toute la société, elle ne voit plus le monde que de loin ou de haut, à
plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol. Le film monte à la rencontre de neuf de ces foyers.
Femmes et hommes, en couple, seul ou en famille, c’est un véritable échantillon d’une ancienne et
nouvelle bourgeoisie brésilienne qui se dessine ici. Gabriel Mascaro, dont c’est le second film nous
révèle ci-joint comment le sujet a imposé une écriture filmique précise.
27/2. 18:15. Arvor 3/3. 20:00. Arvor
AU BRÉSIL : CHAMP ET CONTRE-CHAMP DE LA SÉGRÉGATION Rencontre suite à la projection du
3 mars. Entre le «narcissisme des petites différences» freudien et la prophétie lacanienne sur la montée
du racisme, le film de Gabriel Mascaro est une formidable illustration de ce à quoi peut mener la peur
de l’autre. Avec Laetitia Belle, Jeanne Joucla, Cécile Wojnarowski, psychanalystes membres de l’ACF-VLB.
Au sujet d’Une place au soleil
Au Brésil il existe un motif singulier de l’architecture, certains spécialistes l’appellent l’architecture de la peur ou l’architecture de
l’horreur, car cette architecture représente bien l’horreur de la société brésilienne. Les coberturas sont des lieux ou les riches aiment
vivre car c’est un symbole de leur statut, de leur pouvoir. Il m’a été très difficile d’avoir accès à ces habitants.
Avec les gens riches, vous n’avez pas le temps pour faire des interviews. J’avais seulement une heure ou deux. Et j’étais aussi
contraint par tout ce que je n’avais pas le droit de filmer. Je ne pouvais pas bouger, la caméra était vissée sur son pied et ce cadre
fixe durant les interviews est devenu une sorte d’affirmation politique : je ne pouvais travailler qu’avec la parole, seulement avec
ce qu’ils allaient me dire. Je trouve très intéressant dans le film le contraste entre les images d’interviews et les images d’extérieurs
que j’ai réalisées pour exposer les sensations personnelles que j’éprouve vis à vis de cette classe, de ces gens, de cette manière
de penser à propos de ce sujet. Mon seul espace de subjectivité est donné par ces images, par le son, par le contraste créé avec
l’interview.
Ce film est important pour le cinéma brésilien afin de commencer une nouvelle époque qui va permettre de réfléchir à la manière
de penser des gens riches et des personnes de classe moyenne. On découvre une nouvelle manière d’appréhender les inégalités
du Brésil, la violence, l’insécurité, dès lors que vous comprenez ce que les riches pensent de ce pays. ».
Gabriel Mascaro
GUSTAVO BECK
Originaire de São Paulo, Gustavo Beck réalise et produit des documentaires, après avoir suivi des études de cinéma et télévision entre Cuba et
Rio de Janeiro. Né en 1982, il a fondé en 2008, la société de production If You Hold A Stone. O Arquipelago (2014), O Inverno de Željka (2012),
Chantal Akerman, de CA (2010), A Casa de Sandro (2009), Ismar (2007) : ces films constituent souvent des portraits de personnages spécifiques,
24 des artistes (peintre, poète, réalisateur...) dans lesquels il mêle des techniques diverses pour cerner au plus près son sujet.
Gustavo Beck est aussi programmeur au Curitiba Festival International du Film.
Ismar
Brésil, 2007, 0:12
Ismar allie les images d’archives d’un jeu télévisé auquel participe avec enthousiasme et naïveté un
adolescent et celles, tournées des années plus tard, qui le suivent dans son parcours identitaire.
Portrait d’une quête identitaire subtilement mise en images et formidable pamphlet sur le rôle de la
télévision.
28/2. 16:30. Arvor 3/3. 18:15. Gaumont
Rencontre avec Gustavo Beck suite à la projection du 28/2
A casa de sandro
avant-premIère
Brésil / Danemark / Croatie, 2012, 0:20
Le film présente une connection rigoureuse entre des éléments audio et visuels et établit un univers minimaliste dans lequel les éléments picturaux et filmiques interagissent. Le cinéaste révèle
successivement les différences de style entre lui-même et les gestes du peintre. (Ismail Xavier).
27/2. 20:00. Arvor
Rencontre avec Gustavo Beck suite à la projection
O Inverno de Zeljka
Gustavo Beck, Brésil / Danemark / Croatie, 2012, 0:20
Un voyage en train muet et en noir et blanc à travers des paysages d’hiver d’Europe de l’Est qui emmène
un homme jusqu’à un village croate. Une arrivée dans la tradition cinématographique de l’avant-garde des
années 20, comprenant le chemin de fer et la modernité industrielle comme un motif graphique favori, qui
le ramène à un marché aux poissons jusqu’au domicile d’une petite famille...
27/2. 20:00. Arvor
Rencontre avec Gustavo Beck suite à la projection
Chantal Akerman
coréalisé avec
Leonardo Luiz Ferreira, Brésil, 2010, 1:02,
Dans cet entretien filmé en plan séquence, sans coupure ni dissimulation, Chantal Akerman évoque son travail et sa méthode, ses influences mais aussi son échec à faire des films plus commerciaux. Si les réalisateurs
ne parviennent pas toujours à satisfaire leur curiosité, ils révèlent toute la particularité de la cinéaste belge
avec humour.
28/2. 18:15. Arvor 3/3.
20:00. Arvor
Rencontre avec Gustavo Beck suite à la projection du 28/2
Inventé par la post nouvelle vague, l’exercice est connu : cadrer un cinéaste, le faire parler de son parcours, évoquer ses admirations, farfouiller
dans ses méthodes, ajouter des mots à des silences, des images dites à des images vues. C’est toujours fort instructif.
Ici aussi. Chantal Akerman, de passage en Amérique du Sud, se raconte en une heure, et c’est passionnant. Ne serait-ce, quelques rares minutes,
que son rappel du rapport du cinéma au temps. Élémentaire, décisif, d’actualité. Ses mots, chacun, choix des adjectifs, tempo des poses, accent
français dans l’anglais, comptent.
Mais Gustavo Beck se ligote délibérément les mains et rajoute un handicap à la course, il a choisi de faire, un peu, à la manière de. Cadre fixe,
plan séquence, cadrage construit derrière porte, etc. Résultat ? Hommage très élégant sous forme de comédie en un acte avec personnage
unique. Du coup, moins prégnantes en définitive les révélations professionnellement confessées, importe davantage le cinéma. C’est-à-dire, on
s’en réjouit, le visible : une scène de genre : Akerman en entretien – ou Akerman à l’hôtel. Sa manière de s’asseoir en croisant les jambes, de rajouter un coussin sur son siège, de prendre un, puis deux verres (un droit, un ballon) pour se servir de l’eau, sa liberté d’enfreindre l’interdiction de
fumer dans un lieu public, etc. Comme si voir un corps dialoguer avec les complications du quotidien ajoutait à la compréhension de sa production.
Comme si ? Non, c’est vrai. Voyez.
Jean-Pierre Rehm
Tropicalia
de Marcelo
Machado, Brésil / Etats-Unis / Royaume-Uni, 2012, 1:27
Le tropicalisme fut la révolution musicale et culturelle du Brésil de la fin des années 60. Une période
charnière pour ce pays alors en proie à une politique de repli, tandis que sa jeunesse ne rêvait qu’à
une seule chose : exploser les frontières et explorer le monde.
C’était en 1967, au festival de Saõ Paulo où Caetano Veloso chanta « Alegria Alegria » et Gilberto
Gil, « Dimanche au parc », deux chansons dont le ton contaminèrent très rapidement la jeune scène
locale, musiciens, cinéastes, plasticiens, écrivains.
Opposés au discours politique de l’intelligentsia de gauche et à l’académisme officiel en vigueur,
poètes et paroliers se voulaient les héritiers de la poésie concrète tout en se réclamant du primitivisme « anthropologique » d’Oswald de Andrade. Ils prônaient le fragmentaire, l’allégorique, le
quotidien, le corps, l’érotisme, l’humour et la fête en revendiquant le droit à la marginalité.
1968 est l’année clé d’un mouvement qui ne durera pas il connut une rupture rapide, avec l’emprisonnement et l’exil temporaire de ses deux figures principales : Caetano Veloso et Gilberto Gil. Le
tropicalisme contamina également le cinéma (Glauber Raucha en tête) et les autres arts.
Dans un montage exubérant et touffu, mêlant images d’archives et entretiens contemporains de
Caetano Veloso, Gilberto Gil, Tom Zé, entre autres, ce documentaire fait revivre avec intensité
toute l’inventivité et la portée éminemment politique du tropicalisme.
27/2. 20:00. Tambour, 28/2.
18:00. Gaumont
avant-premIère
The Music According to Antonio Carlos Jobim
de Nelson
Pereira dos sSntos et Dora Jobin Brésil, 2012, 1:24
L’univers extraordinaire de la musique d’Antonio Carlos Jobim ne peut être capturé en mots…
C’est de cette idée, et avec leurs sensibilités respectives, que Nelson Pereira dos Santos et Dora
Jobim ont voulu relever le défi de rendre hommage à l’extraordinaire musique de Antonio Carlos
Jobim. Figure incontournable de la musique brésilienne depuis cinquante ans, il est celui qui fit
découvrir la Bossa nova au monde entier, avec « The Girl from Ipanema ». La musique selon Antonio Carlos Jobim propose d’innombrables interprétations de ses compositions, d’Ella Fitzgerald,
Sarah Vaughan, Henri Salvador, Chico Buarque et bien d’autres, sous la forme d’une “rhapsodie
cinématographique”.
Le film regorge d’archives rares et de moments uniques comme le duo de Tom Jobin avec Elis
Regina ou Frank Sinatra. Une expérience sensorielle à travers une narration poétique et emplie
d’émotions, entièrement dédiée à l’écoute d’Antonio Carlos Jobim…
2/3. 21:00. Liberté.
avant-premIère
Corumbiara
de Vincent
Carelli, Brésil, 2009, 1:57
En 1985, l’Indien Marcelo Santos dénonce publiquement un massacre à Corumbiara, dans l’État de Rondonia (Brésil, près de la frontière avec la Bolivie). Vingt
quatre ans plus tard, l’anthropologue et cinéaste Vincent Carelli accompagne
Marcelo sur le terrain à la recherche des indices et de survivants.
Dans cette enquête anthropologique, tournée comme un véritable film d’investigation, Vincent Carelli filme des rencontres incroyables comme celles de
leur petite équipe et ses chercheurs avec les derniers Indiens du peuple Canoé.
Presque plus personne ne parle leur langue, la conquête des terrains en Amazonie ayant entraîné la déforestation et la disparition de peuples et de cultures
millénaires, en dépit d’une trop fragile politique pour protéger les hommes face
à l’exploitation économique de la forêt tropicale. Avec un mélange d’images
d’archives sur plus de 20 ans et de témoignages contemporains, le film dénonce
les problèmes graves qui menacent la survie de peuples autochtones, la disparition de certaines cultures, et leurs conséquences sur l’environnement. Vincent Carelli a fondé « Video nas Aldeias », situé dans la ville de Olinda au
Brésil. Cette association travaille avec les communautés indigènes afin de leur
apporter une formation dans le domaine de la production vidéo, l’accès à du
matériel de réalisation, de Cinémathèque de Bretagne l’aide à la post-production ainsi qu’une distribution internationale des films réalisés. Plus de 70 films venant
de 15 peuples indigènes du Brésil ont été réalisés et diffusés. Primé au Festival de Gramado, de Sao Paulo et au Cinéma du réel de Paris.
Séance unique 2/3. 18:15. Gaumont
Oyapock
de Maël Cabaret, France, 2012, 0:52
Au cœur de l'Amazonie vivent deux villes frontalières séparées par un fleuve : l'Oyapock.
D'un côté le Brésil, de l'autre la Guyane. Prochainement, un pont reliera les deux pays.
Seulement, les habitants restent sceptiques quant aux conséquences de ce projet, bien
conscients qu'il représente pour eux l'annonce d'une profonde mutation.
Un premier film très prometteur du réalisateur rennais Maël Cabaret.
Séance unique 1/3. 18:30. Gaumont
La lutte n’est pas pour tous
de Guillaume
avant-premIère
Kozakiewiez, France, 2012, 85 mn
Naiara, une adolescente de 16 ans, contemple un champ de ruines qui fut un campement rempli d’espoir, et qui a été détruit par le gouvernement. Ce lieu était le
symbole d’une lutte pour l’émancipation des paysans sans terre du Brésil. Il fut aussi
l’école où Naiara comprit qu’une autre voie était possible. C’est ici qu’elle est tombé
amoureuse d’une cause révolutionnaire promettant la possibilité d’une vie digne.
Armée de sa volonté et de son innocence, Naiara entre en lutte. Le film accompagne
cette jeune militante jusqu’à ses 18 ans...
En choisissant de filmer Naiara sur une période longue, Guillaume Kozakiewiez, nous fait vivre
au quotidien un parcours politique initiatique semé d’embûches, qui consiste à gagner sa
liberté tout en perdant son innocence.
La Lutte n’est pas pour tous est l’histoire d’une jeune brésilienne à l’aube du XXIème siècle,
mais aussi un récit intemporel et universel, sur ce qui conduit chacun à quitter le
monde de l’enfance pour celui des adultes.
Séance unique 26/2. 20:00. Ciné-TNB RENCONTRE avec Guillaume Kozakiewiez et le producteur Gilles Padovani de Mille et une
films suite à la projection
les yeux de Bacuri
de Maria
de Meideiros, Brésil, 2012,1:35
avant-première
Les Yeux de Bacuri est un documentaire sur la famille du guérillero Eduardo Leite,
autrement appelé « Bacuri », mort en 1970 sous la torture de la dictature militaire
brésilienne. On y découvre les récits de Denise, sa compagne qui a réussi à fuir au
Chili alors qu’elle était enceinte de leur fille, d’ Encarnaciòn, sa mère, résistante et
auteur d’un passionnant journal et d’ Eduarda, la fille de Denise et Eduardo qui elle,
européenne, découvre alors le Brésil. Nommée artiste pour la Paix de l’Unesco en
2007, l’actrice et réalisatrice Maria de Medeiros qui a été primée dans des festivals
internationaux de cinéma pour son précédent film Capitaines d’Avril nous livre ici son
premier film documentaire.
Séance unique 1/3. 14:00. Ciné-TNB
RENCONTRE avec Maria de Meideiros suite à la projection
Tous les autres films, concerts, ciné-concerts,
rencontres, rendez-vous, Junior, expositions,
spectacles.... sur www.clairobscur.info
Merci à Anna Glogowski, Amir Labaki,
Laure Boniface, Fanchette Bourblanc, Catherine Kenler, David Duchemin, Gilles Maréchal, Frank Beyer, Denis Vincendeau
Anne Michenaud, Laëtitia Bénéat et Elodie Boin Zanchi
: