Ce que je vois de ma fenêtre O que eu vejo da
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Ce que je vois de ma fenêtre O que eu vejo da
Coordination Jean Foucault et Gloria Kirinus Ce que je vois de ma fenêtre O que eu vejo da minha janela Photo de couverture Un comédien à la fenêtre durant le spectacle O homem do banco branco e a amoreira/ L’homme du banc blanc et le mûrier, très beau spectacle pour enfants vu à Curitiba en septembre 2012. La représentation du mûrier est à peine visible ici, mais il est très attirant J’appelle le mûrier « l’arbre à mûres » car au Brésil c’est un arbre véritable et non un arbuste comme en France. Que les poètes n’oublient pas que c’est l’arbre qui permet de nourrir le ver à soie. Première leçon de langue vivante : l’amoureuse se dit namorada (et vice-versa). Pièce de Talita Neves e Moira Albuquerque. Nous avons assisté à une représentation de cette belle pièce au teatro da Esquina/ Théâtre du coin de la rue (SESC), à Curitiba. A Fotografia da capa do livro Um comediante na janela durante o espectáculo : « o homem branco e a amoreira » espectáculo para crianças muito lindo que vimos em Curitiba em setembro 2012. A representação da amoreira é pouco visivel nesta imagem mais ela é muito linda. Eu chamo a amoreira a árvore de amoras porqué aquí no Brasil a amoreira é uma arvore e não só um arbusto como na França. Os poetas não devem esquecer que é esta árvore que nutre o bicho da seda. Primeira lição de lingua viva : a namorada se diz amoureuse (e vice versa) Peça de teatro de Talita Neves e Moira Albuquerque. Assistimos uma representação dessa bonita peça no teatro da Esquina ( SESC) em Curitiba. Contact, contacto : [email protected] Présentation Voici un recueil de textes produits suite à l’appel à écriture lancé par Jean Foucault et Gloria Kirinus auprès des poètes de France, de Navarre et du Brésil (plus particulièrement du Paraná). Nous avons proposé cette démarche début septembre 2012. En décembre 2012 nous sommes heureux de faire connaître la sélection qui en a résulté. Nous n’avons pas eu la possibilité pour l’instant de faire les traductions dans les deux sens : les textes sont donc soit en français, soit en portugais, selon la langue dans laquelle ils nous sont parvenus. Vu de ma fenêtre, O que eu vejo da minha janela se révèle un très riche déclencheur, comme on pourra le constater. Certains textes ont été écrits pour la circonstance, d’autre existaient déjà. Merci à tous. Et à une prochaine proposition sans doute ! En tout cas n’hésitez pas à nous envoyer d’autres écrits sur la fenêtre car la Maison nomade de poésie en Picardie réalise chaque année en décembre une opération « Poètes aux fenêtres » et une anthologie permanente pourrait alimenter des lectures à haute voix durant cette période. Si nous en faisions usage dans ce cadre nous vous tiendrons bien sûr informés. Nous pensons que les poèmes doivent circuler. Les projets culturels autour de la poésie en sont l’occasion. Nous associons Victor Hugo à cette opération avec un clin d’oeil à une belle fenêtre qui évoque les choses entendues plus que les choses vues. Une fenêtre ouverte qui permet d’entendre la vie de la rue, du port, du monde qui nous entoure. Et qui montre qui oui vraiment les poètes écrivent toujours « de leur vivant ». Les poètes de langue française + une poétesse Italienne Les coquelicots La cohue sanguine des coquelicots avale l’herbe verte. Le printemps reparait coiffé de son bonnet rouge. La belle à sa fenêtre reste maussade : son bonheur est captif des marchands. La mouche du bourreau pond des billets verts, mais qu’importe la couleur : le jardin du désert se gorge de fripouilles. Avril-mai-juin de chômage : un sein gros de tiédeur vendra-t-il son reflet ? La cohue rouge des bonnets phrygiens par malheur s’agenouille dans la boue du désastre. Daté du 14 juillet. Patrick Werstinck Une image d’œil de bœuf occulté Vous ne pouvez pas rire dans votre petit théâtre, à vous rencontrer vous-même comme une image. Elle ferme les yeux, elle devine d’autres réalités. C’est toujours ainsi, grave petite âme, vous vous imaginez attente et éclat, éclatement, rassemblement d’atomes, œcuménisme des matières où s’égoutte la contemplation de vos jours, vos échanges biologiques, vos minutes, vos secondes. Percevez-vous vos (les) riches heures de ce 27 septembre 2012 ? Patrick Werstinck Par delà l’océan En ma mémoire, à ma fenêtre, une hirondelle volète, saute aux pas secrets de ses desseins. Vers l’Afrique, dit-on, chaque automne l’emporte. A-t-elle un jour conçu l’audace, oh ! combien folle ! de traverser vers le Brésil tout l’océan ? Elle est partie de Picardie, cette hirondelle audacieuse, emplumée d’encre noire fleurie d’un nénuphar-lotus. Désormais elle vole au cœur de la cité dite Curibita, et de leur janela les habitants la voient de ses ailes bleutées danser une salsa inattendue, insoupçonnée, allegreto ! Normande d’origine, vivant en Ile de France et peu sortie de l’hexagone, j’apprécie de pouvoir me baigner dans d’autres eaux , de contempler les gens, le monde par des fenêtres ouvertes sous d’autres cieux. Agnès Gueuret Une baie sur la baie Depuis un an des banquiers disparaissent. À ce rythme-là, tout le système bancaire risque de s’effondrer. Des extraterrestres feraient des prélèvements en prévision d’une mondialisation galopante. Ils seraient inquiets. Il faut se mettre à leur place. Au coin de la rue un type tend la main chaque fois que quelqu’un passe. Il s’agirait d’un banquier incognito. Un rêveur. Il collecterait des fonds pour un paradis fiscal – un endroit avec une baie vitrée donnant sur une baie privatisée à l’infini. Claude Held Les Tertres, le 27 août 2012 10 De ma fenêtre De ma fenêtre ce samedi matin, au cœur de la ville, en ouvrant mes volets, j’ai aperçu un drôle d’habitant dans l’école d’en face. Un lapin qui s’en donnait à cœur joie et batifolait entre les massifs de fleurs aux couleurs chatoyantes. Je le soupçonne d’avoir fait une longue halte durant la nuit dans le potager des enfants. Pas si bête ! Le week-end, il ne risquait pas d’être dérangé. A lui, salades, carottes , radis et autres gourmandises. Et pour ça, pas besoin de savoir lire les petites pancartes plantées dans les sillons, il lui suffit de goûter tranquillement à tous ces mets de roi. Au loin dans le goulet, un méthanier quitte la rade de Brest sous un ciel en demi-teintes dans une indifférence totale. Il a pourtant actionné sa corne de brume. Chacun mène son petit bonhomme de chemin sans prendre le temps de regarder, d’écouter, de sentir ce qui se passe : la fraîcheur de l’air, cet homme qui crie dans la rue, ces goélands qui se disputent sur les toits. Faut -il être un peu poète pour s’attarder sur ces choses-là ? Chantal Couliou, Brest, le 27 août 2012 11 Vu d’ici J’habite le passé. Ma fenêtre donne sur une carte postale, maisons à colombages, couleurs vives altérées par le temps. Vit-on ici ? Mystère ! On passe, on trépasse. L’horloge semble-t-il s’est arrêtée à l’heure du Conquérant* ! L’Abbaye nous rappelle à sa présence. Je suis dans le périmètre protégé ! Attention ! Ne pas déranger ! Les murs ont des oreilles ! Soyez prudents ! Par grand vent, les poules ont des dents ! *Guillaume le Conquérant Beaumont-en-Auge, Calvados, France Dan Bouchery 12 Réseve De la fenêtre je parcours le paysage de ton sommeil Au clair-obscur un cœur à poings fermés La persienne tamise un horizon d’île nue De la fenêtre ma rêverie dérive jusqu’à tes rêves un sillage veut débarquer un rayon caresser ton écorce une rosée rafraîchir ta mémoire nue De la fenêtre s’éveillent toutes mes persévérances entre hier et demain une espérance hésite à te bercer la persienne en vigie sur ton sommeil pied nu Daniel Maximin 13 Dans ce grand silence de fin de nuit, l’aube est encore loin. Aucun signe n’éclaire à l’est au-dessus du lampadaire. Je m’installe. Sur la terrasse. Cahier. Stylo. Coq. Là-bas. Du côté des cyprès. Sombres torches immobiles dans la nuit. Grillons d’août. Déjà moins sonores que ceux de juillet. Rumeur de pénétrante à gauche. Vers l’Ouest. Juste une rumeur. Cela suffit. Juste un rappel : d’autres hommes vivent alentour. Se déplacent. Vont quelque part. Moi, je suis assis à la table du balcon. Le regard oscillant du cahier au paysage noir. Troué de réverbères. Cabris. Grasse. Et mon lampadaire, fidèle Mon lampadaire qui nuit après nuit me surveille. M’éclaire. Qui a les moyens de me faire écrire ! Sans lui je regarderai au-delà des étoiles. Là je dois les chercher par l’écriture, les allumer à ses encres Face à moi. A mi-pente. La balafre de la Maison d’arrêt. A chaque fois que je lève les yeux vers elle, je revois les couloirs, les portes, les visages d’alors Les claquements de serrures électroniques. Patrick Joquel 14 Ce matin, à gauche de la prison, un feu. Il n’était pas là hier soir. Je l’aurai vu. Orange dans la nuit. Ira-t-il se frotter au mur d’enceinte ? L’aube. Le ciel devient bleu. A l’est. Tendre comme une Beau silence du début du jour prêt à recevoir toutes les empreintes du vivant. La fumée du feu devient visible. Panache noir sur fond de ciel bleu nuit. La lumière avance vite à présent. La planète tourne sur elle-même à belle vitesse. Chaque matin me le rappelle. Le temps. L’écriture. Un matin qui en suit tant d’autres. A Mouans-Sartoux le cri du coq trace la rumeur des moteurs. A Mbodiène son chant traverse celui des pilons. Même aube et même animal. Les bruits des hommes diffèrent. Leurs vies aussi. Cependant au réveil nos gestes sont identiques. Regarder le ciel. Uriner. Boire et manger. Quelques milliers d’années que cela dure et que les vaches nous ruminent sagement. En ville les feux rouges nous regardent avec la même placidité tandis que nous écoutons sur notre autoradio un chroniqueur parler des coqs Elyséens. Patrick Joquel 15 La vitre dévide le film de pays anonymes. Des gens vivent à l’intérieur de périmètres définis par leurs propres parcours. Clos comme les paupières d’un mort, des volets cachent des intérieurs autrefois festifs, plongés en coma artificiel. À d’autres fenêtres, des femmes en fichu, font le ménage à fond. Dans un jardin public, une statue rit des impertinences d’enfants irrévérencieux. Des immeubles, au désespoir de l’architecture, abritent des ouvriers en sursis, proies des boursicoteurs. Entre les bourgs, la terre à nu. Qui nous nourrit jusqu’à son refus final devant notre incurie. Des bosquets subsistent. On y range le gibier que des chasseurs fusilleront à l’ouverture. Un cimetière passe, où restent à quai d’anciens vivants. Sur un ruban d’asphalte parallèle, des voitures se courent après, tels des gamins jouant à chat. Mario Urbanet TGV Grenoble Paris, le 28 juin 2012 16 Hola tous, voici : De ma fenêtre-janela, je vois la mare de Plouy Saint-Lucien et oh, surprise, ce matin, une fleur ouverte de nénuphar-lotus. Elle est rose. Le couple de canards se tient tout près, comme pour poser. En cette fin d’été, de ma janela, je vois les hirondelles en grand nombre : je regarde leurs ailes bleutées et imperméables quand elles font plouf dans l’eau. Je tremble d’en voir une se noyer, mais non, c’est leur façon d’être, plouf. Grâce à elles, nous n’avons pas de moustiques en vivant si près d’une mare en Picardie. Comment sont les mares de Curitiba ? Y a-t-il des hirondelles de janelles ? J’aime le mot janela, la douceur du j, et la langueur du ela, à la fin... Là Jean veut que l’on pense à lui, me dis-je, dans le mot janela il y a Jean. isabel Asúnsolo 17 de ma fenêtre-janela à Plouy saint-Lucien à l’instant le jour se lève, la première mésange bleue vient d’arriver sur le filet de graines. Elle n’est pas encore bleue le jour n’est pas encore bleu mais moi je suis là, elle est là, et le monde tourne rond. isabel à tous 27 11 12 18 FENÊTRE SUR COU Un rectangle noir, à guillotine, scellé dans le mur — de mains de maître. Une géométrie suspendue au dix-neuvième étage, par des fils d’araignée dont le réseau serré tapisse l’immeuble d’une soie d’argent gluante. Une déchirure de la paroi, à la mesure de l’effroi qui ouvre grand les lèvres de celle qui regarde par-dessus son balcon, en combinaison ajourée. Un écran qui s’enfonce dans un écran plus petit, spectral, d’où émerge le corps un peu transparent d’un enfant de jadis. Une issue vertigineuse qui ne laisse pas voir la tête. Il s’est crevé les yeux, pour fixer au néant sa fenêtre intérieure. Son cou sert de joint d’étanchéité. Tristan Felix Paris, le 27 septembre 2012, 15h14 19 De ma fenêtre j’ai vu étonnement une biche suivie de un non deux et non trois faons qui traversaient la rue Rêve bucolique j’étais sous le charme une beauté animale s’exprimait dans leurs mouvements Quelqu’un derrière moi dit « Ce sont eux qui mangent mes rosiers » Un autre enchaîne « Ils viennent près de nos maisons ils nous empêchent même de passer » Un troisième continue « Quand ils sont trop nombreux le maire appelle les chasseurs » Depuis longtemps l’homme investit les lieux de vie des animaux 20 en tous lieux il envahit leur habitat puis il dénonce leur présence restreignant leur lieu de vie Gilbert Desmée Westlake, USA août 2012 21 Fenêtre sur le monde L’infini commence derrière ma fenêtre. J’en vois une infime partie, un fragment composé de quelques branches qui frissonnent au vent sur fond de ciel de traîne où les oiseaux font leur travail d’oiseaux et le soleil sa fantasque partie de saute-mouton. La fenêtre est un cadre où la lumière s’engouffre. Pas un tableau statique mais un commencement. La naissance du monde. Ici n’est qu’un des points sur la ligne de fuite, toujours démultipliée. De ma fenêtre je vois le poème s’inscrire en grand et assez haut pour être vu de tous à des milles à la ronde. C’est un poème universel que chacun peut lire depuis sa fenêtre, pour peu d’en laisser germer librement les mots dans le corps monde des vivants. Alain Helissen Sarrebourg, le 27 août 2012. 22 Fenêtre de Nathalie Riera 23 Petite, «mords» (à nos vains temps / de quel feu naître ?) Carcasse au bord du gouffre, un coup d’épaule et : PLOUF ! Epave à bout de souffle / elle rouille ou dérouille ! Tu meurs ; finie l’esbroufe – à petit, feu ! – la trouille est palpable / t’étouffe et le crié, le tu, et le cuit et le cru… Ça craque aux commissures : dents cariées – Déchausse, hure ! Oh, ces douleurs absurdes et tes leurres, pas doux ; Tous les maux que sues, sûr ; lézardes z’ et fissures… Où se pendre : à Cordou ? Où s’éprendre, en corps fou ? Qui maudire, ô nouille, orque ? Qu’art casse à Caracas, empavé chez Godard / ne pouvant pas t’enfuir, 24 tu fuis donc de partout, et ta «petite mort» n’est que petite bière : Honte – à bas ! On t’abat / au cul, la tabatière… Quand on fuit de partout, y a plus d’exil possible, en Suisse, à Katmandou… ni paradis fiscaux, à Cuba ou Bakou ! On FUIT, hein ? Point. C’est tout. Jean-Marc Couvé 25 Ma fenêtre de voyage Dans mon portefeuille, je garde, pliée en quatre, une fenêtre. Une fenêtre de voyage. Quand je suis ailleurs, je la sors et l’accroche sur le papier peint de la chambre d’hôtel, le mur de la chambre d’ami ou de la salle d’attente. Elle donne sur ce qui m’a fait lever la tête devant mes fenêtres perdues. Arbres qui persistent, façades de pierre, toits de tôle. Des mouettes y passent sur des vagues, toutes sortes de chats la traversent. Un couple enlacé s’arrête dessous, puis un autre qui se déchire avec des mots, le même peut-être. Et je collectionne ces centaines de rectangles de ciel qu’elle découpe dans les bleus, les gris, tant d’orages ou de nuits. Constantin Kaïteris Montreuil Sous-Bois et partout ailleurs, le 12 octobre 2012 26 Ils sont tous de l’autre côté de la fenêtre à me regarder écrire. Cela se fait chaque été et à la même place et avec la même lumière, celle qui glisse sur mon clavier et me donne le sourire. De petits rouges gorges viennent picorer la vitre pour me dire qu’il est temps que j’arrête. A la tombée du jour ce sont les engoulevents qui viennent se fracasser le crane dans leur hâte de venir boire à ma lampe. Il m’est pénible d’accepter leur sacrifice. Je sais que les prunes les attirent. Elles sont veloutées et presque transparentes, chaque jour davantage gorgée de soleil. Je les ai connu fleurs comme abandonnée sur le rameau, puis semblables à de petites feuilles se cachant modestement. Et maintenant elles en sont là. C’est un merveilleux privilège que d’ouvrir la fenêtre et d’avoir des gorgées de sucre et de miel. Et je suis presque certain : chaque année cela recommence. Michel Cosem (Le Fenoul/ Quercy/Lot) 27 La fenêtre de la paix J’ai vu de mes yeux vu Dans une seule fenêtre ouverte Et bien ouverte et bien sonore : La mosquée de Curitiba Et des Indiens à plumes Qui chantent et dansent ! Les Dieux qui se croient uniques et ceux qui se suffisent polythéistes Ceux qui croient au ciel Et ceux à qui suffit la terre Tous tous les dieux Partageant un instant Le chimarão de la paix Et se donnent la main. Les Indiens et la mosquée Les sourates et les Guarani Tous s’honorent de s’honorer. Je n’ai pas envie de refermer ma fenêtre Jean Foucault (fenêtre du 2 septembre 2012, praça João Cândido à Curitiba, Brésil) 28 Campement de Roms vu d’une fenêtre En face, sur le terre-plein, de l’autre côté du trottoir, on évacue un campement de Roms : cortège de bulldozers. Vêtements, casseroles, matelas... à l’abandon. Cris, jurons, pleurs. Enfants en déroute. Des tout-petits s’accrochent à leur mère. Déploiement disproportionné de forces face à cette « poussière de peuple » : 0,023% de la population nationale. Des hommes en uniforme s’activent... CONTRE les Roms ? Non, vous n’y êtes pas. C’est pour leur plus grand bien qu’on les chasse : pour les « protéger de l’insalubrité ». Cela dans la plus totale absence d’un emplacement possible où les reloger plus de trois jours. Jacqueline Held, le 31 août 2012 29 Dalla mia finestra perdo parole dalla mia finestra vi è quel movimento ciò che va ciò che viene nel punto in cui ciascuno depone qualcosa dalla mia finestra vi è che la neve potrebbe cadere qui ora nel momento stesso il cui scrivo la parola neve le mie dita potrebbero farsi spazio nel bianco direi mio dio sono io quel bianco dalla mia finestra così notturna è la strada che nasconde il ventre del silenzio da qui arriva la cenere attraverso il vetro chiunque la vede da qui talvolta t’incontro e s’un verbo muoio sì muoio senza maschera fai tu la diagnosi se credi Viviane Ciampi 30 [Traduction de l’italien par l’auteur] De ma fenêtre je perds des mots de ma fenêtre il y a ce mouvement ce qui va ce qui vient à l’endroit où chacun dépose quelque chose de ma fenêtre il y a que la neige pourrait tomber ici maintenant au moment même où j’écris le mot neige mes doigts pourraient se créer un espace dans le blanc je dirais mon dieu c’est moi ce blanc de ma fenêtre si nocturne est la rue qu’elle cache le ventre du silence d’ici arrive la cendre à travers la vitre quiconque peut la voir d’ici parfois je te rencontre sur un verbe je meurs oui je meurs sans masque fais le diagnostic si cela te chante Viviane Ciampi 31 32 Textes en portugais réalisés par les poètes brésiliens 33 34 Apresentação Gloria Kirinus Tive um caso em inglês com a palavra « janela », ainda no tempo dos bancos escolares, lá em Lima/ Peru. Pois, então, na aula de inglês eu deveria escrever « o que eu vejo pela janela ». Escrevi imediatamente : I see de wind through the window. - Errado, errado...!, falou a professora chamada de « miss » pelos alunos. Vi minha frase voar janela afora. Conforme a tal « miss » eu deveria ter escrito assim : I see de bank through the window, porque o vento não pode ser visto, ele é invisível, segundo ela. Claro que eu encontrava uma fraterna visibilidade entre as palavras « wind » e « window » , assim como entre « viento » e « ventana ». 35 É preciso que eu conte este recorte do meu caso de desamor antigo com « janelas» para compreenderem o motivo pelo qual aceitei imediatamente a proposta de coordenar este projeto « o que vejo pela janela » com o Jean Foucault. E as janelas de vocês foram chegando amorosas, em português, minha língua literária. Tempo de janelas recuperadas da prisão formatada na palavra « banco » exigida pela antiga « miss », dos anos escolares. Recebi novas janelas ampliadas, plenas de vida, movimento e cor, como as tais amoras que se desprendem do verbo namorar. 36 Photo : Cláudia Helena Daher (voir pages 38 et 39) 37 Belledonne Uma cadeia de montanhas cujo topo branco de neve me leva a sonhar. Poderia eu imaginar que esta seria um dia a visão da minha janela? A busca de novos conhecimentos trouxe-me à França, ao pé dos Alpes. Da minha janela já não escuto o sabiá... nem o bem-te-vi, nem o quero-quero. A lembrança da terra natal desperta uma pontada de saudade. Mas olho novamente a paisagem recompensadora. Um mundo novo descortina-se : experiências e descobertas que ficarão guardadas para sempre. Cláudia Helena Daher Grenoble, 28 de agosto de 2012 38 Traduction par l’auteur Belledonne Une chaîne de montagnes dont le sommet tout blanc de neige me pousse à rêver. Pourrais-je un jour imaginer que j’aurais telle vision depuis ma fenêtre ? La quête des nouvelles connaissances m’a amené en France, au pied des Alpes. De ma fenêtre je n’entends plus le sabiá... ni le bem-te-vi, ni le quero-quero. Le souvenir de ma terre natale suscite une pointe de nostalgie. Mais je regarde le beau paysage encore une fois. Un nouveau monde s’ouvre devant moi: des expériences et des découvertes qui seront gardées à toujours. Grenoble, le 28 août 2012 De minha janela Cláudia Helena Daher 39 Depois da queda Ali, naquela cama de pronto socorro do hospital, enquanto espero, penso na vida e conto o tempo decorrido. O cálculo está certo uma vez que eu nasci no dia 1 de abril, à uma hora da manhã, conforme depoimento do meu pai, no cartório. Meu pai, correto, honesto, que não estava aí para mentir, ou seja, me deixar nascer no dia 31 de março em vez de no dia da mentira (como insinuou o tipo que fez o meu mapa astral, duvidando da minha data de entrada no mundo). O ano? Algum tempo antes da Guerra, a Segunda. Uma vida. Já vivi tudo isso? E agora? Agora, era agüentar as conseqüências da minha pressa e precipitação, refletir sobre as recomendações da minha mãe: “devagar, que eu tenho pressa”, “você é muito precipitada”. Precipitar-se é “jogar-se de cima para baixo, despenhar-se, lançar-se”. É. Foi isso que aconteceu. Eu me joguei, ou me jogaram? Como iriam me jogar se eu estava sozinha em casa? Falácias (adoro essa palavra), ou desculpas desavergonhadas. Maria Theresa Brito de Lacerda 40 Photo Maria Theresa Brito de Lacerda (voir pages 42-43) Maison familiale de Lapa 41 Um olhar para o passao Uma casa-Museu... Após tantos anos, como as suas paredes, os seus objetos, teriam reagido às transformações de uma simples casa – abrigo de família – em instituição oficial? Absorveram as vozes estranhas que vieram substituir os sons do cotidiano? E os antigos moradores, como se sentem visitando a casa que fez parte da sua vida em um passado próximo e que, em um passado longínquo integrava o dia a dia dos seus ancestrais? O que acontece quando um deles, anônimo e emocionado, entra pelo corredor, o olhar perdido buscando a paisagem do “Alto da Lapa”? Talvez consulte as horas no relógio de pêndulo e, momentaneamente, hesite entre seguir à direita ou à esquerda. Talvez neste momento, queira desembaraçarse da bagagem, escolher um quarto, uma cama para logo integrar-se ao movimento da casa. 42 Talvez queira tomar um banho com a água aquecida pela serpentina do fogão à lenha para, depois juntar-se à família que estará tomando a fresca na calçada, no fim da tarde, E, chegando a noite, as lembranças da infância, da juventude da maturidade se confundindo, antes de fechar as pesadas janelas de madeira, olhará o céu, procurará as estrelas (qual delas vai piscar ou cair?), ouvirá o murmúrio do vento e o farfalhar das copas das árvores. Depois, deitado sob o acolchoado de penas de ganso, abrirá um livro e vai ler até que o sono venha manso e sorrateiro como a lua quando se mostra no céu, na primeira noite da cheia Maria Theresa Brito de Lacerda 43 Olhando pela janela certa Nem todos os dias o sol nascente doura a paisagem. Neste momento ele o faz e seu calor crescente põe fim à vertente da tristeza que na noite transformou-se em lágrima. Parece que estou olhando as coisas pela janela certa, como enuncia o provérbio africano. Vejo as portas de saída da cidade e percebo os nossos trajetos num misto de superposição e descompasso. No meu mapa mental estão os locais e os momentos em que eu pronunciei palavras ásperas, azedas ou amargas e expressei no semblante o mesmo dissabor. Há os pontos em que ouvi algo em tom semelhante e provei de um gosto parecido. Nesta hora de nitidez, desejo muito mais marcar e vincar nessa cartografia lugares e ritmos de sucessiva aproximação e entendimento. Assinalar pontos para os quais olhamos juntos, com os olhares justapostos como se vislumbrassem horizontes comuns. No entanto há uma fenda, uma fissura, nessa paisagem. E, de algum modo, dói olhar para ela. 44 Alex Ratts, Goiânia, Brasil. 02/06/2005 Na janela do facebook olho as oferendas de alegria, carinho e fantasias. Muitos pedem, sem saber, reconhecimento existencial. Da janela da sala vejo um mendigo caminhando. Um dia ele também quis reconhecimento. Hoje, só a anestesia do dia. Segue invisível para a narcísica rede social. Está literalmente offline! Nem vê a poesia na gota do orvalho que cai ou no balanço das folhas ao redor. É um fantasma que arrasta o esqueleto. Ele se esvai na noite e esvazia o meu olhar. RozeMeire dos Reis Curitiba, 16 de setembro, bairro Parolim. 45 O que eu vejo da minha janela Mudanças na estação eu vejo a muralha de novos tijolos, que esconde a serra e as paineiras da praça. paisagens que murcham com o piscar da rotina. para sempre. minuto semana cimento orquídea. andaime outubro crassula guindaste. um dia após o outro, ao andar dos andares. imagens que migram para o interior da retina, mas nuvens transatlânticas aportam nas alturas abstratas, majestosas, inspiradas pelo vento, enquanto árvores soletram andorinhas. Jane Sprenger Bodnar Curitiba, Alameda Dr. Muricy, 46 cozinha, 11º andar ( 09/10/2012 O reflexo. Pela janela vejo outras janelas. Luzes acesas dividem a insônia. No que pensam os acordados? Sofrem como eu ou fogem para a TV? Enquanto reflito nisso me lembro dela e depois delas. É tanta confusão que prefiro olhar a janela. Pena que seja impossível não ver meu reflexo. Fabiano Wunder Da janela do meu quarto, madrugada, Curitiba, 27/08/2012 47 Outra noite Meu olhar se perde pela janela em outra noite nublada sem estrelas. Mais uma noite que não vai passar. Outra madrugada pensando no que passou. Noite maldita para lembrar. De que adianta observar o horizonte distante se ainda a vejo aqui ao meu lado. Sinto seu cheiro, escuto sua respiração. Pressiono seu corpo. Outra noite para lembrar e desejar esquecer que ainda desejo você. Fabiano Wunder (Durante a noite, da janela de meu apartamento, Curitiba, 27/08/2012) 48 Calcinha Rosinha 1 caiu do céu a calcinha de florzinha rosinha caiu e ficou fincada nas farpas do arame balangando ao vento aos olhos dos vizinhos velhos com seus velhos olhos sem saber a dona 2 caiu a calcinha rosinha estranho ninho assustando os passarinhos 49 3 balanga pra lá as florzinhas rosinhas balanga pra cá sem dona a calcinha 50 4 a chuva molha o vento lambe a poeira emporcalha as bitucas furam a calcinha que resiste ... não mais inocente Joba Tridente: 24.10.2012 - 24.11.2012 http://falasaoacaso.blogspot.com.br/2012/11/jobatridente-calcinha-rosinha.html 51 Janelas Encantadas I Namoradeiras espiam-me da janela... Não sei se olho a janela ou ela é que me olha num recorte infinito...Tecidos, bonecas, olhares coloridos, tapetes florais... tudo a janela abriga num quadro, entre prismas, fuxicos, rendas, crochês. Janelas brancas e azuis... janelas vermelhas. As janelas passavam por mim ou eu por elas? Janelas multiplicadas, janelas livres! Jamais aprisionadas por muros. Uma janela encantada... sua paisagem é cortina florida, é floreira floral entreaberta por entre os ramos. Tintas e Tecidos pintam as Janelas de Pirenópolis. (Ensaio poético-fotográfico : Janelas Encatadas série janelas antigas - Goiânia, 12 de setembro de 2012, fotografias de Givaldo Corcinio Junior) Valria Cristina Pereira da Silva 52 53 Janelas Encantadas II Vi da minha janela uma janela ancestral. Nela, minha avó, que já partiu, tecia pontas de toalha como ela sempre fazia. Da janela vi todos os anos que vivi e aqueles que viveram os que vieram antes de mim. Uma janela para o tempo, uma janela vista do lado de fora da casa! Minha janela interior e todas as janelas do interior das cidades antigas. A cidade inteira são janelas sorrindo. Janelas da Cidade de Goiás! Todas as janelas, cheias de jasmins, jamais esgotadas! Da minha alma é que olho... vejo janelas encantadas. (Ensaio poético-fotográfico : Janelas Encatadas série janelas antigas - Goiânia, 12 de setembro de 2012, fotografias de Givaldo Corcinio Junior) 54 55 Visão Da minha janela vejo um muro branco. Nele vejo o que não quero ver e nele vejo o que quero. Vejo traços, vejo tempo, temo o tempo. Vejo riscos, vejo claro. Vejo notas, vejo som, escuto. Vejo marcas, vejo - almejo. Edith de Camargo (da minha janela, Curitiba, noite de 02.09.2012) 56 Contribution exceptionnelle de Victor Hugo Nous emerrcions vivement le poète d’avoir bien voulu participer à cette opération en attirant notre attention sur cette fenêtre, faite de tant de choses entendues ! 57 58 Le matin - En dormant J’entends des voix. Lueurs à travers ma paupière. Une cloche est en branle à l’église Saint-Pierre. Cris des baigneurs. Plus près ! plus loin ! non, par ici ! Non, par là ! Les oiseaux gazouillent, Jeanne aussi. Georges l’appelle. Chant des coqs. Une truelle Racle un toit. Des chevaux passent dans la ruelle. Grincement d’une faux qui coupe le gazon. Chocs. Rumeurs. Des couvreurs marchent sur la maison. Bruits du port. Sifflement des machines chauffées. 59 Musique militaire arrivant par bouffées. Brouhaha sur le quai. Voix françaises. Merci. Bonjour. Adieu. Sans doute il est tard, car voici Que vient tout près de moi chanter mon rougegorge. Vacarme de marteaux lointains dans une forge. L’eau clapote. On entend haleter un steamer. Une mouche entre. Souffle immense de la mer. Victor Hugo Ce poème est un extrait de L’Art d’être grandpère, paru en 1877. Il fugrue dans une section intitulée « Fenêtres ouvertes ». Victor Hugo est alors à Guernesey. 60 61 Fascículo que foi finalisado em dezembro 2012 em Curitiba (Paraná) Brasil Acabou de ser escrito um dia de calor intenso, a janela aberta, e invadido pelos barulhos do mundo (Curitiba, centro, rua Comendador Araújo) Fascicule mis en forme en décembre 2012 à Curitiba (Paraná), au Brésil. Achevé d’écriture sous forte chaleur, fenêtre ouverte, envahi par les bruits du monde (Curitiba, Centro, rue Comendador Araújo) 62