LA FLUTE ENCHANTEE

Transcrição

LA FLUTE ENCHANTEE
LA FLUTE ENCHANTEE
Emmanuel SCHIKANEDER et Wolfgang Amadeus MOZART
ACTE 2
(Les prêtres entrent en procession solennelle. Sarastro apparaît en dernier et se place au centre)
SARASTRO
(regarde si tout le monde est installé, puis frappe un coup de maillet sur sa table)
O----- (coup de maillet)
Frère Premier Surveillant et Frère Second Surveillant, tous les Frères ici présents sont-ils membres
réguliers de l’Ordre ?
(le 1 er et 2 ème Surv.°. exécutent l’ordre, cf. rituel)
1e r SURV.°.
O----- (coup de maillet)
Tous les Frères sont à l’Ordre du grade sur la Colonne du Midi, Vénérable Maître.
2ème SURV.°.
O----- (coup de maillet)
Tous les Frères sont à l’Ordre du grade sur la Colonne du Nord, Vénérable Maître.
SARASTRO
Il en est de même à l’Orient.
Puisque tout est en ordre, je vais ouvrir la Loge.
Frère Expert, remplissez votre office.
(F.°. EXP.°. exécute l’ordre, cf. rituel)
Notre Loge a été fondée pour réunir les personnes de haute valeur morale, pour être le Centre de l’Union
et préparer la Concorde Universelle.
Un Frère de notre Loge doit donc rassembler ce qui est épars et préparer, par une action incessante et
féconde, l’avènement d’une humanité meilleure et plus éclairée.
Il doit toujours avoir présents à l’esprit les principes capitaux de l’Ordre.
1° SURV.’.
Le respect des autres et de soi-même.
2° SURV.’.
La tolérance mutuelle.
S.’. ORA.’.
La liberté absolue de conscience.
SARASTRO
Frère Premier Surveillant, à quelle heure commencent nos travaux ?
1e r SURV.°.
A midi, Vénérable Maître.
SARASTRO
Quelle heure est-il, Frère Deuxième Surveillant ?
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2ème SURV.°.
Il est midi, Vénérable Maître.
SARASTRO
Puisqu’il est l’heure, Frères 1er et 2ème Surveillant, je déclare la Loge ouverte.
Prenez place mes Frères.
Mes Frères, notre assemblée d’aujourd’hui est l’une des plus importantes de notre temps. Tamino,
un fils de roi, vient de frapper à la porte de notre Temple. Il veut déchirer son voile de ténèbres et
voir la grande Lumière de notre sanctuaire. Notre devoir est de surveiller ce garçon vertueux et de
lui tendre cordialement la main.
1e r SURV.°. (frappe un coup de maillet puis se lève)
O----Est-il vertueux ?
SARASTRO
Il l’est.
2ème SURV.°. (frappe un coup de maillet puis se lève)
O----Est-il discret ?
(se rassied)
SARASTRO
Il l’est.
1e r SURV.°. (frappe un coup de maillet puis se lève)
Est-il charitable ?
(se rassied)
SARASTRO
Il est charitable.
Si vous le jugez digne, levez la main à mon coup de maillet.
O----(Les trois premiers accords d’orchestre se font entendre)
(Les frères lèvent tous la main pendant les accords d’orchestre)
SARASTRO
Je suis touché de voir que vos cœurs soient si unis. Je vous remercie mes Frères au nom de l’humanité.
Les dieux ont destiné Pamina à ce jeune garçon, c’est la raison pour laquelle je l’ai enlevée à son
orgueilleuse mère. Cette femme se croit puissante, elle espère duper les gens par la superstition et détruire
notre temple. Mais elle n’y parviendra pas. Que l’on conduise Tamino sur le parvis du temple.
N°10- AIR DE SARASTRO
Sarastro
O Isis und Osiris, schenket
Der Weisheit Geist dem neuen Paar !
Die ihr der Wandrer Schritte lenket,
Stärkt mit Geduld sie in Gefahr.
Oh Isis et Osiris, offre
A ce nouveau couple l’esprit de sagesse !
Pendant le voyage, veuillez guider leurs pas,
Accordez-leur la constance dans le danger,
Chœur des Prêtres
Stärk mit Geduld sie in Gefahr !
Accordez-leur la constance dans le danger !
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Sarastro
Lasst sie der Prüfung Früchte sehen ;
Doch sollten sie zu Grabe gehen,
So lohnt der Tugend kühnen Lauf,
Nehmt sie in eureun Wohnsitz auf.
Laissez leur voir le fruit de leurs épreuves ;
Cependant s’ils devaient aller dans la tombe,
Récompensez encore l’audace de leur vertu,
Et accueillez-les dans vos demeures.
Chœur des Prêtres
Nehmt sie in eureun Wohnsitz auf.
Accueillez-les dans vos demeures.
(Sarastro s’éloigne avec sa suite)
(Tamino et Papageno sont emmenés voilés)
Tamino
Quelle horrible nuit ! Papageno, tu es encore avec moi ?
Papageno
Bien sûr !
Tamino
Où penses-tu que nous sommes ?
Papageno
S’il ne faisait pas aussi noir, je dirais… mais…
(coup de tonnerre)
Tamino
Qu’est-ce que c’est ?
Papageno
Que vais-je devenir dans toute cette affaire ?
Tamino
Tu as peur ?
Papageno
Moi ? Pas du tout ! J’ai juste des frissons dans le dos !
(coup de tonnerre)
AH !!!!!!!
Tamino
Allez, sois un homme !
Papageno
J’aimerais mieux être une fille !
(On entend un violent coup de tonnerre)
1e r Prêtre
Etrangers, que cherchez-vous ou qu’exigez-vous de nous ?
Tamino
L’amitié et l’amour.
1e r Prêtre
Es-tu prêt à mettre ta vie en jeu ?
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Tamino
Oui !
1e r Prêtre
Même si tu devais mourir ?
Tamino
Oui !
1e r Prêtre
Prince, il est encore temps de renoncer !
Tamino
Que l’apprentissage de la sagesse soit ma victoire ; la vertueuse Pamina ma récompense.
1e r Prêtre
Tu te soumettras à chaque épreuve ?
Tamino
A chaque épreuve !
1e r Prêtre
Étends ta main.
(Tamino étend sa main devant lui)
2d Prêtre
Veux-tu conquérir l’amour de la sagesse ?
Papageno
Qu’est-ce-que tu veux que j’aille me battre ? Moi vos histoire, ça ne m’intéresse pas. Du moment que j’
dors, que j’ mange et que j’ boive… Et puis si j’ pouvais trouver une petite femme…
2d Prêtre
Tu n’y arriveras pas si tu ne te soumets pas à nos épreuves.
Papageno
Quoi ! Quelles épreuves !
2d Prêtre
Tu dois obéir à toutes nos lois et ne pas avoir peur de la mort.
Papageno
Ouais, bon ben, j’ préfère rester célibataire !
2d Prêtre
Si Sarastro t’avait gardé une jeune fille qui ait les mêmes couleurs et vêtements que toi ?
Papageno
Qui me ressemble ?… Est-elle belle ?
2d Prêtre
Jeune et belle.
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Papageno
Et comment s’appelle-t-elle ?
2e Prêtre
Papagena.
Papageno
Comment ? Pap… ? J’aimerais la voir, par curiosité…
2d Prêtre
Mais tu peux la voir si tu veux.
Papageno
Mais après l’avoir vu, je dois mourir ?
(le 2d Prêtre prend une attitude ambiguë)
Ouais et ben, tout compte fait, j’ préfère rester célibataire !
2d Prêtre
Tu peux la voir, mais pendant un certain temps tu ne peux lui parler. Sauras-tu tenir ta langue ?
Papageno
Oui.
2d Prêtre
Donne-moi la main, et tu la verras.
1e r Prêtre
Encore une chose : un silence total est exigé, sinon vous êtes perdus tous les deux. Prince, tu verras
Pamina, mais tu n’auras pas le droit de lui parler. C’est le début de vos épreuves.
N°11 – DUO DES PRETRES
Ensemble
Bewahret euch vor Weiberstücken :
Dies ist des Bundes erste Pflicht !
Manch weiser Mann liess sich berücken,
Er fehlte und versah sich’s nicht.
Verlassen sah er sich am Ende,
Vergolten seine Treu’ mit Hohn !
Vergebens rang er seine Hände,
Tod und Verzweiflung war sein Lohn.
Défiez-vous de la ruse des femmes :
C’est là le premier devoir de notre ordre !
Plus d’un homme sage a été trompé,
Il a échoué et n’a pas vu son erreur.
Il se vit délassé dans le monde,
Sa fidélité payée avec le mépris !
Implorant en vain de ses mains,
Il n’a reçu pour son salaire que mort et désespoir.
(Les deux Prêtres sortent)
Papageno
Eh ! Rallumez la lumière ! On n’y voit plus rien !
Tamino
Prends patience, et dis-toi que ce n’est que temporaire.
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N° 12 - QUINTETTE
3 Dames
Wie ? Wie ? Wie ?
Ihr an diesem Schreckensort ?
Nie, nie, nie,
Kommt ihr glücklich wieder fort !
Tamino, dir ist Tod geschworen !
Du, Papageno, bist verloren !
Comment ? Comment ? Comment ?
Vous dans ce lieu sordide ?
Jamais, jamais, jamais,
Vous n’en reviendrez heureux !
Tamino, la mort t’est destinée !
Toi, Papageno, tu es perdu !
Papageno
Nein, nein, nein ! Das wär’ zuviel.
Non, non, non ! ce serait beaucoup trop.
Tamino
Papageno schweige still !
Willst du dein Gelüdbe brechen,
Nichts mit Weibern hier zu sprechen ?
Papageno, reste tranquille !
Veux-tu briser le serment ?
Tu ne devrais plus parler ici avec ces femmes.
Papageno
Du hörst ja, wir sind beide hin.
Tu entends ça, nous sommes tous deux perdus.
Tamino
Stille, sag ich ! Schweige still !
Du calme, te dis-je ! Reste tranquille !
Papageno
Immer still und immer still !
Toujours tranquille et toujours tranquille !
3 Dames
Ganz nah ist euch die Königin !
Sie drang im Tempel heimlich ein.
La reine est toujours près de nous !
Elle a pénétré secrètement dans le temple.
Papageno
Wie ? Was ? Sie soll im Tempel sein ?
Comment ? Quoi ? Elle est dans le Temple ?
Tamino
Wirst du immer so vermessen
Deiner Eidespflicht vergessen ?
Aurais-tu donc oublié ton serment ?
3 Dames
Tamino, hör ! Du bist verloren !
Gedenke an die Königin !
Man zischelt viel sich in die Ohren
Von dieser Priester falschem Sinn.
Tamino, écoute ! Tu es perdu !
Souviens-toi de la reine !
On chuchote beaucoup à propos
De la sournoiserie de ces prêtres.
Tamino
Ein Weiser prüft und achtet nicht
Was der gemeine Pöbel spricht.
Un sage s’interroge et ne s’arrête pas
Aux rumeurs du peuple.
3 Dames
Man sagt, wer ihrem bunde schwört,
Der fâhrt zur Höll’ mit Haut und Haar.
On dit que quiconque qui jure à leur ordre
Va périr en enfer.
Papageno
Das wär’, beim Teufel, unerhört !
Sag an, Tamino, ist das wahr ?
C’est assez pour effrayer le diable lui-même !
Dis-donc, Tamino, est-ce que c’est vrai ?
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Tamino
Geschwätz, von Weibern nachgesagt,
Von Heuchlern aber ausgedacht.
Le bavardage est répété par les femmes,
Mais imaginé par les hypocrites.
Papageno
Doch sagt es auch die Königin.
La Reine le dit aussi.
Tamino
Si ist ein Wie, hat Weibersinn.
Sei still, mein Wort sei dir genug.
Denk deiner Pflicht und handle klug.
C’est une femme, elle a un raisonnement de femme.
Sois calme, ma parole t’est suffisante.
Pense à ton devoir et agis intelligemment.
3 Dames (à Tamino)
Warum bist du mit uns so spröde ?
Pourquoi es-tu si distant avec nous ?
(à Papageno)
Auch Papageno schweigt, so rede !
Même Papageno fuit, alors parle !
Papageno
Ich möchte gern woll...
J’aimerais volontiers...
Tamino
Still...
Silence…
Papageno
... Ihr seht, dass ich nicht soll...
... Vous voyez que je ne dois pas...
Tamino
Still…
Silence…
Papageno
... dass ich nicht kann das Plaudern lassen,
Ist wahrlich eine Schand’ für mich !
... que je ne peux pas m’empêcher de parler,
C’est une véritable honte pour moi !
Tamino
Dass du nicht kannst das Plaudern lassen,
Ist wahrlich eine Schand’ für dich !
Que tu ne puisses t’empêcher de parler,
C’est une véritable honte pour toi !
3 Dames
Wir müssen sie mit Scham verlassen,
Es plaudert keine sicherlich.
Nous devons vous laisser à regret,
Ni l’un ni l’autre ne bavardera.
Tamino et Papageno
Sie müssen uns mit Scham verlassen
Es plaudert keine sicherlich.
Vous devez nous laisser à regret,
Ni l’un ni l’autre ne bavardera.
Tutti
Von festem Geiste ist ein Mann,
er denket, was er sprechen kann.
Un homme est doté d’un fort esprit,
Il pense à ce qu’il peut dire.
Chœur des Prêtres (hors scène)
Entweiht ist die heilige Schwelle,
Hinab mit den Weibern zu Hölle.
Ce seuil divin est profané,
Que les femmes aillent en enfer.
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3 Dames
O weh ! o weh !
Ah malheur ! Ah malheur !
(les 3 Dames disparaissent avec le tonnerre et les éclairs)
Papageno
O weh ! o weh ! o weh !
Ah malheur ! Ah malheur !
(Il tombe au sol)
DIALOGUE
1e r Prêtre (à Tamino)
Ton attitude a triomphé ! Tu as encore à marcher sur de dangereux chemins, que tu arriveras à surmonter
avec bravoure. Nous pouvons poursuivre notre chemin de pureté.
(il lui bande les yeux et ils sortent)
2ème Prêtre (à Papageno)
Et toi, qu’est-ce qui t’arrive ? Lève-toi !
Papageno
Je suis évanoui.
2ème Prêtre
Allons, ressaisis-toi !
Papageno (se relève)
Mais dites-moi, mon cher monsieur, pourquoi est-ce que je dois endurer toutes ces épreuves et ces
angoisses ? S’il y a une Papagena pour moi, pourquoi est-ce que je dois me battre pour l’obtenir ?
2ème Prêtre
Ta raison répondra à ta curieuse question. Allons, viens !
(Il lui bande les yeux)
Papageno
Un voyage aussi long ferait disparaître à jamais mes passions.
2ème Prêtre
Viens !
(Ils sortent)
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QUATRIEME TABLEAU
(Un jardin. Pamina est endormie sous un feuillage de roses.)
Monostatos (entre et s’approche de Pamina)
Dieu qu’elle est belle ! Cette fille me fera perdre la raison.
(Il regarde autour de lui)
Si je ne craignais que quelqu’un me surprenne, j’oserais bien…
(Il s’approche tout près de Pamina)
Quelle maudite affaire que l’amour ! Un petit baiser, ça n’engage à rien après tout.
N° 13 – AIR DE MONOSTATOS
Monostatos
Alles fühlt der Liebe Freuden,
Schnäbelt, tändelt, herzt und küsst.
Und ich soll die Liebe meiden,
Weil ein Schwarzer hässlich ist ?
Ist mir denn dein Herz gegeben ?
Bin ich nicht von Fleisch und Blut ?
Immer ohne Weibchen leben,
Wäre wahrlich Höllenglut.
Chaque créature connaît les joies de l’amour,
La tendresse, les caresses, les baisers.
Et je devrais fuir l’amour,
Parce qu’un homme noir est laid ?
Ne m’a-t-on pas donné un cœur ?
Ne suis-je pas de chair et de sang ?
Vivre à jamais sans femme,
Vaudrait les supplices de l’enfer.
D’rum so will ich, weil ich lebe,
Schnäbeln, küssen, zärtlich sein.
Lieber guter Mond vergebe,
Eine weiße Nahm mich ein.
Weiß ist schön,
Ich muss sie küssen ;
Mond, verstecke dich dazu.
Sollt’ es dich zu sehr verdriessen,
O so mach die Augen zu.
C’est pourquoi, tant que je vivrai,
Je veux câliner, embrasser, caresser.
Pardonne-moi ma chère lune,
Une peau blanche m’a séduit.
La blancheur est belle,
Je veux l’embrasser ;
Lune, cache toi.
Cela va te contrarier,
Aussi ferme tes yeux.
(Il se penche sur Pamina pour l’embrasser)
DIALOGUE
(On entend le tonnerre, la Reine de la Nuit apparaît)
Monostatos (bondissant pour se cacher)
La Reine de la Nuit !
Pamina (se réveillant)
Maman ?
Reine de la Nuit
Où est le jeune homme que je t’ai envoyé ?
Pamina
Il a rejoint Sarastro.
Reine de la Nuit
Il s’est initié ? Alors tout est perdu.
Pamina
Perdu ?
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Reine de la Nuit
Je n’ai plus aucun pouvoir pour te protéger. En mourrant, ton père a transmis volontairement aux prêtres
le cercle solaire aux sept rayons. Ce cercle puissant, c’est Sarastro qui le porte sur sa poitrine.
Pamina
Le jeune homme m’est-il perdu à jamais ?
Reine de la Nuit
Oui, si tu ne le persuades pas avant la tombée du jour de s’enfuir par les souterrains.
Pamina
Tu veux dire, qu’une fois qu’il sera initié, je ne pourrai plus l’aimer ?
Reine de la Nuit
Qu’est-ce que j’entends ? Aimer un homme qui s’est allié à mon mortel ennemi ? Tu vois ce poignard ? Il
est destiné à Sarastro. C’est toi qui le tueras et tu me rendras le puissant cercle du soleil.
Pamina
Mais maman…
Reine de la Nuit (en colère)
Silence !
N° 14 – AIR DE LA REINE DE LA NUIT
Reine de la Nuit
Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen,
Tod und Verzweiflung, flammet um mich her.
Fühlt nicht durch dich Sarastro Todesschmerzen,
So bist du meine Tochter nimmermehr !
Verstossen sei auf ewig !
Verlassen sei auf ewig !
Zertrümmert sei auf ewig
Alle Bande der Natur !
Wenn nicht durch dich
Sarastro wird erblassen !
Hört ! Hört ! Hört ! Rache Götter !
Hört der Mutter Schwur !
Une terrible vengeance bouillonne dans mon cœur,
Mort et désespoir, s’enflamment autour de moi.
Ne comprends tu pas que si Sarastro ne meurt pas
par ta main,
Tu ne seras plus jamais ma fille !
Sois chassée à jamais !
Sois maudite à jamais !
Que soient détruits à jamais
Les liens naturels de la nature !
Si par toi
Sarastro ne trépasse pas !
Ecoutez-moi ! Dieux de vengeance !
Ecoutez le serment d’une mère !
(Elle disparaît avec le tonnerre)
DIALOGUE
Pamina
Tuer Sarastro ? Mais je ne peux pas ! Que dois-je faire ?
Monostatos (réapparaissant lentement)
T’en remettre à moi !
(Il lui prend le poignard des mains)
Pamina (pousse un cri de frayeur)
Ah !
Monostatos
Qu’est-ce qui t’effraie ? Moi… ou l’idée du meurtre ?
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Pamina (timidement et terrorisée)
Tu sais alors ?
Monostatos
Oui je sais… je sais tout. Tu n’as qu’une solution pour vous sauver, ta mère et toi… m’aimer !
Pamina
Non jamais !
Monostatos (furieux, se ruant sur elle)
Alors crève !
(Il veut la poignarder. Sarastro apparaît)
Maître ! je suis innocent ! On a juré ta mort, je voulais te venger !
Sarastro (récupère le poignard)
Va-t-en !
Monostatos (s’en allant)
Puisque je n’ai pas eu la fille, je vais retrouver la mère.
Pamina (à Sarastro)
Ne punis pas ma mère : elle souffre !
Sarastro
Calme-toi ! Dans ces lieux sacrés, on ne connaît pas la vengeance. Et quand un homme tombe, l’amour le
reconduit à son devoir.
N° 15 – AIR DE SARASTRO
Sarastro
In diesen heil’gen Hallen,
Kennt man die Rache nicht,
Und ist ein Mensch gefallen
Führt Liebe ihn zur Pflicht.
Dann wandelt er an Freundes Hand
Vergnügt und froh ins bessre Land.
In diesen heil’gen Mauern,
Wo Mensch den Menschen liebt,
Kann kein Verrärter lauern
Weil man dem Feind vergibt.
Wenn solche Lehren nicht erfreun,
Verdienet nicht ein Mensch zu sein.
Dans ces lieux sacrés,
On ne connaît pas la vengeance,
Et quand un homme tombe
L’amour le reconduit à son devoir.
C’est alors qu’une main amicale le guide
Joyeusement vers un pays meilleur.
Dans ces murs sacrés,
Où l’homme aime les hommes,
Aucun traître ne peut se cacher
Parce qu’on pardonne à l’ennemi.
Celui qui ne se réjouit pas de cet enseignement,
Ne mérite pas d’être un homme.
(Ils sortent)
DIALOGUE
(Une salle ouverte. Tamino et Papageno sont conduits par les deux prêtres)
1e r Prêtre
Nous vous laissons seuls ici tous les deux. Dès que vous entendrez le signal, mettez-vous en route. Encore
une fois, n’oubliez pas la règle : silence.
(les prêtres sortent. Tamino va s’asseoir sur un banc)
Papageno (après un moment)
Tamino.
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Tamino (le réprimandant)
Chut !
Papageno
Si j’étais dans ma cabane ou dans les bois, j’entendrais au moins les oiseaux siffler.
Tamino
Chut !
Papageno
Pfff ! On n’a même plus le droit de penser à voix haute maintenant !
Tamino
Chut !
Papageno (chante sur le thème de son air d’entrée)
La la la la la la la la la la la…
Il pourrait au moins nous offrir à boire.
(une horrible veille femme surgit brusquement et lui tend un verre en riant)
Papageno (la regardant longuement)
C’est pour moi ?
Papagena
Oui, mon ange !
Papageno (la regardant et buvant)
Pffff…. de l’eau ! Dis, belle inconnu, tout le monde est logé à la même enseigne ici ?
Papagena
Bien sûr, mon ange !
Papageno
Ben, vous devez pas avoir grand monde !
Papagena
Très peu.
Papageno
Viens, mamy, viens t’asseoir près de moi. Je m’ennuie à mourir ici.
(La vieille femme s’assied près de Papageno)
Quel âge as-tu ?
Papagena
Dix huit ans et deux minutes.
Papageno (riant)
Dix huit ans et deux minutes ?
Papagena
Oui.
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Papageno (riant de plus en plus)
Ah ah ah !!! Et toi jeune ange, tu as un petit copain ?
Papagena
Bien sûr, mon ange !
Papageno (riant toujours)
Il est aussi jeune que toi ?
Papagena
Pas tout à fait, il a dix ans de plus.
Papageno
Dix ans de plus ? Quelle romance !… Et comment s’appelle ton bien-aimé ?
Papagena
Papageno.
Papageno (soudainement effrayé)
Papageno ?
Papagena
Oui, mon ange !
Papageno
Où est-il ce Papageno ?
Papagena
Il est assis là, mon ange.
Papageno
Moi ?
Papagena
Mais oui, mon ange.
Papageno
Et comment t’appelles-tu ?
Papagena
Je m’appelle…
(le tonnerre éclate, la vieille femme s’enfuit. Tamino se lève et menace Papageno du doigt)
Papageno
ok, ok, je dis plus rien.
(3 Enfants apportent à boire et à manger sur une table richement décorée.)
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N° 16 – TRIO DES ENFANTS
Ensemble
Sei uns zum zweitenmal willkommen,
Ihr Männer, in Sarastros Reich.
Er schickt, was man euch abgenommen,
Die Flöte und die Glöckchen euch.
Wollt ihr die Speisen nicht verschmähen,
So esset, trinket froh davon ;
Wenn wir zum drittenmal uns sehen,
Ist Freude eures Mutes Lohn.
Tamino, Mut ! Nah ist das Ziel !
Du, Papageno, schweige still !
Still ! Still ! Schweige still !
Soyez les bienvenus pour la deuxième fois,
Vous les hommes, dans le royaume de Sarastro.
Il rend ce qu’on vous a pris,
La flûte et le carillon.
Si vous ne dédaignez pas la nourriture,
Alors mangez, buvez à volonté ;
Quand nous nous reverrons pour la troisième fois,
Le bonheur récompensera votre persévérance.
Tamino, courage ! le but est proche !
Toi, Papageno, reste tranquille !
Du calme ! du calme ! Reste tranquille !
(ils s’éloignent)
DIALOGUE
Papageno
Tamino !… on devrait peut-être manger ?
(Tamino joue de la flûte sur le thème de son deuxième air)
C’est ça, joue de la flûte ! Moi, je vais jouer des mandibules !
(Papageno s’installe à la table et commence à manger)
Hum ! ce Sarastro sert de bons petits plats ! Si on continue à me bichonner comme ça, j’aurai pas de mal à
me taire !… du moment que les petits plats sont bons !
(il prend une carafe de vin et se sert à boire)
Alors, c’est quoi ce petit pinard ? (il boit)
(la flûte s’arrête de jouer. Pamina entre)
Wouaou !!! ça décoiffe !!!
Pamina
J’ai entendu ta flûte, et j’ai suivi sa musique… ça n’a pas l’air d’aller ? Tu ne veux pas me parler ?
(Tamino soupire et lui fait signe de partir)
Tu veux que je parte ?
(Tamino répond par un soupire et lui fait à nouveau signe de partir)
Même pas une explication ? Tamino, tu ne m’aimes plus ?
(Tamino soupire. Pamina s’approche de Papageno)
Papageno, dis-moi ce qui se passe ?
Papageno (avec un morceau de nourriture dans la bouche qu’il tient à deux mains, il fait signe à Pamina de s’éloigner)
Hum, hum, hum…
Pamina
Comment, toi aussi ?
Papageno
Chut !
(Il lui montre la sortie)
N° 17 – AIR DE PAMINA
Pamina
Ach, ich fühl’s, es ist verschwunden,
Ewig hin der Liebe Glück !
Nimmer kommt ihr Wonnestunden
Meinem Herzen mehr zurück.
Sieh, Tamino, diese Tränen fließen,
Trauter dir allein ; fühlst du nicht der Liebe Sehnen,
So wird Ruhe im Tode sein.
Ah, je sens qu’il m’est à jamais disparu,
Parti à jamais le bonheur de l’amour !
Les moments du plaisir ne viendront plus
Dans mon cœur.
Vois, Tamino, couler ces larmes,
Tu ne regrettes pas l’amour,
Aussi trouverai-je le repos dans la mort.
(Pamina part doucement, tristement)
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Papageno (mangeant goulûment)
Alors, Tamino, tu vois que je sais me taire quand il le faut !
(Il boit.)
(Les trois séries d’accords d’orchestre se font entendre)
(Tamino fait signe à Papageno qu’il faut partir)
Papageno
Passe devant, je te suis !
(Tamino l’empoigne avec force, le menace et sort à cour)
Ah ! je vais enfin avoir la paix !
(Des monstres apparaissent, Papageno est saisi de frayeur)
Tamino, au secours !
(Tamino revient, se hâte de jouer de la flûte. Solo de flûte du 2 ème air de Tamino. Les monstres disparaissent)
Wouaou ! cool !… Bon, ben, je crois que je vais venir avec toi !
(Les trois séries d’accords d’orchestre se font entendre)
Ouais, ouais, on arrive ! Qu’est-ce qui va nous tomber sur la tête maintenant ?
(Tamino montre le ciel)
Papageno (regarde le ciel d’un air interrogatif)
Ah ?
(Tamino le tire par le bras pour sortir)
Ne sois pas si pressé ! Nous arrivons à temps pour nous faire rôtir !
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CINQUIEME TABLEAU
(A l’intérieur du Temple)
N° 18 – CHŒUR DES PRETRES
O Isis und Osiris, welche Wonne !
Die düstre Nacht verscheucht der Glanz der Sonne.
Bald fühlt der edle Jüngling neues Leben ;
Bald ist er unsrem Dienste ganz ergeben.
Sein Geist ist kühn, sein Herz ist rein,
Bald, bald, bald, wird er unsrer würdig sein.
Ô Isis et Osiris, quel plaisir !
La splendeur du soleil chasse la nuit obscure.
Bientôt le jeune homme sentira une nouvelle vie ;
Bientôt il sera à notre service.
Son esprit est hardi, son cœur est pur,
Bientôt, bientôt, bientôt il sera digne de vous.
(Tamino est invité à entrer)
Sarastro
Prince, jusqu’ici tu t’es conduit avec dignité ; tu as encore à passer deux dangereuses épreuves. Si tu
aimes toujours Pamina et si tu veux régner avec sagesse en tant que Prince, alors tu peux être confiant.
(A un prêtre)
Amenez Pamina !
(On fait entrer Pamina qui a la tête caché par un voile réservé aux initiés ; Sarastro détache les bandeaux qui le retient)
Pamina
Où suis-je ? Quel silence effrayant ! Dites-moi où est Tamino ?
Sarastro
Il t’attend pour te dire adieu.
Pamina
Adieu ?… Tamino !
Tamino
Ne t’approche pas !
N° 19 – TRIO PAMINA, TAMINO & SARASTRO
Pamina
Soll ich dich, Teuer, nicht mehr sehn ?
Je ne dois plus jamais te voir ?
Sarastro
Ihr werdet froh euch wiedersehen !
Vous vous reverrez dans le bonheur !
Pamina
Dein warte tödliche Gefahren !
Des dangers mortels t’attendent !
Tamino et Sarastro
Die Götter mögen bewahren !
Les dieux me protègeront !
Pamina
Du wirst dem Tode nicht entgehen,
Mir flüstert diese Ahnung sein.
Tu n’échapperas pas à la mort,
J’ai un pressentiment.
Tamino et Sarastro
Der Götter Wille mag geschehen,
Ihr Wink soll mir Gesetze sein.
La volonté des dieux sera accomplie,
Votre signe est pour moi une loi.
39
Pamina
O liebtest du, wie ich dich liebe,
Du würdest nicht so ruhig sein.
O si tu m’aimais, comme je t’aime,
Tu ne serais pas en paix.
Tamino et Sarastro
Ich fühle Glaub mir, gleiche Triebe,
Er fühlt werd’ ewig dein Getreuer sein wird.
Crois-moi, mon amour est égal au tien,
Et je te serai éternellement fidèle.
Sarastro
Die Stunde schlängt,
Nun müsst ihr scheiden...
L’heure sonne,
Il faut vous séparer maintenant...
Pamina et Tamino
Wir bitter sind der Trennung Leiden !
Ô combien est amère la séparation !
Sarastro
Tamino muss nun wieder fort,
Die Stunde schlägt....
Tamino doit partir,
L’heure sonne…
Tamino
Pamina, ich muss wirklich fort !
Pamina, je dois partir !
Pamina
Tamino muss nun wirklich fort !
Tamino doit partir maintenant !
Tamino
Pamina !
Pamina !
Pamina
Tamino !
Tamino !
Pamina et Tamino
Lebewohl !
Adieu !
Sarastro
Nun eile fort ! Dich ruft dein Wort !
Maintenant dépêche toi ! Ton devoir t’appelle !
Pamina et Tamino
Ach, goldne Ruhe, kehre wieder !
Ah, paix dorée, reviens !
Sarastro
Die Stunde schlägt, wir sehn uns wieder !
L’heure sonne, nous nous reverrons !
Pamina et Tamino
Lebewohl !
Adieu !
(Ils s’éloignent dans des directions opposées)
DIALOGUE
(Une pièce avec beaucoup de portes. Papageno attend Tamino)
Papageno
Tamino ! Tamino ! Si au moins je savais où je suis !… Tamino ! Tamino ! Je te promets, je te quitte
plus ! Ne me laisse pas tomber ! (Il pleure) Je vais mourir de faim ! C’est bien fait pour moi ! (Le 2 ème Prêtre
entre) Qu’est-ce qui m’a pris de le suivre ?
40
2ème Prêtre
Tu mériterais d’errer dans les profonds abîmes de la terre. Mais nous t’épargnerons cette punition.
Papageno
Merci, mais fallait pas vous donner toute cette peine. Si vous voulez vraiment me faire plaisir, j’aimerais
bien un petit verre de vin.
2ème Prêtre
As-tu encore un autre souhait ?
Papageno
Non, ce sera tout, merci.
(Au même moment apparaît un verre de vin, le 2 ème Prêtre va le chercher et le remet à Papageno qui le boit aussitôt)
Super ! Méga ! Génial !
(Il boit à nouveau. Le 2 ème Prêtre sort)
Ah, si seulement j’avais… j’aimerais… une petite femme ! une douce petite colombe !
N° 20 – AIR DE PAPAGENO
Papageno
Ein Mädchen oder Weibchen
Wünscht Papageno sich.
O so ein sanftes Täubchen
Wär Seligkeit für mich !
Une jeune fille ou une petite femme
Est le vœu de Papageno.
Oh une douce petite colombe
Serait pour moi félicité !
Dann schmeckte mir Trinken und Essen,
Dann könnt’ ich mit Fürsten mich messen,
Des Lebens als Weiser mich freun,
Und wie im Elysium sein.
Alors boire et manger serait un plaisir,
Alors je pourrais me comparer à un prince,
Me réjouir de la vie comme un sage,
Et être comme dans l’Elysée.
Ach, kann ich denn keiner von allen
Den reizenden Mädchen gefallen ?
Hülf eine mir nur aus der Not,
Sonst gräm’ ich mich wahrlich zu Tod.
Ne puis-je donc en trouver aucune
Parmi toutes les petites femmes du monde ?
Si quelqu’un ne me sauve pas,
Je mourrais sûrement de chagrin.
Wird keine mir Liebe gewähren,
So muss mich die Flamme verzehren !
Doch küsst mich ein weiblicher Mund,
So bin ich schon wieder gesund !
Si aucune ne m’accorde l’amour,
Alors je me transformerai en flammes !
Mais si une lèvre féminine m’embrasse,
Aussitôt je serais guéri !
(La vieille femme entre en dansant, s’appuyant sur son bâton)
DIALOGUE
Papagena (riant)
C’est moi, mon ange !
Papageno
Oh, tu as eu pitié de moi ?
Papagena
Oui, mon ange.
Papageno
C’est ma chance !
41
Papagena
Et si tu me promets de m’être éternellement fidèle, tu verras comment ta femme t’aimera tendrement !
Papageno
Toi ? tendre folle !
Papagena
Viens, donne-moi ta main pour sceller un pacte !
Papageno
Ne sois pas si pressée, Mamy ! Sais-tu que ce genre de pacte demande beaucoup de réflexion ?
Papagena
Ta main, ou le pain et l’eau seront ta nourriture quotidienne. Tu devras vivre sans ami, sans femme, tu
devras renoncer aux biens de ce monde pour toujours…
Papageno
Boire de l’eau ? Renoncer au monde ? Je préfère prendre une vieille femme que de ne pas en avoir du
tout ! (Il lui tend la main) Voici la main avec l’assurance que je te resterai toujours fidèle (pour lui-même)
jusqu’à ce que je trouve mieux !
Papagena
Tu le jures ?
Papageno
Oui, je le jure.
(La vieille femme se transforme en jeune fille habillée comme Papageno)
Pa… pa… Papagena !
(Il veut l’embrasser. Le 2 ème Prêtre entre et la prend rapidement par la main)
2ème Prêtre
Va-t-en, jeune fille, il n’est pas digne de toi !
(Papagena s’enfuit. Papageno tente de la suivre mais le Prêtre l’arrête)
J’ai dit, arrière !
(Ils sortent)
42
SIXIEME TABLEAU
(Une palmeraie.)
N° 21 – QUATUOR PAMINA & LES 3 ENFANTS
3 Enfants
Bald prangt, den Morgen zu verkünden,
Die Sonne auf goldner Bahn,
Bald soll der Aberglaube schwinden,
Bald siegt der weise Mann.
O holde Ruhe, steig hernieder,
Kehr in der Menschen Herzen wieder ;
Dann ist die Erd’ ein Himmelreich,
Und Sterbliche den Göttern gleich.
Bientôt, pour annoncer le matin, brillera
Le soleil dans sa course dorée,
Bientôt la superstition disparaîtra,
Bientôt l’homme sage triomphera.
O noble paix, comble à nouveau
Le cœur des humains ;
Alors la terre sera un royaume céleste,
Et les mortels seront les égaux des dieux.
(Pamina entre, un poignard à la main)
1e r Enfant
Doch seht, Verzweiflung quält Paminen !
Regardez, le désespoir tourmente Pamina !
2ème Enfant
Wo ist sie denn ?
Où est-elle ?
1e r Enfant
Sie ist von Sinnen.
Elle a perdu la raison.
3 Enfants
Sie quält verschmähter Liebe Leiden,
Lasst uns der Armen Trost bereiten,
Führwahr, ihr Schicksal geht uns nah.
O wäre nur ihr Jüngling da !
Sie kommt, sie kommt, sie kommt,
Lasst uns beiseite gehen,
Damit wir, was sie mache, sehen.
Elle souffre d’un amour méprisé,
Allons de nos bras consolateurs
Eloigner son tourment.
Si seulement, son bien-aimé était là !
Elle s’approche, elle s’approche, elle s’approche,
Laissons-la venir vers nous,
Et voyons ce qu’elle veut faire.
Pamina
Du also bist mein Bräutigam ?
Durch dich vollend’ ich meinen Gram !
Tu seras donc mon époux ?
Je mettrai fin à mon chagrin !
3 Enfants
Welch dunkle Worte sprach sie da !
Die Arme ist dem Wahnsinn nah.
Quelles sinistres paroles !
La pauvre a perdu la raison.
Pamina
Geduld, mein Trauter, ich bin dein !
Bald werden wir vermählet sein !
Patience, mon amour, je suis à toi !
Bientôt nous serons réunis !
3 Enfants
Wahnsinn tobt ihr im Gehirne
Selbstmord steht auf ihrer Stirne.
Holdes Mädchen, sieh uns an !
La folie se déchaîne dans sa tête,
Le suicide se lit sur son visage.
Noble enfant, regarde-nous !
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Pamina
Sterben will ich, weil der Mann
Den ich nimmermehr kann hassen,
Seine Trauer kann verlassen.
Je veux mourir, parce que l’homme
Que je ne pourrai jamais plus haïr,
A pu abandonner sa bien-aimée.
(elle montre le poignard)
Dies gab meine Mutter mir !
Ma mère me donna ceci !
3 Enfants
Selbstmord strafet Gott an dir !
Dieu punira ton suicide !
Pamina
Lieber durch dies Eisen sterben,
Als durch Liebesgram verderben !
Mutter ! Mutter ! durch dich leide ich,
Und dein Fluch verfolget mich.
Je préfère mourir par ce poignard,
Que d’être détruite par l’amour !
Mère ! Mère ! Je souffre à cause de toi,
Et la malédiction me poursuit.
3 Enfants
Mädchen willst du mit uns gehn ?
Jeune fille, veux-tu venir avec nous ?
Pamina
Ha ! des Jammers Maß ist voll !
Falscher Jüngling, lebe wohl !
Sieh, Pamina stirbt durch dich,
Dieses Eisen töte mich !
Ah ! mes lamentations sont sans mesure !
Traître jeune homme, adieu !
Vois, Pamina meurt pour toi,
Que ce fer me tue !
(Elle essaie de se poignarder. Les Enfants lui arrachent l’arme des mains)
3 Enfants
Ha ! Unglückliche, halt ein !
Sollte dies dein Jüngling sehen,
Würde er vor Gram vergehen,
Denn er liebet dich allein.
Ah ! Malheureuse, arrête !
Si ton bien-aimé te voyait,
Il mourrait de chagrin,
Car il n’aime que toi seule.
Pamina
Was ? Er fühlte Gegenliebe
Und verbarg mir seine Triebe,
Wandte sein Gesicht von mir ?
Warum sprach er nicht mit mir ?
Quoi ? Il ressentait de l’amour
Et me cachait ses sentiments,
Et détournait son visage de moi ?
Pourquoi ne parlait-il pas avec moi ?
3 Enfants
Dieses müssen wir verschweigen,
Doch wir wollen dir ihn zeigen,
Und du wirst mit Staunen sehn,
Dass er dir sein Herz geweiht,
Und den Tod für dich nicht scheut,
Komm, wir wollen zu ihm gehen.
Nous devons nous taire,
Mais nous voulons te le montrer,
Et tu verras ta surprise,
Que son cœur bat pour toi,
Et que pour toi il ne craint pas la mort,
Viens, nous voulons te conduire à lui.
Pamina
Führt mich hin, ich möcht’ ihn sehen !
Conduisez-moi, je veux le voir !
Tutti
Zwei Herzen, die vor Liebe brennen,
Kann Menschenohnmarcht niemals trennen.
Verloren ist der Feinde Müh !
Die Götter selbsten schützen sie !
Deux coeurs qui brûlent d’amour,
L’un pour l’autre ne peut être séparé par la faiblesse
humaine. L’effort de l’ennemi est vain !
Les dieux mêmes les protègent !
44
SEPTIEME TABLEAU
(Installation du Temple pour les épreuves d’Initiation)
(Tamino a les yeux bandés, une corde autour du coup, le bras gauche, le sein gauche et le genou droit sont découverts, le pied
(gauche est en pantoufle
(F.°.1 er Surv.°., F.°. 2 ème Surv.°. et le F.°. Couv.°. sont devant les portes et colonnes respectives.)
N° 22 – QUATUOR DES EPREUVES
Durant l’introduction musicale
Le F.°. E.°. entre le premier. Le F.°. Couv.°. met son épée en travers de l’entrée, à l’horizontale.
Tamino est debout derrière l’épée que tient le F.°.Couv.°.. Le F.°. M.°. des Cér.°. ferme la marche.
Tamino est invité à se courber et passer sous l’épée du F.°. Couv.°. comme s’il passait sous une porte basse, puis il se relève.
Le F.°. Exp. pose la pointe de son épée sur le cœur de Tamino.
Le F.°. Couv.°. abaisse son épée, le F.°. M.°. des Cér.°. rejoint Tamino
V.°. M.°.
Est-ce de votre propre volonté, en pleine liberté et sans aucune suggestion, que vous vous présentez ici ?
Tamino
Oui, Monsieur.
V.°. M.°.
Etes-vous bien déterminé à soumettre votre fermeté aux épreuves ?
Tamino
Oui, Monsieur
V.°. M.°.
Monsieur, je dis exiger de vous un engagement formel, pris sur la Coupe des Libations. F.°. Exp.°.,
apportez la Coupe des Libations.
(Le F.°. Exp.°. remet la coupe dans la main gauche de Tamino, et lui dispose la main droite sur le coeur)
V.°. M.°.
Maintenant buvez
(Tamino s’exécute : il boit un peu de l’amertume)
V.°.M.°.
Acte est pris de votre serment. Maintenant buvez ! BUVEZ TOUT !
(Tamino s’exécute. Le F.°. Exp.°. enlève ensuite la coupe des mains de Tamino)
V.°. M.°.
Que ce breuvage, devenu amer, soit pour vous, Monsieur, le symbole de l’amertume et du remords que
laisserait dans votre cœur le parjure qui aurait souillé vos lèvres, si vous manquiez à une parole aussi
solennellement donnée. Persistez-vous ?
Tamino
Oui, Monsieur.
Pendant le chorale, les F.°. Exp.°. et M.°. des Cér.°. font subir l’Epreuve de l’Air à Tamino.
Le F.°. Exp.°. assisté du M.°. des Cér.°. prend Tamino par la main et le ramène – dans le sens des aiguilles d’une montre –
entre les Colonnes. Il lui enlève la corde qu’il a au cou. Ensuite, ils le conduisent dans le sens contraire, en le faisant passer
d’abord sur la « planche à boules », disposée le long de la Col.°. du Midi, et l’amènent au plateau du 2d Surv.°.
Le F.°. 2d Surv.°. agite un éventail devant le visage de Tamino.
Le F.°. Exp.°. prend alors la main droite de Tamino et le fait frapper trois fois sur l’épaule gauche du 2d Surv.°. qui répond en
portant son maillet contre la poitrine de Tamino.
Les F.°. Exp.°. et M.°. des Cér.°. amènent Tamino entre les Col.°. en se déplaçant dans le sens des aiguilles d’une montre.
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Hommes en Arme
Der, welcher Wandert diese Strasse voll
Beschwerden, wird rein durch Feuer,
Wasser, Luft und Erde ;
Wenn er des Todes Schrencken überwinden kann ;
Schwingt er sich aus der Erde himmerlan.
Erleuchtet wird er dann im Stande sein,
Sich den Mysterien der Isis ganz zu weih’n.
Celui qui emprunte cette voie pleine d’embûches,
Sera purifié par le Feu, l’Eau, l’Air et la Terre.
S’il sait surmonter la peur de la mort
Dans une clarté nouvelle
Il se consacrera aux Mystère d’Isis.
Tamino
Mich schreckt kein Tod als Mann zu handeln,
Den Weg der Tugend fortzuwandeln ;
Schließ mir die Schreckenspforten auf !
Ich wage froh den kühnen Lauf.
Je n’ai pas peur d’affronter la mort comme un
homme, de marcher sur le sentier de la vertu ;
Ouvrez-moi les portes de l’angoisse !
Je me risquerai avec joie.
Pamina (hors scène)
Tamino, halt ! Ich muss dich sehn !
Tamino, arrête ! Je dois te voir !
Tamino
Was hör’ ich ? Paminens Stimme ?
Qu’entends-je ? C’est la voix de Pamina ?
Hommes en Arme
Ja, ja ! Das ist Paminens Stimme !
Oui, oui ! C’est la voix de Pamina !
Tamino et Hommes en Arme
Mir/Dir Wohl, nun kann sie mit gehen,
Uns/euch nun trennet kein Schicksal mehr,
Wenn auch der Tod beschieden wär !
Quelle joie, Pamina peut m’/l’ accompagner,
Le sort ne nous/vous séparera plus,
Même si la mort nous/vous est destinée !
(pendant le trio Tamino et Hommes en Arme, Pamina est introduite par le F.°. Exp.°., les mains enchaînées, les pieds nus,
vêtue d’un ensemble noir, les yeux bandés. Elle passe sous l’épée du F.°. Couv.°., puis se relève. Le F.°. Exp.°. enlève les
chaînes de Pamina et lui présente la coupe des Libations qu’elle boit aussitôt)
Tamino
Ist mir erlaubt, mit ihr zu sprechen ?
M’est-il permis de lui parler ?
Hommes en Arme
Es ist erlaubt, mit ihr zu sprechen.
Il t’est permis de lui parler.
Tamino et Hommes en Arme
Welch Glück, wenn wir uns wiedersehen,
Euch froh Hand in Hand in Tempel gehen.
Ein Weib, das Nacht und Tod nicht scheut,
Ist würdig und wird eingeweiht.
Quel bonheur, quand nous nous reverrons,
D’entrer main dans la main dans le temple.
Une femme, qui ne craint ni la nuit ni la mort,
Est vraiment digne d’être initiée.
Pamina
Tamino mein ! O welch ein Glück !
Mon Tamino ! Oh quel bonheur !
(Les F.°. Exp.°. et M.°. des Cér.°. conduisent Pamina dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, en le faisant passer
d’abord sur la « planche à boules », disposée le long de la Col.°. du Midi, et l’amènent au plateau du 2d Surv.°.
Le F.°. 2d Surv.°. agite un éventail devant le visage de Pamina.
Le F.°. 2d Surv.°. qui pose son maillet contre la poitrine de Pamina.
Les F.°. Exp.°. et M.°. des Cér.°. amènent Pamina entre les Col.°. en se déplaçant dans le sens des aiguilles d’une montre.)
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Tamino
Pamina mein ! O welch ein Glück !
Hier sind die Schreckenspforten,
Die Not und Tod mir dräun.
Ma Pamina ! Oh quel bohneur !
Voici les portes de l’angoisse,
Qui me menacent de malheur et de mort.
Pamina
Ich werde aller Orten an deiner Seite sein ;
Ich selber führe dich,
Die Liebe leitet mich.
Sie mag den Weg mit Rosen streun,
Weil Rosen stets bei Dornern sein.
Spiel du die Zauberflöte an,
Sie schütze uns auf unsrer Bahn.
Es schnitt in einer Zauberstunde,
Mein Vater sie aus tiefstem Grunde
Der tausendjähr’gen Eiche aus,
Bei Blitz und Donner, Sturm und Braus.
Nun komm und spiel die Flöte an,
Sie leite uns auf grauser Bahn.
En quelque lieu que tu sois, je serais à tes côtés,
Je te conduirai,
L’amour me guide.
Ce peut être sur un chemin de roses,
Car les roses ont toujours des épines.
Joue de la flûte enchantée,
Elle nous protègera sur notre chemin.
Elle fut fabriquée en une heure magique,
Mon père tailla cette flûte
Dans un chêne millénaire,
Sous la tempête, le tonnerre et la foudre.
Maintenant vient et joue de la flûte,
Elle nous protégera sur notre chemin.
Tutti
Wir/Ihr wandeln/wandelt durch des Tones Macht
Froh durch des Todes düstre Nacht !
Nous/vous marchons/marchez à travers la magie de
la musique, sans peur à travers à mort et la sombre
nuit !
(Tamino joue de la flûte)
(Les F.°. Exp.°. et M.°. des Cér.°. conduisent Tamino et Pamina qui se tiennent par la main, dans le sens des aiguilles d’une
montre, au plateau du 2d Surv.°. qui appose sont maillet sur chacune des poitrines de Tamino et Pamina. Puis, le M.°. des
Cér.°. prend la main droite de chacun d’eux et la passe trois fois au-dessus de la flamme de la bougie. Ils repartent dans le
même sens pour se placer entre les colonnes)
Pamina et Tamino
Wir wandelten durch Feuergluten,
Bekämpften mutig Gefahr.
Dein Ton sei Schutz in Wasserfluten,
So wie er es im Feuer war.
Nous sommes passés à travers le feu,
Nous avons combattu les dangers.
Que la musique nous protège des torrents
Comme elle le fit à travers le feu.
(Tamino joue à nouveau de la flûte)
(Les F.°. Exp.°. et M.°. des Cér.°. conduisent Tamino et Pamina qui se tiennent par la main, dans le sens des aiguilles d’une
montre, au plateau du 1er Surv.°. qui appose sont maillet sur chacune des poitrines de Tamino et Pamina. Puis, le M.°. des
Cér.°. prend la main gauche de chacun d’eux et la passe trois fois dans la vasque remplie d’eau. Ils repartent dans le même
sens pour se placer entre les colonnes)
(Pendant ce temps, un F.°. s’allonge sur le sol, on le recouvre d’un drap blanc tâché de sang)
Pamina et Tamino
Ihr Götter, welch ein Augenblick !
Gewähret ist uns Isis’Glück !
Grands dieux, quelle vision !
Isis nous accordé la félicité !
(Les F.°. M.°. du premier rang, debouts, visages cachés par la main gauche, dirigent la pointe de leur épée, tenue de la main
droite, vers le couple, aucun F.°. n’est à l’ordre)
(Le F.°. Exp.°. ôte les bandeaux des yeux de Tamino et Pamina, tandis que le parrains présentent chacun un miroir à main
derrière le couple. Chaque miroir cachant le visage des parrains.)
V.°. M.°.
Ce n’est pas toujours devant soi qu’on rencontre des ennemis ; les plus à craindre se trouvent souvent
derrière soi.
Veuillez vous retourner.
(On fait retourner le couple face aux miroirs)
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Choeur
Triumph ! Triumph ! Triumph !
Du edles Paar ! Besieget hast du die Gefahr !
Der Isis Weihe ist nun dein !
Kommt, kommt, tretet in den Tempel ein !
Triomphe ! Triomphe ! Triomphe !
Pour le couple ! Vous avez triomphé du danger !
Que la bonté d’Isis soit maintenant tienne !
Venez, venez, entrez dans le temple !
(Le F.°. Exp.°. recouvre le cadavre d’un drap noir. On rhabille Tamino. Sarastro donne l’accolade fraternelle à Tamino et
Pamina. Tout le monde sort)
(Un jardin. Papageno entre seul)
N° 23 – AIR DE PAPAGENO
Papageno
Papagena, Papagena, Papagena !
Weibchen, Täubchen, meine Schöne,
Vergebens ! Ach, sie ist verloren !
Ich bin zum Umglück schon geboren.
Ich plauderte, plauderte, und das war schlecht,
Und drum geschieht es mir ganz recht.
Sei ich gekostet diesen Wein,
Seit ich das schöne Weibchen sah,
So brennt’s im Herzenskämmerlein,
So zwickt es hier, so zwickt es da.
Papagena ! Herzensweibchen !
Papagena ! Liebes Täubchen !
’s ist umsonst, es ist vergebens !
Müde bin ich meines Lebens !
Sterben macht der Lieb’ ein End’
Wenn’s im Herz noch so brennt.
Papagena, Papagena, Papagena !
Ma femme, ma colombe, ma belle,
En vain ! Ah, elle est perdue !
Je suis né voué au malheur.
J’ai parlé, parlé, ce fut mauvais,
Ce qui m’arrive n’est que juste.
Depuis que j’ai goûté à ce vin,
Que j’ai vu cette jolie fille,
Mon cœur s’est enflammé,
Cela me tiraille par-ci, cela me tiraille par-là.
Papagena ! Femme de mon cœur !
Papagena ! Colombe adorée !
Tout est inutile, c’est en vain !
Je suis fatigué de la vie !
Que la mort mette fin à l’amour
Quand mon cœur brûle autant.
(Papageno prend la corde et la fixe à une branche)
Diesen Baum da will ich zieren,
Mir an ihm den Hals zuschnüren.
Weil das Leben mir nicht fällt,
Gute Nacht, du falsche Welt !
Weil du böse an mir handelst,
Mir kein schönes Kind zubandelst,
So ist’s aus, so sterbe ich !
Schöne Mädchen, denkt an mich.
Will sich eine um mich Armen,
Eh ich hänge, noch erbarmen,
Wohl so la ich’s diesmal sein !
Rufet nur : ja oder nein !
Keine hört mich ; Alles Stille...
Je vais décorer cet arbre,
En m’y attachant par le cou.
Car la vie ne me plaît plus,
Bonne nuit, toi monde mensonger !
Puisque tu me traites si mal
Et que tu ne me donnes pas une jolie enfant,
Alors, s’en est fini, je meurs !
Jolie fille, pense à moi.
Si quelqu’un veut bien
Avant que je me pende,
Avoir pitié de moi cette fois !
Criez seulement : oui ou non !
Personne ne m’entend ; tout est silence…
(Papageno regarde autour de lui)
… alles, alles Stille !
Also ist es euer Wille ?
Papageno, frisch hinauf !
Ende deine Lebenslauf !
Bis man zählet, eins, zwei, drei !
Eins !
Zwei !
Drei !
Nun wohlan, es bleibt dabei,
Weil mich nicht zurücke hält !
Gute Nacht, du falsche Welt !
... tout, tout est silence !
Ainsi c’est votre volonté ?
Papageno, debout !
Mets fin à la vie !
Le temps de compter : un, deux, trois !
Un !
Deux !
Trois !
Et bien, c’est décidé,
Puisque plus rien ne me retient !
Bonne nuit, toi monde mensonger !
(Papageno est sur le point de se pendre, les 3 Enfants se précipitent pour le retenir)
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3 Enfants
Halt ein, halt ein, halt ein !
O Papageno, und sein klug !
Man lebt nur einmal, dies sei dir genug !
Arrête, arrête, arrête !
Oh Papageno, sois sage !
On ne vit qu’une seule fois, ça te suffit !
Papageno
Ihr habt gut reden, habt gut scherzen :
Doch brennt es euch, wie mich im Herzen,
Ihr würdet auch nach Mädchen gehen.
Vous avez beau me parler, beau plaisanter :
Si votre cœur brûlait comme le mien,
Vous iriez chercher aussi une fille.
3 Enfants
So lasse deine Glöckchen klingen,
Dies wird dein Weibchen zu dir bringen.
Alors joue de tes clochettes,
Elles guideront ta femme vers toi.
Papageno
Ich Narr vergaß der Zauberdinge !
Quel idiot j’avais oublié la magie !
(Il prend son carillon)
Erklinge, Glockchenspiel, erklinge !
Ich muss mein liebes Mädchen sehn.
Sonne, carillon, sonne !
Je veux voir ma bien-aimée.
(Il joue du carillon et chante)
Klinget, Glöckchen, klinget !
Bringt mein Mädchen her !
Klinget, Glöckchen, klinget !
Schafft mein Mädchen her !
Sonnez, clochettes, sonnez !
Rendez-moi ma petite femme !
Sonnez, clochettes, sonnez !
Amenez moi ma petite femme !
(Les 3 Enfants amènent Papagena)
3 Enfants
Nun, Papageno, sieh dich um !
Maintenant, Papageno, retourne-toi !
(Papageno se retourne pour voir Papagena)
N° 24 - DUO PAPAGENO & PAPAGENA
Papageno
Pa… pa… pa…
Pa… pa… pa…
Papagena
Pa… pa… pa…
Pa… pa… pa…
Papageno
Pa pa pa pa pa pa pa pa
Pa pa pa pa pa pa pa pa
Papagena
Pa pa pa pa pa pa pa pa
Pa pa pa pa pa pa pa pa
Papageno
Bist du mir nun ganz gegeben ?
M’appartiens-tu maintenant enfin ?
Papagena
Nun bin ich dir ganz gegeben !
Je t’appartiens maintenant enfin !
Papageno
Nun, so sei mein liebes Weibchen !
Alors, maintenant sois ma petite femme adorée !
Papagena
Nun, so sei mein Herzenstäubchen !
Alors maintenant sois mon petit coeur de colombe !
49
Ensemble
Welche Freude wird das sein,
Wenn die Götter uns bedecken,
Unsrer Liebe Kinder schenken
So liebe klein Kinderlein.
Papageno
Ernst einen kleinen Papageno !
Quelle joie sera la nôtre,
Si les dieux pensent à nous,
Et nous offrent des enfants d’amour,
Des petits enfants adorables.
Tout d’abord un petit Papageno !
Papagena
Dann eine kleine Papagena !
Ensuite une petite Papagena !
Papageno
Dann wieder einen Papageno !
Ensuite un autre Papageno !
Papagena
Dann wieder eine Papagena !
Ensuite une autre Papagena !
Papageno
Papageno !
Papageno !
Papagena
Papagena !
Papagena !
Papageno et Papagena
Es ist das höchste der Gefühle,
Wenn wieder, wieder Papageno/Papagena
Der Eltern Segen werden sein.
Ce sera la plus grande joie
Quand beaucoup, beaucoup de Papageno/na
Béniront l’union de leur parents.
(Ils sortent)
(La Reine de la Nuit, les Dames et Monostatos entrent portant des torches)
N° 25 – QUINTETTE REINE DE LA NUIT, DAMES et MONOSTATOS
Monostatos puis Reine de la Nuit et 3 Dames
Nur stille, stille, stille,
Silence, silence, silence,
Bald dringen wir im Tempel ein.
Bientôt nous entrons dans le temple.
Monostatos
Doch, Fürstin, halte Wort ! Erfühle !
Dein Kind musst meine Gattin sein !
Alors, ma reine, tiendrez-vous parole ! Juré !
Votre fille sera mon épouse !
Reine de la Nuit
Ich halte Wolt ! Es ist mein Wille !
Mein Kind soll deine Gattin sein !
Je tiendrai parole ! C’est mon volonté !
Mon enfant sera ton épouse !
Reine de la Nuit et 3 Dames
Ihr/mein Kind soll deine Gattin sein !
Sa/Ma fille sera ton épouse !
(On entend le tonnerre et des bruits d’eau)
Monostatos
Doch, stille höre schrecklich rauschen,
Wie Donnerton und Wasserfall.
Reine de la Nuit et 3 Dames
Ja, fürchterlich ist dieses Rauschen,
Cependant, silence, j’entends des bruits effrayants,
Comme le tonnerre et des chutes d’eau.
Oui, terribles sont ces bruits,
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Wie fernen Donners Widerhall !
Comme l’écho lointain d’un tonnerre !
Monostatos
Nun sind sie in des Tempels Hallen.
Maintenant vous êtes dans les salles du Temple.
Tutti
Doch wollen wir sie überfallen !
Die Frömmlinge tilgen von der Erd’
Mit Feuersglut’ und mächt’gem Schwert.
C’est là que nous voulons leur tomber dessus !
Et détruire tous les croyants de la terre
Par le feu et la puissance de l’épée.
Monostatos et 3 Dames
Dir, große Königin der Nacht,
Sei unsrer Rache Opfer gebracht !
A toi, grande Reine de la Nuit,
Amenons la victime de notre vengeance.
(Le tonnerre et les éclairs éclatent)
Tutti
Zerschmetter, zernichtet ist unsre Macht,
Wir alle gestürzet in ewige Nacht !
Perdu, anéanti est notre pouvoir,
Nous voilà tous précipités dans la nuit éternelle !
(La Reine de la Nuit, les 3 Dames et Monostatos disparaissent dans la terre. Immédiatement toute la scène se change en un
magnifique temple du soleil. Sarastro se tient à l’autel. Des prêtres sont autour de lui. Tamino et Pamina sont vêtus en robes
de prêtres)
Sarastro
Die Strahlen der Sonne vertreiben die Nacht,
Zernichten der Heuchler erschlichene Macht !
Les rayons du soleil chassent la nuit,
Et détruisent le pouvoir de l’hypocrisie !
Choeur
Heil sei euch Geweihten !
Ihr dranget durch Nacht !
Dank, dank, dank, sei dir, Osiris !
Dank, dank, dir, Isis, gebracht !
Es siegte die Stärcke und krönet zum Lohn,
Die Schönheit und Weisheit mit ewiger Krohn !
Gloire à vos initiés !
Vous avez traversé la nuit !
Merci, merci, merci, grâce à toi, Osiris !
Merci, merci, rendons grâce à Isis !
La vertu a triomphé et couronné par le salaire,
La beauté et la sagesse d’une couronne éternelle.
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